Le rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation de la femme marocaine

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Le rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation de la femme marocaine

16.01.2021
Malika Amrouch
Le Maroc étant encore une société influencée par le système patriarcal[1]Dupret Baudoin, Rhani Zakaria, Ferrié Jean-Noël (dir.), Le Maroc au présent. D’une époque à l’autre, une société en mutation, Centre Jacques-Berques, Casablanca, 2015 (Description du … Continue reading, les hommes ont donc encore un pouvoir de décision et de contrôle sur les femmes que ce soit dans le foyer ou au sein de l’espace public. Depuis l’avènement d’Internet, le monde entier a connu une accélération du développement des sociétés en utilisant ces nouvelles technologies. Sachant que l’égalité entre les sexes est l’un des objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations unies contribuant à l’émancipation des femmes et que le Maroc a un taux de pénétration de l’accès à Internet supérieur à la moyenne mondiale, cela nous amène à nous questionner sur le rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation des Marocaines.
Pour cela, nous présenterons l’évolution des rapports de genre avec la réforme du Code de la famille qui s’est focalisée sur le statut juridique des femmes. Puis, nous expliquerons l’importance de la dimension de l’espace privé et de l’espace public qui a un impact sur les rapports de genre puisqu’ils sont utilisés de manière différente selon qu’on soit un homme ou une femme. Et enfin, nous verrons les divers aspects du rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation des femmes marocaines.
Révolution numérique : catalyseur de la visibilité des Marocaines
À l’ère des réseaux sociaux sur Internet, le Maroc ne fait pas exception quant à leur utilisation. Selon une étude de « Global Web Index », les Marocain.e.s sont connecté.e.s environ 3h30 par jour que cela soit sur Youtube, Facebook ou encore Instagram[2]AOURMI, K.,  Réseaux sociaux : 22,5 millions d’utilisateurs au Maroc , 14 juillet 2020, Finances News, URL : … Continue reading. En 2019, l’étude internationale provenant de « We are social » et « Hootsuite » montre que 62% des Marocain.e.s utilisent Internet ce qui équivaut à 22,57 millions d’internautes[3]Amaoui Rachid, « Les Marocains passent en moyenne 2h33 sur les réseaux sociaux par jour », 03 mars 2019, Tic Maroc, URL : … Continue readingcontre 50,4% en 2016[4]Statista, Evolution trismestrielle du taux de pénétration de l’Internet au Maroc de septembre 2016 à septembre 2017, URL : … Continue reading. Ce développement est dû à la croissance démographique et à l’augmentation de l’utilisation des téléphones mobiles. Concernant les femmes, respectivement dans les tranches d’âge des 18-24 ans et 25-34 ans, elles représentent 11% et 13% des utilisateur.rice.s en 2019[5]Ouardirhi Abdellah, « Digital : Voici les habitudes des Marocains pour 2019 », 30 novembre 2019, Hespress, URL : … Continue reading.
Les contenus recherchés par les femmes sur les réseaux sociaux sont variés : ils peuvent traiter de la présentation d’un look ou d’un plat à une journée type complète. Les femmes y exposent aussi leurs sorties et leurs fêtes, leurs voyages au Maroc ou à l’étranger, à la piscine ou à la plage, leurs nouveaux achats ou encore les services proposés par leur entreprise, pour celles qui en ont une. Elles proposent notamment des conseils et astuces pour faciliter la vie au quotidien. Elles y partagent également des articles journalistiques.
On y retrouve des femmes modernes, libres de partager les contenus qu’elles désirent. Malgré une liberté d’expression limitée, il ne semble pas y avoir une différence flagrante dans les contenus postés par les femmes ou les hommes. Par exemple, ces derniers postent leurs nouvelles voitures, leurs sorties en discothèque, leurs looks, etc. La différence constatée réside dans le nombre d’utilisateur.rice.s des applications. Une étude dirigée par Thenext.Click estime que les femmes sont plus nombreuses que les hommes sur Instragram (soit respectivement 51% des comptes appartiendraient à des femmes contre 33% pour les hommes).[6]Le 360 (avec MAP), « Etudes. Réseaux sociaux : que font les influenceurs du Maroc, et qui sont-ils ? », 07 juillet 2019,Le 360, URL : … Continue reading
Quelle évolution pour l’émancipation des femmes ? 
