De l’invisibilisation publique des femmes à leur agentivité : la place de l’héritage sankariste féministe au Burkina Faso face au terrorisme

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17/06/2024

Magali Bouffandeau

« Camarades, il n’y a de révolution sociale véritable que lorsque la femme est libérée. Que jamais mes yeux ne voient une société, que jamais, mes pas ne me transportent dans une société où la moitié du peuple est maintenue dans le silence. J’entends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur révolte[1]Dankara, T (1987). La libération de la femme : une exigence du futur. http://thomassankara.net. » C’est par ces mots que le Capitaine Thomas Sankara, alors président du Burkina Faso, conclut son discours le 8 mars 1987, à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale des droits des femmes[2]Jaffré, B. (2017). La liberté contre le desti. Syllepse. Ces mots, qui résonnent encore aujourd’hui, illustrent la lutte visionnaire qu’il a initié contre le patriarcat durant ses quatre années de pouvoir à la tête du pays des Hommes intègres[3]L’appellation « pays des Hommes internes » provient de la traduction française de l’association des deux termes Burkina et Faso. Burkina signifie « Homme intègre » en mooré et Faso … Continue reading, entre 1983 et 1987. Cette lutte, qui s’inscrit dans le cadre de la Révolution qu’il a conduit pour libérer le pays de toute forme d’impérialisme, a participé à modifier le statut des femmes burkinabè[4]Rouamba, L. &Descarries, F. (2010). Les femmes dans le pouvoir éxécutif au Burkina Faso (1957-2009, Recherches féministes, Volume 23, 99-122. https;//doi.org/10.7202/04424ar. C’est ce qu’on peut appeler l’héritage féministe sankariste.

Aujourd’hui, une autre quête de libération anime le Burkina Faso. Comptant il y a peu encore parmi les pays les plus paisibles de la planète, le Burkina Faso connait depuis fin 2015, un conflit armé sans précédent qui l’oppose à deux organisations terroristes : Ansaroul Islam, groupe islamiste affilié à Al Qaïda, et l’Etat Islamique au Sahel (EI-Sahel). Cette guerre s’inscrit dans un conflit plus global qui a commencé en 2012 au Mali, et qui s’est progressivement étendu à l’ensemble du Sahel[5]Amnesty International. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso. https://www.amnesty.org/en/documents/afr60/7209/2023/fr/. Ce conflit a provoqué le déplacement de plus de 2 millions de Burkinabè à travers le pays, et la mort d’au moins 16 385 personnes[6]Amnesty International. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso. https://www.amnesty.org/en/documents/afr60/7209/2023/fr/. Environ 5 500 écoles ont dû fermer, affectant 800 000 enfants[7]OCHA. (2023). Burkina Faso, aperçu de la situation humanitaire. https://www.unocha.org/publications/report/burkina-faso/burkina-faso-apercu-de-la-situation-humanitaire-au-30-novembre-2023. Selon le premier ministre Apollinaire Joachim Kyélem de Tambéla, l’État contrôlait à peine 65% de son territoire en mai 2023[8]Amnesty international. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso. Le Burkina Faso est ainsi devenu, selon l’Indice mondial du terrorisme (GTI)[9]Calculé selon le nombre de décès lié au terrorisme, le deuxième pays au monde le plus touché par le terrorisme, juste derrière l’Afghanistan. Il subit également la crise de déplacement de population la plus négligée au monde en 2022[10] L’objectif de ce rapport publié chaque année par le Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC) est de mettre en lumière les crises humanitaires qui ne font pas la une des médias … Continue reading

Par ailleurs, il est reconnu aujourd’hui que les conflits violents ont un impact différencié et disproportionné sur les femmes et aggravent les inégalités de genre[11]Nations Unies Maintien de la paix. (2019). Femmes et paix et sécurité, l’égalité femmes-hommes dans les opérations de maintien de la paix.. Depuis les années 2000, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une série de résolutions constituant l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité, afin de répondre aux situations de conflits et post-conflits en intégrant les enjeux de genre et le rôle des femmes[12]Nations Unies Maintien de la paix. (2019). Femmes et paix et sécurité, l’égalité femmes-hommes dans les opérations de maintien de la paix.. Bien que ce cadre normatif constitue une avancée majeure, il réduit cependant les femmes au statut de victimes et d’actrices de la paix[13]KHELIF Zineb, « Le prisme du genre dans la sécurité internationale », (20/03/2023), Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=11854. Pourtant, l’implication des femmes dans les conflits est bien plus complexe[14]Boutron, C. (2024). Combattantes. Quand les femmes font la guerre. Les Pérégrines.[15]Boutron, C. & Le Basque, M. (2019). Combattantes, terroristes ou victimes : L’engagement des femmes dans la violence armée. Les Champs de Mars, 33, 91-113. … Continue reading  et le cas du Burkina Faso n’y déroge pas. 

Fort de ce constat, comment les conséquences de cette crise sur les enjeux de genre remettent-elles en perspective l’héritage féministe sankariste ? En quoi la complexité du rôle des femmes dans le conflit peut-elle constituer une opportunité pour bousculer les stéréotypes de genre au-delà du conflit ?

L’héritage féministe sankariste, entre avancées novatrices et résistances conservatrices 

Arrivé au pouvoir en 1983 à la faveur d’un coup d’État militaire, le Capitaine Thomas Sankara a instauré une révolution sans précédent pour l’époque. Le féminisme en fut l’un de ses chevaux de bataille. 

Il s’agissait de la première tentative au monde de s’attaquer, à l’échelle d’un État, aux mécanismes du patriarcat. Thomas Sankara était convaincu que la liberté et l’indépendance d’un peuple ne pouvaient s’obtenir sans l’implication des femmes qui portent la « moitié du ciel[16]Sankara, T (1983). Discours d’orientation politique. https://www.thomassankara.net/discours-d-orientation-politique-2/», et l’arrachement de leur liberté[17]France Culture (2022). Podcast Les Grandes Traversées. Thomas Sankara, l’homme qui allait changer l’Afrique. Episode 3/5 la révolution … Continue reading. Allié féministe avant l’heure, il n’a cessé de démontrer les liens existants entre le combat des femmes et celui contre l’impérialisme, comme dans son ouvrage L’émancipation des femmes et la lutte de libération de l’Afrique[18]Sankara, T. (2008). L’émancipation des femmes et la lutte de libération de l’Afrique. Pathfinder. Il y explique que le patriarcat n’est autre que le prolongement d’un système généralisé de domination et d’exploitation rendu possible par l’avènement du capitalisme. Ainsi, la révolution féministe qu’il a mené s’est traduite par une bataille contre les structures sociales du pays, un décloisonnement des rôles de sexes[19]Rouamba, L &Descarries, F. (2010). Les femmes dans le pouvoir éxécutif au Burkina Faso et la mise en place de mesures novatrices. 

