Les femmes et le conflit armé guatémaltèque (1/3)

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26/03/2022

Écrit par : Clémence Lainé

Le conflit armé guatémaltèque (1960-1996) a entraîné des violences inouïes à l’égard de la population, principalement vers le peuple indigène maya, répondant à une stratégie anti insurrectionnelle raciste mise en place par le gouvernement. Dans ce contexte, les femmes furent victimes de violences sexuelles, une pratique commune et massive qui a été utilisée comme stratégie pour rompre les liens sociaux au sein des communautés et porter atteinte à l’honneur de l’ennemi, métaphoriquement soumis à travers le corps des femmes. Pendant ces temps de violence généralisée, la sexualité et la capacité reproductrice des femmes se convertissent en un lieu de guerre symbolique, produit d’une culture patriarcale, laissant des effets corporels et psychologiques profondément négatifs. Ces derniers entraînent le silence et l’isolement, causant des fractures dans les relations sociales au sein des communautés. Cette série d’articles est divisée en trois parties. Ce premier article expliquera en quoi le corps des femmes a été utilisé comme arme de guerre pendant un contexte bien particulier de conflit armé. Dans un second article, le silence général et destructeur autour des violations sexuelles sera analysé, ainsi que les conséquences sociales et personnelles qui en ont découlé. Le troisième et dernier article abordera les stratégies de reconstructions personnelles et collectives des femmes victimes de violences sexuelles pendant le conflit armé, ainsi que leurs luttes pour la liberté au sein d’une société violente, héritée du conflit mais combattue sans relâche.

Le corps des femmes, une arme de guerre pendant le conflit guatémaltèque

Le « siècle des génocides » n’a pas épargné le Guatemala, petit pays d’Amérique Centrale qui a connu un très violent conflit armé entre 1960 et 1996. Ce conflit s’est soldé par plus de 200 000 mort·e·s ou disparu·e·s, plus d’un million et demi de déplacé·e·s, et parmi les victimes, le peuple indigène maya en première ligne. En effet, la politique d’anti insurrection mise en place par l’armée inspirée de l’idéologie américaine anti communiste de « l’ennemi intérieur » à abattre, fut essentiellement dirigée vers ces peuples ruraux indigènes, impliqués ou non dans la guérilla : ceux·elles qui la soutenaient, ceux.elles qui faisaient de la résistance civile non armée, ou encore ceux.elles qui ne voulaient pas se mêler du conflit par peur des représailles ; tou·t·es ont alors connu l’enfer.

Les crimes commis pendant le conflit guatémaltèque contre la population civile et le peuple maya ont pris une signification particulière pour les femmes. La violence qui a été spécifiquement dirigée contre elles a laissé des blessures profondes sur leur corps et leur intimité. Les femmes ont été les cibles non seulement de multiples formes d’atteintes aux droits humains, mais aussi de formes spécifiques de violences de genre, qui ont pris une forme sexuelle. Les violences et les tortures réservées aux femmes pour le fait d’être femme, les ont transformées à l’état d’objet, au service sexuel des hommes. D’après le Comité International de la Croix Rouge, on peut considérer le viol comme une arme, une méthode, une stratégie de guerre « lorsque des forces ou groupes armés l’utilisent pour torturer, blesser, extraire des informations, dégrader, faire fuir, intimider, punir ou simplement pour détruire le tissu communautaire[1]Comité International de la Croix Rouge, Les femmes et la guerre, 2008. ». Le viol en tant qu’arme de guerre répond alors à des objectifs déterminés de domination et de puissance et non pas à de simples « pulsions sexuelles ». Il est donc nécessairement organisé, commandité, institutionnalisé et généralisé. 

À travers la destruction des corps des femmes mayas, c’est la filiation qui est atteinte, ce qui laisse supposer que l’objectif est d’anéantir la population indigène. Le corps des femmes constitue la source primaire de la vie ; en possédant les corps par le viol, le groupe est entièrement marqué par l’ennemi. La filiation est atteinte, car la femme victime de violences sexuelles sera mise à l’écart, les hommes de la communauté préférant une femme n’ayant pas été violée dans son intimité par l’ennemi. Ensuite, cette violence envers les femmes de l’ennemi est une forme de métaphore de l’occupation ; via la pénétration dans le corps de la femme, le combattant s’approprie le territoire de l’ennemi. De plus, on note que le pouvoir masculin s’exerçant sur le corps de la femme est une constante à travers l’Histoire. Le contrôle de la reproduction et de la sexualité des femmes est une thématique qui prête à débat, autant matérielle que symbolique, idéologique et culturelle, et ce, à travers différents types de pouvoirs : religieux, social, étatique, militaire, ethnique, collectif ou individuel. Chacun a son propre point de vue sur ce sujet, et le défend corps et âme. Le pouvoir de la masculinité dans l’exercice de la sexualité a été conçu comme une conquête et une domination sur un sujet féminin. Les femmes guatémaltèques ont donc été victimes de cette phallocratie et de cette volonté de conquête de l’ennemi, à travers des violences sexuelles pendant le conflit armé. C’est dans un contexte spécifique, favorisant les violences sexuelles et particulièrement à l’encontre des femmes mayas, que ces dernières évoluent.  