Avant de nous pencher sur la question du rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation des femmes, il est important de comprendre les transformations qu’elles ont connues quant à leur place dans la société marocaine. Leur statut juridique a évolué grâce aux mouvements féministes qui leur ont permis plus d’autonomie.
Le statut juridique de la femme marocaine est défini dans le Code de la famille (ou Code du statut personnel), appelé en arabe « Moudawana ». Ce code est basé sur les préceptes de l’Islam et était donc considéré comme intouchable jusque-là[7]Murgue, Bérénice. « La Moudawana : les dessous d’une réforme sans précédent », Les Cahiers de l’Orient, vol. 102, no. 2, 2011, pp. 15. Il « apparaît comme étant le début d’une révolution juridique et sociale consacrant l’égalité homme-femme et améliorant le droit des femmes au sein de la cellule familiale[8]Ibid.». Il y a encore 30 ans, la femme était « infantilisée » puisqu’elle était sous la tutelle d’un homme suivant le code du statut personnel (CSP) : son père, son frère, son oncle ou son mari. Le mouvement féministe « Union d’action féministe (UAF) » s’est battu pour le changement de ce code. C’est en mars 1992 que commence la campagne nationale à l’initiative de l’UAF. « Pour la première fois, une mobilisation d’une grande ampleur était organisée autour de la réforme d’une loi considérée comme l’incarnation du patriarcat[9] DUTERME Bernard, Etat des résistances dans le Sud : mouvements de femmes, Louvain-La-Neuve, Centre Tricontinental, Paris, Editions Syllepse, 2015, Alternatives sud, vol. 22-2015/4, p. 155».
Ce n’est qu’en 1999 qu’un projet de réforme du CSP est proposé provoquant ainsi des confrontations entre les mouvements féministes et le Parti de la justice et du développement (PJD), parti considéré comme conservateur et islamiste. La réforme, dirigée par le roi Mohamed VI, se concrétisera en 2004 avec son adoption par le Parlement[10]Ibid., p. 156. Cette réforme comprend, le changement de l’âge minimum légal de mariage pour les filles de 15 à 18 ans et accorde la responsabilité des enfants à leur mère et à leur père. Enfin, pour qu’un homme épouse une deuxième femme, la justice doit lui en donner l’accord, ce qui devient donc plus difficile. « Cette rupture consacre la femme marocaine comme individu à part entière.[11]Op. Cit. « La Moudawana: les dessous d’une réforme sans précédent », p. 19»
Les nombreuses luttes féministes ont permis l’impulsion de plusieurs avancées sur les rapports de genre et l’égalité femmes-hommes au Maroc : le traitement des questions dans l’agenda politique abordées avec des lunettes de genre, l’égalité femmes-hommes, la réforme de certaines lois comme le principe du quota au niveau du Parlement pour qu’il y ait un minimum de 35 femmes[12]Ouali, Nouria. « Les réformes au Maroc : enjeux et stratégies du mouvement des femmes », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 27, no. 3, 2008, p. 39, la stratégie de lutte contre la violence, etc.[13]Op. Cit., Etat des résistances dans le Sud, p. 158. Les raisons pour lesquelles ces avancées ont été possibles sont multiples. Selon Latifa El Bouhsini, fondatrice de l’Union d’action féministe et professeure à l’Institut National d’Action Sociale (Tanger), l’une des raisons est le contexte politique plus ouvert aux « revendications du mouvement de défense des droits des femmes[14]Ibid. », l’adhésion du Maroc à plusieurs « instruments internationaux en matière de droits humains[15]Ibid. » et surtout l’utilisation du Coran et de son interprétation contextuelle. La religion étant très ancrée dans la société marocaine, cette stratégie d’inclure le contexte religieux et de s’y appuyer fut indispensable[16]Ibid., p. 159.
En théorie, depuis la réforme de la Moudawana de 2004, la femme marocaine n’est plus sous la tutelle d’un homme, ce qui représente une grande avancée pour la société. Dans la réalité, il en est tout autrement. Pour comprendre cette divergence, il faudrait décrire la construction et la séparation des espaces privé et public au Maroc ainsi que l’influence d’Internet sur ces espaces.
Impact des réseaux sociaux sur les rapports de genre dans l’espace public-privé
La séparation de l’espace privé et public serait une « construction historique » qui viserait à mieux « contrôler » les femmes en les reléguant à la maison[17]MOUNIR Hakima, Entre ici et là-bas. Le pouvoir des femmes dans les familles maghrébines, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013 (Essais), p. 43-44. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux sur Internet, ce contrôle de la femme semble moins évident.
