L’inquiétante situation des Haïtiennes face à la violences des gangs

Le 22 septembre dernier, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry a exprimé devant l’Assemblée générale des Nations unies les difficultés auxquelles font face les Haïtiens et Haïtiennes : l’insécurité croissante, la santé, mais aussi l’accès à l’alimentation^[1]General Assembly (22 September 2023), Statement of his excellency Ariel Henry Prime Minister. https://gadebate.un.org/en/78/haiti. La capitale, Port-au-Prince est en proie à de fortes violences, en raison de l’omniprésence des gangs et de leurs actions. La population est la première victime, notamment les femmes qui subissent diverses violences et sont particulièrement exposées à la précarité grandissante. En ce sens, il convient de se demander si une situation sécuritaire stable est possible pour les Haïtiennes et si oui de quelle manière peut-elle être mise en place.

La multicrise haïtienne et ses conséquences graves sur les Haïtiennes

Depuis le séisme du 12 janvier 2010, Haïti fait face à une multicrise, sans précédent. La situation économique et humanitaire est particulièrement complexe. Le pays n’arrive pas à se relever du séisme, notamment en raison d’autres crises naturelles survenues après 2010 comme l’ouragan Matthew en 2017. Certain·es auteur·es comme la chercheuse Tonia Warnecke, estiment que le séisme a mis en lumière la pauvreté du pays, mais aussi les inégalités de genre^[2]Padgett, A. & Warnecke, T. (2014), Diamonds in the Rubble: The Women of Haiti Institutions, Gender Equity and Human Development in Haiti, Journal of Economic Issues, 45, 527-558, … Continue reading. Selon la Professeure Lynn Horton, le séisme a particulièrement porté atteinte aux femmes en ce qu’elles ont dû faire face à la violence de genre et sexuelle. De plus elles ont été confrontées à l’exclusion et à des difficultés d’accès aux aides financières alors même qu’elles devaient continuer d’assurer leur rôle de pourvoyeuse de revenu pour leur famille^[3]Horton, L. (2012), After the earthquake: gender inequality and transformation in post-disaster Haiti, Gender & Development, vol 20, 295-308. https://doi.org/10.1080/13552074.2012.693284.

Face à cette situation, le pays aurait dû intégrer les femmes au sein des stratégies de développement^[4]Padgett, A. & Warnecke, T. (2014), Diamonds in the Rubble: The Women of Haiti Institutions, Gender Equity and Human Development in Haiti, Journal of Economic Issues, 45, 527-558, … Continue reading et veiller à ce que le pays se reconstruise avec elles. Or, cela n’a pas été le cas. De manière générale, la non-résolution des crises sanitaires comme humanitaires et leur multiplication créent une insécurité de plus en plus forte dans le pays^[5]Rocio, C. & Roy, D. (3 October 2023), Haiti’s Troubled Path to Development, CFR. https://www.cfr.org/backgrounder/haitis-troubled-path-development. L’instabilité politique et sécuritaire a été renforcée par l’assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moise^[6]AFP, (15 février 2023), Assassinat du président haïtien Jovenel Moïse : quatre hommes arrêtés aux États-Unis, france24.com, … Continue reading, notamment avec une résurgence des violences déjà existantes à Haïti. Il a été remplacé par le président intérimaire Ariel Henry, premier ministre de Jovenel Moïse, mais n’ayant pas été élu, il est considéré comme illégitime par une partie de la population.

Jovenel Moïse était accusé de corruption et d’inaction envers l’expansion des trafics de drogue^[7]Abi-Habib, M, (23 août 2021), Enquête. Assassinat du président haïtien Jovenel Moïse : la piste du trafic de drogue, courrierinternational.com, … Continue reading. Sa mort a laissé place à une réelle augmentation des gangs^[8]Mart, B. & Vidal, P. (8 octobre 2023), Comment les gangs ont pris le contrôle d’Haïti ? Comprendre en trois minutes, Le Monde, … Continue reading bien qu’ils soient présents depuis les années 1950. Ils tirent parti de l’instabilité actuelle du pays et contrôlent actuellement, environ 80% de Port-au-Prince^[9]Mougin, S. (16 Agust 2023), Thousands of Haitians flee gang violence in Port-au-Prince district, france24.com, … Continue reading. Les affrontements entre gangs affectent particulièrement la population qui est également ciblée créant d’importants déplacements de civil·es d’un quartier à l’autre.

