Ascension de la droite conservatrice en Espagne : les avancées autour de la violence de genre en péril après les élections générales du 23 juillet ?

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Théo Cantinolle

À la veille des élections générales qui se tiendront le 23 juillet 2023, l’Espagne est en proie à un climat socio-politique extrêmement pesant. À deux semaines de la date fatidique, certains sujets sont très suivis par le peuple espagnol et cristallisent tout particulièrement les tensions. Parmi eux, la question de la diversité et surtout de la violence contre les femmes se trouve au cœur des débats.

L’atmosphère est en effet devenue électrique au vu de l’évolution des sondages qui placent le Parti Populaire (PP) conservateur en tête du scrutin. L’un des problèmes majeurs de cette ascension ? Depuis sa victoire aux élections municipales et régionales du 28 mai dernier, le PP a intensément renforcé ses alliances avec Vox, parti d’extrême-droite qui nie notamment les problématiques de diversité sexuelle et de violence de genre en Espagne[1]Courrier International. (2023, 21 juin). En Espagne, la violence de genre “en première ligne de la bataille électorale”. Courrier international. … Continue reading. Il est aujourd’hui clair que le PP assume et cautionne l’idéologie anti progressiste du parti d’extrême-droite à propos de certains sujets essentiels à l’image de la violence de genre. Pour rappel, Vox était le seul et unique parti politique espagnol à ne pas avoir signé le dernier pacte contre les violences sexistes.

En ce sens, ce probable virage à droite, voire à l’extrême-droite, pour l’Espagne pourrait représenter un véritable coup d’arrêt concernant les droits des femmes et notamment leur protection contre les violences conjugales. Au regard de l’historique et du passif de ces enjeux dans un pays profusément marqué par des affaires liées à la violence de genre, les élections générales auraient pourtant pu offrir une tribune idéale afin de mettre en lumière les avancées et solliciter un engagement encore plus fort des partis politiques. Mais en empruntant le chemin qui semble se profiler, l’Espagne pourrait mettre en danger les avancées sociales acquises durant les vingt dernières années, et par conséquent mettre en péril un système durement construit qui apparait pourtant comme un modèle européen en matière de protection de la femme.

Évidemment rien n’est acté avant que les urnes ne révèlent leurs résultats officiels. Cependant cette bascule vers la droite conservatrice semble inévitable au vu de la popularité en berne de l’actuel premier ministre Pedro Sanchez[2]Virage à droite de l’Europe : l’Espagne n’est plus à l’abri. (2023, 29 mai). France Inter. … Continue reading; au-delà d’un bilan économique toujours aussi alarmant, la politique proposée par l’actuel Premier ministre et son gouvernement semble arriver en bout de course. Souffrant d’une montée générale des idéologies de droite radicale dans bon nombre de pays en Europe, Pedro Sanchez semble de plus en plus perçu comme un « radical de gauche », presque trop moderne et trop progressiste. En ce sens, après avoir mené de nombreux combats sur divers sujets tels que le changement de genre, l’euthanasie ou encore l’égalité femmes-hommes, le Premier ministre espagnol est loin de faire l’unanimité auprès d’une grande partie de la population espagnole.

Si ce virage à droite, voire partiellement à l’extrême droite du fait des alliances, se confirme dans quelques jours pour l’Espagne, le pays doit-il redouter une remise en cause des avancées sociales et juridiques en matière de droits des femmes et de leur protection contre la violence de genre ? Même si les différents gouvernements successifs suivent naturellement les idéologies des acteur·ices du pouvoir, peut-on imaginer que les mesures instaurées par le pays depuis une vingtaine d’années et qui en font un modèle européen en matière de protection des femmes, puissent s’en trouver menacées sous un gouvernement nouveau ?

