Les femmes dans le Hirak (2/2)
17.10.2021
Inès Daoudi
Le Hirak, « mouvement » en arabe est le nom donné aux séries de manifestations qui ont suivi l’annonce du Président Bouteflika pour un cinquième mandat. Les Algériennes sont alors descendues dans les rues pour protester contre le gouvernement mais également pour leurs droits et pour rappeler l’importance de l’égalité femme-homme dans l’avènement d’une véritable démocratie en Algérie.
Cette conquête de l’espace public ne s’est pas faite sans encombre et les Algériennes ont été nombreuses à être victimes de violences de la part de leurs homologues masculins.
La violence comme outil de pression contre les femmes
Dès les premières manifestations du Hirak, des femmes ont été harcelées, agressées physiquement et verbalement dans l’unique but de les dissuader de poursuivre leur action. Malgré les rappels à la non-violence par des personnes qui s’interposent parfois physiquement, les agresseurs déterminés à faire taire les femmes, tentent ainsi de refermer cet espace public qui leur permettait de s’exprimer[1]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 87 URL … Continue reading.
- Les nouvelles technologies de l’information et de la communication[2]NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (smartphones, internet, réseaux sociaux, etc.) (NTIC), une arme à double tranchant
Les NTIC ont joué un rôle essentiel dans la diffusion des informations, mais aussi pour révéler à tous l’ampleur des évènements, souvent passés sous silence par les médias dirigés par le gouvernement. Comme l’explique Saadia Gacem, actrice : « tout citoyen s’est pris pour mission de donner son point de vue, son regard et de médiatiser tout ce qui se passe dans la société algérienne, pour justement témoigner et dire « j’y étais, voilà ce qui se passe réellement »[3]RFI, Le Hirak en Algérie, le rôle des femmes et des images, 17 mars 2020 URL https://www.facebook.com/RFI/videos/208744570473991 – consulté le 21/03/21». Ainsi, beaucoup de femmes se filment en train de prendre la parole, en train de marcher et de chanter les slogans : « Elles se filment en train d’exister, elles filment leur colère, leur révolte et elles mettent ça sur les réseaux sociaux[4]Habiba Djahnine, « Une poétique féministe de l’Algérie en lutte », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 186, URL https://www.cairn.info/revue-mouvements-2020-2-page-177.htm – … Continue reading ».
Or, si ces vidéos ont incité d’autres femmes à les rejoindre, elles ont également eu un effet pervers. En effet, lorsque les féministes ont posté des vidéos des agressions dont elles étaient les victimes, malgré des messages de soutien, la violence s’est amplifiée en une « marée incessante de commentaires, de photos-montages et de vidéos appelant à toutes sortes de violences à leur encontre. Celles-ci incluaient des menaces de mort et de mutilation à l’acide[5]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 87 URL … Continue reading ». L’exemple de Sonia Gassemi, jeune étudiante de 24 ans et militante pour les droits des femmes, illustre bien cette violence. En avril 2019, une vidéo la mettant en scène, alors qu’elle perdait son sang-froid contre l’agression du carré féministe (qui avait eu lieu lors d’un précédent rassemblement), a été largement relayée sur internet. Cela a conduit à un lynchage médiatique très violent et sans précédent[6]Jane Roussel, Sonia Gassemi : « Je continuerai de militer dans mon pays, je ne partirai pas », Le Point, 04/10/19, URL … Continue reading. À la suite de cet évènement, Sonia Gassemi a, dans un premier temps, décidé de faire profil bas, mais a par la suite affirmé qu’elle ne quitterait pas l’Algérie et continuerait de manifester pour son pays.