La situation sanitaire s’ajoute aux crises évoquées précédemment. Une étude réalisée par l’évaluation de l’impact du VIH sur la population en 2020 concernant le VIH en Haïti relève que : « Chez les adultes (15-64 ans), la prévalence du VIH variait de 0,3% chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans à 4,5% chez les femmes âgées de 45 à 49 ans, et de 0,1% chez les adolescents âgés de 15 à 19 ans à 2,8% chez les hommes âgés de 55 à 59 ans »^[10]PHIA Projet, (February 2022), Summary Sheet : Haiti Population Based HIV Impact Assessment. … Continue reading. Si ces statistiques permettent de saisir la gravité de la situation chez les femmes et les hommes, « la prévalence du VIH était nettement plus élevée chez les femmes âgées de 25 à 29 ans que chez les hommes de la même tranche d’âge »^[11]PHIA Projet, (February 2022), Summary Sheet : Haiti Population Based HIV Impact Assessment. … Continue reading. Afin de mieux comprendre l’importance et l’expansion du virus, un système de surveillance au VIH appelé Suivi Actif Longitudinal du VIH en Haïti (SALVH) a été mis en place^[12]Delcher C. & Robin, E. (2020), Haiti’s HIV Surveillance System: Past, Present, and Future, The American journal of tropical medicine and hygiene, 103, 1372-1375. … Continue reading. Sur les 356 000 personnes diagnostiquées, 217 000 d’entre elles sont des femmes soit environ 60%^[13]Index of the SALVH. https://salvh.mesi.ht/radar/index.html en août 2023.

Le pays est donc en proie à une « féminisation du VIH »^[14]ONUSIDA, (29 juin 2023), Soutenir les femmes et les filles touchées par la violence des gangs en Haïti. https://www.unaids.org/fr/keywords/haiti. Cette féminisation s’explique, selon ONUSIDA, en partie par la violence sexuelle initiée par les gangs qui n’utilisent pas de protection. Plusieurs témoignages recueillis par l’ONG exposent cette corrélation, entre la violence sexuelle des gangs envers les femmes et les problèmes sanitaires liés au VIH.

Malgré cet état des lieux qui démontre une réelle mise en danger des femmes, un manque d’information, de sensibilisation et d’accès à des moyens de protection est à déplorer. Différent·es chercheur·euses ont publié une étude en 2022 sur la question de la prévention de la transmission du VIH^[15]Kiragu, A. Fanor, J., Joseph, G. & al. (2023), Prevalence and factors associated with condom use among sexually active young women in Haiti: evidence from the 2016/17 Haiti demographic and health … Continue reading. Iels recommandent une meilleure sensibilisation des préservatifs auprès des jeunes filles et jeunes garçons. En effet, dans leur étude, seulement 15,4% des adolescent·es interrogé·es utilisent un préservatif lors d’un rapport sexuel^[16]Kiragu, A. Fanor, J., Joseph, G. & al. (2023), Prevalence and factors associated with condom use among sexually active young women in Haiti: evidence from the 2016/17 Haiti demographic and health … Continue reading. Des femmes victimes de la violence sexuelle des gangs ainsi que des associations locales spécialisées dans les violences sexuelles et la prévention sexuelle se sont alliées depuis fin 2022 à ONUSIDA pour créer un partenariat visant à réduire la progression du VIH à Haïti^[17]ONUSIDA, (29 juin 2023), Soutenir les femmes et les filles touchées par la violence des gangs en Haïti. https://www.unaids.org/fr/keywords/haiti. Le but étant selon le directeur d’ONUSIDA de « soutenir une réponse sanitaire intégrée pour les femmes et les filles si gravement touchées par la violence des gangs et par les inégalités socio-économiques »^[18]ONUSIDA, (29 juin 2023), Soutenir les femmes et les filles touchées par la violence des gangs en Haïti. https://www.unaids.org/fr/keywords/haiti.

Si les problèmes sécuritaires, sanitaires ou encore politiques touchent l’entièreté de la population haïtienne, ils affectent particulièrement les femmes en raison des violences sexuelles et basées sur le genre des gangs qu’elles subissent.