Parmi les plus symboliques, une incitation au partage des tâches domestiques a été initié avec notamment la mise en place d’une « journée de marché au masculin » obligatoire pour les hommes. Les mesures les plus décisives ont été l’interdiction du lévirat, de la dot, du mariage forcé et de l’excision, qu’il considérait comme étant « la traduction d’une volonté de marquer la femme de son infériorité». Il a également mis en place des mesures innovantes comme l’instauration d’un salaire vital prélevé sur les salaires des fonctionnaires pour rémunérer le travail ménager de leurs épouses ou encore la nomination de femmes dans les instances de décision. En 1986, dans son dernier gouvernement, 20% des ministres étaient des femmes, soit la moyenne mondiale aujourd’hui[20]Lepidi, P. (4 janvier 2020). Thomas Sankara, le féministe. Le Monde. En parallèle, les femmes ont été incitées à sortir des foyers pour participer à la Révolution, à intégrer les Comités de Défense de la Révolution (CDR), qui étaient des structures du système révolutionnaire mis en place. Elles ont aussi été invitées à donner leur avis. Personne ne pouvait contester leur participation, pas même leur mari. 

Au Burkina Faso, il existe un lien intrinsèque entre émancipation du pays et empowerment des femmes. Ces dernières ont profité de l’opportunité qui leur était faite de sortir du foyer pour se réunir entre elles, se regrouper en associations, et développer des activités communautaires et lucratives[21]Dans son article du 01.06.2023, Mathilde Penda a exploré pour l’Institut du Genre en Géopolitique, la façon dont les femmes d’Afrique de l’Ouest ont mené une double lutte à l’époque des … Continue reading.  Comme l’explique Monique Ilboudo, femme politique et militante burkinabè « c’est bien connu, dès lors que les femmes trouvent une occasion de sortir du foyer (guerre, révolution), il est difficile de les y renvoyer[22]Ilboudo,M. (2007). Le féminisme au Burkina Faso : mythes et réalités. Recherches féministes. 20(2), 163-177. https://doi.org/10.7202/017610ar ». Dans les années 1980, sur l’ensemble du territoire, zones urbaines et rurales confondues, les femmes occupent l’espace public. Et ce mouvement se renforce grâce au mot d’ordre de Thomas Sankara appelant à produire et consommer local. Sa politique d’autosuffisance a favorisé le développement de groupements de femmes autour d’activités génératrices de revenus (teinture, tissage, maraichage, transformation de produits) et ainsi leur autonomisation[23]Lepidi, P. (4 janvier 2020). Thomas Sankara, le féministe. Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/04/thomas-sankara-le-feministe_6024805_3212.html. Aujourd’hui, la richesse et le dynamisme des associations de femmes au Burkina Faso doivent être considérés comme faisant partie de l’héritage sankariste.

Cet héritage a continué à être mis en œuvre après sa mort. Il a par exemple fortement contribué à l’adoption de textes progressistes en matière de droits des femmes[24]Ilboudo,M. (2007). Le féminisme au Burkina Faso : mythes et réalités. Recherches féministes. 20(2), 163-177. https://doi.org/10.7202/017610ar, tel que le Code des Personnes et de la Famille (CPF), en 1990, qui « pose les principes de l’égalité des droits et devoirs entre époux, de l’égalité de droits entre enfants sans distinction[25]Ilboudo,M. (2007). Le féminisme au Burkina Faso : mythes et réalités. Recherches féministes. 20(2), 163-177. https://doi.org/10.7202/017610ar ». En 1996, le Code Pénal est venu confirmer officiellement l’interdiction des mutilations génitales féminines, du mariage forcé, du lévirat et de la dot[26]Loi No. 043/96/ADP du 13 Novembre 1996 portant Code Pénal. Par la suite, bien que l’élan initié par Thomas Sankara se soit essoufflé, d’autres avancées importantes ont pu être mises en place grâce au plaidoyer de mouvements de femmes tels que la Coalition Burkinabè pour les droits des femmes (CBDF) et l’Association des femmes juristes du Burkina (AFJB). Il faut cependant nuancer la seule détermination des femmes dans ces avancées. Les sociologues Lydia Rouamba et Zakaria Soré soulignent que leur obtention résulte davantage de la bonne volonté du président de l’époque, Blaise Compaoré, que de l’efficacité d’un réel dispositif politique institutionnel[27]Rouamba,L. & Soré, Z. (2021). Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso. Une analyse à partir des élections législatives de novembre 2015. Nouvelles Questions Féministes. 40, 82-98. … Continue reading. En 2009, cependant, le Burkina Faso adopte une Politique Nationale Genre (PNG) afin d’intégrer les enjeux de genre de façon transversale à l’ensemble des politiques sectorielles du pays. Un quota genre de 30% aux élections législatives et municipales est également instauré, et en 2015, la loi contre les violences faites aux femmes est adoptée.

Un écart important demeure pourtant entre les textes et la réalité. Certaines lois restent difficilement applicables, comme le quota genre aux élections. Les faibles sanctions financières ne motivent pas les partis politiques à nommer des femmes sur leurs listes électorales[28]Rouamba,L. & Soré, Z. (2021). Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso. Une analyse à partir des élections législatives de novembre 2015. Nouvelles Questions Féministes. 40, 82-98. … Continue reading. Seuls 3 des 13 centres régionaux de prise en charge des victimes de VBG prévus par la loi contre les violences faites aux femmes ont été créé et ne disposent pas des moyens nécessaires pour fonctionner[29]GRASH. Contribution conjointe à l’examen périodique du Burkina Faso. https://www.upr-info.org/sites/default/files/country-document/2023-11/JS5_UPR44_BFA_F_Main.pdf. L’excision[30]Le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées au Burkina Faso est de 13% des filles de 0 à 14 ans et 76% des femmes de 15 à 49 ans. Excision Parlons-en ! … Continue reading et le mariage forcé[31]Amnesty International. (2016). Le mariage précoce et forcé au Burkina Faso : les faits. https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2016/04/burkina-faso-forced-early-marriage-facts/ bien qu’interdits, demeurent répandus. Et des inégalités profondes perdurent, y compris dans les lois, comme l’âge minimum pour se marier, fixé à 20 ans pour les garçons contre 17 ans pour les filles[32]Ilboudo,M. (2007). Le féminisme au Burkina Faso : mythes et réalités. Recherches féministes. 20(2), 163-177. https://doi.org/10.7202/017610ar. Ce contexte a notamment motivé l’Association des Femmes Juristes du Burkina Faso à se créer en 1993, afin de contribuer à une meilleure application des lois en faveur des droits des femmes dans le pays[33]Alliance Sahel. (2023). Contribuer à l’effectivité des droits des femmes. https://www.alliance-sahel.org/actualites/effectivite-droits-femmes-filles-burkina/

