Les femmes birmanes en première ligne des manifestations contre la junte : désobéissance civile et revendications féministes

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Les femmes birmanes en première ligne des manifestations contre la junte : désobéissance civile et revendications féministes.
TW : viol, violences sexuelles

Source : lespotiches.com

26.07.2021

Anaïs Gancel

9 février 2021 : Mya Thwate Thwate Khaing, 19 ans, est tuée d’une balle dans la tête par la police birmane alors qu’elle manifeste à Naypyidaw contre le coup d’Etat. Sans le vouloir, la jeune employée d’une épicerie devient un symbole de la révolution et une martyre du combat pour la démocratie. Sur les réseaux sociaux, on lui rend hommage. Dans les manifestations, on affiche son visage sur des banderoles. Et surtout, elle attire l’attention des organisations internationales sur la situation dans le pays ainsi que sur l’implication des femmes en première ligne des protestations. 

Le coup d’Etat du 1er février 2021 en Birmanie a provoqué des réactions dans tout le pays. Si la Ligue Nationale pour la Démocratie, parti d’Aung San Suu Kyi, est bien évidemment au cœur de l’opposition contre la junte militaire, d’autres acteur.ice.s se dressent contre le pouvoir en place, notamment les minorités ethniques et les femmes. Ce sont ces dernières qui ont le plus à perdre, au sein d’une société profondément patriarcale et face à une armée exclusivement masculine n’hésitant pas à user de tactiques sexistes pour les attaquer physiquement et mentalement. En première ligne des protestations, elles suspendent leurs jupes, leurs sous-vêtements et leurs protections hygiéniques à des cordes pour défier les superstitions misogynes des soldats. Leur action contre les stéréotypes de genre prend de multiples formes, dans un pays qui était autrefois l’un des plus avancés en matière d’égalité des sexes en Asie mais qui a connu un brusque retour en arrière dans les mentalités et les droits des femmes depuis l’arrivée de la junte au pouvoir en 1962.

Contexte politique et historique

Le coup d’Etat militaire du 1er février a stoppé net une décennie de transition démocratique menée par Aung San Suu Kyi, à la tête du parti de la Ligue Nationale pour la Démocratie qui était pourtant sorti vainqueur des élections législatives de novembre 2020. En rejetant cette victoire et en procédant à l’arrestation et au placement de la présidente en résidence surveillée, l’armée a confirmé un bras de fer qui s’éternise depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948[1]Egreteau, Renaud. « Birmanie : la transition démocratique selon la junte », Critique internationale, vol. no 24, no. 3, 2004, pp. 39-47..

L’identité birmane est rongée par le nationalisme et les conflits ethniques : le territoire compte 135 ethnies différentes, une population disparate répartie dans plusieurs États et rendant difficile l’édification d’une démocratie stable. Les frontières actuelles, tracées lors de la colonisation britannique, sont à la source de nombreux conflits. Au lendemain de l’indépendance, l’armée s’était portée garante de l’unité du pays et monopolise depuis le champ politique. Pour se maintenir au pouvoir et entraver toute tentative de réforme, elle a promulgué la Constitution de 2008 qui garantit au Parti de l’Union pour la solidarité et le développement – le parti pro armée – 25% des sièges au Parlement quels que soient les résultats des élections[2]Egreteau, Renaud. « Birmanie : la transition démocratique selon la junte », Critique internationale, vol. no 24, no. 3, 2004, pp. 39-47..  C’est pourquoi le récent coup d’Etat a comme un goût de déjà-vu. En 1990, les premières élections multipartites de Birmanie avaient vu la victoire de la Ligne Nationale pour la Démocratie, une victoire récusée par l’armée qui avait assigné à résidence Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix et opposante farouche aux juntes successives à la tête du pays[3]Lavialle-Prélois, Julie. « La démocratie d’Aung San Suu Kyi. Persistance d’un système ethnonationaliste et militariste en Birmanie », Multitudes, vol. 79, no. 2, 2020, pp. … Continue reading.  L’histoire, aussi frustrante soit-elle, se répète. Les rues birmanes sont le théâtre d’un mouvement de désobéissance civile en réponse à la véritable guerre psychologique lancée par le Tatmadaw, l’armée birmane. Connexion Internet coupée la nuit de 1h à 9h, réseaux sociaux bannis pour éviter toute communication entre les manifestant.e.s, convois militaires, fouilles des maisons et détentions arbitraires ont provoqué des manifestations de grande ampleur dans le pays, 36 ans après la répression sanglante de la première mobilisation pacifique pour la démocratie. Les protestataires sont dispersé.e.s à l’aide de grenades et de gaz lacrymogènes, lancés par la police. Un couvre-feu a été mis en place, les militaires n’hésitant pas à tirer sur les personnes qui ne le respectent pas.