Traditionnellement, l’espace privé et l’espace public sont définis de manière différente selon les lieux. En ville, les femmes sont reléguées au foyer tandis que la place des hommes est à l’extérieur étant donné qu’ils sont les seuls à effectuer un travail rémunéré.  Alors que, dans les campagnes, les hommes et les femmes travaillent dans les champs, donc à l’extérieur du foyer, cette distinction est moins évidente. Hakima Mounir, maîtresse de conférences en sociologie à l’Université Paris-Est Créteil explique qu’il y aurait une division de l’espace public à la campagne : une partie pour les hommes et une partie pour les femmes[18]Ibid., p. 42. Les femmes ne peuvent donc pas utiliser l’espace avec liberté alors même qu’elles se trouvent à l’extérieur. Ainsi, les espaces « physiques » connaissent une division genrée évidente. Le virtuel, quant à lui, est géré de manière différente.
Internet est un espace virtuel que les femmes peuvent utiliser de manière plus libre que les espaces « réels » en le rendant public ou privé selon leur choix. La part des femmes utilisant Internet et les réseaux sociaux étant d’environ 37%[19]I.B, « Digital. A fin 2019, près de 70% de la population marocaine a accès à internet », 17 février 2020, Medias24, URL : … Continue reading, nous pourrions considérer qu’elles sont plus nombreuses à envahir l’espace public et avec plus de liberté, bien que les réseaux sociaux puissent être tout autant dangereux car utilisés à mauvais escient par d’autres personnes pour harceler et surveiller les femmes.
Toutefois nous pouvons envisager les réseaux sociaux comme étant un élément favorisant l’émancipation des Marocaines. L’accès à l’espace public étant normalement réservé aux hommes, l’utilisation des réseaux sociaux par les femmes leur permet de pénétrer dans cet espace et d’entamer leur émancipation tout en modifiant les rapports de domination. Sans cet accès à l’espace public, les femmes ne peuvent être considérées comme des citoyennes à part entière. Son accès est facilité car celui-ci s’associe à une sphère de liberté d’expression qui peut être utilisée pour communiquer avec l’extérieur sans avoir peur, entre autres, de se faire agresser physiquement. Cet espace n’est pas seulement utilisé pour les courses, le travail ou la visite familiale comme le serait l’espace public non virtuel dans la majorité des cas[20]Monqid Safâa. Les femmes marocaines entre privé et public. In: Villes en parallèle, n°32-34, décembre 2001. La ville aujourd’hui entre public et privé. pp. 402-403. Il peut être utilisé pour militer pour le droit des femmes et l’égalité femmes-hommes.
Les réseaux sociaux comme outil d’émancipation
Le terme « émancipation » revêt de nombreuses définitions qu’il est impossible de lister ici.  Nous retenons celle de « l’émancipation féminine » donnée par Agnès Adjamagbo et Anne-Emmanuèle Calvès selon laquelle l’émancipation féminine, ou l’empowerment, est « un processus de transformation multidimensionnel, venant des femmes elles-mêmes, et qui leur permet de prendre conscience, individuellement et collectivement, des rapports de domination qui les marginalisent et de développer leur capacité à les transformer[21] ADJAMAGBO, Agnès, et CALVÈS Anne-Emmanuèle. « L’émancipation féminine sous contrainte », Autrepart, vol. 61, no. 2, 2012, p. 9 ». L’émancipation féminine serait donc « à la fois comme un pouvoir créateur, qui rend apte à accomplir des choses (« power to »), un pouvoir collectif et politique, mobilisé notamment au sein des organisations de base (« power with »), et un pouvoir intérieur (« power from within ») qui renvoie à la confiance en soi et à la capacité de se défaire des effets de l’oppression intériorisée[22]Ibid. ».
Sur les réseaux sociaux, on remarque que les « influenceuses » ayant des milliers d’abonné.es, ont non seulement l’air d’avoir confiance en elles mais elles ont aussi un pouvoir créateur : créatrices de contenu, créatrices d’entreprises et entrepreneures. On y voit une diversité quant à l’apparence : des femmes célibataires, mariées avec enfants, sans enfant et aussi des mères célibataires, des femmes non-voilées et voilées, des femmes portant des mini-jupes et des décolletés et des femmes couvertes. Cette diversité dans l’apparence peut paraître étonnante dans une société musulmane et patriarcale.