Un contexte propice aux violences sexuelles contre les femmes mayas

La mise en place de la violence sexuelle comme stratégie de contre-insurrection prend part dans un contexte particulier, dont quatre aspects principaux peuvent être dégagés. Les femmes mayas vivent dans un environnement qui favorise leur exclusion de la société guatémaltèque, dans laquelle la violence sexiste est structurellement ancrée et le silence sur la sexualité sont cultivés quotidiennement. Enfin, la stratégie militaire vient amplifier cette exclusion en encourageant l’humiliation et les violences à l’égard des femmes mayas. 

Premièrement, le peuple maya au Guatemala est un groupe exclu qui souffre d’une exploitation historique, d’un manque d’accès aux services de base et de discrimination ethnique. Les femmes, à leur tour, constituent un groupe paria à l’intérieur même du groupe lui-même stigmatisé ; ce qui explique pourquoi elles sont les plus oppressées, d’un point de vue ethnique, de sexe et de classe, au sein de la structure sociale. 

Deuxièmement, les violations sexuelles se produisent dans le cadre de la violence sexiste, qui est fondée sur des relations de pouvoir inégales entre les femmes et les hommes. Cette violence est basée sur des structures sociales dans lesquelles le pouvoir masculin prédomine et s’exerce contre les femmes afin de perpétuer ce schéma. Bien que cette violence soit structurelle, elle est aggravée par la situation de confrontation armée, qui rend les femmes plus vulnérables et davantage encore car les populations mayas deviennent les cibles. De plus, les hommes mayas étant forcés de rejoindre l’armée, enlevés ou partis rejoindre la guérilla, les femmes des communautés se retrouvent presque seules quand les soldats arrivent pour perpétrer les massacres. Pendant les massacres, les derniers hommes sont alors tués pour empêcher toute résistance, les femmes étant perçues comme inoffensives. Il ne reste alors plus que les soldats ayant massacrés les hommes, pris dans un sentiment de toute puissance, et des femmes vulnérables face à ces derniers, considérées comme des ennemies de surcroît. Ainsi le viol est largement favorisé par tous ces facteurs. En définitive, pour les femmes ayant subi des agressions sexuelles, l’exploitation, l’oppression, la discrimination et le manque d’opportunités deviennent les racines de leur vulnérabilité, et leur appartenance ethnique[2] Comisión para el Esclarecimiento Histórico (Guatemala), Guatemala, memoria del silencio: informe, 1999. constitue un facteur supplémentaire justifiant les violences pour leurs agresseurs.

Troisièmement, la sexualité a été un sujet réduit au silence dans les communautés d’où proviennent les femmes violentées. Emma Chirix, sociologue et activiste maya, explique qu’« à la sexualité s’ajoutent des valeurs morales et religieuses doubles, les bonnes et les mauvaises. Les femmes intériorisent et socialisent des sentiments de peur et de honte, de culpabilité et de péché »[3] Emma Chirix, Alas y raices: afectividad de las mujeres maya, 2003.. La société s’est attachée à codifier les modalités de contrôle de la sexualité et des corps par la naissance de coutumes ayant pour point commun la soumission des femmes à l’ordre masculin. Quant à la religion, elle a servi à sacraliser les injonctions à travers lesquelles s’exerçait la domination patriarcale. Ces idées s’ancrent ainsi dans la tête des femmes, au point qu’elles légitiment de telles valeurs et vont jusqu’à les défendre.

Quatrièmement, dans les plans de campagne militaires utilisés pendant le conflit armé, l’armée a reconnu le viol en le classant comme une erreur ; cependant, il est évident que les rituels d’extermination comprenaient des règles très claires et définies, et que cette position officielle ne reflète pas du tout la réalité des faits, pourtant suffisamment détaillés pour comprendre que les violences sexuelles sont encouragées par les hauts dignitaires de l’armée. Les plans de campagnes décrivent la stratégie qu’ont suivie les militaires pour faire cesser les insurrections civiles.  Les documents déclassifiés laissent apparaître diverses techniques employées dont le dénigrement des femmes dans les communautés par l’humiliation et le mépris public[4]Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. Tejidos que lleva el alma. F&G Editores, 2009. Ainsi, les femmes guatémaltèques ont été les victimes d’une violence constante favorisée par le sexisme historiquement ancré dans la société, le tabou lié à la sexualité, ce qui a mené à un déferlement agressif à leur encontre pendant le conflit armé. Ces agissements violents entraînent une politique de la peur qui contribue à l’isolement social des femmes.  

