Le cyberactivisme : une force mobilisatrice qui révolutionne l’engagement militant féminin

Temps de lecture : 14 minutes

Le cyberactivisme : une force mobilisatrice qui révolutionne l’engagement militant féminin

Illustration : Yona Rouach @welcome_univers

05.11.2020

Ecrit par Louise Jousse 

Depuis la consécration d’Internet comme lieu d’information, de rassemblement, de divergences mais aussi de scandales dans la vie quotidienne, le féminisme semble connaître une phase de renouveau. De plus en plus d’initiatives féministes voient le jour et/ou sont relayées sur les réseaux sociaux, notamment dans le but de sensibiliser sur les enjeux liés à l’égalité femmes-hommes, donnant une grande visibilité aux différents mouvements. Le discours de l’actrice britannique Emma Watson prononcé en 2014 à l’ONU Femmes dans le cadre du lancement de la campagne He For She, relayé de nombreuses fois sur Facebook et Twitter fait figure d’exemple. Cette campagne a rencontré de nombreux succès, y compris en dehors des cercles féministes. Plus récemment, en 2017, le mouvement #BalanceTonPorc, porté par la française Sandra Muller, a vu le jour afin de dénoncer le harcèlement sexuel que subissent les femmes dans le milieu professionnel. Partagé plus de 850 000 fois en l’espace de sept mois[1], le hashtag a par la suite connu un retentissement international avec le mouvement #MeToo, qui doit son origine à l’activiste afro-américaine Tarana Burke, avant d’être popularisé par l’actrice Alyssa Milano sur les réseaux sociaux.

Ces deux initiatives pourtant différentes, l’une s’inscrivant dans le cadre très institutionnel de l’Organisation des Nations unies, l’autre lancée par une seule activiste, ont pourtant un objectif commun : dénoncer des pratiques et des violences sexistes. Si ces deux exemples font partie des mouvements contemporains les plus notoires, il en existe dans les faits une multitude moins connus, y compris dans les États les plus répressifs envers les droits et les libertés des femmes. Ces mouvements varient également de par leurs objectifs : certains ambitionnent de dénoncer des pratiques, tandis que d’autres s’efforcent à sensibiliser sur une cause particulière. Cette analyse portera sur les nouvelles pratiques militantes féministes grâce à l’essor des outils numériques. On exposera en quoi le cyberactivisme[2] féministe transforme l’engagement militant.

La présence des femmes sur Internet

En 2015, le rapport d’information sur la part de l’utilisation des outils numériques par les femmes en France[3] rédigé par la députée française Catherine Courtelle révèle que quatre femmes sur cinq utilisent Internet et les réseaux sociaux. De fait, les femmes occupent un certain espace du web puisque 49% des internautes sont des femmes en France. Néanmoins, hommes et femmes n’ont pas les mêmes usages des outils numériques. D’après une enquête du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CREDOC), il y aurait un « léger effet de genre s’agissant des usages d’Internet[4] ».

Comme le montre le graphique ci-dessus, les hommes sont plus présents dans l’univers des loisirs numériques ou des jeux vidéo, alors que les femmes sont plus actives sur les réseaux sociaux (+ 4 points) et sur la blogosphère où la moitié des six millions de blogs sont tenus par des femmes en France[5]. Si dans un premier temps, les thèmes liés à la sphère privée tels que la cuisine, la beauté, les enfants, etc. figuraient parmi les sujets principaux des blogs, les questions de société et politiques telles que l’égalité entre les femmes et les hommes progressent de plus en plus et touchent donc en grande partie les femmes présentes sur Internet. Une étude réalisée au Royaume-Uni révèle que l’âge médian des militant-e-s féministes est de 27 ans, et que 70% d’entre elles considèrent que l’usage d’Internet a été essentiel pour les mouvements sociaux[6]. De fait, Internet est appréhendé comme un web participatif, où chacune échange ses idées, « permettant de favoriser un renouvellement des débats d’idées, des modes de participation au politique, constituant alors un terreau fertile pour l’émancipation et l’empowerment[7] [8] » des femmes qui s’emparent de plus en plus des questions de société.

