Les réfugiées syriennes en Turquie : un processus d’intégration genré

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Les réfugiées syriennes en Turquie : un processus d’intégration genré

27.12.2020
Marie PELÉ
La Turquie abrite aujourd’hui le plus de réfugié.es[1]Dans cet article, le terme réfugié sera employé car leurs conditions sont celles de réfugié.es en droit international. Toutefois, ce terme n’a aucune existence juridique en droit turc. au monde[2]Protection Civile et Operations d’Aide Humanitaire Européennes, « Turquie », chiffres au 26/08/2020, Commission Européenne. La majorité de cette population réfugiée est syrienne : 3,6 millions[3]Ministère de l’intérieur turc, chiffres au 04/11/2020, disponible sur : https://en.goc.gov.tr/temporary-protection27 de ressortissant.es syrien.nes vivent en Turquie sous protection temporaire de l’État turc[4]Selon l’article 91 de la loi relative aux étrangers et à la protection internationale du 11/04/2013, La protection temporaire peut être accordée aux étrangers qui ont été contraints de … Continue reading. Istanbul, mégalopole attractive pour son activité économique et sociale, concentre une grande partie de la population migrante. Toutefois, d’autres villes connaissent aussi ce phénomène d’immigration relativement important. En effet, le gouvernement turc a établi des quotas par ville pour répartir la population migrante sur l’ensemble du territoire. L’ambition d’une distribution égale des individus entre les territoires présente des difficultés considérables, accentuées par le caractère forcé de leur migration en raison de la guerre civile dans leur pays.
En fuyant le conflit armé en Syrie, la population tente d’échapper au chaos qui règne dans le pays ainsi qu’à la mort qui a déjà touchée plus de 250 000 personnes[5]ONU, « Syrie », ONU info, disponible sur : https://news.un.org/fr/focus/syrie en Syrie. Les provinces du sud-est de la Turquie, telles que Hatay et Gaziantep accueillent près de 900 000 personnes[6]Ministère de l’intérieur turc, disponible sur : https://en.goc.gov.tr/temporary-protection27, et sont aussi des zones où la population syrienne y est concentrée. Ce grand nombre de personnes arrivant sur un nouveau territoire demande des ajustements nécessaires mais cependant contraignants en termes de localité pour les réfugié.es, puisque cette décision ne leur appartient pas. Ainsi, la région d’affectation esquisse directement les perspectives individuelles d’avenir, du fait de l’essor économique des villes contrairement aux villages.
Le destin de quelques 46,1% de femmes réfugiées[7]Ibid. est particulièrement affecté par ces conditions d’accueil. Les femmes, une fois arrivées dans leur pays de refuge – en l’occurrence la Turquie – sont confrontées à des résistances directement liées à leur genre, exigeant ainsi d’elles une plus grande ténacité pour l’intégration à leur nouvelle société. Lors de la migration, les femmes et les filles sont exposées à des problèmes particuliers en raison de leur genre et de leur statut social de femme. Les enfants, principalement à la charge de la femme, conditionnent l’accès des Syriennes à l’emploi et à l’intégration à la société turque. Des programmes visant à l’autonomisation des femmes réfugiées originaires de Syrie ont en ce sens été mis en place, impliquant des acteur.trice.s de la société civile turque. Il devient possible, en observant la migration sous le prisme du genre, de comprendre les spécificités féminines dans le parcours d’assimilation à un nouveau territoire. On peut donc se demander en quoi l’intégration des femmes Syriennes à la société turque est conditionnée par leur genre.
La Turquie, terre d’accueil pour réfugié.es ?
La politique migratoire de la Turquie a évolué de façon conjoncturelle, de façon à s’adapter à la crise syrienne. Toutefois, elle demeure plus favorable aux hommes. Avant les années 1980, la migration en Turquie, phénomène alors marginal et irrégulier, se limitait à une minorité turcophone[8]PÉROUSE Jean-François, « Migrations, circulations et mobilités internationales à İstanbul In : Migrations et mobilités internationales : la plate-forme turque » [en ligne], Istanbul … Continue reading. Par leur avantage linguistique et leur culture turcique, les migrant.es jouissaient d’une forme de facilité dans leur intégration à la société turque[9]LORTOĞLU Ceylan, « Suriyeli Mültecilerin “Misafir” Olma Haline Misafirperverlik Hukuku ve Etiği Acısından Bakış » [Analyse des immigrants syriens d’être invités en … Continue reading.