Le choix de la tenue vestimentaire des femmes est très important dans leur émancipation et le fait de l’exprimer ouvertement sur les réseaux sociaux peut être considéré comme un moyen de militance. L’une des atteintes à la liberté individuelle des femmes est le contrôle de leur tenue vestimentaire. Au Maroc, plusieurs événements démontrent la violence faite aux femmes portant, par exemple, des jupes « jugées trop courtes » par certain.e.s. Nous y reviendrons plus bas. Néanmoins, nous remarquons que sur les réseaux sociaux, beaucoup de femmes portent des mini-jupes, des décolletés, voire même des maillots deux pièces malgré une société encore conservatrice et la présence de violence faite aux femmes en rapport avec leur tenue vestimentaire.
Par conséquent, les réseaux sociaux sont un moyen pour les femmes, d’exprimer cette revendication à porter les tenues qu’elles veulent. Il est important de mentionner que ces violences faites aux femmes ne concernent pas toutes les femmes de la même manière. En effet, l’article d’Ismaël Eluassi, doctorant en droit public, montre que les violences faites aux femmes ont un taux plus élevé parmi les classes populaires[23]ELUASSI Ismaël, « Le statut de la femme marocaine : la situation de jure et la situation de facto », L’Etude, La Revue du Centre Michel de l’Hospital (Edition électronique), 2017, n°12, pp. … Continue reading. Toujours d’après Eluassi, « le taux de prévalence de la violence physique parmi les femmes au chômage est de 140%[24]Ibid. ».
Les réseaux sociaux permettent donc à ces femmes de classes populaires de contourner les règles vestimentaires imprégnées dans la société marocaine. La liberté individuelle semble donc plus explicite mais, dès lors qu’il s’agit de l’extérieur, de la « réalité », la société marocaine est encore frileuse par rapport à certaines tenues vestimentaires. En témoigne le cas des deux filles de 20 ans qui, en 2015, sont allées faire des courses au souk (marché) portant des jupes jugées « trop courtes » par l’un des commerçants qui avait alors réussi à rassembler une foule autour des deux jeunes filles. Selon Majda Abdellah, « une fois sur place les autorités donnent raison à la foule et reprochent à leur tour aux deux jeunes femmes leurs tenues qui « portent atteinte aux bonnes mœurs »[25]Abdellah Majda, « Deux Marocaines poursuivies en raison de leurs robes jugées trop courtes », 25 juin 2015, Jeune Afrique, URL : … Continue reading».
Ce genre de comportements selon lesquels les hommes, voire même d’autres femmes, remettent en question la tenue vestimentaire de la femme n’est pas isolé. En 2018, l’hashtag « Kounrajel » (sois un homme) apparaît sur les réseaux sociaux. Cette expression est utilisée au Maroc pour montrer le rapport de domination homme-femme. Être un homme, c’est décider pour la femme et ne pas la laisser se « dénuder ». Le but de cet hashtag était de pousser les hommes à « couvrir leurs femmes[26]Thevenin Cyrielle, « Au Maroc, les femmes ont à combattre le hashtag « Sois un homme » », 31 juillet 2018,Marianne, URL : … Continue reading». Néanmoins, il n’est pas resté sans réponse car les femmes ont riposté avec l’hashtag « SoisUneFemmeLibre » (en arabe : koni mra horra) lancé par le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui est un mouvement féministe.
Les réseaux sociaux sont utilisés comme plateforme de liberté d’expression mais également de militantisme où les femmes marocaines peuvent ainsi mener des campagnes de lutte pour leurs droits. Ainsi, en répondant par cet hashtag, les femmes ont pu militer en toute liberté et défendre leurs droits à porter ce qu’elles veulent et surtout être maîtresse d’elles-mêmes. Internet offre la possibilité de se mobiliser, de gagner en visibilité voire même d’avoir du soutien venant du monde entier[27]KADESWARAN S., BRINDHA D., JAYASEELAN R., « Social Media as a gateway for Accelerating Women Empowerment », Parishodh Journal, Volume IX, Issue III, March 2020, p. 9. Internet peut en ce sens être considéré comme un « champ de bataille » et de dialogue entre les femmes et les hommes mais également entre les différents points de vue des citoyen.es marocain.es.