En dépit des avancées pour les droits des femmes dans le pays, leur application demeure donc un défi. Si les droits sont garantis, les femmes n’en bénéficient encore que trop partiellement.

La marginalisation des femmes dans l’espace public, un dommage collatéral de la crise sécuritaire

L’expansion récente des groupes armés dans le pays, consécutive à l’insurrection populaire de 2014, a provoqué une déstabilisation politique du pays avec la réalisation de deux coups d’Etat militaires successifs en janvier et septembre 2022, motivés par l’incapacité du pouvoir à lutter efficacement contre les insurrections jihadistes. Ce bouleversement vient questionner un peu plus les droits acquis, leur mise en œuvre, et la place des femmes dans la société burkinabè. Envisagée comme une affaire d’hommes, la guerre écarte peu à peu les femmes de l’espace public et les invisibilise dans la gestion de la crise. La militarisation de la tête de l’Etat s’est traduite par la mise en place d’une stratégie du « tout-militaire » : le capitaine Ibrahim Traoré, régulièrement comparé à Thomas Sankara pour leurs similitudes[34]Glez, D. (15 octobre 2023). Quand Ibrahim Traoré met Sankara à toutes les sauces. Jeune Afrique. https://www.jeuneafrique.com/1492925/politique/quand-ibrahim-traore-met-sankara-a-toutes-les-sauces/, se pose en chef de guerre, appelant à la mobilisation générale pour participer à l’effort de guerre[35]Douce S. (30 mai 2023). Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le président énigmatique qui défie la France. Le Monde. … Continue reading. Ce discours s’accompagne de mesures telles que le recrutement de dizaines de milliers de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP)[36]International Crisis Group. (2023). Burkina Faso : armer les civils au prix de la cohésion sociale. … Continue reading – des civil·es recruté·es volontairement pour être formé·es, armé es et indemnisé·es afin d’appuyer les militaires sur le terrain –, la mise en place d’un Fonds de soutien patriotique pour financer la guerre[37]International Crisis Group. (2023). Burkina Faso : armer les civils au prix de la cohésion sociale. … Continue reading, ainsi que la promulgation d’un décret en avril 2023 permettant d’enrôler tout·e Burkinabè d’au moins 18 ans comme militaire ou VDP[38]Amnesty international. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso. Or, dans l’imaginaire collectif, une distinction est faite entre hommes acteurs de la guerre, et femmes victimes ou artisanes de la paix[39]Rokhaya Aw-Ndiaye, E. (2001). Rapports hommes-femmes : les crises en Afrique sont-elles des ferments du changement ? Dans Reysoo, F. (Eds.), Hommes armés, femmes aguerries : rapports de genre en … Continue reading

Depuis les coups d’État, le nombre de femmes dans le gouvernement ne fait que se réduire, passant de 28% de femmes ministres en janvier 2021[40]Wikipédia (n.d.). Gouvernement Dabiré II. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Dabir%C3%A9_II à 17%[41]Présidence du Faso. (n.d.) Gouvernement issu du remaniement du 17 décembre 2023. https://www.presidencedufaso.bf/composition-du-gouvernement/ aujourd’hui. De plus, dans les gouvernements précédents, des femmes ont pu occuper des postes régaliens tels que celui du Ministère de l’Economie[42]Rosine Sori-Coulibaly, 2016-2019, des Affaires étrangères[43]Rosine Sori-Coulibaly fin 2021 puis Olivia Rouamba, 2022 ou de la Justice[44]Victoria Ouedraogo, 2021. Aujourd’hui, les seuls ministères encore occupés par des femmes sont des ministères non-régaliens, comme celui des technologies de l’information et de la communication (TIC), et celui du genre, de l’action sociale et humanitaire. Au niveau des députées, la situation n’est guère plus réjouissante. Après avoir connu une évolution positive entre 1992 et 2012, passant de 3% à 18,9%[45]Rouamba,L. & Soré, Z. (2021). Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso. Une analyse à partir des élections législatives de novembre 2015. Nouvelles Questions Féministes. 40, 82-98. … Continue reading, le pourcentage de femmes députées a chuté de 18,9% à 7% entre 2012 et 2020[46]Kansié, S. (16 janvier 2021). Législatives 2020 : 9 femmes sur 127 députés, qu’a-t-il apporté le quota genre ? Libreinfo. … Continue reading. La mise en place de l’Assemblée législative de transition (ALT) en remplacement de l’Assemblée nationale dissoute depuis le premier coup d’État, a permis un léger sursaut avec la nomination de 12 femmes sur 71 membres en novembre 2022, soit 16,9% de femmes[47] Diakité, O. (1er décembre 2022), Burkina Faso : liste des 71 députés de l’Assemblée Législative de Transition. aOuaga.com. http://news.aouaga.com/h/146042.html. Ces chiffres restent cependant inférieurs de 2% à ceux de 2012. Les femmes ne semblent donc jouer aujourd’hui guère plus qu’un rôle de figuration dans la sphère politique et cette faible implication ne constitue pas un acte de défiance de leur part vis-à-vis du nouveau régime. Certaines associations de femmes tentent d’y remédier, comme la Coalition des femmes, qui a interpelé le chef de l’État avant la nomination des ministres et des membres de l’ALT pour respecter la parité et assurer ainsi une gouvernance inclusive[48]Grégoire, S. (3 novembre 2022). Prise en compte des femmes dans les instances de décision : la Coalition des femmes interpelle pour une gouvernance inclusive au Burkina Faso. Faso Amazone. … Continue reading. Cet appel est cependant resté lettre morte. 