- Une société algérienne qui ne soutient pas assez les femmes
Les femmes qui ont dû faire face à ces violences n’ont pas pu compter sur leurs allié.e.s supposé.e.s qui ont préféré détourner le regard sous prétexte que le moment d’évoquer ces épisodes et de parler des droits des femmes n’était pas venu. En effet, la faible indignation que suscitent ces violences tient en partie du cadrage « unitaire » du mouvement de protestation en Algérie, qui va de pair avec une délégitimation de toute revendication perçue comme spécifique à un groupe[7]Abir Kréfa et Amélie Le Renard, Genre & féminismes au Moyen-Orient & au Maghreb, Paris, Éditions Amsterdam, p 148 (que ce soit la présence de drapeaux amazigh ou les revendications des militantes féministes). Au-delà des violences, nombreuses ont été les critiques envers les carrés féministes, les accusant de troubler l’unité du Hirak. Deux principales accusations sont relevées : d’une part, des voix conservatrices les accusant d’importer une idéologie étrangère à la personnalité algérienne et d’autre part, des voix qualifiées de progressistes reprochèrent cette manière de rendre visibles les demandes d’un groupe particulier et de déranger un mouvement qui visait à transcender les différents clivages traversant la société[8]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 87-88 URL … Continue reading. Face aux accusations de séparatisme, elles ont démontré leur implication sur toutes les questions qui ont traversé le Hirak et ont réaffirmé qu’il s’agissait, au contraire, du moment parfait pour placer cette question au centre du débat[9]Ibid., p 88. Aussi, en juin 2019, certaines organisations féministes, notamment à Alger, ont refusé de participer à la Conférence nationale en raison du refus de mentionner l’égalité entre les femmes et les hommes dans la feuille de route soumise à la discussion. La motion a finalement été adoptée dans le document, mais cela a convaincu une partie des militantes de l’importance de continuer leur auto-organisation[10]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 88 URL … Continue reading.
Il parait intéressant de comprendre ces violences comme parties prenantes d’un enserrement, une technique préventive de dissuasion du mouvement. Ce dispositif, décrit par la sociologue Ghaliya Djelloul, repose « sur l’établissement d’une frontière imaginaire entre le dedans et les dehors, produisant un « espace domestique », c’est-à-dire l’ensemble des lieux qui réunissent les membres de leur « réseau familial » par des liens de peur (envers les personnes de sexes masculins de leur famille) et de culpabilité envers les autres femmes afin de limiter de leur agentivité spatiale[11]Ibid., p 83 ». Cet enserrement leur nuit à tous les niveaux, non seulement auprès de leur famille. Que ce soient en raison de la crainte du père, de l’oncle ou du frère, ou de cette retenue vis-à-vis de la mère, la tante ou la sœur, les répercussions atteignent également la sphère publique. En effet, il permet de justifier les violences qu’elles pourraient subir à l’extérieur, les condamnant de facto à être coupable s’il leur arrivait quelque chose et par conséquent, à les pousser à rester chez elles pour éviter toute prise de risque. La sociologue ajoute néanmoins que le Hirak a permis un véritable processus de « desserrement » de l’emprise des familles et des communautés sur les femmes algériennes. En effet, les Algérien.ne.s se mobilisent pour faire exister un espace public dans lequel toutes et tous peuvent s’exprimer et clamer leur vérité en refusant d’être complice des mensonges du régime[12]Ibid., p 84-85. En outre, ce processus se met en place à travers les médias et les réseaux sociaux qui diffusent les débats, les idées, les slogans ainsi que des images et des vidéos des rassemblements. Cette diffusion est primordiale pour la mobilisation : cette représentation du réel structure les prises de consciences politiques et crée un sentiment de solidarité entre les personnes engagées ainsi que celles qui souhaitent rejoindre le mouvement.