L’un des exemples montrant la force des réseaux sociaux à faire changer les mentalités ainsi que les lois est la campagne menée à la suite du suicide d’Amina Filali, jeune fille mineure mariée de force à son violeur, « exigeant la modification de l’article 475 du Code pénal marocain, qui permet à un violeur d’éviter toutes poursuites s’il se marie avec sa victime[28]RHANEM Karima. « Chapitre 5. Maroc – Les médias numériques et sociaux favorisent l’engagement citoyen des jeunes en faveur de la démocratie », Conseil de l’Europe … Continue reading». Cette campagne a abouti à l’abrogation de l’article en 2014.
Un autre aspect des réseaux sociaux permettant l’émancipation économique des femmes marocaines est l’entrepreneuriat. En effet, l’utilisation de ces nouveaux moyens technologique a aidé de nombreuses femmes à se lancer dans cette voie ou à la développer.
Tout d’abord, les médias sociaux permettent de communiquer avec des milliers, voire des centaines de milliers de personnes dans le monde entier[29]KADESWARAN S., BRINDHA D., JAYASEELAN R., « Social Media as a gateway for Accelerating Women Empowerment », Parishodh Journal, Volume IX, Issue III, March 2020, p. 8, ce qui implique une plus grande visibilité mais également un plus grand nombre de client.e.s potentiel.le.s. Etant donné que l’un des plus grands freins à l’entrepreneuriat des Marocaines est la socialisation[30]BENAZZI Khadija, BENAZZI Latifa, « L’entrepreneuriat Féminin au Maroc: Réalité, freins et perspectives de réussite », Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, Vol. 3, n°7, … Continue reading, les réseaux sociaux offrent une grande opportunité de créer des relations pouvant constituer des soutiens et à travers elles, les femmes peuvent apprendre, demander des conseils, s’inspirer. Grace à Internet, les femmes voulant se lancer dans l’entrepreneuriat ont la possibilité de trouver des formations en ligne, des plateformes d’apprentissage et des informations concernant le commerce et l’auto-entrepreneuriat.
De plus, démarrer son activité sur les réseaux sociaux permet d’éviter les coûts de la publicité et du marketing, dans un premier temps au vu du nombre de relations (followers) que ces femmes peuvent avoir. En créant leur entreprise, les femmes s’émancipent économiquement et gagnent donc confiance en elles.
Conclusion
Les réseaux sociaux représentent un outil qui contribue à l’émancipation des Marocaines puisque, non seulement ils permettent de communiquer plus facilement avec le monde, de socialiser et de créer des relations au niveau international mais ils représentent aussi un espace de liberté d’expression où les femmes peuvent exprimer leurs pensées et opinions. D’après Rajay Vardhan, Professeur Associé en Sociologie au P.G College for Girls en Inde, les réseaux sociaux peuvent être considérés comme un puissant outil de « conscientisation et d’action[31]Vardhan Rajay, « Social Medial and Women Empowerment: Asociological Analysis”, EPRA International Journal of Economic and Business Review, Volume 5, Issue-8, August 2017, p. 119». Bien qu’il demeure des freins à l’émancipation des femmes à travers les réseaux sociaux, dont notamment le harcèlement et la surveillance qui y sont très présents, l’usage grandissant des réseaux sociaux par les femmes marocaines pour militer davantage dans une perspective d’émancipation des femmes contribue à créer une société marocaine de plus en plus égalitaire entre les femmes et les hommes.

Bibliographie

Ouvrages
DUPRET Baudoin, RHANI Zakaria, FERRIÉ Jean-Noël (dir.), Le Maroc au présent. D’une époque à l’autre, une société en mutation, Centre Jacques-Berques, Casablanca, 2015 (Description du Maghreb)
DUTERME Bernard, Etat des résistances dans le Sud : mouvements de femmes, Louvain-La-Neuve, Centre Tricontinental, Paris, Editions Syllepse, 2015, Alternatives sud, vol. 22-2015/4
MOUNIR Hakima, Entre ici et là-bas. Le pouvoir des femmes dans les familles maghrébines, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013 (Essais)
Publications
ELUASSI Ismaël, « Le statut de la femme marocaine : la situation de jure et la situation de facto », L’Etude, La Revue du Centre Michel de l’Hospital (Edition électronique), 2017, n°12, pp. 173-208
BENAZZI Khadija, BENAZZI Latifa, « L’entrepreneuriat Féminin au Maroc: Réalité, freins et perspectives de réussite », Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, Vol. 3, n°7, Juillet-Décembre 2016
KADESWARAN S., BRINDHA D., JAYASEELAN R., « Social Media as a gateway for Accelerating Women Empowerment », Parishodh Journal, Volume IX, Issue III, March 2020
ADJAMAGBO Agnès, et CALVÈS Anne-Emmanuèle. « L’émancipation féminine sous contrainte », Autrepart, vol. 61, no. 2, 2012, pp. 3-21
Monqid Safâa. Les femmes marocaines entre privé et public. In: Villes en parallèle, n°32-34, décembre 2001. La ville aujourd’hui entre public et privé. pp. 398-405.