Au niveau des médias, le constat est le même. Les femmes sont quasi inexistantes dans des espaces où le sujet de la crise sécuritaire est devenu omniprésent. À quelques exceptions près, ce sont des hommes dont l’avis est sollicité pour participer à des débats sur l’actualité politique et sécuritaire du pays. Il faut également noter que la parole des femmes est faiblement représentée dans les reportages traitant de l’actualité politique (10% de sources féminines)[49]Genre dans les médias : 1 femme pour 5 journalistes. (21 octobre 2019). L’Economiste du Faso. https://www.leconomistedufaso.com/2019/10/21/genre-dans-les-medias-1-femme-pour-5-journalistes/, alors qu’elle est plus perceptible sur les sujets économiques (41% de sources féminines). De ce fait, les préoccupations et les opinions des femmes sur le sujet sont invisibilisées, considérées comme inexistantes ou non pertinentes. 

Au-delà de l’invisibilisation des femmes dans l’agenda sécuritaire, la priorité accordée à la gestion de la crise humanitaire a relégué au second plan les enjeux liés à l’égalité de genre. Ainsi, depuis 2016, le ministère de la promotion de la femme et du genre et celui de l’action sociale ont fusionné et les budgets ont été mutualisés. En outre, au fur et à mesure de l’aggravation de la situation sécuritaire et au grès des changements de gouvernement, le nouveau ministère s’est progressivement vu confié de nouvelles missions : la solidarité nationale, l’action humanitaire et la réconciliation nationale. Son budget a quasiment doublé en l’espace de 5 ans, passant de 17,64 milliards de franc CFA en 2016 à 31,64 milliards en 2020.[50]Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire. (2021). Tableau de bord statistique 2020 de l’action sociale. … Continue reading. Cependant, la part du budget allouée à la solidarité nationale et la gestion des catastrophes (54% du budget total du ministère en 2020), qui englobe la prise en charge des personnes déplacées internes, ne fait aussi que s’agrandir aux dépends du programme « enfance et famille », divisé par 2 entre 2018 et 2020[51]Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire. (2021). Tableau de bord statistique 2020 de l’action sociale. … Continue reading. Les dépenses du programme « femmes et genre », quant à elles, n’ont que faiblement augmenté passant de 12,5% en 2018 à 23,4% en 2020[52]Ministère de la Femme, de la Solidarité Nationale, de la Famille et de l’Action Humanitaire. (2021). Tableau de bord statistique 2020 de l’action sociale. … Continue reading.

Au-delà des enjeux entourant la représentation des femmes dans l’espace public et la place du genre dans les priorités gouvernementales, le conflit a aussi une incidence plus directe sur leur vie quotidienne.

L’expérience spécifique de violence vécue par les femmes burkinabè dans le conflit

En premier lieu, les violences basées sur le genre (VBG) légitimées par le système patriarcal existant sont exacerbées dans le cadre du conflit et des déplacements forcés qu’il provoque. Au mois d’octobre 2023, sur les 410 cas de VBG déclarés et pris en charge par le Cluster Protection[53]Dans un contexte de crise humanitaire, les organisations humanitaires se regroupent en clusters (ou groupes sectoriels) représentant chacun l’un des secteurs de l’action humanitaire (eau, … Continue reading au Burkina Faso dans les camps de déplacé·es, 48% des présumés agresseurs étaient le partenaire intime de la victime, 23% des inconnus et 12% des terroristes[54]Cluster Protection. (2023). Dashboard du domaine de responsabilité VBD coordination nationale. file:///C:/Users/utilisateur/Downloads/Burkina_Faso_Dashboard_AoR_VBG_Oct_2023.pdf. Une autre enquête souligne l’écart entre la situation avant et pendant le conflit. Dans la région du Nord par exemple, le nombre de femmes de plus de 15 ans subissant des violences sexuelles est passé de 57% à 94%[55]Balo, G. (14 juillet 2023), Burkina : 55% des femmes subissent des violences sexuelles dès l’âge de 15 ans. Mousso News. … Continue reading. Ces chiffres peuvent s’expliquer par l’installation d’un climat d’impunité parmi les hommes, provoqué par le conflit et la perte de contrôle de l’État. 

Mais les VBG sont aussi considérées comme une arme de guerre en période de conflit. Au Burkina Faso, les cas de viols et d’enlèvement de femmes par les terroristes sont de plus en plus fréquents[56]Ouedraogo, M. (28 avril 2022). La route de l’enfer des femmes déplacées internes. Sidwaya. https://www.sidwaya.info/. Il s’agit d’un message viriliste et hautement politique. Dans de nombreuses sociétés africaines, les femmes représentent le socle social de la communauté[57]Rokhaya Aw-Ndiaye, E. (2001). Rapports hommes-femmes : les crises en Afrique sont-elles des ferments du changement ? Dans Reysoo, F. (Eds.), Hommes armés, femmes aguerries : rapports de genre en … Continue reading. Par ces actes, les terroristes envoient deux signaux forts : d’une part, celui que l’État, ses forces de sécurité et les hommes en général ont failli à leur devoir de protection envers les femmes, d’autre part, que la société est déstructurée. Comme l’explique la journaliste et chercheuse en médias et violences sénégalaise Eugénie Rokhaya Aw N’diaye, « Prendre possession d’une femme par le viol, c’est affirmer, par le prolongement de l’arme, sa virilité, son droit de vie et de mort ; prendre possession des femmes du camp adverse, c’est le déposséder de son identité et le vaincre[58]Rokhaya Aw-Ndiaye, E. (2001). Rapports hommes-femmes : les crises en Afrique sont-elles des ferments du changement ? Dans Reysoo, F. (Eds.), Hommes armés, femmes aguerries : rapports de genre en … Continue reading. » Les terroristes dominent donc non seulement leurs territoires, mais également les femmes. Celles-ci se retrouvent malgré elles, au cœur des luttes et stratégies identitaires visant à redéfinir les sociétés du Sahel[59]Walther, O. (mars 2020). Femmes et conflits en Afrique de l’Ouest. Notes ouest-africaines. N°28. Editions OCDE. Paris. https://doi.org/10.1787/24151149