L’expansion des violences sexuelles sur les Haïtiennes employées comme arme « de terreur »

En 2011, Ju Hon KANG publie un article sur les violences envers les femmes en Haïti^[19]Kang, J. (2011), The Hidden Epidemic: Violence against Women in Haiti, Honors thesis, Duke University, https://dukespace.lib.duke.edu/dspace/handle/10161/3738. Selon l’auteure, les violences envers les femmes étaient déjà présentes dans le pays, mais le climat d’insécurité a permis l’implantation de deux mécanismes sociaux : la crise de la masculinité et la féminisation de l’insécurité. Le recours aux violences sexuelles de la part des gangs permet de renforcer la masculinité des gangs et de plonger les femmes dans un climat de peur constante. Un schéma perpétué depuis comme le démontre le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) en 2022 qui exposait que les violences sexuelles ont pour dessein de « semer la peur et infliger des traumatismes individuels et collectifs, dans le but ultime d’étendre et de consolider leur contrôle respectivement sur certaines zones et les populations locales »^[20]UNHCR, (octobre 2022), Violence sexuelle à Port-au-Prince : Une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur. … Continue reading. En ce sens, les violences sexuelles sont un moyen pour les gangs de contrôler la population, c’est la raison pour laquelle ils continuent d’y recourir. Il s’agit aussi d’une arme pour « punir la population »^[21]UNFPA (11 septembre 2023), L’UNFPA préoccupé par la détérioration de la situation humanitaire en Haïti. … Continue reading. Cette stratégie s’inscrit dans une logique d’instrumentaliser les violences sexuelles comme armes de guerre pour maintenir l’instabilité et détruire les communautés existantes. Ces violences sont reconnues comme un crime de guerre par les Nations unies et la Cour pénale internationale^[22]ONU Rwanda, (2014), Preventing genocide. https://www.un.org/en/preventgenocide/rwanda/assets/pdf/BackgrounderSexualViolence2014.pdf, notamment lorsqu’elles sont perpétrées par des groupes armés tels que les gangs.

Deux types de violences sexuelles et basées sur le genre sont particulièrement utilisées par les gangs^[23]UNHCR, (octobre 2022), Violence sexuelle à Port-au-Prince : Une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur. … Continue reading. En premier lieu le kidnapping, UNICEF estime que 300 mineur·es et femmes adultes ont été enlevées depuis le début d’année 2023^[24]UNICEF, (7 August 2023), Kidnappings of children and women spiking at alarming rates in Haiti, unicef.org, … Continue reading. Elles subissent des violences sexuelles, font l’objet de monnaie d’échange, sont considérées comme des « gains » puisque les gangs choisissent des jeunes filles qui se trouvent proches de la ligne de front ou qui habitent dans des quartiers qui ne sont pas encore contrôlés afin de prendre possession des territoires. Elles sont parfois tuées. Ces crimes font partie d’une tactique de contrôle et de prise de territoire. Depuis 2021 l’opposition, estime qu’il s’agit de kidnapping d’État^[25]Milfort, M. (2022), Enlèvement en Haïti piégés par la peur. Contectas. https://www.connectas.org/especiales/violencia-secuestro-en-haiti/fr/ dans le sens où ces enlèvements serviraient au gouvernement puisque cela permettrait un climat de peur, empêchant la population de manifester par peur des représailles ; cependant il s’agit d’un positionnement qui relève plus d’une volonté de déstabiliser le gouvernement.

L’autre violence particulièrement employée est les viols collectifs. Le rapport d’octobre 2022 de l’UNHCR fait état de viols collectifs qui sont parfois publics notamment devant les proches des femmes. Ce genre de pratique collective et publique ont pour but de « donner une leçon » et de contrôler par la peur, d’humilier, mais aussi de marginaliser les jeunes filles à la fois de leur famille et de leur quartier. Les gangs visent à la fois la population et la famille des gangs rivaux. Les femmes âgées sont elles aussi touchées pour briser le tissu social et le respect qui leur est dû dans la société haïtienne^[26]Damus, O. (2019), The Rapes in Haiti: Psychological and Sociological Aspects of Sexual Crimes, Études caribéennes, 42. https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.22958. Cette volonté de destruction du tissu social et familial se retrouve aussi dans les viols des femmes LGBTQIA+ qui sont particulièrement vulnérables et stigmatisées. Les viols collectifs de ces femmes auraient un but curatif^[27]UNHCR, (octobre 2022), Violence sexuelle à Port-au-Prince : Une arme utilisée par les gangs pour répandre la peur. … Continue reading, en effet comme souvent dans les violences envers les personnes LGBTQIA+ le but est de les « soigner » afin qu’iels redeviennent hétéros.