- L’utilisation du corps des femmes dans l’espace public : un véritable outil politique
Dès lors, les Algériennes font un usage politique de leur corps. Lors des manifestations, elles dressent des pancartes affirmant : « Game ovaires. Dégagez », « Les femmes contre le 5e mandat », « Femmes en action. Le clan Boutef n’aura même pas notre soutien-gorge. Non au 5e mandat. » ou encore « ni couscous ni mesfouf jusqu’à la chute du régime »[13]Abir Kréfa et Amélie Le Renard, Genre & féminismes au Moyen-Orient & au Maghreb, Paris, Éditions Amsterdam, p 147. Entre décembre 2019 et janvier 2020, un hashtag est diffusé « ma place est dans le Hirak pas dans la cuisine » pour dénoncer celles et ceux qui veulent les exclure de la sphère publique[14]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 89 URL … Continue reading. Elles sont alors appuyées par des figures de renom à l’image des moudjahidines Louisette Ighilahriz[15]Psychologue de formation, moudjahidine et militante féministe algérienne ou encore Djamila Bouhired[16]Moudjahidine, figure importante de la lutte pour l’indépendance en Algérie et par l’émergence de nouvelles figures telles que les étudiantes Samira Messouci[17]Étudiante, condamnée à 6 mois de prison pour avoir brandi le drapeau amazigh lors d’une manifestation ou Nour El-Houda Oggadi[18]Étudiante, elle a été incarcérée en raison de ses publications en faveur du Hirak sur les réseaux sociaux pour ne citer que ces dernières[19]Karim Kebir, La femme, un acteur majeur du Hirak, Liberté Algérie, 08/03/2020, URL https://www.liberte-algerie.com/actualite/la-femme-un-acteur-majeur-du-hirak-335404 – consulté le 21/03/21. De même, plusieurs artistes se sont mobilisé.e.s pour soutenir les manifestant.e.s algérien.ne.s. Par exemple, la chanteuse algérienne Souad Massi, avec son 6e album « Oumniya », signifiant souhait. Elle explique qu’elle a le devoir de parler de ce qu’il se passe en Algérie, de soutenir ce mouvement, car en tant que chanteuse, elle a un espace pour s’exprimer, notamment en France. Malgré sa censure en Algérie, elle dénonce le gouvernement et la corruption qui y règne, et elle appelle à l’établissement d’une démocratie qui garantirait les libertés de toutes et tous, à travers ses chansons et les réseaux sociaux[20]TV5Monde Info, Souad Massi : la chanteuse a choisi de se faire caisse de résonance du Hirak en Algérie, 25/11/19, URL https://www.youtube.com/watch?v=mi0JdpVxqD0&ab_channel=TV5MONDEInfo – … Continue reading. Il en va de même pour la chanteuse Amel Zen et sa chanson « La marche des femmes algériennes » où la célèbre patineuse Nour Houda Foura apparait dans son clip[21]Amel Zen, حرّة : مسيرة نساء الجزائر Horra : Marche des femmes algériennes, 09/03/19 URL https://www.youtube.com/watch?v=zD4VvDplNbU&ab_channel=AmelZen – consulté … Continue reading. Avec des paroles aussi évocatrices telles que « Libre Algérienne, libre démocratique », « Femmes et hommes, main dans la main », ou encore « Toutes les étoiles peuvent témoigner que dans notre histoire, il y a des femmes héroïnes », l’engagement des deux femmes au sein du Hirak se comprend parfaitement. À cela s’ajoute son autre titre « Libérez l’Algérie[22]Amel Zen, يوم الشعب Libérez l’Algérie, 02/03/19 URL https://www.youtube.com/watch?v=MX4b5WUehzY&ab_channel=AmelZen – consulté le 21/03/21 », un véritable hymne de révolte contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika où de nombreux.ses danseur.euse.s, acteur.trice.s et musicien.ne.s dénoncent le système et les dirigeants ; et expriment en arabe, en amazigh et en français les revendications des contestataires. Enfin, la chanteuse Raja Meziane avec son morceau « Toxic[23]Raja Meziane, Toxic [Prod by Dee Tox], 28/04/19 URL https://www.youtube.com/watch?v=E1iEJwvT5lI&ab_channel=RajaMeziane – consulté le 21/03/21 » qui critique le régime en place et le prévient que les jeunes sont prêts à se révolter et surtout qu’ils n’oublieront pas les actes qu’il a commis pendant ces longues années où Bouteflika a été au pouvoir.
