Une analyse intersectionnelle de la violence sexuelle et basée sur le genre dans le conflit de la région des Grands Lacs d’Afrique depuis 1994 : La République démocratique du Congo (2/2)

Temps de lecture : 11 minutes

13.01.2022

Écrit par : Bridget Nievinski

Traduit par : Laure Jousselin

Introduction

Dans la continuité de l’analyse intersectionnelle de la violence sexuelle et basée sur le genre[1]« La violence sexuelle et basée sur le genre correspond à tout acte perpétré contre la volonté d’une personne et qui se fonde sur des normes de genre et de relation inégale de pouvoir ». … Continue reading dans la région des Grands Lacs depuis 1994, cet article se concentre sur la République démocratique du Congo (RDC). Bon nombre considèrent ce pays, y compris des ministres étrangers et des acteurs de l’aide humanitaire, « comme le plus dangereux au monde pour les femmes[2]« The Fight Against Sexual Violence », United States Institute of Peace, 6 août 2015, sur : https://youtu.be/GfxJbVH6ZwE   ». Des recherches estiment qu’en 2011, entre 1,69 et 1,8 millions de femmes ont subi des viols en RDC, particulièrement dans le nord et le sud du Kivu à l’est du pays[3]Peterman, Amber, Tia Palermo et  Caryn Bredenkamp, “Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo”, American Public Health Association, juin … Continue reading. Les données de l’American Public Health Association portant sur la même année montrent que chaque minute une femme est victime de viol en République démocratique du Congo[4]Amber Peterman et Caryn Bredenkamp, « Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo »,  American Public Health Association, 30 août 2011, sur : … Continue reading. Alors que les chiffres exacts sont difficiles à définir, la violence sexuelle et basée sur le genre est répandue dans cette région et augmente, en particulier lorsqu’on constate une hausse des opérations militaires[5]« Democratic Republic of Congo », Office of the Special Representative of the Secretary-General on Sexual Violence in Conflict, 2020, sur : … Continue reading. Selon un rapport de l’ONU, les cas de violence sexuelle et basée sur le genre dans les zones de conflit ont augmenté de 34 pour cent de 2018 à 2019[6]Ibid.. Ce type de violence est principalement observé dans des conflits où la culture de l’impunité domine[7]« Committee on the Elimination of Discrimination against Women examines the situation of women’s rights in the Democratic Republic of Congo », United Nations Human Rights Office of the High … Continue reading. Il convient de rappeler que la violence sexuelle et basée sur le genre en dehors des zones de conflit, peut se produire, par exemple au sein des familles et peut être perpétrée par des civils. Si une « culture de la violence contre les femmes et les filles[8]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 2, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf » existe, cet article se concentre sur la violence sexuelle et basée sur le genre commise par des soldats dans un contexte de conflit armé.

En utilisant l’intersectionnalité comme paradigme de recherche, ce second article de la série analyse les motivations qui sous-tendent la violence sexuelle et basée sur le genre perpétrée par différents groupes armés, prend en compte les identités ethniques et politiques des soldats et des victimes et observe le rôle joué par l’âge et la classe sociale dans le choix des victimes. Nous allons tout d’abord remettre en contexte le conflit dans l’est de la RDC, en distinguant quelques groupes armés de la région afin d’identifier les schémas de victimisation par le prisme de l’intersectionnalité[9]Rappelons la définition de l’intersectionnalité de Patricia Hill Collin  qui « considère que des types d’ethnie, de classe, de genre, de sexualité, de nationalité, de compétence, … Continue reading. En comparaison au premier article qui analyse le viol et les autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre lors du génocide de 1994 au Rwanda selon l’identité ethnique et socio-politique, l’examen des motivations d’une telle violence en RDC est quant à lui plus complexe. 