Murgue Bérénice. « La Moudawana : les dessous d’une réforme sans précédent », Les Cahiers de l’Orient, vol. 102, no. 2, 2011, pp. 15-29.
Ouali Nouria. « Les réformes au Maroc : enjeux et stratégies du mouvement des femmes », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 27, no. 3, 2008, pp. 28-41.
Rhanem Karima. « Chapitre 5. Maroc – Les médias numériques et sociaux favorisent l’engagement citoyen des jeunes en faveur de la démocratie », Conseil de l’Europe éd., Points de vue sur la jeunesse – Volume 4. Les jeunes à l’heure du numérique. Conseil de l’Europe, 2018, pp. 69-73
VARDHAN Rajay, « Social Medial and Women Empowerment: Asociological Analysis”, EPRA International Journal of Economic and Business Review, Volume 5, Issue-8, August 2017
Articles de presse 
ABDELLAH Majda, « Deux Marocaines poursuivies en raison de leurs robes jugées trop courtes », Jeune Afrique, 25 juin 2015, URL : https://www.jeuneafrique.com/239715/societe/deux-marocaines-poursuivies-en-raison-de-leurs-jupes-jugees-trop-courtes/
ADIMOHA Ronald, « Morocco’s last woman-potters hope on social media for survival », 11 juillet 2019, New Central,  URL: https://www.france24.com/en/20190711-social-media-rescue-moroccos-last-woman-potters
AOURMI, K., « Réseaux sociaux : 22,5 millions d’utilisateurs au Maroc », 14 juillet 2020, Finances News,  URL : https://fnh.ma/article/actualite-culturelle/reseaux-sociaux-22-5-millions-d-utilisateurs-au-maroc
OUARDIRHI Abdellah, « Digital : Voici les habitudes des Marocains pour 2019 », 30 novembre 2019, Hespress, URL : https://fr.hespress.com/111116-digital-voici-les-habitudes-des-marocains-pour-2019.html
THEVENIN Cyrielle, « Au Maroc, les femmes ont à combattre le hashtag « Sois un homme » », 31 juillet 2018, Marianne, URL : https://www.marianne.net/monde/au-maroc-les-femmes-ont-combattre-le-hashtag-sois-un-homme
Loi
Bulletin Officiel n° 2640 bis du mercredi 5 juin 1963 du Code pénal, Section IV des Attentats aux mœurs, URL :  http://adala.justice.gov.ma/production/legislation/fr/penal/Code%20Penal.htm
Pour citer cet article : Malika Amrouch, “Le rôle des réseaux sociaux dans l’émancipation de la femme marocaine”, 16.01.2021, Institut du Genre en Géopolitique.

References

References
1 Dupret Baudoin, Rhani Zakaria, Ferrié Jean-Noël (dir.), Le Maroc au présent. D’une époque à l’autre, une société en mutation, Centre Jacques-Berques, Casablanca, 2015 (Description du Maghreb), p. 293
2 AOURMI, K.,  Réseaux sociaux : 22,5 millions d’utilisateurs au Maroc , 14 juillet 2020, Finances News, URL : https://fnh.ma/article/actualite-culturelle/reseaux-sociaux-22-5-millions-d-utilisateurs-au-maroc
3 Amaoui Rachid, « Les Marocains passent en moyenne 2h33 sur les réseaux sociaux par jour », 03 mars 2019, Tic Maroc, URL : https://www.tic-maroc.com/2019/03/les-marocains-passent-en-moyenne-2h33-sur-les-reseaux-sociaux-par-jour.html 
4 Statista, Evolution trismestrielle du taux de pénétration de l’Internet au Maroc de septembre 2016 à septembre 2017, URL : https://fr.statista.com/statistiques/899185/taux-penetration-internet-maroc-trimestre/#:~:text=Ainsi%2C%20en%20septembre%202016%2C%20l,’espace%20d’une%20ann%C3%A9e
5 Ouardirhi Abdellah, « Digital : Voici les habitudes des Marocains pour 2019 », 30 novembre 2019, Hespress, URL : https://fr.hespress.com/111116-digital-voici-les-habitudes-des-marocains-pour-2019.html
6 Le 360 (avec MAP), « Etudes. Réseaux sociaux : que font les influenceurs du Maroc, et qui sont-ils ? », 07 juillet 2019,Le 360, URL : https://fr.le360.ma/lifestyle/etude-reseaux-sociaux-que-font-les-influenceurs-du-maroc-et-qui-sont-ils-193859
7 Murgue, Bérénice. « La Moudawana : les dessous d’une réforme sans précédent », Les Cahiers de l’Orient, vol. 102, no. 2, 2011, pp. 15
8, 14, 15, 22, 24 Ibid.