La question des violences sexuelles envers les femmes et les jeunes filles se pose aussi dans les camps de déplacement, dès 2011 l’Organisation internationale pour la migration (OIM) alertait sur ce phénomène^[28]Communiqué de l’OIM, (17 mai 2011), Lutter contre les violences sexuelles envers les femmes et les jeunes filles dans les camps de déplacement d’Haïti. … Continue reading. En 2020, femmes et filles représentaient 56% des migrantes internes et 46% des migrantes externes^[29]Podcast, Migration Crisis in Haiti, (10 décembre 2021), Violence Against Women in the Context of the Migration Crisis in Haiti. … Continue reading.

Les droits des Haïtiennes face à l’essoufflement des réponses nationales et internationales

Afin de faire face à ces situations de violences, une réponse internationale en deux temps a été mise en place.

Dans un premier temps avec la création de la MINUSTAH en 2004^[30]Résolution 1542 du Conseil de sécurité (2004). https://digitallibrary.un.org/record/520532?ln=fr, qui avait trois missions principales : rétablir un climat stable, permettre un processus politique et enfin renforcer l’État de droit à travers notamment la promotion des droits humains. Selon la chercheuse Mariana Cabrera Figueroa, « Haïti a réussi à reconstruire ses infrastructures et sa démocratie dans un environnement plus pacifique. Il a cependant échoué sur l’aspect humanitaire de sa propre mission »^[31]Cabrera Figueroa, M. (2023), « Peacekeeping in Haiti: Successes and Failures », Boston University, … Continue reading. En effet, la MINUSTAH a été bénéfique sur certains aspects elle a aussi, comme d’autres missions créées par l’ONU, posé différents problèmes, notamment en lien avec des agressions sexuelles de la part des agents de la MINUSTAH sur la population ainsi que l’importation du choléra^[32]Cabrera Figueroa, M. (2023), « Peacekeeping in Haiti: Successes and Failures », Boston University, … Continue reading. Cela a donc renforcé l’insécurité des femmes et accentué le problème sanitaire présent. Aujourd’hui terminée, la MINUSTAH a laissé place en 2017 à 2019 à la MINUJUSTH^[33]Résolution 2350 du Conseil de sécurité (2017). https://minujusth.unmissions.org/sites/default/files/sc_r_2350_f_0.pdf qui se concentrait sur l’ordre et la justice^[34]Communiqué ONU, (2019), Clôture de la MINUJUSTH. https://minujusth.unmissions.org.

Actuellement, aucune action internationale de maintien de la paix n’est présente sur le territoire haïtien. Face à cet « abandon » de la communauté internationale, le Premier ministre haïtien, Ariel Henry, a demandé, l’envoi d’une nouvelle mission devant l’Assemblée générale des Nations unies. Cette demande est soutenue par Antonio Guterres, en ce sens, le Conseil de sécurité des Nations unies devrait prochainement se réunir afin de mettre en place une nouvelle mission multinationale avec pour but : la paix et la sécurité du pays^[35]ONU Info (28 septembre 2023), Pourquoi Haïti réclame une nouvelle mission internationale, news.un.org, https://news.un.org/fr/story/2023/09/1139177. La question est donc complexe, la limite entre ingérence et aide humanitaire est fine. Pour éviter toutes dérives, il est primordial selon Human Rights Watch qu’il s’agisse avant tout d’un soutien politique, sécuritaire et juridique^[36]RFI, (14 août 2023), Crise en Haïti : comment la communauté internationale peut-elle agir face à la violence des gangs, rfi.fr, … Continue reading.

Dans un second temps, au-delà de la question de la présence de l’ONU se pose la question de la République dominicaine qui a fermé ses frontières aux migrant·es venant d’Haïti^[37]ONU Info, (18 septembre 2023), La fermeture de la frontière de la République dominicaine avec Haïti aura de graves conséquences, avertit un expert, news.un.org/fr. … Continue reading, alimentant l’insécurité qui y règne^[38]Hirtzmann, L. (03 septembre 2023), En République dominicaine, le calvaire des migrants haïtiens, Le Figaro. … Continue reading. Cette décision politique risque de créer une situation sanitaire et humanitaire désastreuse et d’intensifier les violences. Si pour l’instant des pourparlers semblent exister entre les deux États, et que les frontières ont été partiellement ouvertes début octobre^[39]Goston, P. (10 octobre 2023), La République Dominicaine rouvre partiellement sa frontière avec Haïti, rfi.fr. … Continue reading, la tension est palpable. Il est nécessaire pour la région de penser collectivement la protection de la population haïtienne. Une opération collective de l’Amérique centrale et du sud en soutien à Haïti pourrait constituer une alternative à une aide internationale. L’accent devrait être mis sur la mise en place d’une réelle politique migratoire avec pour objectif la défense des droits humains. Cependant, le gouvernement haïtien n’étant actuellement pas en capacité d’assurer un état de droit, sa politique extérieure en pâtit.