Remettre en contexte le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo 

Considérer la politique et suivre les violations des droits humains dans la région des Grands Lacs exige une connaissance approfondie de l’histoire coloniale et surtout de la trajectoire qui a suivi l’indépendance ainsi que des rivalités des micro-nations[10]Pour des informations plus précises sur les micro-nations en Afrique, voir Wangari Maathai, The Challenge for Africa (2009)., comme les Hutus et les Tutsis. Le premier article de cette série a présenté l’exode de masse des génocidaires Hutu dans l’est de la RDC après l’invasion du Front patriotique rwandais depuis l’Ouganda, la mise en place du génocide et la création d’un nouveau gouvernement au Rwanda. Deux ans après le génocide rwandais de 1994, deux guerres ont éclaté en République démocratique du Congo (de 1996 à 1997 et de 1998 à 2003). Dans le contexte de la première guerre au Congo, le Rwanda et l’Ouganda ont soutenu Laurent-Désiré Kabila, un chef rebelle, afin de renverser Mobutu Sese Seko (au pouvoir de 1965 à 1997), un dictateur corrompu et sans pitié. Les alliances régionales ont basculé lors de la seconde guerre. Le nouveau président, Laurent-Désiré Kabila, a abandonné l’alliance avec l’Ouganda et le Rwanda, ce qui a provoqué l’invasion de ces deux pays par l’est de la RDC[11]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone: Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 15, sur : … Continue reading. Ces conflits, et les nombreuses opérations militaires qui ont suivi, peuvent se lire selon un changement d’alliances politiques régionales, notamment entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Pourtant, ces évolutions ne permettent de comprendre totalement le conflit régional, ni les violences sexuelles et basées sur le genre.

Alors que la guerre a officiellement pris fin en 2003 et qu’un processus de paix a suivi pour tenter d’amener une justice de transition, le retour des rebelles hutus, le désarmement et la réintégration des différents groupes armés, peu de progrès a été effectué et les combats se poursuivent entre les groupes armés et l’armée du pays[12]« Congo: Bringing Peace to North Kivu”, International Crisis Group, 31 octobre 2007, sur : … Continue reading. Les groupes armés de l’est de la RDC ont des motivations politiques et des attaches à des micro-nations, même si nombre d’entre eux agissent pour piller les ressources naturelles, ce qui alimente le conflit dans la région. Des chercheurs ont observé que lorsque les opérations militaires s’intensifient, les cas de violence sexuelle augmentent également. Malheureusement, cette hausse est aussi constatée parmi les agresseurs dans la population civile[13]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 15, sur : … Continue reading. Contrairement au génocide rwandais où la grande majorité des violences sexuelles et basées sur le genre était commise par le Interahamwe (la milice hutu), les civils de la RDC sont la cible de tous. Par exemple, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), le Mouvement du 23 mars, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), et les milices Mai-Mai ont été accusées de viol et d’autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre contre des civils.

Afin de mieux appréhender ces groupes armés, il faut comprendre leurs motivations qui ont « des racines ethniques profondes que les dirigeants politiques et les seigneurs de guerre manipulent pour servir leurs intérêts[14]Paul Nantulya, « A Medley of Armed Groups Play on Congo’s Crisis », Africa Center for Strategic Studies, 24 octobre 2017, sur : … Continue reading». Les FDLR « ont été créées par d’anciens membres de l’Interahamwe et les anciennes forces armées rwandaises responsables du génocide de 1994 contre les Tutsis[15]Ibid.» et sont en conflit direct avec le M23. Le M23 est un groupe armé composé de membres de l’ethnie Banyamulenge (des Tutsi congolais du village de Mulenge) qui soutiendraient le gouvernement rwandais[16]« Violence in the Democratic Republic of Congo »,  Global Conflict Tracker, 1 mars 2021, sur : https://www.cfr.org/global-conflict-tracker/conflict/violence-democratic-republic-congo. Le groupe a combattu contre le gouvernement central en 2012 et a été mis en échec par la brigade d’intervention de l’ONU en 2013 mais il est possible que ce groupe se reforme et provoque un regain de violence[17]Paul Nantulya, « A Medley of Armed Groups Play on Congo’s Crisis », Africa Center for Strategic Studies, 24 octobre 2017, sur : … Continue reading. Les « Forces démocratiques alliées en Ouganda forment une autre milice qui opère dans la région,[18]Ibid. », en particulier dans la province de Beni au nord du Kivu[19]« Sexual Violence in the Democratic Republic of the Congo, January to October 2020 », Insecurity  Insight, 21 novembre 2020, sur : … Continue reading. Il est important de mentionner ces trois groupes, car ils ont commis de graves crimes de guerre en RDC, dont certains pour des motivations ethniques. Les FARDC, l’armée du gouvernement, est composée de nombreux soldats de groupes armés de l’opposition qui ont fusionné dans le cadre du processus de paix[20]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone: Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 21, sur : … Continue reading. Étant donné ce mélange, il existe des « divisions internes considérables[21]Ibid, p. 25 » dans certaines factions mais également au sein de l’armée. Enfin, les milices Mai Mai ont des attaches locales aux significations culturelles et politiques différentes[22]Paul Nantulya, « A Medley of Armed Groups Play on Congo’s Crisis », Africa Center for Strategic Studies, 24 octobre 2017, sur : … Continue reading » et ciblent parfois des groupes ethniques. En RDC, les groupes armés agissent avec le soutien de l’étranger et recrute selon l’ethnie, la fragile armée du gouvernement connaît des luttes internes et le manque de gouvernance crée le terrain idéal pour les crimes de guerre et les milices locales se sont unies autour d’autres motivations.