Au-delà de ces violences physiques, différentes stratégies de survie se mettent en place depuis le début du conflit, qui accroissent la vulnérabilité des femmes. Ainsi Oxfam a constaté en 2020 une forte hausse de la prostitution, en particulier sur les sites accueillant les déplacé·es, pratiquée par des jeunes filles pour survivre[60]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso. De même, en raison de la fermeture des écoles et de la nécessité de trouver des moyens de subvenir à leurs besoins, les familles ont tendance à moins souvent réinscrire leurs filles que leurs garçons à l’école[61]Kaboré/Zougba, C. (2021). Impact de la crise sécuritaire actuelle sur les filles, le genre et l’éducation. … Continue reading. Celles-ci peuvent plus facilement contribuer aux revenus de la famille comme employées de maison ou être envoyées en belle-famille par suite d’un mariage précoce forcé et ainsi réduire les dépenses du ménage. Ces stratégies de survie sont mises en place au prix de la sécurité et du respect des droits les plus élémentaires des jeunes filles. Les risques sanitaires, d’exploitation et de traite humaine qui pèsent sur elles sont considérables[62]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso.

La crise sécuritaire remet donc fortement en question les avancées réalisées ces dernières décennies en matière d’égalité de genre au Burkina Faso. Pourtant, certaines tendances à l’encontre des stéréotypes de genre dans ce contexte de guerre pourraient représenter une opportunité, aussi bien en termes de rupture des normes sociales que de réponses à apporter au conflit. 

Une possible remise en question des stéréotypes de genre, une opportunité à saisir ?

Selon la sociologue nigériane Chineze J. Onyejekwe la situation exceptionnelle que provoque la guerre « engendre une rupture des normes sociales qui favorise une redistribution des rôles entre les hommes et les femmes[63]Onyejekwe, C. (2005). Les femmes, la guerre, la consolidation de la paix et la reconstruction. Revue Internationale des sciences sociales, 184, 301-307. https://doi.org/10.3917/riss.184.0301 ». Un brouillage de la séparation entre le monde « extérieur » régit par les hommes et le monde « intérieur » du foyer, prérogative féminine, peut s’opérer durant le conflit. Au Burkina Faso, avec le départ des hommes au front ou à la recherche d’un avenir meilleur pour leurs familles, les femmes se retrouvent souvent seules à assurer la survie de leurs communautés[64]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso.. Elles se voient contraintes de s’aventurer à l’extérieur de leur village pour ravitailler leur communauté en eau et en nourriture. C’est d’ailleurs souvent comme cela qu’elles sont enlevées par les terroristes[65]Amnesty international. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso.

Dans les camps de déplacé·es, 38% des chef·fes de ménage sont des femmes[66]UNHCR. (2023). Fiche situation pays, car leurs maris ont disparu à cause de la guerre. Elles développent des stratégies de résilience communautaires qui réunissent les femmes autour d’activités génératrices de revenus (AGR) et de sororité. Certaines d’entre elles parviennent à développer une activité et la rendre fructueuse jusqu’à pouvoir former et employer d’autres femmes déplacées comme elles[67]SEGDA, E. (26 avril 2023). Résilience communautaire : de déplacées internes à femmes battantes. Sidwaya. … Continue reading. De plus en plus d’associations féminines décident d’orienter leurs activités vers le soutien de ces femmes, telles que l’association Yiikri[68]Ouedraogo, B. (11 août 2022) : Oubritenga : l’association Yikri outille des filles et femmes déplacées internes de trois communes. Burkina 24. … Continue reading et l’Association des Femmes Minières du Burkina Faso (AFEMIB)[69]AFEMIB. (2021). Comment l’AFEMIB renforce la résilience des femmes déplacées internes ? https://afemib.org/comment-lafemib-renforce-la-resilience-des-femmes-deplaces-internes/ , qui ont mis en place des projets de soutien aux activités économiques des femmes déplacées internes, depuis 2021. Les projets solidaires de ce type se multiplient, souvent avec l’aide du financement de bailleurs internationaux, mais aussi grâce aux initiatives de l’État qui tente de faire du développement des AGR féminines l’une des réponses à la crise humanitaire[70]Bassolé F. (6 octobre 2023), Burkina : le FAARF lance un projet de 3 milliards de francs CFA pour « réhabiliter » 8000 femmes déplacées internes. Le Faso.net. … Continue reading

Les femmes participent également de manière directe à l’effort de guerre. Les médias mettent en avant des groupements de femmes de toute origine et de tout milieu social, qui prélèvent sur leurs sources de revenu, des dons pour les Forces de défense et de sécurité (FDS), les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et les personnes déplacées internes (PDI)[71]Bayili, C. (22 mars 2023). Efforts de guerre : les femmes du CHU de Bogodogo mobilisent plus de 2 millions F CFA. Faso 7. … Continue reading. Traditionnellement au Burkina Faso, ce sont les hommes qui doivent subvenir aux besoins de leurs familles. Aujourd’hui, les femmes participent à financer la guerre. Elles sont pleinement mobilisées et s’imposent parfois aussi dans l’espace public pour afficher leur soutien, comme en 2018 avec l’organisation d’une Marche des femmes pour apporter leur soutien aux militaires et appeler à l’implication de tou·tes les Burkinabè[72]Burkina Faso : marche des femmes contre le terrorisme. (12 octobre 2018). RFI. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20181012-burkina-faso-marche-femmes-contre-le-terrorisme

Au-delà de ce soutien, certaines femmes prennent également les armes pour participer à l’effort de guerre, à l’image des femmes combattantes dans de nombreux conflits dans le monde[73]Onyejekwe, C. (2005). Les femmes, la guerre, la consolidation de la paix et la reconstruction. Revue Internationale des sciences sociales, 184, 301-307. https://doi.org/10.3917/riss.184.0301. La société burkinabè compte d’ailleurs plusieurs figures historiques de femmes combattantes célèbres telle que la princesse Yennenga, redoutable guerrière de l’ethnie Mossi. Si la majorité des militaires et des Volontaires de défense de la patrie (VDP) mobilisés sont des hommes, des femmes font parties de ces rangs, bien qu’il soit difficile d’obtenir des chiffres exacts[74]International Crisis Group. (2023). Burkina Faso : armer les civils au prix de la cohésion sociale. Un article traitant de ces femmes évoque le chiffre de 800 sur 17 000 VDP recruté·es et formé·es au centre national de formation des VDP[75]Kindo, B. (28 décembre 2023). Reconquête du territoire : un noël avec ces femmes VDP qui ont tout abnadonné pour défendre la Patrie. Mousso News. … Continue reading. Selon ce même article, les femmes ne seraient pas cantonnées aux unités de soutien, mais seraient également envoyées sur le front pour combattre. Des femmes décident donc d’aller à l’encontre des attentes sociales, de quitter leur foyer pour combattre et libérer le pays, tout comme à l’époque de la Révolution sankariste. Mais comme l’analyse la sociologue Camille Boutron pour d’autres conflits, le traitement des ex-combattant·es n’est généralement pas le même pour les femmes et les hommes. Les conditions de réinsertion sont beaucoup plus favorables aux hommes et le statut de vétéran de guerre est compliqué à obtenir pour les femmes[76]Boutron, C. (2013). La question du genre en situation de conflits armés : l’expérience des femmes combattantes au Pérou (1980-2000). Critique internationale, 60, 37-52. … Continue reading