L’appropriation d’Internet : un enjeu de lutte et d’émancipation

« Le cyberespace est un formidable espace d’émancipation pour les femmes comme pour les hommes ; il sert de support à de nouveaux modes de mobilisation et d’expression. », Clémence Pajot, directrice du Centre Hubertine Auclert.

Internet se développe dans les années 1980 avec l’idée de faire entendre de nombreuses voix, et de favoriser un pluralisme de diffusion et de création. Ainsi, pour Fabien Granjon, sociologue français, l’appropriation d’Internet se fait à des fins militantes[9]. Internet apparaît alors comme un moyen de connecter l’ensemble des féministes de la planète afin de mieux promouvoir l’égalité femmes-hommes, en permettant aux membres d’une même association d’échanger entre eux autour d’intérêts communs. Dès lors, de plus en plus de sites Internet voient le jour, allant des blogs aux sites d’informations spécialisés.

C’est le cas en France avec le site Les Pénélopes créé en 1996 à la suite d’une manifestation en faveur du droit à la contraception et à l’avortement qui a réuni 40 000 personnes dans la rue[10]. Déplorant que cette manifestation n’ait pas été relayée dans les médias classiques de l’époque, Joëlle Palmieri, journaliste, et Dominique Foufelle, journaliste et autrice, ont décidé de créer le site Les Pénélopes, afin de relayer l’actualité d’un point de vue féministe[11], faisant ainsi office de précurseures. En revenant sur ces faits, Joëlle Palmieri explique que « Internet est une arme pour les féministes[12] » et que « les technologies de l’information et de la communication restent systématiquement un but à atteindre pour les femmes[13] ». Le but est de donner un nouvel espace public où les femmes peuvent prendre la parole et s’exprimer librement, sans crainte. L’espace public est étendu à un espace virtuel, notamment à une époque où les femmes sont sous-représentées ou subissent des violences sexistes au sein de l’espace public.

Afin d’atteindre cet idéal, Les Pénélopes ont mis à disposition sur leur site un manuel d’introduction à l’informatique[14] afin que les femmes puissent devenir familières avec cet outil et qu’elles puissent développer un espace qui leur soit propre, alors même que les outils numériques étaient à l’époque plutôt utilisés et développés par les hommes. Le site Les Internettes, créé en 2016, a quant à lui, permis de promouvoir la création féminine sur Internet qui s’est considérablement multipliée depuis que les femmes ont massivement investi ce nouvel espace. Cette démarche s’inscrit dans un processus d’empowerment.

Quels intérêts au cyberactivisme féministe ?

  • Entre action individuelle et action collective

Sur Internet, tous les sujets sont exploités, de toutes les manières et par toutes les personnes. Celles et ceux qui s’expriment sur Internet n’ont pas spécialement besoin d’être politisées, et sont souvent seulement animées par une certaine sensibilité qui les pousse à parler. De fait, les multiples et divers points de vue sont relayés à travers différents formats : blogs, tweets, ou posts sur Facebook et Instagram. Les mouvements #BalanceTonPorc et #MeToo illustrent ce fait et comptent des postes très personnels de femmes qui ont partagé sur les réseaux sociaux leurs expériences de harcèlement sexuel. Ces témoignages ont pris une ampleur considérable, conduisant jusqu’à l’ouverture du procès de Harvey Weistein, producteur de cinéma états-unien, qui s’est soldé par une peine de 23 ans de prison.