L’intersection des identités et leurs rôles dans la victimisation des femmes en RDC

Dans la violence et le conflit alimenté par la haine raciale et/ou l’appât du gain, les femmes se retrouvent souvent victimes et mènent « une guerre dans la guerre[23]Human Rights Watch, The War Within the War: Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.». Nous faisons référence ici à la violence basée sur le genre, qui dans le contexte de la RDC, englobe le viol, le viol collectif, les mutilations sexuelles et l’esclavage sexuel. Bien que certains crimes de guerre commis en RDC à ce jour, à savoir les violences sexuelles et basées sur le genre, ciblent des groupes ethniques en particulier, de nombreuses femmes sont violées à des fins stratégiques pour instaurer la peur et détruire les communautés sans motivation ethnique. Dans d’autres cas, les agresseurs, civils ou soldats, « profitent du climat d’impunité ambiant[24]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 2, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit. ». À l’image des violences sexuelles et basées sur le genre lors du génocide rwandais, en RDC « la violence sexuelle était très répandue et parfois systématique, telle une arme de guerre utilisée par tous les camps pour terroriser délibérément les civils, les contrôler ou les punir pour collaboration avec l’ennemi[25]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 15, sur : … Continue reading ». Si le viol et les autres formes de violence sexuelle et basée sur le genre ne constitue pas des motifs de génocide, ces actes peuvent être considérés comme un crime de guerre ou un viol stratégique ou d’opportunité (voir l’article 1 de la série).

Afin d’identifier leurs agresseurs, les femmes font référence à une langue, des uniformes, et l’apparence physique. Pourtant, certains soldats révèlent leur affiliation et parfois les femmes connaissent ces hommes qui font partie de leur communauté[26]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 2, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.. De nombreux groupes armés opèrent dans la région, l’identification des agresseurs n’est donc pas toujours possible et les femmes se trompent parfois. Certains agresseurs, par exemple, parlent une langue associée à une autre ethnie ou un autre groupe armé pour tromper la victime. Cette incertitude rend l’identification des agressions sur des critères ethniques plus difficile. Toutefois, HRW a mené des entretiens avec des survivantes de violences sexuelles et basées sur le genre dont les témoignages montrent que l’appartenance ethnique à jouer un rôle dans leur victimisation. Lors de certains entretiens, les femmes ont témoigné qu’elles avaient été agressées parce qu’elles étaient « amies des Tutsis[27]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 32, sur : … Continue reading » ce qui a sans doute constitué un viol punitif pour collaboration avec l’ennemi. Certains soldats congolais ont ciblé des femmes Hutus et les ont accusés d’être des combattantes ou des femmes des FDLR[28]Human Rights Watch, « You Will Be Punished » : Attacks on Civilians in Congo, décembre 2009,  p. 14, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc1209webwcover2.pdf, pourtant, nous ne pouvons pas émettre d’accusations générales contre un groupe qui ciblerait uniquement des femmes d’une ethnie en particulier. Le HRW a rassemblé des preuves que les soldats des FARDC tuaient et violaient souvent des civils par vengeance, pour trahison[29]Human Rights Watch, « You Will Be Punished » : Attacks on Civilians in Congo, décembre 2009,  p. 12, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc1209webwcover2.pdf. Ces quelques exemples montrent que la violence sexuelle et basée sur le genre dans l’est de la RDC est répandue mais une théorie ne peut être appliquée à chaque situation de violence dans cette guerre.