Un pays marqué par la violence de genre, qui a su œuvrer positivement en faveur des femmes

Le 4 décembre 1997, Ana Orantes, citoyenne espagnole d’une soixantaine d’années témoigne sur un plateau télévisé et raconte l’enfer quotidien qu’elle doit vivre auprès d’un mari violent[3]Armengaud, J. (1997, 20 décembre). Le martyre d’une femme battue indigne l’Espagne. Ana Orantes, divorcée, a été brûlée vive par son ex-mari. Libération. … Continue reading. Douze jours plus tard, elle succombera, brûlée vive par son conjoint. Il est de ces événements marquants qui font résonner avec force les problèmes latents auxquels on ne souhaite jamais vraiment s’attaquer. La mort d’Ana Orante fait partie de ceux-là, et a mené l’Espagne à voter en 2004 à l’unanimité, la loi de protection intégrale contre les violences de genre. Cette loi, considérée par ONU Femmes comme l’une des plus protectrices au monde, s’est traduite par la mise en place de tribunaux spécialisés, ainsi que d’un département dédié au sein de la police espagnole. Les équipes au sein de ce département endossent par ailleurs un rôle de référent pour le suivi des dossiers concernant les affaires liées à du harcèlement ou de la violence envers les femmes.

Depuis, l’Espagne est considérée comme un pays modèle en termes de protection des femmes contre les violences. On dénombrait soixante-seize féminicides sur l’année 2008, contre trente-deux en 2022, soit environ trois fois moins qu’en France par exemple[4]C Politique. (2022, 21 novembre). REPORTAGE : L’Espagne, modèle dans la lutte contre les féminicides – C Politique du 20 novembre 2022 [Vidéo]. YouTube. … Continue reading. Durant les deux dernières décennies, la perception des violences conjugales a connu un véritable tournant en Espagne : l’affaire d’Ana Orante a fait bondir la visibilité du phénomène de violence de genre dans les médias, et plus largement dans la société espagnole. L’émotion gagnant peu à peu l’opinion, les partis politiques n’ont eu d’autres choix que de s’emparer de ce sujet et d’en faire l’un de leurs principaux chevaux de bataille. Opportunisme pour tenter de rallier la cause populaire ou réel engagement pour la protection de la femme ? Difficile à dire, toujours est-il que la notion de « tolérance zéro » s’est dès lors ancrée dans la société espagnole, et les positions autour du sujet ont globalement évolué de manière uniquement positive depuis cet instant[5]E.Larrauri Pijoan, « Cinco tópicos sobre las mujeres víctimas de violencia… a los très años de aprobación de la LOVG 1/2004, de 28 de diciembre) », Cuadernos de Derecho judicial, 9, … Continue reading.

Cette évolution positive s’est traduite en partie par une succession de mesures concrètes, adoptées au fil des années par l’environnement juridique espagnol mais aussi par les forces de l’ordre. En effet, des services spécialement dédiés aux violences faites aux femmes ont vu le jour en 2015. En parallèle, des tribunaux spécialisés ont été créés et uniquement dédiés aux affaires de violence conjugale. Il en existe aujourd’hui plus d’une centaine sur tout le territoire espagnol. Chaque année en Espagne, près de 70 000 femmes bénéficient d’un suivi policier après avoir porté plainte pour violences conjugales[6]C Politique. (2022, 21 novembre). REPORTAGE : L’Espagne, modèle dans la lutte contre les féminicides – C Politique du 20 novembre 2022 [Vidéo]. YouTube. … Continue reading.  Cependant, les avancées dans ce domaine ne doivent pas dresser le voile sur une réalité préoccupante. En janvier 2023, ce sont deux femmes qui ont été poignardées à mort, et retrouvées au domicile familial[7]Kwai, I., & Bautista, J. (2023, 21 février). ‘Machismo Kills’ : A Surge in Murders of Women Alarms Spain. The New York Times. … Continue reading. Les noms des deux femmes, Paloma Pinedo Rodríguez et sa fille India López Pinedo, sont devenus des symboles, de véritables cris de ralliement lors des manifestations organisées dans toute l’Espagne, au cœur d’un contexte de recrudescence des féminicides, à laquelle le gouvernement a promis de s’attaquer encore plus intensément.