Les premiers grands phénomènes migratoires sont véritablement apparus dans les années 1980, après le troisième coup d’État en Turquie, lorsque les habitant.e.s des pays voisins ont été contraint.e.s de fuir leur région à cause de bouleversements géopolitiques tels que les conflits qui ont opposé l’Irak et l’Iran ou bien le démantèlement de l’URSS. C’est dans ce contexte et du fait de sa position géostratégique que la Turquie est devenue un pays de transit et d’accueil pour réfugié.es.[10]Ibid.
Pour faire face à ces mouvements denses de populations, bien que la Turquie ait ratifiée la Convention de Genève relative au statut juridique des réfugiés, ainsi que les protocoles successifs[11]Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés, seul.es les réfugié.es européen.nes peuvent bénéficier du statut légal de réfugié.es[12]Selon l’article 1.A de la Convention de Genève de 1951, un réfugié est une personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son … Continue reading. En d’autres termes, l’État turc maintient les limites géographiques, et procure un traitement sélectif pour l’attribution du statut de réfugié.e aux individus arrivant sur le sol turc.
En 2011, un soulèvement populaire démocratique éclate en Syrie, suivi d’une guerre civile. La Turquie, pays frontalier avec plus de huit cents kilomètres partagés, a été contrainte de devenir le premier territoire d’accueil des migrant.es en provenance de Syrie. Dans ce contexte particulier, et face à l’affluence croissante des populations syriennes, la Turquie a modifié sa législation et a adopté en 2013 la loi Yabancılar ve Uluslararası Koruma Kanunu ou loi sur les étrangers et la protection internationale. Le contenu est limpide et l’État turc réitère sa position sur les réfugié.e.s : les non européen.ne.s sont des « réfugié.e.s temporaires » et doivent résider provisoirement en Turquie en attendant une réinstallation dans un autre pays.
C’est dans cette loi qu’apparait le régime juridique de la protection temporaire[13]Article 91 de la loi sur les étrangers et la protection internationale de 2013, donnant accès à quelques droits, comme l’accès à la santé ou à un permis de travail. Toutefois, la majorité des demandes de ces permis est masculine, laissant les femmes, dans une situation économique incertaine. En effet, l’ambiguïté de ce statut tient au fait que la situation des réfugié.es en Turquie est temporaire, conformément à la loi et aux conventions internationales, il parait donc complexe de recevoir un permis de travail permanent et de stabiliser leur situation. Si la demande de protection temporaire reste complexe, elle devient ardemment plus marginale pour les femmes, qui endurent la charge du foyer ainsi que les problèmes liés au genre dans leur assimilation à la société turque.
Statut de réfugié.e, constat d’un quotidien économiquement précaire
L’État turc, en ajustant sa législation pour les réfugié.e.s, a permis à cette population de résider et de travailler en Turquie. Une condition est érigée pour bénéficier de ces services ; il leur incombe de se prémunir de leurs papiers d’identité. Cependant, les femmes arrivent souvent en Turquie sans leurs papiers[14]Asmin Ayçe İdil KAYA, « Türkiyeli Kadınlardan Mülteci Kadınlara: İyi ki Geldiniz Hoş Geldiniz » (Nous sommes heureuses que vous soyez ici, bienvenue dans notre pays), BIANET, … Continue reading, n’ayant pas forcément eu accès à leurs papiers avant leur arrivée. Ainsi, il devient plus compliqué pour elles d’obtenir la protection temporaire. En ajoutant le fait qu’elles parlent souvent moins bien le turc[15]Didem DANIŞ (Project Coordinator), İlhan Zeynep KARAKILIÇ, Lülüfer KÖRÜKMEZ, Cavidan SOYKAN, « Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context », 01/03/2019, GAR (Association … Continue reading, il leur est plus difficile de quitter le domicile, souvent exigu et situé dans des quartiers périphériques créés pour les réfugié.es. En outre, dans le cas où elles peuvent travailler, elles sont engagées en majorité dans le secteur informel, et sont donc moins bien rémunérées, accroissant ainsi les inégalités entre les femmes et les hommes.
Par ailleurs, le plan de répartition par quota de la population a pour conséquence le développement d’une économie informelle, en dehors des localisations attribuées par le gouvernement. Selon une étude récente[16]Hilal SEVLÜ (2020). « Gündelik Direniş Deneyimleri: Gaziantep’te Suriyeli Kadınlar. Toplumsal Cinsiyet Perspektifinden Türkiye’de Göç Araştırmaları », Göç Araştırmaları Derneği … Continue reading, les Syrien.nes, pourtant diplomé.es ne peuvent pas travailler légalement, partout et où il.elle.s désirent. C’est pourquoi, les Syrien.nes travaillent principalement de manière illégale, participant ainsi à créer des réseaux d’emplois irréguliers.