Selon les acteurs de l’aide humanitaire, la RDC est le pire pays au monde pour une femme mais également pour un enfant. « L’UNFPA a observé que plus de 65 pour cent des victimes de violence sexuelle sur la même période était des enfants, en majorité des adolescentes » et que dix pour cent de ces filles étaient âgées de moins de dix ans[30]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, July 2009, p. 12-14, sur : … Continue reading. Certains hommes violent des bébés ou de jeunes enfants pour éviter d’attraper le sida mais aussi parce qu’il existe une croyance selon laquelle le sexe avec des personnes vierges soignerait du VIH[31]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 56, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.. D’autres sources rapportent que le viol de jeunes filles procure des « pouvoirs surnaturels aux hommes et une protection contre leurs ennemis[32]Fiston Mahamba, « Congo fighters jailed for life after child rape ceremonies: rights group »”, Reuters, 13 décember 2017, sur : https://www.reuters.com/article/us-congo-violence-idUSKBN1E72NE ». Le HRW affirme que les soldats et les combattants armés ciblent les jeunes filles et les femmes « pour établir leur domination dans la région[33]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 56, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit. ». Nous pouvons donc conclure que l’âge des victimes à un impact pour les hommes atteints du sida. Cependant, les groupes armés congolais ne sont pas les seuls à cibler les enfants : des rapports montrent que des membres des forces de maintien de la paix ont abusé sexuellement de femmes en RDC, « notamment de mineures[34]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 39, sur : … Continue reading ». Cette culture de l’impunité s’étend au-delà de la population congolaise et a infiltré l’ONU, une organisation créée pour renforcer la paix et la sécurité à l’échelle internationale.

Puisque de nombreux cas de violence sexuelle s’accompagnent de pillage[35]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 27, sur : … Continue reading, l’intersection de la classe peut s’analyser pour comprendre le rôle qu’elle joue dans la victimisation. À titre d’exemple, une jeune fille tutsi argentée a plus de risques de subir des violences sexuelles et basées sur le genre si les FDLR sont en opération au sein de sa communauté. Bien souvent, les agresseurs dérobent tout à leurs victimes et les punissent s’ils ne peuvent rien leur dérober d’intéressant[36]Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 24, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.. Il existe aussi la notion de « sexe de survie » qui permet aux femmes de monnayer des faveurs sexuelles contre des services pour elles ou leur famille[37]Ibid, p. 21. Comme l’explique le HRW, « le sexe de survie est distinct des crimes de violence sexuelle commis par les soldats et les combattants.  Mais il crée un contexte dans lequel les relations sexuelles abusives sont plus acceptées et dans lequel les hommes – qu’ils soient des civils ou des soldats »- considèrent le sexe comme un service facile à obtenir en faisant pression[38]Ibid. ». En raison de cette culture, certains hommes « ont vu dans le paiement la légitimation du sexe sans considération du consentement[39]Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 43, sur : … Continue reading » et ont justifié le viol par le paiement à leurs victimes. De la même façon, l’argent joue un rôle dans les violences sexuelles contre les femmes.

Conclusion 

Dans cet article nous avons considéré comment l’appartenance ethnique, l’âge et la classe sociale sont évalués par les hommes qui ciblent des femmes dans l’est de la RDC où le conflit a provoqué une guerre contre les femmes depuis les vingt dernières années. L’intersectionnalité suggère que les oppressions contre les femmes se chevauchent et forment « une matrice de domination[40]Voir le premier article de cette série.». Cet article arrive à la conclusion que les différents groupes armés se servent de la violence sexuelle et basée sur le genre pour instaurer la peur au sein des communautés pour imposer une domination, punir les femmes de certaines ethnies ou par stratégies politiques et parfois même par intérêt personnel. Les violences sexuelles et basées sur le genre ont eu lieu lors des guerres du Congo, durant les processus de paix et se poursuivent alors que le conflit s’enracine. Pour le bien des habitants de la RDC, il est primordial que les étapes nécessaires soient mises en place pour empêcher que la guerre ne se mène sur les corps des femmes et pour que la région connaisse la stabilité afin de permettre la réconciliation et la reconstruction de toutes les communautés.

Pour citer cet article : Bridget Nievinski, “Une analyse intersectionnelle de la violence sexuelle et basée sur le genre dans le conflit de la région des Grands Lacs d’Afrique depuis 1994 : La République démocratique du Congo (2/2)”, 13.01.2022, Institut du Genre en Géopolitique.

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’auteur.ice.