Terroriser pour mieux régner 

Le viol tel qu’il est planifié répand la terreur et isole socialement les femmes. Il  est  utilisé comme une « punition » dans des contextes de répression sélective, contre des femmes occupant des postes de direction dans des organisations sociales, politiques et de défense des droits humains, ou contre les femmes membres de l’une des factions de la guérilla. Sont également « sanctionnées » les femmes dont un membre de famille participe à une faction de guérilla ou est soupçonné d’y participer, dans le but de paralyser la population. La Commission d’Éclaircissement Historique (CEH) reconnaît que la violence sexuelle en est venue à constituer une véritable arme de terreur, en violation grave des droits humains fondamentaux et du droit international humanitaire[5]Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. Tejidos que lleva el alma. F&G Editores, 2009. En d’autres termes, le viol a été utilisé comme une stratégie avec différents objectifs (massif dans les campagnes et sélectif dans les villes) ; et a établi des objectifs qui ont déterminé la signification collective du crime et la cause de l’humiliation pour le peuple.

La volonté de destruction des différents groupes ethniques s’exprime particulièrement par la violence sexuelle infligée aux femmes. Ce qui caractérise la violence sexuelle commise contre les femmes pendant le conflit armé, c’est la cruauté extrême avec laquelle elles ont été assassinées ensuite. En plus d’être violées publiquement et collectivement, par un ou plusieurs soldats, face à leur communauté et famille, les corps des femmes ont été mutilés[6]Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. Tejidos que lleva el alma. F&G Editores, 2009.  Quand il s’agissait de mutiler les corps des femmes, l’horreur n’avait pas de limites. La mort n’était souvent pas la limite de l’agression, la violence continuait après. Les soldats exposaient les corps mutilés sur des lieux publics devant les yeux de toute la communauté pour semer la terreur et montrer l’exemple pour ceux.elles qui pouvaient se lier à la guérilla[7] Comisión para el Esclarecimiento Histórico (Guatemala), Guatemala, memoria del silencio: informe, 1999.. Le caractère public, aveugle et massif de la violence sexuelle, ainsi que la brutalité avec laquelle les corps des femmes ont été mutilés, marquent une spécificité de la guerre, qui n’est pas unique au Guatemala, et qu’il est possible de retrouver dans d’autres génocides. Les violer devant les membres de la communauté, laisser les corps mutilés en évidence, puis les empoigner avec une extrême cruauté révèlent la volonté de semer la terreur dans la population afin d’anéantir toute expression d’opposition, de rébellion et de résistance.

L’histoire des viols, de la torture et de l’exécution publique des jeunes femmes dans les communautés expriment bien cette intention de répandre la peur par des cas exemplaires. Parfois, les tueurs forçaient les hommes civils à creuser la tombe où ils jetaient la victime[8]Comision para el Esclarecimiento Historico (Guatemala). Guatemala, memoria del silencio: informe. Guatemala: CEH.TVI. 1999.. De cette façon, les réseaux sociaux de base des victimes sont brisés, en rompant les liens de solidarité et de confiance du groupe auquel elles appartiennent. On essaie d’introduire la peur au sein des populations et de maintenir cette situation au moyen de renforcements et de stimuli ultérieurs qu’est la violence sur les membres de sa propre communauté afin d’éviter une rébellion collective. La cruauté dont ont fait preuve les membres de l’armée envers les populations civiles et particulièrement envers les femmes témoigne de la volonté de les réduire à l’état de néant, dans une société qui était déjà violente envers elles. 

Un système violent envers les femmes, imbriqué dans le quotidien

La guerre n’a pas inventé les idéologies et les pratiques qui infériorisaient et déshumanisaient les femmes. Dans la société guatémaltèque, les femmes sont quotidiennement considérées comme inutiles, incapables et inférieures. Elles sont vues comme « utilisables, violables, jetables et non réutilisables[9]Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. 2009. Tejidos que lleva el alma.  ». Concernant le peuple maya, à l’idéologie misogyne s’ajoute le racisme et la discrimination de classe. Ce contexte idéologique transforme les femmes en servantes. À travers l’image de la servitude, les femmes mayas sont converties en corps-objet au service domestique et sexuel de n’importe quel homme, qui a, de par son genre, sa classe sociale, ou son ethnie, une position supérieure à la leur. L’usage du droit de cuissage[10]Appelé aussi droit de jambage et parfois droit de dépucelage, est une légende vivace selon laquelle un seigneur aurait eu le droit d’avoir des relations sexuelles avec la femme d’un … Continue reading dans les fincas[11]Se réfère ici à un terrain agricole, où se trouvent des plantations. , même s’il a considérablement diminué, existe toujours. Beaucoup de familles qui ont des domestiques préfèrent que leurs fils aient des relations sexuelles avec elles, pour qu’ils « s’entraînent, se défoulent et ne sortent pas dans les rues[12]Amanda Pop, Prensa libre, 1995. ». Un travail domestique sous contrat et payé se transforme pour les femmes mayas en une obligation de donner des services sexuels avec le « patron » ou les « fils du patron ».