Une société profondément patriarcale

Les femmes ne sont pas épargnées. L’Assistance Association for Political Prisoners (AAPP), une organisation pour les droits de l’homme créée par d’anciens prisonniers politiques entre la Birmanie et la Thaïlande, dénombre 863 personnes tuées, 6 028 arrêtées dont 4 863 toujours emprisonnées depuis le coup d’Etat de février. Parmi elles, 50 femmes ont été tuées et près de 800 arrêtées. 60% des protestataires sont des femmes : en première ligne des manifestations, elles défilent dans de grandes chaînes humaines pour éviter que les forces de l’ordre ne puissent les séparer et les arrêter. Elles jouent un rôle primordial dans la lutte pour la démocratie en Birmanie, et ce depuis des années, étant en effet tout particulièrement menacées par le conflit en cours.

Le pays est culturellement et traditionnellement patriarcal ; cela s’est accentué avec l’armée au pouvoir – constituée uniquement d’hommes – se considérant comme « le père de la nation ». La hiérarchie sociale est construite telle que l’homme a un rôle dominant et un regard profondément conservateur sur les femmes, qui sont vues comme inférieures, faibles et impures. Les violences exercées par la junte sur les manifestantes ne sont donc pas seulement des violences de force de l’ordre à manifestante. Elles sont aussi profondément misogynes : violences sexuelles, abus, harcèlements, menaces et tortures reflètent le caractère patriarcal du gouvernement en place et le brutal retour en arrière que représente le coup d’Etat. On a souvent l’apriori que la guerre est « une affaire d’hommes ». Historiquement, les armées ont essentiellement été masculines, avec un faible taux de femmes soldates. Elles sont souvent reléguées dans les coulisses et ne combattent pas selon l’image traditionnelle que l’on porte au combat. Mais si l’on élargit le spectre d’étude des conflits, on se rend compte que leur participation prend de multiples formes. La capacité d’action des femmes dans le conflit est large, polyvalente, sur tous les fronts. Elles sont impliquées dans les mouvements de libération, soutiennent les protestations et multiplient les actions. Repenser la manifestation pour éviter davantage de pertes humaines : c’est l’une des formes que prend la mobilisation féminine en Birmanie.