Face à cette actualité et l’émotion suscitée, le gouvernement de Pedro Sanchez a promis de prendre de nouvelles mesures significatives telles que la création de points de contrôle dans les centres de santé des zones rurales, où les femmes peuvent signaler les violences. Une nouvelle règle est aussi entrée en vigueur récemment, imposant aux policier∙ères d’informer les femmes qui signalent des violences de la part de leur partenaire de tout antécédent criminel de ce dernier. Le gouvernement a également ordonné aux tribunaux espagnols d’accéder aux demandes des victimes de violences masculines qui souhaitent que leurs agresseurs portent un bracelet électronique lorsqu’ils sortent de prison.

Toutefois de réelles questions émergent concernant l’attitude de la prochaine majorité parlementaire, qui ne sera vraisemblablement pas celle du parti de Pedro Sanchez, face à ces nouvelles mesures pourtant jugées par beaucoup de citoyen∙nes comme essentielles.

Le PP et Vox, quelle attitude face à ces enjeux ?

Au vu de cet historique et de ce contexte assez anxiogène, il est important de clarifier les positions du PP et de Vox, ces partis désormais alliés dans plusieurs régions du pays et qui sont grandement pressentis pour mener la vie politique espagnole après le 23 juillet prochain.

Historiquement, le Parti Populaire (PP) a été souvent critiqué par pléthore d’organisations féministes pour avoir adopté des positions bien trop conservatrices vis-à-vis de la protection des femmes contre la violence de genre, et avoir montré un manque d’engagement criant en faveur des droits des femmes. Par exemple, le parti avait exprimé une véritable défiance envers certaines lois considérées par les femmes comme fondamentales. Parmi celles-ci, la loi sur l’égalité de genre, adoptée en 2004, qui vise à promouvoir l’égalité des femmes-hommes dans tous les aspects de la vie en Espagne. Il va sans dire que le PP a souvent été accusé de vouloir revenir en arrière sur ces acquis sociaux, en proposant des mesures qui fragilisent et mettent en danger les droits des femmes en Espagne. Par exemple, le 12 janvier 2023, le gouvernement de Castille-et-Léon, région dirigée par le Parti Populaire et le parti Vox, a provoqué la polémique en présentant plusieurs mesures explicitement hostiles au droit à l’IVG. Cet épisode fait écho à l’année 2014, durant laquelle ce droit avait déjà été remis en cause par la droite conservatrice et le gouvernement de Mariano Rajoy.

En ce qui concerne le parti Vox, il représente une menace bien plus directe pour les droits des femmes et la protection contre les violences conjugales en Espagne. Vox et son dirigeant controversé, Santiago Abascal, ont inclus dans leur programme politique des propositions qui remettent en question clairement et sans détour la loi sur la violence de genre, adoptée en 2004, et qui met en place des mesures pour protéger les femmes contre les violences conjugales. Plus que ça, le parti voit dans cette loi une véritable discrimination envers les hommes et propose de la supprimer purement et simplement. Cet acte, s’il venait à voir le jour, serait à l’origine d’une nette diminution de la protection offerte aux femmes victimes de violences conjugales. Cela apparaitrait indubitablement comme un coup de tonnerre dans un pays qui œuvre depuis maintenant une vingtaine d’années pour la protection de la femme.

Le samedi 17 juin, le PP et Vox ont déclaré la naissance d’un pacte de coalition dans la communauté autonome de Valence, suite à la défaite de la gauche. Le PP et Vox gouverneront donc en alliance dans 25 communes espagnoles de plus de 30 000 habitant∙es. En englobant les communes moins peuplées, ce sont au total 140 municipalités qui seront gouvernées par la coalition de ces deux partis. Dans les villes concernées, les citoyen∙nes s’attendent déjà à des changements particulièrement négatifs à venir. Il est par exemple déjà acté que la ville de Ciudad Real perde son service chargé des politiques d’égalité femmes-hommes.