Le sociologue Nacer Djabi pour qui « la femme algérienne investit l’espace public et contribue à changer l’image de la société algérienne. Elle mène une révolution culturelle sur le terrain. Elle prend la parole devant le public et défend ses avis politiques. Le Hirak est une opportunité historique pour afficher les transformations positives que vit la société depuis des années[24]Karim Kebir, La femme, un acteur majeur du Hirak, Liberté Algérie, 08/03/2020, URL https://www.liberte-algerie.com/actualite/la-femme-un-acteur-majeur-du-hirak-335404 – consulté le 21/03/21 ». Enfin, Ghaliya Djelloul analyse très justement qu’en encourageant les femmes à conquérir l’espace public, le Hirak initie un « processus long de transformation sociale qui passe par le désassujettissement au pouvoir disciplinaire et par un processus de résubjectivation à travers l’occupation d’un espace public au sens politique[25]Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 90 URL … Continue reading ». Elle ajoute également que c’est grâce au mode d’action pacifique que cette appropriation est possible, via la transformation des espaces publics urbains en scènes de libre expression et l’apparition de citoyen.ne.s au sein d’un espace public qui institue et met en forme un monde commun.
Pas de démocratie sans égalité !
« Il n’y aura pas de démocratie sans les femmes, et il n’y aura pas d’égalité sans la démocratie[26] RFI, Le Hirak en Algérie, le rôle des femmes et des images, 17 mars 2020 URL https://www.facebook.com/RFI/videos/208744570473991 – consulté le 21/03/21», déclare Wassyla Tamzali, avocate, écrivaine et militante féministe algérienne.
Si les femmes sont présentes depuis le début du mouvement pour soutenir les revendications du peuple algérien, elles défendent également des luttes qui leur sont propres et qui sont antérieures au Hirak. Cet activisme est loin d’être évident dans une société qui, déjà lors de la libération nationale, recommande aux femmes « de ne pas avancer leurs causes propres pour se battre pour la cause globale nationale »[27]Florian Delorme, Algérie : vers un nouveau départ, épisode 3 : Féminismes : anciens combats, nouveaux espoirs, France Culture, 19/02/2020, URL … Continue reading et qui a maintenu ce discours avec l’avènement du Hirak. Malgré tout, les femmes ont persisté et c’est ainsi que les premiers carrés féministes se sont créés pour porter spécifiquement les revendications des femmes algériennes. Pour l’historienne Sophie Bessis, « le droit des femmes est une condition indispensable à la mise en place d’une véritable démocratie. Or, beaucoup d’hommes sont convaincus que ce n’est pas nécessaire[28]Ibid. ». En effet, les débuts des carrés féministes n’ont pas été évidents, car d’une part, la thématique des droits des femmes a été fortement instrumentalisée par le régime et les puissances occidentales, d’où une certaine méfiance des populations et d’autre part, le mouvement s’est voulu unitaire et les causes minoritaires, ou plus spécifiques, ont été critiquées[29]France 24, « Hirak » en Algérie : un an après, le peuple demande toujours la chute du régime, 21/02/2020 URL https://www.youtube.com/watch?v=77oFk47kBz0&ab_channel=FRANCE24 … Continue reading. L’égalité est un critère indissociable des revendications établies par les manifestant.e.s et plus encore pour ces dernières, qui veulent s’attaquer à l’aliénation que subissent les femmes, afin qu’elles puissent s’en extraire. D’après Feriel Lalami Fates, docteure en sociologie, la société fait face à un « double discours : tout ce qui concerne l’égalité en matière publique (droit du travail) est basé sur un principe d’égalité, mais dans le domaine de la famille, l’inégalité