À l’opposé de cette union nationale pour vaincre le terrorisme, l’État burkinabè s’inquiète de voir des femmes jouer un rôle actif dans les actions perpétrées par les terroristes, notamment en évacuant leurs blessé·es, en apportant un soutien logistique ou pour le renseignement[77]Le Burkina Faso inquiet de l’implication croissante des femmes dans les actions terroristes. (29 juillet 2022). TV5 Monde. … Continue reading. Camille Boutron[78]Boutron, C. & Le Basque, M. (2019). Combattantes, terroristes ou victimes : L’engagement des femmes dans la violence armée. Les Champs de Mars, 33, 91-113. https://doi.org/10.3917/lcdm.033.0091 met en avant l’idée qui a longtemps prédominé, jusqu’à l’engagement volontaire de nombreuses femmes au sein de l’État islamique ou de Boko Haram ces dernières années, selon laquelle les intérêts conservateurs des groupes terroristes seraient en contradiction avec ceux des femmes. Les explications avancées ont cependant porté sur l’émotion et l’affect, niant à la violence féminine la possibilité d’être politique et aux femmes toute possibilité d’agentivité[79]Boutron, C. & Le Basque, M. (2019). Combattantes, terroristes ou victimes : L’engagement des femmes dans la violence armée. Les Champs de Mars, 33, 91-113. https://doi.org/10.3917/lcdm.033.0091. Pourtant les facteurs d’engagement de ces femmes sont multiples : pour des raisons religieuses (étudier le Coran), pour échapper aux obligations sociales et aux stéréotypes traditionnels, en acquérant de nouvelles fonctions (recruteuses, espionnes, combattantes, etc.)[80]International Crisis Group. (2016). Nigéria : les femmes et Boko Haram. https://icg-prod.s3.amazonaws.com/242-nigeria-les-femmes-et-boko-haram-french.pdf, pour s’assurer une protection et de meilleures conditions de vie, ou encore la motivation de pouvoir négocier de meilleures positions dans la période post-conflit. Toutes ces motivations laissent entrevoir une aspiration à davantage d’empouvoirement et pourraient également s’appliquer aux femmes burkinabè.  

Cette compréhension des enjeux de genre ne peut qu’améliorer les réponses politiques apportées à ce conflit[81]Nwankpa, M. (2024). “Understanding the Role of Women in Nigeria’s Non-State Armed Groups and Security Architecture”, IFRI : Institut Français des Relations Internationales. Ifri Papers. … Continue reading. Le fait d’avoir conscience que les femmes y participent de différentes manières devrait encourager à les impliquer dans les réponses apportées. Les études démontrent que lorsque les femmes sont parties prenantes dans les décisions politiques, militaires et sécuritaires, leurs besoins et préoccupations sont non seulement davantage prises en compte, mais cela favorise également l’apport de réponses durables au conflit[82]Répresentation permanente de la France auprès des Nations Unies (n.d). Les femmes dans le maintien de la paix.. Des recommendations peuvent ainsi êtr émises pour favoriser cette implication:

– La mobilisation de ressources culturelles, telles que le rôle discret mais essentiel des femmes dans le règlement des conflits[83]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso et les figures féminines traditionnelles de l’exercice du pouvoir politique dans le royaume Mossi[84]Les figures de la Napoaka, qui exerce l’intérim du pouvoir entre la mort d’un roi et l’arrivée de son successeur ou la Weem-naaba, qui est la médiatrice auprès du roi. Rouamba, L. (2020). … Continue reading pour encourager la prise de position des femmes sur les questions politiques, militaires et sécuritaires du pays. 

– L’exploitation du statut de héros dont jouit Thomas Sankara dans la mémoire collective du pays pour remettre au goût du jour ses théories féministes sur la nécessaire implication des femmes dans la révolution, et les appliquer à la guerre contre le terrorisme.

– Le renforcement des initiatives communautaires, associatives[85]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso., et étatiques[86]Burkina 24 (2020), https://burkina24.com/2020/01/06/promotion-de-la-paix-au-burkina-58-amazones-pretes-a-reconstruire-le-tissu-social/, qui tentent de conférer aux femmes un rôle de médiatrices de paix en leur fournissant des outils (formations, partage d’expériences et de bonnes pratiques, mise en réseaux) et en leur faisant intégrer les instances de gouvernance locale (Conseils Villageois de Développement, chefferies coutumières et traditionnelles)[87]Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso., par la mise en place de mécanismes contraignants comme les quotas. 

– La prise en main par les associations burkinabè du sujet de la protection des femmes combattantes afin qu’elles puissent bénéficier de la même reconnaissance et des mêmes droits que leurs collègues masculins.

– Le recrutement d’un plus grand nombre de femmes à des postes stratégiques dans le secteur sécuritaire et militaire et le développement de l’expertise féminine en matière de paix et de sécurité[88]Nwankpa, M. (2024). “Understanding the Role of Women in Nigeria’s Non-State Armed Groups and Security Architecture”, IFRI : Institut Français des Relations Internationales. Ifri Papers., à l’image du vivier d’expertise féminin initié par le Groupe Danois de Déminage en partenariat avec le Réseau Ouest Africain pour l’édification de la Paix (WANEP) pour renforcer la voix des femmes dans le domaine[89]Gouvernance inclusive de la sécurité dans le Sahel : appel à candidature pour la sélection du vivier d’expertise féminin. (30 octobre 2019). Libre info. … Continue reading

L’appropriation du conflit par les femmes, un combat pour le retour de la paix plutôt que pour la reprise du flambeau féministe de Sankara 

Les positionnements institutionnels et politiques relèguent au second plan les enjeux de genre, guidés par une vision viriliste et sexiste de la lutte à mener, et à l’antipode de l’héritage sankariste, qu’elles ne cessent pourtant de revendiquer. En dépit de ce constat, l’expérience spécifique de la violence et de la survie que vivent les femmes les conduisent à exprimer de multiples formes d’agentivité dans le conflit, remettant en question les stéréotypes les plus tenaces. Cette appropriation du conflit par les femmes par le bas représente une opportunité considérable pour les impliquer dans les stratégies politiques, militaires et sécuritaires déployées afin de sortir du conflit. 