La révolution du longyi[4]Longyi: jupe traditionnelle birmane

Leur combat, on l’appelle la révolution du longyi, un terme symbolique qui définit bien les enjeux de la lutte. En Birmanie, il existe en effet une croyance selon laquelle tout homme touchant ou passant sous les vêtements portés sur la partie inférieure du corps des femmes perdra sa virilité et subira de nombreux malheurs. Cette croyance s’accompagne d’un tabou autour des règles : la menstruation est vue comme quelque chose de sale, dont il faut a
voir honte. On n’en parle pas et on n’éduque pas à ce sujet. Pour justifier la domination patriarcale, la différence biologique entre les hommes et les femmes est accentuée, la féminité est dévalorisée et traitée d’impure. En Birmanie, il est dit que seuls les hommes peuvent atteindre le nirvana, de par leur innocence soi-disant absente chez les femmes. Le corps sert de justification à l’inégalité entre les sexes, à l’infériorité de la femme par rapport à l’homme. Quitte à vivre dans un environnement profondément patriarcal, les militantes birmanes ont choisi de faire un pied-de-nez à ces injonctions de nature sexiste en les exploitant à leur avantage. En suspendant sur des cordes à linge des longyi, les jupes traditionnelles birmanes, aux côtés d’autres sous-vêtements et protections hygiéniques tachées de peinture rouge pour symboliser le sang, les manifestantes utilisent les superstitions locales pour développer une tactique ingénieuse. Elles se servent des habituels symboles de l’infériorité féminine, des comportements et objets habituellement qualifiés de blasphématoires et d’impurs, pour lutter contre l’ordre patriarcal qui tente de les définir comme des citoyennes de seconde zone. Dans la rue, cela permet de ralentir sensiblement l’avancée des soldats et policiers qui n’osent pas passer sous les vêtements ni les toucher, et d’offrir une avance non négligeable aux femmes dans les manifestations pour aller se mettre à l’abri. 

La désobéissance civile comme moyen de résistance

À la campagne, les femmes sont souvent cheffes de village et de famille et se sont donc naturellement « retrouvées à la tête des mouvements ruraux de contestation »[5]Isoux, Carol, « En Birmanie, la révolution des jupes et des sous-vêtements », Libération, 8 mars 2021, … Continue reading, annonce Htoi Naung, membre du groupe Shans Women’s Action Network.  Ce sont surtout elles qui ont le plus à perdre. Auparavant, les femmes birmanes bénéficiaient de nombreuses libertés. Hormis leur investissement dans la vie politique du pays et dans la création d’entreprises, elles pouvaient garder leur «nom de jeune fille», gérer leurs finances ainsi que leurs propriétés. De plus, elles avaient obtenu le droit de vote dès 1922. L’anthropologiste Melford Spiro précisait d’ailleurs : « Les femmes birmanes sont non seulement parmi les plus libres d’Asie, mais jusqu’à l’émancipation relative des femmes en Occident, elles jouissaient d’une liberté et d’une égalité avec les hommes bien plus grandes que les femmes occidentales »[6]Aye, Mimi, Myanmar’s Women Are Fighting for a New Future After a Long History of Military Oppression, Time, 31 mai 2021,  https://time.com/6052954/myanmar-womenmilitary/. En arrivant au pouvoir à l’époque, la junte avait fermé de force les entreprises tenues par des femmes et progressivement écarté les femmes de la vie économique, politique, culturelle du pays.

Aujourd’hui, un schéma similaire se reproduit. On ne prononce plus le nom d’Aung San Suu Kyi, on ne montre plus sa photo. L’armée non plus n’inclut pas les femmes, ce qui les marginalise davantage et les relègue à des rôles sociaux dits passifs. L’une des manifestantes s’exprime à ce sujet : « Les progrès réalisés par le féminisme [sous la démocratie] ont permis aux femmes de voir la valeur de leur participation dans tous les secteurs, faisant ainsi avancer le pays. Mais sous une armée misogyne qui rend les femmes totalement invisibles, nous allons entrer dans un avenir sombre. La démocratie nous a permis d’avancer d’un pas, mais le retour à la dictature nous ramène cinq pas en arrière»[7]Khan, Umayma, “The Women in Myanmar: Our place is in the revolution”, Aljazeera, 25 avril 2021,  … Continue reading.