En outre, les conditions de travail des femmes sont plus compliquées : elles font face à une plus grande précarité, une absence de protection sociale, et une pénibilité du travail. Elles demeurent dans les emplois non qualifiés et payés aux salaires les plus bas, c’est-à-dire dans des situations instables. La discrimination genrée creuse les inégalités sociales et économiques au sein même des populations réfugiées, en privant les femmes d’accès au travail. Les femmes syriennes n’ont pourtant pas commencé à travailler seulement en arrivant en Turquie, puisque, depuis la guerre, les hommes syriens ont principalement été au front, et les femmes avaient, pour unique option, de travailler pour combler la baisse de revenus. Cela permet d’expliquer le fait que les Syriennes acceptent les métiers que peu supporteraient en raison de la pénibilité des tâches à effectuer.
Par ailleurs, les femmes acceptent les métiers que peu supporteraient en raison de la pénibilité des tâches à effectuer. Hilal SEVLÜ, sociologue turque, a identifié, dans une enquête que l’ouverture des pistaches[17]Ibid., unique activité possible pour certaines femmes à Gaziantep, reste un travail conditionné par les réseaux de syriennes travaillant déjà pour ces entreprises. En effet, les employeurs turcs, pour s’assurer du travail bien exécuté, s’appuient sur les recommandations des anciennes employées pour engager les nouvelles, ne faisant ainsi qu’accentuer leur exclusion de l’emploi formel en réduisant les possibilités de subvenir à leurs besoins économiques.
Ces constats de la condition des femmes syriennes rentrent dans le cadre du concept de « violence structurelle[18]PICKERING Sharon, « Women, Borders, and Violence: Current Issues in Asylum, Forced Migration and Trafficking », 2011, Springer » liée au genre, décrivant ainsi cette situation dans laquelle les femmes sont victimes d’un degré particulier de vulnérabilité économique et de violence. Elles sont, par conséquent, plus sujettes à des agressions sexuelles ou mariages forcés[19]Didem Danış (Project Coordinator), İlhan Zeynep Karakılıç, Lülüfer Körükmez, Cavidan Soykan, “Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context”, 01/03/2019, GAR … Continue reading.
L’injonction d’assimilation culturelle pour la femme réfugiée syrienne 
Au-delà des difficultés économiques liées à l’intégration au marché du travail, les femmes rencontrent des difficultés supplémentaires liées au genre dans leur intégration à la société turque. Elles subissent les préjugés sexistes, et sont confrontées à l’exclusion sociale. Pour ne citer qu’un exemple lié au genre, le port du voile[20]SEVLÜ Hilal, « Gündelik Direniş Deneyimleri: Gaziantep’te Suriyeli Kadınlar. Toplumsal Cinsiyet Perspektifinden Türkiye’de Göç Araştırmaları », 2020, Göç Araştırmaları Derneği … Continue reading fait l’objet de débat dans l’assimilation à la société turque. Il se porte différemment en Syrie ou en Turquie ; ainsi les femmes sont confrontées à un choix de taille. Elles peuvent le porter à la manière syrienne, se faisant exclure par une partie de la population locale, ou au contraire, elles choisissent de dissimuler leurs origines en adaptant le style turc dans une démarche d’assimilation à la culture turque.
Par ailleurs, malgré leur volonté d’intégration, des obstacles subsistent. Les poncifs sur les femmes réfugiées syriennes persistent : elles seraient venues en Turquie pour voler les maris des femmes turques. Ce préjugé repose sur la conception de la famille nucléaire en Syrie, autorisant la polygamie comme cadre familial. Ces mécanismes de pressions affectent la vie sociale et économique des femmes réfugiées[21]Ibid.. En découle ainsi de la « violence légale fondée sur le genre[22]KIVILCIM Zeynep, « Legal Violence Against Syrian Female Refugees in Turkey », 2016, Fem Leg Stud 24, 193–214, disponible sur : https://doi.org/10.1007/s10691-016-9323-y » de la part de l’Etat turc par le biais de l’inadaptation des lois promulguées par l’État en matière d’accès au travail pour les femmes ce qui creuse les disparités dans l’emploi des femmes réfugiées.