Encore plus déshumanisant, les femmes mayas étaient dégradées par l’imaginaire collectif au rang d’animal, en opposition au monde humain et civilisé. « Voiture », « Vaches » sont des qualificatifs racistes qu’on peut entendre pour caractériser les femmes indigènes. Il n’est pas rare que les mêmes insultes aient été proférées par les soldats lors des viols et des humiliations infligés aux femmes. Ces conceptions n’ont pas été inventées par la guerre mais proviennent d’un contexte idéologique patriarcal et raciste antérieur, enraciné dans les sciences collectives guatémaltèques. Elles sont renforcées et utilisées dans le contexte de la guerre pour déshumaniser les femmes et créer les conditions propices aux mutilations, à la torture et aux massacres. Elles se reflètent dans les discours que l’armée ou les patrouilles utilisaient pour les humilier et les intimider lors des scènes de viol. Avant que les femmes ne soient tuées, beaucoup étaient obligées de leur préparer de la nourriture, de danser nues et de leur fournir des services sexuels. Ainsi, dans le massacre de Cuarto Pueblo à Ixcán, la CEH documente que des femmes ont été transformées en esclaves sexuelles pendant deux semaines avant d’être tuées[13]Comision para el Esclarecimiento Historico (Guatemala). Guatemala, memoria del silencio: informe. Guatemala: CEH.TVI. 1999, 107. . On retrouve toutes les haines et les violences que subissaient la population maya à travers le corps des femmes membres de la communauté. Ces actes cruels ont été commis à leur encontre parce qu’elles étaient la femme de l’ennemi; indigènes et considérées comme subversives. Les significations culturelles entourant le corps des femmes ont été transférées dans le contexte de la guerre où elles ont été exacerbées et utilisées pour détruire le groupe ennemi à travers le corps des femmes. 

Conclusion

Les femmes guatémaltèques ont subi de la part de l’armée et de l’État du Guatemala de multiples sortes d’exactions qui ont violé leurs droits humains, et qui ont eu de nombreuses conséquences sur leurs vies personnelles et communautaires. La violence et l’humiliation dont elles ont été victimes est l’expression même du mépris qu’a la société patriarcale guatémaltèque pour la population maya et pour les femmes. L’analyse de cette violence renvoie à des problématiques bien ancrées dans la société guatémaltèque, remontant par exemple à l’asservissement des peuples indigènes dans les processus de colonisation et d’esclavagisme. Quelles ont été les réactions des femmes guatémaltèques face à ces violences ? Quels outils leur ont permis de se reconstruire ? Les prochains articles de cette série répondront à ces questions, toujours sous la perspective des corps féminins comme outil de domination de la population maya guatémaltèque. 

Pour citer cette production : Clémence Lainé, « Les femmes et le conflit armé Guatémaltèque (1/3) », 26.03.2022, Institut du Genre en Géopolitique.

Les propos contenus dans cet écrit n’engagent que l’auteur·ice.

References

References
1 Comité International de la Croix Rouge, Les femmes et la guerre, 2008.
2 Comisión para el Esclarecimiento Histórico (Guatemala), Guatemala, memoria del silencio: informe, 1999.
3  Emma Chirix, Alas y raices: afectividad de las mujeres maya, 2003.
4, 5, 6 Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. Tejidos que lleva el alma. F&G Editores, 2009
7  Comisión para el Esclarecimiento Histórico (Guatemala), Guatemala, memoria del silencio: informe, 1999.
8 Comision para el Esclarecimiento Historico (Guatemala). Guatemala, memoria del silencio: informe. Guatemala: CEH.TVI. 1999.
9 Amandine Fulchiron, Angelica Lopez, et Olga Alicia Paz. 2009. Tejidos que lleva el alma.
10 Appelé aussi droit de jambage et parfois droit de dépucelage, est une légende vivace selon laquelle un seigneur aurait eu le droit d’avoir des relations sexuelles avec la femme d’un vassal ou d’un serf la première nuit de ses noces.
11 Se réfère ici à un terrain agricole, où se trouvent des plantations.
12 Amanda Pop, Prensa libre, 1995.
13 Comision para el Esclarecimiento Historico (Guatemala). Guatemala, memoria del silencio: informe. Guatemala: CEH.TVI. 1999, 107.