Le mouvement de désobéissance civile féminin prend la forme de grèves dans les banques, les hôpitaux et les écoles, de boycott des services tenus par les militaires, de refus de payer les impôts. Des infirmières, médecins et autres femmes volontaires médicales s’engagent pour soigner les blessé.e.s pendant les manifestations. Les avocates et les banquières proposent leurs services pour aider financièrement et légalement les manifestant.e.s et celleux cherchant à fuir le pays, surtout en période de pandémie. L’une d’entre elles précise : « En tant que femmes, nous sommes censées rester dans les zones « sûres » des manifestations, mais nous savons que notre place est là où l’on a besoin d’aide»[8]Khan, Umayma, “The Women in Myanmar: Our place is in the revolution”, Aljazeera, 25 avril 2021,  … Continue reading.

Leur engagement leur fait risquer leurs emplois, ainsi que des violences physiques et morales au sein de leurs entreprises parce qu’elles sont impliquées dans les manifestations. Pourtant, c’est un prix qu’elles sont prêtes à payer. Elles savent que le gouvernement est dépendant de la main d’oeuvre pour faire fonctionner l’économie du pays : si les grèves provoquent une crise économique à l’échelle nationale, ces femmes continueront, même si cela les atteint personnellement, puisque cela atteindra également la junte en place. Par exemple, de nombreuses femmes ouvrières dans le textile participent aux manifestations et font appel à la communauté internationale ainsi qu’aux firmes multinationales pour dénoncer le coup d’Etat.

De plus, la junte utilise ce que l’on appelle des « dalans », c’est-à-dire des civils chargés de surveiller leurs voisins et tout particulièrement les femmes. Le but est de repérer les personnes ne respectant pas le couvre-feu ou préparant les protestations, des domiciles qu’il sera facile de piller, des femmes vivant seules, vulnérables, qu’il sera facile d’harceler et d’arrêter. Ces attaques visées forcent les femmes à déménager et à se cacher sans cesse. En réponse à cette stratégie, les ouvrières et activistes s’allient pour déterminer l’identité des civils collaborant avec l’armée pour échapper aux perquisitions de leur domicile. Elles se rassemblent pour aller manifester, emménagent ensemble et dépendent souvent des dons locaux et internationaux. Les femmes constituent de ce fait des cibles faciles, ce qui exige une prudence exacerbée de leur part lorsqu’elles se réunissent pour préparer les manifestations ou lorsqu’elles communiquent à propos des arrestations et perquisitions. La communauté LGBTQI+ est également investie dans la lutte pour la démocratie, défilant fièrement devant celleux qui la détestent. Des femmes transgenres, lesbiennes, bisexuelles affichent publiquement leur identité et leur unité, au risque de subir une répression violente, ainsi que des perquisitions à domicile, des arrestations et des détentions arbitraires les forçant à fuir le pays ou à se cacher.

Les violences sexuelles comme arme de guerre

Une militante est d’autant plus en danger qu’elle est une femme : ses opposants possèdent des
moyens de destruction propres au sexisme, à l’ordre patriarcal. Les tactiques de viols collectifs, d’esclavage sexuel et d’humiliation publique ont déjà été utilisées envers les femmes rohingya depuis des années. Aujourd’hui, les manifestantes s’opposant à une armée exclusivement masculine risquent le même traitement. Le viol en tant qu’arme de guerre a un caractère répétitif, collectif et massif. Souvent commis en public, parfois mis en scène, il a pour but de déshumaniser et d’instaurer une domination sur l’adversaire et sur son corps, en le détruisant à la fois physiquement et psychiquement. C’est une tactique de guerre pour neutraliser l’opposant.e, un moyen de destruction qui s’inscrit dans un climat de violence global. 