Ces deux mouvements ont également progressivement étendu leur champ de dénonciation : il n’est plus seulement question du harcèlement sexuel au travail, mais de l’ensemble des violences sexuelles que les femmes ont vécu au cours de leur vie. Pourtant, ces actions individuelles se sont vite transformées en action collective. Très rapidement, en France, cette action construite à partir de témoignages s’ancre officiellement dans la société civile, notamment à travers la création du collectif #NousToutes fondé en juillet 2018 par Caroline de Haas, activiste et femme politique, et Camille Bernard, activiste féministe. Le collectif a notamment organisé plusieurs rassemblements et marches dans une cinquantaine de villes afin de dénoncer les violences sexuelles et sexistes[15] et notamment la nomination au gouvernement français de membres aux comportements et positions jugés incompatibles avec une politique féministe. Ainsi, une simple action individuelle relayée par le témoignage s’est rapidement transformée en un mouvement collectif et organisé. De fait, le « je » du témoignage est devenu un outil puissant. Pour Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue française, « ces récits nés du ‘je’ solitaire, glissant vers le ‘moi aussi’, et ‘elle aussi’ et une autre encore, finissent par dessiner un ‘nous’[16] ». Le témoignage représente donc une pratique courante et puissante du militantisme en ligne[17].

  • Le cyberactivisme en tant que nouvelle pratique du répertoire d’action politique

L’arrivée d’Internet a créé une nouvelle forme de militantisme, plus informel, caractérisé par des militant-e-s qui ont tendance à être moins rattaché-e-s à un parti ou à une association politique[18]. Pourtant, bien que non affilié-e-s politiquement, il y a bel et bien un militantisme qui se construit de par la diffusion d’informations à travers l’usage des outils numériques. Ce militantisme repose sur un engagement distancié et affranchi[19]. Pour Jacques Ion, sociologue français, « à l’engagement symbolisé par le timbre renouvelable et collé sur la carte, succéderait l’engagement symbolisé par le post-it, détachable et mobile : mise de soi à disposition, résiliable à tout moment[20]<
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 ». Il s’agirait donc d’un engagement militant court, passager, qui ne signifie néanmoins pas que l’engagement militant arrive à son terme, mais plutôt qu’il a évolué, permettant l’essor du cyberactivisme.

Internet est alors utilisé comme un nouveau support du militantisme permettant de renouveler le répertoire d’actions collectives, notion développée par Charles Tilly, sociologue américain, qui la définit comme « une série limitée de routines qui sont apprises, partagées et exécutées à travers un processus de choix relativement délibéré[21] ». Il faut donc comprendre qu’il existe différents moyens d’actions tels que les pétitions, les grèves, les rassemblements, etc.

En tant qu’outil et support, Internet permet notamment de sensibiliser autrui à une ou plusieurs causes, à travers des publications sur les réseaux sociaux ou des podcasts à l’instar de celui français « Les couilles sur la table » qui s’intéresse à la masculinité d’un point de vue féministe. Le micro-blogging est également un outil très efficace : de nombreuses pages Tumblr ou Instagram ont vu et continuent de voir le jour afin de mettre en lumière le sexisme que subissent les femmes au quotidien. Ainsi, la page Tumblr Paye Ta Shnek (2012-2019) est née dans le but de compiler des témoignages de femmes pour sensibiliser sur le harcèlement dans l’espace public. Suivie par plus de 40 000 personnes, cette page a su trouver son public et donc fédérer autour d’une idée commune.

En outre, Internet permet d’abolir les frontières géographiques et physiques, et par conséquent de toucher un plus large public, permettant de combler un vide médiatique[22]. Néanmoins, l’usage des outils informatiques met en évidence d’autres barrières[23] : il faut prendre en compte des variables comme l’âge ou la langue.

  • L’utilisation d’Internet pour visibiliser une cause…

Internet et les réseaux sociaux sont également utilisés afin de mettre en évidence des causes et des mouvements sociaux jusqu’à alors ignorés. Ces dernières années, de nombreux hashtags apparaissent sur les réseaux sociaux afin de défendre une cause et de lui donner de la visibilité. C’est notamment le cas du projet de loi « Stop à l’avortement » présenté au gouvernement polonais en septembre 2016, afin de restreindre l’accès à l’avortement, un accès déjà très limité puisque possible uniquement en cas de risque pour la vie ou la santé de la mère, si la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste ou s’il y a une malformation du fœtus, faisant de la Pologne l’un des pays européens les plus restrictifs en matière d’avortement.