Par ailleurs, dans ce contexte, il n’est pas étonnant que les femmes se retrouvent dans des cercles sociaux réduits, du fait notamment de la peur des agressions sexistes et sexuelles en tout genre qui les accompagne au quotidien et à tout instant[23]PICKERING Sharon, « Women, Borders, and Violence: Current Issues in Asylum, Forced Migration and Trafficking », 2011, Springer. Ce phénomène favorise en conséquence leur isolement, participant ainsi à leur plus grande vulnérabilité.
Toutefois, en continuant leur inclusion à cette nouvelle société, elles participent aux changements des normes de genre, grâce à leur résilience collective et féminine[24]DANIŞ Didem, KARAKILIÇ İlhan Zeynep, KÖRÜKMEZ Lülüfer, SOYKAN Cavidan, « Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context”, GAR (Association pour la recherche sur la … Continue reading. Face aux multiples obstacles qu’elles endurent, elles mettent au défi les relations patriarcales préexistantes dans les sociétés turques et syriennes en ébranlant les schémas genrés. C’est ainsi qu’elles poursuivent leur émancipation à travers l’accès à l’emploi ou aux loisirs, en intégrant par exemple, une chorale féminine proposant des chants turcs et syriens. En effet, si la domination masculine est un frein sérieux à l’autonomisation des femmes, elles peuvent, collectivement, aboutir à une solidarité profondément émancipatrice. Par exemple, des réseaux d’entreprenariat féminins se tissent, grâce à l’appui de certaines femmes turques[25]ATASÜ-TOPCUOĞLU Reyhan, « Syrian Refugee Entrepreneurship in Turkey: Integration and the Use of Immigrant Capital in the Informal Economy », Social Inclusion 7.4 (2019): 200-10. Web..
Le féminisme en non-mixité, moyen d’action collective au women empowerment
En replaçant la femme réfugiée syrienne dans un contexte social, il est important de rappeler le fait que son intégration en Turquie se fonde sur une supposée prédisposition des femmes à l’incapacité de travailler et à celle de s’occuper du foyer naturellement. Il est donc nécessaire de mettre progressivement en place des solutions spécifiques aux problèmes liés au genre, solutions développées dans une dynamique de « féminisme intersectionnel[26]AUCLAIR Isabelle, « L’analyse intersectionnelle du continuum des violences en situation de refuge : les discriminations en emploi. » Recherches féministes, volume 30, numéro 2, 2017, p. … Continue reading». Ce concept peut se définir comme la reconnaissance de multiples facteurs d’oppression et de discrimination en fonction de son identité, plurielle puisque dépendant du genre, de l’ethnie ou de la génération de migrant.es[27]BRAH Avtar et CLINI Clelia, « Discours et pratiques féministes contemporaines dans et hors des frontières », Genre, sexualité & société [En ligne], Hors-série … Continue reading.
En dépit d’identités multiples et de nationalités différentes parmi les femmes, il est possible de construire des solidarités sur la base de leur expérience de vie en tant que femme. C’est pourquoi il est nécessaire de faire reposer leur assimilation à la société turque sur des groupes existants d’ONG ou d’associations, réseaux de supports matériels et psychologiques, où leurs initiatives sont valorisées socialement et économiquement. C’est pourquoi la société civile turque engagée travaille constamment à la mise en place de forums, associations ou espaces de vie où les femmes, turques et/ou syriennes, peuvent se retrouver pour échanger, apprendre et travailler. En 2019, le forum des femmes Yoğurtçu, comité se réunissant chaque semaine, a consacré une de ses réunions à l’accueil des femmes réfugiées en Turquie[28]KAYA Asmin Ayçe İdil, « Türkiyeli Kadınlardan Mülteci Kadınlara: İyi ki Geldiniz Hoş Geldiniz » (Nous sommes heureu.x.ses que vous soyez ici, bienvenue dans notre pays), BIANET, … Continue reading. Elles insistent sur l’aide individuelle qu’il convient de prodiguer à chaque femme syrienne, dans l’objectif d’aboutir à un projet de solidarité entre toutes. Dans les centres d’accueil, des initiatives telles que des conseils juridiques, psychologiques ou des activités professionnelles ont été prises pour l’autonomisation des femmes syriennes[29]HANBAY ÇAKIR Ebru, KARABACAK Huriye, « Mülteci kadinlara yönelik toplumsal cinsiyet temelli ayrimcilik ve şiddetle mücadele » (La discrimination fondée sur le sexe et la lutte … Continue reading.