9 DUTERME Bernard, Etat des résistances dans le Sud : mouvements de femmes, Louvain-La-Neuve, Centre Tricontinental, Paris, Editions Syllepse, 2015, Alternatives sud, vol. 22-2015/4, p. 155
10 Ibid., p. 156
11 Op. Cit. « La Moudawana: les dessous d’une réforme sans précédent », p. 19
12 Ouali, Nouria. « Les réformes au Maroc : enjeux et stratégies du mouvement des femmes », Nouvelles Questions Féministes, vol. vol. 27, no. 3, 2008, p. 39
13 Op. Cit., Etat des résistances dans le Sud, p. 158
16 Ibid., p. 159
17 MOUNIR Hakima, Entre ici et là-bas. Le pouvoir des femmes dans les familles maghrébines, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2013 (Essais), p. 43-44
18 Ibid., p. 42
19 I.B, « Digital. A fin 2019, près de 70% de la population marocaine a accès à internet », 17 février 2020, Medias24, URL : https://www.medias24.com/digital-a-fin-2019-pres-de-70-de-la-population-marocaine-a-acces-a-internet-7675.html
20 Monqid Safâa. Les femmes marocaines entre privé et public. In: Villes en parallèle, n°32-34, décembre 2001. La ville aujourd’hui entre public et privé. pp. 402-403
21 ADJAMAGBO, Agnès, et CALVÈS Anne-Emmanuèle. « L’émancipation féminine sous contrainte », Autrepart, vol. 61, no. 2, 2012, p. 9
23 ELUASSI Ismaël, « Le statut de la femme marocaine : la situation de jure et la situation de facto », L’Etude, La Revue du Centre Michel de l’Hospital (Edition électronique), 2017, n°12, pp. 173-208, p. 21
25 Abdellah Majda, « Deux Marocaines poursuivies en raison de leurs robes jugées trop courtes », 25 juin 2015, Jeune Afrique, URL : https://www.jeuneafrique.com/239715/societe/deux-marocaines-poursuivies-en-raison-de-leurs-jupes-jugees-trop-courtes/
26 Thevenin Cyrielle, « Au Maroc, les femmes ont à combattre le hashtag « Sois un homme » », 31 juillet 2018,Marianne, URL : https://www.marianne.net/monde/au-maroc-les-femmes-ont-combattre-le-hashtag-sois-un-homme
27 KADESWARAN S., BRINDHA D., JAYASEELAN R., « Social Media as a gateway for Accelerating Women Empowerment », Parishodh Journal, Volume IX, Issue III, March 2020, p. 9
28 RHANEM Karima. « Chapitre 5. Maroc – Les médias numériques et sociaux favorisent l’engagement citoyen des jeunes en faveur de la démocratie », Conseil de l’Europe éd., Points de vue sur la jeunesse – Volume 4. Les jeunes à l’heure du numérique. Conseil de l’Europe, 2018, p. 70
29 KADESWARAN S., BRINDHA D., JAYASEELAN R., « Social Media as a gateway for Accelerating Women Empowerment », Parishodh Journal, Volume IX, Issue III, March 2020, p. 8
30 BENAZZI Khadija, BENAZZI Latifa, « L’entrepreneuriat Féminin au Maroc: Réalité, freins et perspectives de réussite », Revue Marocaine de Gestion et d’Economie, Vol. 3, n°7, Juillet-Décembre 2016, p. 155
31 Vardhan Rajay, « Social Medial and Women Empowerment: Asociological Analysis”, EPRA International Journal of Economic and Business Review, Volume 5, Issue-8, August 2017, p. 119