Après avoir été en concurrence durant quelques années, en visant en grande partie le même électorat, le PP et Vox n’ont jamais été aussi proches sur le plan de l’idéologie et des valeurs portées. Il y a un an déjà, la présidente de la communauté autonome de Madrid Isabel Diaz Ayuso affirmait ceci : « Cela n’échappe à personne que les électeurs de Vox viennent, dans leur majorité, du Parti populaire. » [8]Morel, S. (2023, 28 mai). A Madrid, le pari de la conservatrice Isabel Diaz Ayuso pour contrer l’extrême droite. Le Monde.fr. … Continue reading. La collusion semble actuellement tout à fait installée entre les deux mouvements.

Il est important de souligner que même le PP semble parfois dans une situation inconfortable face au positionnement du parti Vox sur certains sujets brûlants, à l’image de la négation de l’existence de la violence de genre par Santiago Abascal[9]Rfi. (2023, 23 juin). La extrema derecha niega la violencia de género en España y pone en aprietos a los conservadores. RFI. … Continue reading.

Quelle suite pour les femmes espagnoles si le PP venait à gouverner ?

Bien qu’imparfait et encore fragile, le système juridique et social espagnol qui a été construit depuis deux décennies autour des enjeux de protection des femmes, constitue un terreau inestimable pour l’avenir. Il est un terrain particulièrement fertile à de nouvelles et plus grandes avancées pour protéger au mieux les femmes et véritablement éliminer la violence de genre. Les mesures prises par l’Espagne ces dernières années ne représentent qu’un début dans la dynamique de lutte contre la violence de genre. Il paraît aujourd’hui pertinent de capitaliser sur ces avancées et, au regard des résultats encourageants obtenus, continuer dans cette voie en montrant l’exemple auprès des pays voisins. Car il faut garder à l’esprit ce rôle de modèle qu’a endossé l’Espagne sur le sujet, aux yeux de l’Europe mais aussi à l’échelle internationale.

La mise en péril de tout ce système constitue un réel danger pour les femmes espagnoles, car c’est la stabilité et la cohérence de ce cadre qui permet par la suite d’atteindre des progrès sociaux marquants. Cristina Fabre, coordinatrice de la lutte contre la violence sexiste à l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes, l’a par ailleurs très bien expliqué en affirmant que « Lorsqu’une femme est tuée, il s’agit la plupart du temps d’un échec du système qui n’a pas été en mesure d’empêcher le meurtre[10]Kwai, I., & Bautista, J. (2023, 21 février). ‘Machismo Kills’ : A Surge in Murders of Women Alarms Spain. The New York Times. … Continue reading

De la nécessité d’aller au-delà de la criminalisation de la violence de genre

Par ailleurs, à quelques jours de ce scrutin si important, de nombreuses interrogations sous-jacentes peuvent être posées quant à la manière d’appréhender les violences conjugales et les féminicides qui peuvent en découler, quel que soit le gouvernement au pouvoir.

Il semble tout d’abord essentiel de clarifier la position et le choix sémantique d’une société sur la notion de violence de genre. Ainsi, l’Espagne fait partie des quelques pays de l’Union européenne qui considèrent la violence masculine à l’égard des femmes comme un produit des inégalités entre les sexes selon l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes. D’autres pays européens classent cette violence dans des catégories plus larges, comme la violence domestique, et n’effectuent pas de suivi exhaustif des violences ou des meurtres qui suivent[11]Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes | Union européenne. (s. d.). European Union. … Continue reading.