Les violences sexuelles en temps de guerre sont listées par la Cour pénale internationale en juillet 1998 telles que suit : « viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable[9]Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « Actes de violence commis contre les femmes et violences sexuelles », Fiche d’information 3, 2003,  … Continue reading ». Elles ont pour point commun le fait d’être une atteinte à l’intégrité morale et psychique de la personne, à sa dignité, engendrant des traumatismes graves. On dénombre déjà de nombreux cas d’harcèlement sexuel, d’attouchements, de déshabillages et de fouilles à nu prolongées lors de gardes à vue, autant de pratiques qui appartiennent à la dimension sexuelle du patriarcat, en Birmanie et partout dans le monde. Les violences sexuelles subies par les femmes birmanes par l’armée s’inscrivent dans cette logique : elles sont l’illustration et le vecteur d’une domination militaire, policière et masculine sur leur corps et leur esprit. Pour Anne-Marie Roucayrol, elles représentent « une composante essentielle de la torture, parce qu’ils s’adressent au plus intime, au plus fragile de l’individu ». Pour être considéré comme un crime de guerre, ciblant délibérément les populations civiles, il faut que cela se produise « dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique » ou « dans le cadre d’un plan ou une politique ou lorsqu’ils font partie d’une série de crimes analogues commis sur une grande échelle »[10]Roucayrol Anne-Marie, « Du viol comme arme de guerre », La Pensée, 2020/4 (N° 404), p. 80-92..  Culture du viol, négation et banalisation des violences, discrédit de la parole des femmes, impunité des violeurs : tout cela rejoint la problématique de fond que sont les inégalités de sexe et de genre en Birmanie. En protestant contre l’armée et le pouvoir en place, les révolutionnaires birmanes combattent aussi le patriarcat. La chercheuse May Oo Mutraw explique la dualité de ce combat : « L’armée birmane est un club exclusivement masculin depuis toujours. Le gouvernement aussi, la politique, tout ça… […] Aujourd’hui les féministes birmanes savent que si elles n’attaquent pas les deux problèmes de front, l’oppression de l’armée et le patriarcat, même quand elles auront gagné une bataille, il leur faudra se battre encore »[11]Isoux, Carol, « En Birmanie, la révolution des femmes, 27 mars 2021, https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20210326-en-birmanie-la-r%C3%A9volution-des-femmes.

Conclusion

Les problématiques de genre en Birmanie sont donc encore dans l’ombre. Certes, Aung San Suu Kyi est une femme, mais, au pouvoir, elle n’a jamais entrepris d’action féministe ou spécialement en rapport au genre, pour lutter contre les stéréotypes[12]Lavialle-Prélois, Julie. « La démocratie d’Aung San Suu Kyi. Persistance d’un système ethnonationaliste et militariste en Birmanie », Multitudes, vol. 79, no. 2, 2020, pp. … Continue reading.  Les femmes civiles doivent donc s’allier pour construire une stratégie de défense efficace. Elles appellent aujourd’hui à davantage d’actions concrètes, au soutien de la communauté internationale et à la documentation des violations des droits humains en Birmanie. Depuis février, on assiste à une escalade de la violence. Les protestations ne sont plus qu’une simple opposition entre deux partis rivaux, entre l’armée et la Ligue Nationale pour la Démocratie. Le mouvement de résistance s’est développé, devenant intersectionnel, incluant les femmes, les minorités ethniques ainsi que la communauté LGBTQI+ dans une alliance pour faire entendre leurs revendications. Les manifestant.e.s se battent pour les prochaines générations, pour leur offrir une société plus égalitaire. Le combat contre l’institution la plus profondément patriarcale de la Birmanie n’est pas évident, et le mouvement compte déjà de nombreuses pertes humaines. Le risque est que les abus envers les corps des femmes prennent de plus en plus d’ampleur, comme cela a pu être le cas envers les femmes rohingyas, et se transforme en phénomène collectif, systématique avec pour but l’anéantissement physique et mental des manifestantes.

Quel soutien la communauté internationale apportera-t-elle dans les prochaines semaines à la crise birmane ? Sera-t-elle en capacité de distinguer les violences dites classiques envers les manifestant.e.s des violences misogynes subies par les femmes birmanes, et d’y apporter des solutions adaptées ? Et même si Aung San Suu Kyi arrivait à revenir au pouvoir, les manifestantes arriveraient-elles à lui faire entendre leurs revendications féministes et à ouvrir un espace de négociations pour une lutte plus efficace contre les stéréotypes de genre en Birmanie ? Ce sont autant de questions qui restent pour le moment en suspens, auxquelles seules les prochaines étapes du conflit pourront apporter des éléments de réponse.