Les femmes, arrivant en Turquie ayant pu connaitre un parcours migratoire difficile et avoir été témoins de nombreux incidents marquants, peuvent donc avoir plus de réticences à s’exprimer dans des environnements mixtes en raison de leurs propres structures culturelles. C’est pourquoi, selon Ezgi SEVİNÇ, il est important de favoriser les actions d’autonomisation non mixtes[30]Témoignage SEVİNÇ Ezgi, engagée dans l’association « International Migrant Women Solidarity Association » à Istanbul.
Ainsi, malgré les obstacles, les Syriennes continuent de remettre en cause les relations de pouvoir découlant du genre et, grâce à l’appui d’autres femmes, peuvent espérer transmettre leurs initiatives d’autonomisation professionnelle et personnelle pour une plus grande stabilité pour l’avenir de la future génération.
Conclusion
Aborder la question du genre en matière de migration met en évidence que les parcours de femmes syriennes dans l’assimilation à la société turque dépendent dès leur arrivée sur le territoire d’accueil de leur statut de femme. Elles sont, vectrices d’évolution des normes genrées au sein de la famille et des sociétés syriennes et turques. Le statut de réfugié.e temporaire et ambigu reste un frein immense pour l’assimilation des Syriennes à leur pays d’accueil, c’est pourquoi le travail des associations est fondamental pour ébranler les préjugés sur ces femmes. L’objectif de la non-mixité permet une plus grande compréhension des besoins individuels, la mise en lumière des discriminations collectives vécues en tant que femmes, afin de transmettre leur résilience féminine à la prochaine génération. Cependant, il reste difficile de savoir que ce deviennent les femmes non enregistrées légalement, et celles qui n’ont pas accès ni aux associations, ni aux ONG.

Sources

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Pour citer cet article : Marie PELE, « Les réfugiées syriennes en Turquie : un processus d’intégration genré », 27.12.2020, Institut du Genre en Géopolitique

References

References
1 Dans cet article, le terme réfugié sera employé car leurs conditions sont celles de réfugié.es en droit international. Toutefois, ce terme n’a aucune existence juridique en droit turc.
2 Protection Civile et Operations d’Aide Humanitaire Européennes, « Turquie », chiffres au 26/08/2020, Commission Européenne
3 Ministère de l’intérieur turc, chiffres au 04/11/2020, disponible sur : https://en.goc.gov.tr/temporary-protection27
4 Selon l’article 91 de la loi relative aux étrangers et à la protection internationale du 11/04/2013, La protection temporaire peut être accordée aux étrangers qui ont été contraints de quitter leur pays, qui ne peuvent pas retourner dans le pays qu’ils ont quitté et qui sont arrivés en Turquie ou ont franchi les frontières de ce pays dans une situation d’afflux massif, en quête d’une protection immédiate et temporaire.
5 ONU, « Syrie », ONU info, disponible sur : https://news.un.org/fr/focus/syrie
6 Ministère de l’intérieur turc, disponible sur : https://en.goc.gov.tr/temporary-protection27
7, 10, 17, 21 Ibid.
8 PÉROUSE Jean-François, « Migrations, circulations et mobilités internationales à İstanbul In : Migrations et mobilités internationales : la plate-forme turque » [en ligne], Istanbul : Institut français d’études anatoliennes, 2002, Disponible sur Internet : http://books.openedition.org/ifeagd/249 . ISBN : 9782362450273. DOI : https://doi.org/10.4000/books.ifeagd.249
9 LORTOĞLU Ceylan, « Suriyeli Mültecilerin “Misafir” Olma Haline Misafirperverlik Hukuku ve Etiği Acısından Bakış » [Analyse des immigrants syriens d’être invités en termes de lois sur l’hospitalité et d’éthique]. İnsan&İnsan, 2017, 4 (11): 54–80. [Google Scholar]
11 Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés
12 Selon l’article 1.A de la Convention de Genève de 1951, un réfugié est une personne craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.