Il est évident qu’apporter des réponses au conflit sans tenir compte de la moitié de la population ne peut permettre de le résoudre. Des expériences d’implication de femmes dans d’autres conflits du monde, telles qu’en Colombie, au Rwanda ou en Bosnie par exemple, ont démontré le réel bénéfice qu’elles pouvaient apporter une fois le conflit terminé, aux efforts de réconciliation et de justice transitionnelle notamment[90]Onyejekwe, C. (2005). Les femmes, la guerre, la consolidation de la paix et la reconstruction. Revue Internationale des sciences sociales, 184, 301-307. https://doi.org/10.3917/riss.184.0301. Mais cette implication ne garantit pas pour autant une reconstruction de la société autour de normes sociales plus égalitaires. En Bosnie, les violences à l’encontre des femmes demeurent encore très présentes et leur implication dans les sphères de décision reste marginale. Comme le démontre Camille Boutron, la sortie de conflit peut aussi faire l’objet d’un renforcement des normes sociales traditionnelles au service du relèvement du pays[91]Boutron, C. 2019. Introduction. Des femmes dans les conflits armés aux combattantes péruviennes, un panorama général. In Femmes en armes : Itinéraires de combattantes au Pérou (1980-2010). … Continue reading. Au Salvador, les fragiles acquis obtenus par les femmes à la sortie du conflit ont pu l’être, dans la continuité de leur engagement durant la guerre, que grâce à une forte mobilisation de leur part et l’émergence d’un courant féministe[92]Falquet, J. (1997). Les Salvadoriennes et la guerre civile révolutionnaire. Clio, 5. DOI : https://doi.org/10.4000/clio.411.

 

Ainsi, seul un engagement fort et collectif des femmes pour imposer le sujet de l’égalité de genre sur la table des négociations comme en Colombie, ou dans la reconstruction du pays comme au Salvador ou au Rwanda, peut véritablement conduire à favoriser une remise en question durable des normes sociales, bien que les avancées acquises demeurent toujours fragiles. Or, aujourd’hui au Burkina Faso, malgré l’héritage féministe sankariste, il n’est pas certain qu’une telle remise en question des normes soit réellement d’actualité. C’est avant tout le retour de la paix qui semble guider les femmes burkinabè à s’investir au-delà de leur rôle de genre, et non pas la volonté de défendre les intérêts politiques des femmes en tant que groupe social.  

Pour citer cette production: Magali Bouffandeau, “De l’invisibilisation publique des femmes à leur agentivité : la place de l’héritage sankariste féministe au Burkina Faso face au terrorisme”, 17.06.2024, Institut du Genre en Géopolitique, igg-geo.org/?p=19259

 