La gouvernance interne est également tributaire de cette situation. À l’échelle nationale, l’État haïtien se doit de participer politiquement et financièrement pour garantir les droits des femmes et les protéger de toutes formes de violences^[40]ACTED, (2021), ACTED supports 15 feminist organisations in Haiti, acted.org, https://www.acted.org/en/acted-supports-15-feminist-organisations-in-haiti/. Deux initiatives vont en ce sens. Le projet de loi contre les violences de genre proposé en 2013 par le gouvernement à la suite de l’impulsion de la population. Le but était de modifier le Code pénal afin d’inclure une définition moderne du viol, mais aussi de mieux encadrer la prévention et les sanctions des violences sexuelles^[41]Bruno, E. (14 février 2013), Haïti-Genre : Un avant-projet de loi sur la violence faite aux femmes en cours d’élaboration, Altepresse. … Continue reading. À ce projet de loi s’ajoute un plan national contre les violences basées sur le genre pour la période 2017-2027^[42]Toraasen, M. (2020), Women’s status in Haiti ten years after the earthquake, CMI Brief, https://www.cmi.no/publications/7263-womens-status-in-haiti-ten-years-after-the-earthquake. Cependant ce dernier n’est toujours pas mis en place et la loi n’a pas été votée. Cela s’explique en raison du manque de ressources humaines, techniques et financières^[43]UNFPA, (juin 2023), Adressing Gender-based violence in Haiti. … Continue reading, mais aussi par le désintérêt de l’État pour les sujets liés aux violences de genre, au VIH, à l’aide sanitaire ou encore à la prévention^[44]World Bank group, (2023), Haiti’s untapped potential: An assessment of the barriers to gender equality. … Continue reading.

Face à ce désintérêt, les femmes s’organisent. En ce sens, les associations se multiplient, comme Solidarité des Organisations contre la Violence (SOCVI), Association des Femmes de Denis (AFD) ou encore les Filles à Besoins Spéciaux pour la réforme (FIBESR), Marijàn… Ces associations ont des buts différents, par exemple Marijàn a pour mission de scolariser les jeunes filles et de sensibiliser l’opinion publique sur la nécessité de porter des projets féministes. Ensemble ces associations répondent de manière plurielle et efficace aux crises auxquelles font face les femmes du pays. Cependant, les associations manquent de moyen, certaines ONG comme ACTED les soutiennent humainement et financièrement. Cependant, elles ne peuvent pérenniser leurs actions avec le seul soutien des ONG.

La nécessaire impulsion du gouvernement dans le processus de paix

Malgré la force des différents acteurs civils comme les femmes, le personnel médical, les associations… Le gouvernement haïtien ne s’intéresse pas suffisamment aux femmes, aux violences qu’elles subissent ou à leur participation effective dans le processus de paix^[45]Toraasen, M. (2020), Women’s status in Haiti ten years after the earthquake, CMI Brief, https://www.cmi.no/publications/7263-womens-status-in-haiti-ten-years-after-the-earthquake. Pour différentes organisations soulignent la nécessité pour l’État d’être actif, en demandant notamment à l’État haïtien qu’une « action humanitaire plus efficace et plus inclusive qui tient compte des effets différenciés des crises sur les femmes et permet aux populations touchées, dans toute leur diversité, de mieux faire face aux situations d’urgence et de s’y préparer »^[46]OCHA, (29 mars 2021), Policy Instruction on Gender Equality 2021-2025. … Continue reading. La mise en place de l’action multinationale onusienne sera l’occasion pour l’État haïtien de prendre en considération ces recommandations, car, si la paix est en théorie possible pour les Haïtiennes, le chemin pour y parvenir semble encore long et il est urgent de les soutenir.