De surcroît, le sujet ne se limite pas aux violences conjugales ou aux féminicides, qui ne sont en réalité que les derniers maillons de la longue chaîne que représente la violence de genre. Il paraît important d’identifier et combattre à la racine les problèmes systémiques qui mènent malheureusement à ces actes irréversibles. Selon Irene Moreno, ministre espagnole de l’égalité, « Tant que nous [les espagnols] n’aurons pas éradiqué le machisme, nous ne mettrons pas fin à la violence masculine[12]Kwai, I., & Bautista, J. (2023, 21 février). ‘Machismo Kills’ : A Surge in Murders of Women Alarms Spain. The New York Times. … Continue reading. » De par ce constat, la ministre met en exergue le mal bien plus profond qui touche la société espagnole, mais que l’on peut aussi aisément étendre à la majeure partie des sociétés européennes et mondiales. Les inégalités femmes-hommes, le machisme ou encore le sexisme ordinaire, constituent autant de problématiques invisibles et insaisissables, qui sont pourtant incontestablement à l’origine de la violence de genre[13]Christelle Taraud, « Féminicides, une histoire mondiale », 2022, Editions La Découverte..

Cette idée était en partie argumentée et défendue dès 2007 par le sociologue Evan Stark, à travers son ouvrage « Coercive Control: How Men Entrap Women in Personal Life ». Il est nécessaire selon lui de placer les actes de féminicides, et plus globalement les violences masculines, dans une vision plus vaste qui traiterait plus largement de l’emprise et de la domination masculine. La femme est ainsi vue toute sa vie ou presque comme « otage » d’un contrôle coercitif dont elle peut difficilement se défaire et dont l’acte de violence n’est finalement que le point d’acmé et le point de non-retour.

Pour lutter contre cette coercition, l’auteur propose notamment une approche intéressante et plus englobante en trois aspects distincts : criminaliser le contrôle coercitif, réviser l’intervention pour mettre en évidence les droits à la liberté des femmes parallèlement à leur sécurité, et faire entrer la loi par le biais d’un mouvement politique revigoré qui aligne l’égalité réelle des femmes sur leurs droits formels[14]Larmagnac-Matheron, O. (2023, 28 mai). “Contrôle coercitif”. Philosophie magazine. https://www.philomag.com/articles/controle-coercitif.

À l’heure actuelle, la lutte contre la violence de genre nécessite une approche multidimensionnelle, en abordant notamment les causes sous-jacentes du problème. Cela inclut, parmi tant d’autres actions, la promotion d’une culture de respect et d’égalité entre les genres, mais aussi de manière plus concrète un soutien renforcé par les gouvernements aux programmes de sensibilisation destinés à prévenir la violence de genre dès le plus jeune âge.

L’Espagne, de modèle féministe à symbole d’un backlash grandissant

La décision ne sera rendue que le 23 juillet mais l’Espagne se prépare déjà à une bascule significative dans les plus hautes sphères de la vie politique. Il est évidemment question du jeu politique naturel, qui suit le va et vient des diverses idéologies se remplaçant au pouvoir. Toutefois, cette victoire probable du PP pourrait être synonyme de régression sociale sur certains sujets tel que celui des droits des femmes, en grande partie à cause des alliances confirmées avec le parti Vox.

Cependant, cette possible régression fait écho à une réalité de plus en plus visible dans de nombreux pays d’Europe. En effet, le phénomène de “backlash” (“retour de bâton” en français) a récemment connu un dangereux engouement, et continue de s’étendre sur le Vieux Continent. Cette notion, d’abord théorisée par l’américaine Susan Faludi en 1991 pour décrire les stratégies des mouvements conservateurs aux Etats-Unis, se voit utilisée aujourd’hui pour expliquer certains mouvements anti progressistes qui sévissent en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Le plus souvent lié à des idéologies nationalistes et radicales de droite, ce backlash peut se manifester de différentes manières, allant de la remise en question des lois sur l’égalité femmes-hommes à l’augmentation des violences sexistes et misogynes dans la société.