Le parti politique Razem (« La Gauche Ensemble ») a invité alors les Polonaises à manifester et à faire grève le 3 octobre 2016 afin de protester et de contrecarrer ce projet de loi en s’abstenant de travailler et en portant des vêtements noirs. Sous le nom de Czarny Protest, soit « La marche noir », le mouvement est relayé par le hashtag #CzarnyProtest partagé sur Internet et sur les réseaux sociaux. Ce mouvement traverse les frontières et arrive en France où est organisé un rassemblement de soutien par le collectif « Nous d’Abord » devant l’Ambassade de la Pologne à Paris le 2 octobre 2016[24]. Si le Parlement polonais finit par renoncé au projet « Stop à l’avortement », le tribunal constitutionnel polonais a rendu un arrêt le 22 octobre 2020 jugeant inconstitutionnel le fait d’avoir usage à l’IVG dans le cas d’une malformation du fœtus[25].

Autre cas notoire, le hashtag #NonENormaleCheSiaNormale (« Ce n’est pas normal que ça soit normal ») a été lancé en 2018 par la député italienne Mara Carfagna afin de dénoncer les violences faites aux femmes lors de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Le mouvement est rapidement devenu viral. Le hashtag est parvenu à trouver un soutien politique et institutionnel à travers la personne du Président du Parlement européen, Antonio Tajani, qui a pris part à la campagne en partageant sur Twitter une image de lui avec une marque rouge sous son œil censée représenter un bleu.

Capture d’écran issue du Twitter de Antonio Tajani et qui dénonce les violences faites aux femmes

  • … et obtenir des résultats

Depuis quelques années, des photos illustrant le concept de manspreading fleurissent sur les réseaux sociaux. Le terme manspreading est utilisé afin de dénoncer les hommes qui ont tendance a écarté les jambes en s’asseyant dans les transports en commun, laissant alors moins de place à leurs voisines. Si ce comportement n’est pas nouveau (Colette Guillaumin a étudié les questions de positions des gommes et femmes dans l’espace public dès les années 1990), la dénonciation de ce comportement sur les réseaux sociaux a permis de faire du manspreading un problème de société. Parfois virulemment critiquées, les publications dénonçant le manspreading soulèvent pourtant un réel problème politique qui s’inscrit dans un rapport de domination femme/homme[26]. Certaines municipalités se sont dès lors emparées de ce problème, à l’instar de Madrid qui a installé en juin 2017 des pictogrammes dans les transports en commun à la suite de la pétition lancée sur la plateforme Change.org par le collectif « Mujeres en Lucha[27] ».

En République de Macédoine du Nord, l’activiste Ana Vasileva a lancé un nouveau mouvement social sur les réseaux sociaux en janvier 2017 à travers le hashtag #СегаКажувам (#ISpeakUpNow) dans le but de dénoncer le harcèlement sexuel que subissent les femmes à travers des récits personnels[28]. Cette initiative a pris tant d’ampleur que le Ministère du Travail et des Affaires sociales, le Ministère de l’Education et des Sciences ainsi que le Ministère de l’Intérieur et le Premier Ministre ont apporté leur soutien au mouvement et ont ouvert un numéro vert pour les victimes de harcèlement sexuel.

Ces exemples permettent de rendre compte de l’importance qu’ont pris ces mouvements ces dernières années grâce à l’usage des outils numériques, mettant alors en valeur une nouvelle forme d’engagement plus mobilisateur, appelé « engagement distancié[29] », notion théorisée par Jacques Ion. Ces mouvements ont un réel impact dans la réalité et permettent de mettre en lumière de véritables problèmes de société : harcèlement de rue, agressions sexuelles, etc

Les critiques envers l’engagement distancié

              « Les militants étaient autrefois définis par leurs causes, ils sont aujourd’hui définis par les outils », Malcolm Gladwell, journaliste au New-Yorker[30].