est ouvertement exprimée. Dans le domaine de la famille, il y avait ce souci de préserver ce conservatisme de la part du gouvernement algérien. Même si le discours célèbre les femmes, les mesures prises n’atteignent jamais ou très peu le principe d’un fonctionnement égalitaire dans la famille[30]Florian Delorme, Algérie : vers un nouveau départ, épisode 3 : Féminismes : anciens combats, nouveaux espoirs, France Culture, 19/02/2020, URL … Continue reading ». La problématique se situe précisément sur cette ambivalence entretenue par le gouvernement algérien qui veut afficher une image moderne, en mettant les femmes à l’honneur, mais qui, au fond, n’a pas l’intention de modifier profondément les codes sociaux et se satisfait très bien d’une société conservatrice où les femmes sont reléguées comme citoyennes de seconde zone. Selon Sophie Bessis, il ne faut pas attendre du pouvoir actuel des avancées pour les droits des femmes. Cependant, les Algériennes savent que le pouvoir n’est pas le seul vecteur des inégalités dont elles font les frais : la société dans laquelle elles évoluent est également génératrice de ces inégalités quotidiennes. Quand bien même le président Abdelaziz Bouteflika affirme l’importance de l’égalité dans la participation politique par des ajouts d’articles dans la constitution, les féministes restent très sceptiques. Pour elles, l’Assemblée n’est nullement représentative du peuple, malgré les députés femmes qui y siègent. De fait, les femmes algériennes sont victimes d’une double oppression : « celle du pouvoir et de ses lois et celle de la société et de ses convictions conservatrices. Elles se battent autant pour changer la société que pour changer le système[31]Karim Kebir, La femme, un acteur majeur du Hirak, Liberté Algérie, 08/03/2020, URL https://www.liberte-algerie.com/actualite/la-femme-un-acteur-majeur-du-hirak-335404 – consulté le 21/03/21 ».
Conclusion
Le Hirak transporte avec lui un changement en profondeur de la société algérienne. Pour autant, les femmes doivent faire face à de nombreuses violences injustifiées. Bien que certaines féministes veuillent un « démantèlement du patriarcat[32]Ibid., p 182 », il parait clair que le chemin est encore long, car même les mouvements de gauche, milieux politiques dits progressistes, ne sont pas dépourvus de réflexes patriarcaux encore très ancrés[33]Ibid., p 181. D’ailleurs, ces partis veulent à tout prix contrôler les groupes féministes qui émergent afin de s’assurer que les revendications portées soient orientées en leur faveur. En effet, ils ne souhaitent pas prendre le risque de transformer radicalement la société et effrayer des électeurs.trices qu’il faut à tout prix conserver. L’historienne Sophie Bessis le dit très justement : « le droit des femmes est une condition indispensable à la mise en place d’une véritable démocratie en Algérie ». Ainsi, la mise en place d’un nouveau système doit absolument prendre en compte les luttes féministes pour se targuer d’être démocratique. Or, beaucoup sont effrayés par ces revendications d’égalité qui transforment la société, quand bien même elles sont nécessaires à l’avènement d’une démocratie en Algérie. Finalement, la lutte des femmes algériennes dans le Hirak, « s’inscrit dans une longue trajectoire même si les modalités sont différentes, les sociétés sont confrontées à deux projets antinomiques : le projet de société conservateur porté par l’islam politique et un projet de société démocratique qui ne peut pas exister sans l’égalité entre les sexes[34]Florian Delorme, Algérie : vers un nouveau départ, épisode 3 : Féminismes : anciens combats, nouveaux espoirs, France Culture, 19/02/2020, URL … Continue reading ».