D’un point de vue politique, le phénomène a récemment fait parler de lui via l’arrivée au pouvoir du parti d’extrême-droite italien Fratelli d’Italia, ou encore la reconduction du parti de Viktor Orban en Hongrie. Ces gouvernements incarnent nettement le backlash du droit des femmes en prônant une position radicale sur de nombreux sujets liés à l’égalité femmes-hommes et en assumant une misogynie assez décomplexée. Par conséquent, après la Hongrie, l’Italie mais aussi la Pologne, l’Espagne pourrait connaître des mouvements de backlash sans précédent parmi ses plus hautes sphères de décision.

Pour citer cet article : Théo Cantinolle. (2023).

Ascension de la droite conservatrice en Espagne : les avancées autour de la violence de genre en péril après les élections générales du 23 juillet ? Institut du Genre en Géopolitique.https://igg-geo.org/?p=14615.

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References

References
1 Courrier International. (2023, 21 juin). En Espagne, la violence de genre “en première ligne de la bataille électorale”. Courrier international. https://www.courrierinternational.com/article/politique-en-espagne-la-violence-de-genre-en-premiere-ligne-de-la-bataille-electorale
2 Virage à droite de l’Europe : l’Espagne n’est plus à l’abri. (2023, 29 mai). France Inter. https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-monde-d-apres/le-monde-d-apres-de-jean-marc-four-du-lundi-29-mai-2023-3386477
3 Armengaud, J. (1997, 20 décembre). Le martyre d’une femme battue indigne l’Espagne. Ana Orantes, divorcée, a été brûlée vive par son ex-mari. Libération. https://www.liberation.fr/planete/1997/12/20/le-martyre-d-une-femme-battue-indigne-l-espagne-ana-orantes-divorcee-a-ete-brulee-vive-par-son-ex-ma_222746/
4, 6 C Politique. (2022, 21 novembre). REPORTAGE : L’Espagne, modèle dans la lutte contre les féminicides – C Politique du 20 novembre 2022 [Vidéo]. YouTube. https://www.youtube.com/watch?v=8jc6nn6lW5o
5 E.Larrauri Pijoan, « Cinco tópicos sobre las mujeres víctimas de violencia… a los très años de aprobación de la LOVG 1/2004, de 28 de diciembre) », Cuadernos de Derecho judicial, 9, 2007, p. 12.
7, 10 Kwai, I., & Bautista, J. (2023, 21 février). ‘Machismo Kills’ : A Surge in Murders of Women Alarms Spain. The New York Times. https://www.nytimes.com/2023/02/17/world/europe/spain-women-murders-protests.html
8 Morel, S. (2023, 28 mai). A Madrid, le pari de la conservatrice Isabel Diaz Ayuso pour contrer l’extrême droite. Le Monde.fr. https://www.lemonde.fr/international/article/2023/05/28/a-madrid-le-pari-de-la-conservatrice-isabel-diaz-ayuso-pour-contrer-l-extreme-droite_6175156_3210.html
9 Rfi. (2023, 23 juin). La extrema derecha niega la violencia de género en España y pone en aprietos a los conservadores. RFI. https://www.rfi.fr/es/m%C3%A1s-noticias/20230623-la-extrema-derecha-niega-la-violencia-de-g%C3%A9nero-en-espa%C3%B1a-y-pone-en-aprietos-a-los-conservadores
11 Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes | Union européenne. (s. d.). European Union. https://european-union.europa.eu/institutions-law-budget/institutions-and-bodies/search-all-eu-institutions-and-bodies/european-institute-gender-equality-eige_fr
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Kwai, I., & Bautista, J. (2023, 21 février). ‘Machismo Kills’ : A Surge in Murders of Women Alarms Spain. The New York Times. https://www.nytimes.com/2023/02/17/world/europe/spain-women-murders-protests.html

13 Christelle Taraud, « Féminicides, une histoire mondiale », 2022, Editions La Découverte.
14 Larmagnac-Matheron, O. (2023, 28 mai). “Contrôle coercitif”. Philosophie magazine. https://www.philomag.com/articles/controle-coercitif