Malgré tout, l’engagement distancié sur Internet est parfois critiqué, notamment sous le terme et oxymore « slacktivism », soit littéralement « activisme de fainéant ». Le slacktivism dénonce le fait de soutenir une cause par de simples mesures sans être pleinement et de manière concrète engagé-e-s pour faire changer les choses. Certain-e-s y voient un engagement de confort, faible, qui ne demande pas un aussi grand investissement que de rejoindre les manifestations ou une association. Si aimer et partager une publication sur les réseaux sociaux ne prend en effet que quelques secondes, le fait de retweeter, d’aimer un contenu, permet tout de même de relayer une parole militante et de le faire gagner en visibilité, comme l’explique Cat Jones dans l’article « Slacktivism and the social benefits of social video: sharing a video to ‘help a cause’[31] ». La mise en valeur et la visibilité données à un mouvement grâce à l’engagement distancié permettent d’éveiller les consciences. La Suisse Armelle Weil, doctorante en science politique à l’Université de Lausanne, explique qu’Internet « tient un rôle de devanture, d’activation constante des consciences et des communautés, qui favorise l’engagement et la mobilisation[32] ». Ainsi, les espaces de sociabilité entre femmes, comme c’est le cas sur Internet, favoriseraient le partage d’expérience et l’éveil d’une conscience féministe.

Il ne s’agit donc pas d’opposer l’engagement physique (aller à des rassemblements, rejoindre un collectif féministe, faire des dons) et l’engagement distancié dont parle Jacques Ion, mais plutôt de les mettre en parallèle, puisque l’un n’empêche pas l’autre. Au contraire, les deux formes d’engagement sont devenues complémentaires. En effet, le féminisme en ligne et le féminisme hors ligne se renforcent mutuellement, grâce à l’élargissement de l’espace public à Internet. Les femmes trouvent un nouvel espace où s’exprimer, là où dans les médias traditionnels, elles ne sont que peu sollicitées. De fait, Internet apparaît alors comme « un espace de réactivation de la convergence des luttes d’autant plus précieux que le féminisme a été, tout au long des XIXe et XXe siècles accusé de détourner les travailleurs de la vraie lutte (pour l’émancipation du prolétariat)[33] ».

Conclusion 

Le cybermilitantisme féministe est en hausse et renouvelle les pratiques militantes féministes, sans pour autant créer de rupture, mais bien une continuité de l’engagement physique. Internet donne un espace où les militant-e-s peuvent s’exprimer et donner de la visibilité à leurs mouvements. Internet transforme les pratiques militantes féministes en apportant une vision différentes des revendications, en fournissant un lieu d’expression aux militantes. Les outils numériques ont donc particulièrement leur place dans le militantisme et les femmes ont su s’en servir afin de défendre leurs intérêts. Néanmoins, bien que les militant-e-s féministes aient su s’approprier ce nouvel espace de parole afin d’éduquer, de sensibiliser et de militer, il-elle-s doivent faire face aux violences en ligne et au cyberharcèlement.

D’après un rapport de 2015 de la Commission des Nations Unies[34], 73% des femmes ont déjà été confrontées, d’une manière ou d’une autre, à des violences en ligne ou en ont été victimes. C’est notamment le cas en France avec la ligue du LOL, accusé d’avoir harcelé plusieurs militantes féministes, comme Valérie Rey-Robert, autrice du livre Une culture du viol à la française. Si Internet permet d’ouvrir l’espace public et de créer une nouvelle force mobilisatrice, il n’en reste pas moins que les cyberactivistes féministes sont confronté-e-s aux mêmes problèmes que les activistes féministes avant l’irruption quotidienne d’Internet, et que parallèlement, certain-e-s cherchent à retourner cet outil contre elle-eux, notamment à travers le cyberharcèlement, violence reconnue comme telle par le droit international européen.