Bibliographie

Aye, Mimi, Myanmar’s Women Are Fighting for a New Future After a Long History of Military Oppression, Time, 31 mai 2021, https://time.com/6052954/myanmar-women-military/

Egreteau, Renaud. « Birmanie : la transition démocratique selon la junte », Critique internationale, vol. no24, no. 3, 2004, pp. 39-47.

Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « Actes de violence commis contre les femmes et violences sexuelles », Fiche d’information 3, 2003, https://www.ohchr.org/Documents/Countries/CD/Fiche3_violence_sexuelle_FINAL.pdf

Isoux, Carol, « En Birmanie, la révolution des jupes et des sous-vêtements », Libération, 8 mars 2021, https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/en-birmanie-la-revolution-des-jupes-et-des-sous-vetements-20210308_J6ZE2FWBFZCBBGS2NK3DHV6W2E/

Khan, Umayma, “The Women in Myanmar: Our place is in the revolution”, Aljazeera, 25 avril 2021, https://www.aljazeera.com/features/2021/4/25/women-of-myanmar-stand-resilient-against-the-military-coup

Lavialle-Prélois, Julie. « La démocratie d’Aung San Suu Kyi. Persista
nce d’un système ethnonationaliste et militariste en Birmanie », Multitudes, vol. 79, no. 2, 2020, pp. 258-262.

Roucayrol Anne-Marie, « Du viol comme arme de guerre », La Pensée, 2020/4 (N° 404), p. 80-92.

Pour citer cet article : Anaïs Gancel, “Les femmes birmanes en première ligne des manifestations contre la junte : désobéissance civile et revendications féministes.  TW : viol, violences sexuelles”, 26.07.2021, Institut du Genre en Géopolitique.

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’auteur.ice.

References

References
1, 2 Egreteau, Renaud. « Birmanie : la transition démocratique selon la junte », Critique internationale, vol. no 24, no. 3, 2004, pp. 39-47.
3, 12 Lavialle-Prélois, Julie. « La démocratie d’Aung San Suu Kyi. Persistance d’un système ethnonationaliste et militariste en Birmanie », Multitudes, vol. 79, no. 2, 2020, pp. 258-262.
4 Longyi: jupe traditionnelle birmane
5 Isoux, Carol, « En Birmanie, la révolution des jupes et des sous-vêtements », Libération, 8 mars 2021, https://www.liberation.fr/international/asie-pacifique/en-birmanie-la-revolution-des-jupes-et-des-sous-vetements-20210308_J6ZE2FWBFZCBBGS2NK3DHV6W2E/
6 Aye, Mimi, Myanmar’s Women Are Fighting for a New Future After a Long History of Military Oppression, Time, 31 mai 2021,  https://time.com/6052954/myanmar-womenmilitary/
7, 8 Khan, Umayma, “The Women in Myanmar: Our place is in the revolution”, Aljazeera, 25 avril 2021,  https://www.aljazeera.com/features/2021/4/25/women-of-myanmar-stand-resilient-against-the-military-coup
9 Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, « Actes de violence commis contre les femmes et violences sexuelles », Fiche d’information 3, 2003,  https://www.ohchr.org/Documents/Countries/CD/Fiche3_violence_sexuelle_FINAL.pdf
10 Roucayrol Anne-Marie, « Du viol comme arme de guerre », La Pensée, 2020/4 (N° 404), p. 80-92.
11 Isoux, Carol, « En Birmanie, la révolution des femmes, 27 mars 2021, https://www.rfi.fr/fr/podcasts/reportage-international/20210326-en-birmanie-la-r%C3%A9volution-des-femmes