Bibliographie
- Ouvrages et revues
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KREFA Abir et LE RENARD Amélie, Genre & féminismes au Moyen-Orient & au Maghreb, Paris, Éditions Amsterdam, 179 p
- Articles de presse
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- Reportages
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DELORME Florian, Algérie : vers un nouveau départ, épisode 3 : Féminismes : anciens combats, nouveaux espoirs, France Culture, 19/02/2020, in https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/algerie-vers-un-nouveau-depart-34-feminisme-anciens-combats-nouveaux-espoirs
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- Chansons
ZEN Amel, حرّة : مسيرة نساء الجزائر Horra : Marche des femmes algériennes, 09/03/19 in https://www.youtube.com/watch?v=zD4VvDplNbU&ab_channel=AmelZen
ZEN Amel, يوم الشعب Libérez l’Algérie, 02/03/19 in https://www.youtube.com/watch?v=MX4b5WUehzY&ab_channel=AmelZen
MEZIANE Raja, Toxic [Prod by Dee Tox], 28/04/19 in https://www.youtube.com/watch?v=E1iEJwvT5lI&ab_channel=RajaMeziane
Pour citer cet article : Inès Daoudi, “Les femmes dans le Hirak (2/2)”, 17.10.2021, Institut du Genre en Géopolitique.
Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’auteur.ice.
References
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↑2 | NTIC : Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (smartphones, internet, réseaux sociaux, etc. |
↑3 | RFI, Le Hirak en Algérie, le rôle des femmes et des images, 17 mars 2020 URL https://www.facebook.com/RFI/videos/208744570473991 – consulté le 21/03/21 |
↑4 | Habiba Djahnine, « Une poétique féministe de l’Algérie en lutte », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 186, URL https://www.cairn.info/revue-mouvements-2020-2-page-177.htm – consulté le 21/03/21 |
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↑8 | Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 87-88 URL https://www.cairn.info/revue-mouvements-2020-2-page-82.htm – consulté le 21/03/21 |
↑9 | Ibid., p 88 |
↑10 | Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 88 URL https://www.cairn.info/revue-mouvements-2020-2-page-82.htm – consulté le 21/03/21 |
↑11 | Ibid., p 83 |
↑12 | Ibid., p 84-85 |
↑13 | Abir Kréfa et Amélie Le Renard, Genre & féminismes au Moyen-Orient & au Maghreb, Paris, Éditions Amsterdam, p 147 |
↑14 | Ghaliya Djelloul, « Femmes et Hirak : pratiques de « desserrement » collectif et d’occupation citoyenne de l’espace public », Mouvements, 2020/2 (n°102), p 89 URL https://www.cairn.info/revue-mouvements-2020-2-page-82.htm – consulté le 21/03/21 |
↑15 | Psychologue de formation, moudjahidine et militante féministe algérienne |
↑16 | Moudjahidine, figure importante de la lutte pour l’indépendance en Algérie |
↑17 | Étudiante, condamnée à 6 mois de prison pour avoir brandi le drapeau amazigh lors d’une manifestation |
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↑19, ↑24, ↑31 | Karim Kebir, La femme, un acteur majeur du Hirak, Liberté Algérie, 08/03/2020, URL https://www.liberte-algerie.com/actualite/la-femme-un-acteur-majeur-du-hirak-335404 – consulté le 21/03/21 |
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↑27, ↑30, ↑34 | Florian Delorme, Algérie : vers un nouveau départ, épisode 3 : Féminismes : anciens combats, nouveaux espoirs, France Culture, 19/02/2020, URL https://www.franceculture.fr/emissions/cultures-monde/algerie-vers-un-nouveau-depart-34-feminisme-anciens-combats-nouveaux-espoirs – consulté le 21/03/21 |
↑28 | Ibid. |
↑29 | France 24, « Hirak » en Algérie : un an après, le peuple demande toujours la chute du régime, 21/02/2020 URL https://www.youtube.com/watch?v=77oFk47kBz0&ab_channel=FRANCE24 – consulté le 21/03/21 |
↑32 | Ibid., p 182 |
↑33 | Ibid., p 181 |