13 Article 91 de la loi sur les étrangers et la protection internationale de 2013
14 Asmin Ayçe İdil KAYA, « Türkiyeli Kadınlardan Mülteci Kadınlara: İyi ki Geldiniz Hoş Geldiniz » (Nous sommes heureuses que vous soyez ici, bienvenue dans notre pays), BIANET, 09/08/2019, disponible sur : https://bianet.org/bianet/kadin/211535-turkiyeli-kadinlardan-multeci-kadinlara-iyi-ki-geldiniz-hos-geldiniz
15 Didem DANIŞ (Project Coordinator), İlhan Zeynep KARAKILIÇ, Lülüfer KÖRÜKMEZ, Cavidan SOYKAN, « Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context », 01/03/2019, GAR (Association for Migration Research), 2-3, disponible sur : https://www.gocarastirmalaridernegi.org/attachments/article/105/resilience-work-and-gender.pdf
16 Hilal SEVLÜ (2020). « Gündelik Direniş Deneyimleri: Gaziantep’te Suriyeli Kadınlar. Toplumsal Cinsiyet Perspektifinden Türkiye’de Göç Araştırmaları », Göç Araştırmaları Derneği ve SU Gender, 56–79.
18, 23 PICKERING Sharon, « Women, Borders, and Violence: Current Issues in Asylum, Forced Migration and Trafficking », 2011, Springer
19 Didem Danış (Project Coordinator), İlhan Zeynep Karakılıç, Lülüfer Körükmez, Cavidan Soykan, “Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context”, 01/03/2019, GAR (Association for Migration Research), 2-3, disponible sur : https://www.gocarastirmalaridernegi.org/attachments/article/105/resilience-work-and-gender.pdf
20 SEVLÜ Hilal, « Gündelik Direniş Deneyimleri: Gaziantep’te Suriyeli Kadınlar. Toplumsal Cinsiyet Perspektifinden Türkiye’de Göç Araştırmaları », 2020, Göç Araştırmaları Derneği ve SU Gender, 56–79.
22 KIVILCIM Zeynep, « Legal Violence Against Syrian Female Refugees in Turkey », 2016, Fem Leg Stud 24, 193–214, disponible sur : https://doi.org/10.1007/s10691-016-9323-y
24 DANIŞ Didem, KARAKILIÇ İlhan Zeynep, KÖRÜKMEZ Lülüfer, SOYKAN Cavidan, « Resilience, Work and Gender in the (Turkish) Migratory Context”, GAR (Association pour la recherche sur la Migration), 2-3, 01/03/2019, disponible sur :  https://www.gocarastirmalaridernegi.org/attachments/article/105/resilience-work-and-gender.pdf
25 ATASÜ-TOPCUOĞLU Reyhan, « Syrian Refugee Entrepreneurship in Turkey: Integration and the Use of Immigrant Capital in the Informal Economy », Social Inclusion 7.4 (2019): 200-10. Web.
26 AUCLAIR Isabelle, « L’analyse intersectionnelle du continuum des violences en situation de refuge : les discriminations en emploi. » Recherches féministes, volume 30, numéro 2, 2017, p. 217–234. https://doi.org/10.7202/1043930ar
27 BRAH Avtar et CLINI Clelia, « Discours et pratiques féministes contemporaines dans et hors des frontières », Genre, sexualité & société [En ligne], Hors-série n°3 | 2018, mis en ligne le 01 novembre 2018, consulté le 23 novembre 2020. Disponible sur : http://journals.openedition.org/gss/4553 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.4553
28 KAYA Asmin Ayçe İdil, « Türkiyeli Kadınlardan Mülteci Kadınlara: İyi ki Geldiniz Hoş Geldiniz » (Nous sommes heureu.x.ses que vous soyez ici, bienvenue dans notre pays), BIANET, 09/08/2019, disponible sur : https://bianet.org/bianet/kadin/211535-turkiyeli-kadinlardan-multeci-kadinlara-iyi-ki-geldiniz-hos-geldiniz
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HANBAY ÇAKIR Ebru, KARABACAK Huriye, « Mülteci kadinlara yönelik toplumsal cinsiyet temelli ayrimcilik ve şiddetle mücadele » (La discrimination fondée sur le sexe et la lutte contre la violence à l’égard des femmes réfugiées), kadın dayanışması vakfı, 06/2019, disponible sur : https://hyd.org.tr/attachments/article/540/Mu%CC%88lteci%20Kad%C4%B1nlara%20Y%C3%B6nelik%20Toplumsal%20Cinsiyet%20Temelli%20Ayr%C4%B1mc%C4%B1l%C4%B1k%20ve%20%C5%9Eiddetle%20M%C3%BCcadele%20-%202019.pdf
30 Témoignage SEVİNÇ Ezgi, engagée dans l’association « International Migrant Women Solidarity Association » à Istanbul