Sources

[1] MULLER, Sandra, #BalanceTonPorc, Edition Flammarion, page 12.

[2] Nous parlerons ici de cyberactivisme féministe pour évoquer le militantisme féministe en ligne, en référence au premier colloque organisé sur les rapports entre genre, militantismes féministes et outils numériques organisé par le Centre Hubertine Auclert en 2015 « Femmes et numérique, cyberactivisme et féminisme »

[3] Rapport d’information pour la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sur le projet de loi pour une République numérique, par la députée Catherine Coutelle, 2015 REGIS

[4] PICOT, Patricia, Etude du CREDOC, La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française, 2014

[5] TOUTAIN, Ghislaine, experte associée à la Fondation Jean Jaurès,
Fondation européenne d’études progressistes, Les femmes à l’assaut du numérique, 2014.

[6] AUNE, Kristin, REDFERN, Catherine, Reclaiming the F World: The New Feminist Movement, Zed, 2013.

[7] La notion d’empowerment correspond à un processus d’émancipation, par lequel un groupe de personnes acquiert les moyens de renforcer sa capacité d’action.

[8] BERTRAND, David. « L’essor du féminisme en ligne. Symptôme de l’émergence d’une quatrième vague féministe ? », Réseaux, vol. 208-209, no. 2, 2018, pp. 232-257.

[9] GRANJON, Fabien. « Les répertoires d’action télématiques du néo-militantisme ». Le Mouvement Social n°200, nᵒ3 (2002) : 1132.

[10]  8 mars info, « Des milliers de femmes manifestent pour défendre leurs droits », 8 mars info, http://8mars.info/des-milliers-de-femmes-manifestent-pour

[11] PARMIERI, Joëlle, « Révéler les féminismes sur le Net », Femmes et médias, Université des femmes de Bruxelles, éd. Pensées féministes, numéro 2, 2010 (janvier 2011), pp. 93-98.

[12] PALMIERI, Joëlle, « Les Pénélopes, huit ans d’Histoire féministe », mis en ligne le 29 janvier 2015. Consulté le 13 octobre 2020. https://joellepalmieri.wordpress.com/2015/01/29/les-penelopes-huit-ans-dhistoire-feministe/.

[13] PALMIERI, Joëlle, « Les Pénélopes, huit ans d’Histoire féministe », mis en ligne le 29 janvier 2015. Consulté le 13 octobre 2020. https://joellepalmieri.wordpress.com/2015/01/29/les-penelopes-huit-ans-dhistoire-feministe/.

[14] Manuel remis en ligne : https://veill.es/www.penelopes.org/article-4730.html

[15] Le Monde, « Manifestations contre les violences sexistes et sexuelle : ‘On veut du respect, on n’est pas des objets’ ». Le Monde. Publié le 24 novembre 2018. Consulté le 17 octobre 2020. https://www.lemonde.fr/societe/article/2018/11/24/marches-noustoutes-les-feministes-esperent-des-dizaines-de-milliers-de-manifestants-dans-les-rues_5388001_3224.html

[16] NAHOUM-GRAPPE, Véronique, « #MeToo : Je, Elle, Nous », Esprit, vol. mai, n°5, 2018, pp. 112-119.

[17] BERTRAND, David. « L’essor du féminisme en ligne. Symptôme de l’émergence d’une quatrième vague féministe ? », Réseaux, vol. 208-209, no. 2, 2018, pp. 232-257.

[18] LEFEBVRE, Rémi. « Le militantisme socialiste n’est plus ce qu’il n’a jamais été. Modèle de « l’engagement distancié » et transformations du militantisme au Parti socialiste », Politix, vol. 102, no. 2, 2013, pp. 7-33.

[19] ION, Jacques, FRANGUIADAKIS, Spyros, VIOT Pascal, Militer aujourd’hui. Paris, Éd. Autrement, coll. Cevipof/Autrement, 2005, 139 p.