References

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3 L’appellation « pays des Hommes internes » provient de la traduction française de l’association des deux termes Burkina et Faso. Burkina signifie « Homme intègre » en mooré et Faso signifie « patrie » en dioula, deux des langues officielles du pays.
4 Rouamba, L. &Descarries, F. (2010). Les femmes dans le pouvoir éxécutif au Burkina Faso (1957-2009, Recherches féministes, Volume 23, 99-122. https;//doi.org/10.7202/04424ar
5, 6 Amnesty International. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso. https://www.amnesty.org/en/documents/afr60/7209/2023/fr/
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8, 38 Amnesty international. (2023). « La mort nous guettait » : Vivre dans des localités assiégées au Burkina Faso
9 Calculé selon le nombre de décès lié au terrorisme
10  L’objectif de ce rapport publié chaque année par le Conseil norvégien pour les Réfugiés (NRC) est de mettre en lumière les crises humanitaires qui ne font pas la une des médias internationaux, qui ne reçoivent que peu d’aide et d’attention de la part de la diplomatie mondiale. Conseil Norvégien pour les Réfugiés (NRC). (2023). Les crises de déplacement les plus négligées dans le monde. https://www.nrc.no/globalassets/pdf/reports/neglected-2022/the-worlds-most-neglected-displacement-crises-2022_french.pdf
11, 12 Nations Unies Maintien de la paix. (2019). Femmes et paix et sécurité, l’égalité femmes-hommes dans les opérations de maintien de la paix.
13 KHELIF Zineb, « Le prisme du genre dans la sécurité internationale », (20/03/2023), Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=11854
14 Boutron, C. (2024). Combattantes. Quand les femmes font la guerre. Les Pérégrines.
15 Boutron, C. & Le Basque, M. (2019). Combattantes, terroristes ou victimes : L’engagement des femmes dans la violence armée. Les Champs de Mars, 33, 91-113. https://doi.org/10.3917/lcdm.033.0091.
16 Sankara, T (1983). Discours d’orientation politique. https://www.thomassankara.net/discours-d-orientation-politique-2/
17 France Culture (2022). Podcast Les Grandes Traversées. Thomas Sankara, l’homme qui allait changer l’Afrique. Episode 3/5 la révolution écoféministe. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/grandes-traversees-thomas-sankara/1-thomas-sankara-l-enfance-d-un-chef-2825000
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19 Rouamba, L &Descarries, F. (2010). Les femmes dans le pouvoir éxécutif au Burkina Faso
20 Lepidi, P. (4 janvier 2020). Thomas Sankara, le féministe. Le Monde
21 Dans son article du 01.06.2023, Mathilde Penda a exploré pour l’Institut du Genre en Géopolitique, la façon dont les femmes d’Afrique de l’Ouest ont mené une double lutte à l’époque des mouvements décoloniaux, autant pour l’indépendance de leurs pays que pour leur autonomisation : Mathilde Penda (2023). Comment les mouvements féministes s’inscrivent dans la lutte pour la décolonisation en Afrique de l’Ouest ? Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=12650
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23 Lepidi, P. (4 janvier 2020). Thomas Sankara, le féministe. Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/01/04/thomas-sankara-le-feministe_6024805_3212.html
26 Loi No. 043/96/ADP du 13 Novembre 1996 portant Code Pénal
27, 28, 45 Rouamba,L. & Soré, Z. (2021). Leurre et malheurs du quota genre au Burkina Faso. Une analyse à partir des élections législatives de novembre 2015. Nouvelles Questions Féministes. 40, 82-98. https://doi.org/10.3917/nqf.401.0082
29 GRASH. Contribution conjointe à l’examen périodique du Burkina Faso. https://www.upr-info.org/sites/default/files/country-document/2023-11/JS5_UPR44_BFA_F_Main.pdf
30 Le taux de prévalence de femmes sexuellement mutilées au Burkina Faso est de 13% des filles de 0 à 14 ans et 76% des femmes de 15 à 49 ans. Excision Parlons-en ! https://www.excisionparlonsen.org/burkina-faso/
31 Amnesty International. (2016). Le mariage précoce et forcé au Burkina Faso : les faits. https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2016/04/burkina-faso-forced-early-marriage-facts/
33 Alliance Sahel. (2023). Contribuer à l’effectivité des droits des femmes. https://www.alliance-sahel.org/actualites/effectivite-droits-femmes-filles-burkina/
34 Glez, D. (15 octobre 2023). Quand Ibrahim Traoré met Sankara à toutes les sauces. Jeune Afrique. https://www.jeuneafrique.com/1492925/politique/quand-ibrahim-traore-met-sankara-a-toutes-les-sauces/
35 Douce S. (30 mai 2023). Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, le président énigmatique qui défie la France. Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/05/30/au-burkina-faso-le-capitaine-ibrahim-traore-le-president-enigmatique-qui-defie-la-france_6175485_3212.html
36, 37 International Crisis Group. (2023). Burkina Faso : armer les civils au prix de la cohésion sociale. https://www.crisisgroup.org/fr/africa/sahel/burkina-faso/burkina-faso/313-armer-les-civils-au-prix-de-la-cohesion-sociale
39, 57, 58 Rokhaya Aw-Ndiaye, E. (2001). Rapports hommes-femmes : les crises en Afrique sont-elles des ferments du changement ? Dans Reysoo, F. (Eds.), Hommes armés, femmes aguerries : rapports de genre en situations de conflit armé. Graduate Institute Publications. doi : 10.4000/books.iheid.6132
40 Wikipédia (n.d.). Gouvernement Dabiré II. https://fr.wikipedia.org/wiki/Gouvernement_Dabir%C3%A9_II
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42 Rosine Sori-Coulibaly, 2016-2019
43 Rosine Sori-Coulibaly fin 2021 puis Olivia Rouamba, 2022
44 Victoria Ouedraogo, 2021
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53 Dans un contexte de crise humanitaire, les organisations humanitaires se regroupent en clusters (ou groupes sectoriels) représentant chacun l’un des secteurs de l’action humanitaire (eau, santé, logistique, protection, etc).
54 Cluster Protection. (2023). Dashboard du domaine de responsabilité VBD coordination nationale. file:///C:/Users/utilisateur/Downloads/Burkina_Faso_Dashboard_AoR_VBG_Oct_2023.pdf
55 Balo, G. (14 juillet 2023), Burkina : 55% des femmes subissent des violences sexuelles dès l’âge de 15 ans. Mousso News. https://www.moussonews.com/burkina-55-des-femmes-subissent-des-violences-sexuelles-des-lage-de-15-ans/
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60, 83 Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso
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62, 64, 85, 87 Oxfam International. (2020). Survivantes et héroïnes : les femmes dans la crise au Burkina Faso.
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72 Burkina Faso : marche des femmes contre le terrorisme. (12 octobre 2018). RFI. https://www.rfi.fr/fr/afrique/20181012-burkina-faso-marche-femmes-contre-le-terrorisme
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78, 79 Boutron, C. & Le Basque, M. (2019). Combattantes, terroristes ou victimes : L’engagement des femmes dans la violence armée. Les Champs de Mars, 33, 91-113. https://doi.org/10.3917/lcdm.033.0091
80 International Crisis Group. (2016). Nigéria : les femmes et Boko Haram. https://icg-prod.s3.amazonaws.com/242-nigeria-les-femmes-et-boko-haram-french.pdf
81 Nwankpa, M. (2024). “Understanding the Role of Women in Nigeria’s Non-State Armed Groups and Security Architecture”, IFRI : Institut Français des Relations Internationales. Ifri Papers. https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/ifri_nwankpa_role_women_nigeria_armed_groups_2024.pdf
82 Répresentation permanente de la France auprès des Nations Unies (n.d). Les femmes dans le maintien de la paix.
84 Les figures de la Napoaka, qui exerce l’intérim du pouvoir entre la mort d’un roi et l’arrivée de son successeur ou la Weem-naaba, qui est la médiatrice auprès du roi. Rouamba, L. (2020). Les grandes figures féminines de la société moaaga au Burkina Faso. Mande Studies 22, 9-22. https://www.muse.jhu.edu/article/794420
86 Burkina 24 (2020), https://burkina24.com/2020/01/06/promotion-de-la-paix-au-burkina-58-amazones-pretes-a-reconstruire-le-tissu-social/
88 Nwankpa, M. (2024). “Understanding the Role of Women in Nigeria’s Non-State Armed Groups and Security Architecture”, IFRI : Institut Français des Relations Internationales. Ifri Papers.
89 Gouvernance inclusive de la sécurité dans le Sahel : appel à candidature pour la sélection du vivier d’expertise féminin. (30 octobre 2019). Libre info. https://libreinfo.net/gouvernance-inclusive-de-la-securite-dans-le-sahelappel-a-candidature-pour-la-selection-du-vivier-dexpertise-feminin/
91 Boutron, C. 2019. Introduction. Des femmes dans les conflits armés aux combattantes péruviennes, un panorama général. In Femmes en armes : Itinéraires de combattantes au Pérou (1980-2010). Rennes : Presses universitaires de Rennes. doi :10.4000/books.pur.137994
92 Falquet, J. (1997). Les Salvadoriennes et la guerre civile révolutionnaire. Clio, 5. DOI : https://doi.org/10.4000/clio.411