References

References
1 « La violence sexuelle et basée sur le genre correspond à tout acte perpétré contre la volonté d’une personne et qui se fonde sur des normes de genre et de relation inégale de pouvoir ». « Sexual and Gender Based Violence (SGBV) prevention and response », UNHCR, consulté le 25 février 2021, sur : https://emergency.unhcr.org/entry/60283/sexual-and-gender-based-violence-sgbv-prevention-and-response
2 « The Fight Against Sexual Violence », United States Institute of Peace, 6 août 2015, sur : https://youtu.be/GfxJbVH6ZwE 
3 Peterman, Amber, Tia Palermo et  Caryn Bredenkamp, “Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo”, American Public Health Association, juin 2011, sur : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3093289/
4 Amber Peterman et Caryn Bredenkamp, « Estimates and Determinants of Sexual Violence Against Women in the Democratic Republic of Congo »,  American Public Health Association, 30 août 2011, sur : https://ajph.aphapublications.org/doi/abs/10.2105/AJPH.2010.300070?hits=10&andorexactfulltext=and&FIRSTINDEX=0&searchid=1&author1=Bredenkamp&resourcetype=HWCIT&RESULTFORMAT=&sortspec=relevance&maxtoshow=
5 « Democratic Republic of Congo », Office of the Special Representative of the Secretary-General on Sexual Violence in Conflict, 2020, sur : https://www.un.org/sexualviolenceinconflict/countries/democratic-republic-of-the-congo/
6, 15, 18, 38 Ibid.
7 « Committee on the Elimination of Discrimination against Women examines the situation of women’s rights in the Democratic Republic of Congo », United Nations Human Rights Office of the High Commissioner, 9 juillet 2019, sur : https://www.ohchr.org/en/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=24820&LangID=E
8 Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 2, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf
9 Rappelons la définition de l’intersectionnalité de Patricia Hill Collin  qui « considère que des types d’ethnie, de classe, de genre, de sexualité, de nationalité, de compétence, d’appartenance et d’âge – entre autres – sont liées entre elles et se façonnent entre elle ».
10 Pour des informations plus précises sur les micro-nations en Afrique, voir Wangari Maathai, The Challenge for Africa (2009).
11 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone: Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 15, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf
12 « Congo: Bringing Peace to North Kivu”, International Crisis Group, 31 octobre 2007, sur : https://www.crisisgroup.org/africa/central-africa/democratic-republic-congo/congo-bringing-peace-north-kivu
13, 25 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 15, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
14, 17, 22 Paul Nantulya, « A Medley of Armed Groups Play on Congo’s Crisis », Africa Center for Strategic Studies, 24 octobre 2017, sur : https://africacenter.org/spotlight/medley-armed-groups-play-congo-crisis/, op. cit.
16 « Violence in the Democratic Republic of Congo »,  Global Conflict Tracker, 1 mars 2021, sur : https://www.cfr.org/global-conflict-tracker/conflict/violence-democratic-republic-congo
19 « Sexual Violence in the Democratic Republic of the Congo, January to October 2020 », Insecurity  Insight, 21 novembre 2020, sur : https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/January-October-2020-Sexual-Violence-in-the-DRC.pdf
20 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone: Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 21, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
21 Ibid, p. 25
23 Human Rights Watch, The War Within the War: Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.
24, 26 Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 2, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.
27 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 32, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
28 Human Rights Watch, « You Will Be Punished » : Attacks on Civilians in Congo, décembre 2009,  p. 14, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc1209webwcover2.pdf
29 Human Rights Watch, « You Will Be Punished » : Attacks on Civilians in Congo, décembre 2009,  p. 12, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc1209webwcover2.pdf
30 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, July 2009, p. 12-14, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
31, 33 Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 56, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.
32 Fiston Mahamba, « Congo fighters jailed for life after child rape ceremonies: rights group »”, Reuters, 13 décember 2017, sur : https://www.reuters.com/article/us-congo-violence-idUSKBN1E72NE
34 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 39, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
35 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 27, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
36 Human Rights Watch, The War Within the War : Sexual Violence Against Women and Girls in Eastern Congo, juin 2002, p. 24, sur : https://www.hrw.org/reports/2002/drc/Congo0602.pdf, op. cit.
37 Ibid, p. 21
39 Human Rights Watch, Soldiers Who Rape, Commanders Who Condone : Sexual Violence and Military Reform in the Democratic Republic of Congo, juillet 2009, p. 43, sur : https://www.hrw.org/sites/default/files/reports/drc0709web.pdf, op. cit.
40 Voir le premier article de cette série.