[20] ION, Jacques. La fin des Militants? Éditions de l’Atelier (programme ReLIRE), 1997.

[21] TILLY, Charles. « Les origines du répertoire d’action collective contemporaine en France et en Grande-Bretagne ». Vingtième Siècle. Revue d’histoire 4, nᵒ 1 (1984) : 89108

[22] VEDEL, Thierry, « L’idée de démocratie électronique : origines, visions, questions. » In Le Désenchantement démocratique, ed. Pascal Perrineau, 243-266. La Tour d’Aigues : Éditions de l’Aube

[23] NEVEU Erik, « 12. Médias et protestation collective », Penser les mouvements sociaux. La Découverte, 2010.

[24] FAUROUX, Virginie. « Manifestation devant l’ambassade de Pologne à Paris contre l’interdiction totale de l’IVG », LCI, Publié le 2 octobre 2016. Consulté le 14 octobre 2020. https://www.lci.fr/france/manif-noire-contre-l-interdiction-totale-de-l-ivg-en-pologne-2005673.html

[25] IWANIUK, Jakub. « En Pologne, l’avortement devient quasiment illégal après une décision de justice », Le Monde. Publié le 22 octobre 2020. Consulté le 23 octobre 2020. https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/22/pologne-le-tribunal-constitutionnel-rend-illegal-l-avortement-pour-malformation-grave-du-f-tus_6057023_3210.html

[26] MORIN, Violaine. « Comment le ‘manspreading’ est devenu un objet de lutte féministe », Le Monde, Publié le 6 juillet 2017. Consulté le 16 octobre 2020. https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2017/07/06/comment-le-manspreading-est-devenu-un-objet-de-lutte-feministe_5156949_4832693.html

[27] Que la Comunidad de Madrid ponga carteles sobre el Manspreading en el metro : https://www.change.org/p/comunidad-de-madrid-que-la-comunidad-de-madrid-ponga-carteles-sobre-el-manspreading-en-el-metro?source_location=minibar

[28] ONU Femmes, « Dans les paroles d’Ana Vasileva : ‘Non seulement nous participons au débat, mais nous agissons’ ». ONU Femmes. Publié le 27 février 2018. Consulté le 10 octobre 2020. https://www.unwomen.org/fr/news/stories/2018/3/in-the-words-of-ana-vasileva

[29] ION, Jacques. « V – L’engagement distancié », La fin des Militants ? sous la direction de Ion Jacques. Éditions de l’Atelier (programme ReLIRE), 1997, pp. 79-97.

[30] Citation issue de l’article « Le slacktivisme, un moyen d’éveiller les consciences ou simplement de se donner bonne conscience ? » de Bahia Nar, publié le 25 novembre 2012. Consulté le 15 octobre 2020. http://atelier.rfi.fr/profiles/blogs/le-slacktivisme-un-moyen-d-veiller-les-consciences-ou-simplement?xg_source=activity

[31] JONES, Cat. « Slacktivism and the social benefits of social video: Sharing a video to ‘help’ a cause ». First Monday. 20. 2015.

[32] WEIL, Armelle. « Vers un militantisme virtuel ? Pratiques et engagement féministe sur Internet [1] », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 36, no. 2, 2017, pp. 66-84.

[33] BLANDIN Claire. « Présentation. Le web : de nouvelles pratiques militantes dans l’histoire du féminisme ? », Réseaux, vol. 201, no. 1, 2017, pp. 9-17

[34] « Lutter contre la violence en ligne à l’égard des femmes et des jeunes filles, appel à une prise de conscience mondiale », groupe de travail de la commission des Nations Unies sur le haut débit, septembre 2015.

Pour citer cet article : Louise Jousse, « Le cyberactivisme : une force mobilisatrice qui révolutionne l’engagement militant féminin », 05.11.2020, Institut du Genre en Géopolitique.