Crises et conflits au Moyen-Orient : synonymes de discriminations accrues envers les citoyen·ne·s LGBTQIA+

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22/03/2023

Mathilde Verrier

Les pays de la région du Moyen-Orient sont aujourd’hui, et ce depuis plus d’une dizaine d’années, particulièrement exposés aux risques sécuritaires et aux diverses crises principalement de nature politique, économique et sociale. Ces territoires sont une zone particulièrement meurtrie par l’insécurité. Si les civil·e·s sont les premières victimes de ces multiples crises, une part de la population est davantage en danger : il s’agit des membres de la communauté LGBTQIA+. Bien que le conflit en lui-même ne crée pas une situation de persécution à l’égard des citoyen·ne·s LGBTQIA+, la guerre est cependant un des facteurs de l’accentuation de la violence et des discriminations. Aussi, comment les conflits armés qui sévissent dans les pays du Moyen-Orient renforcent les discriminations envers les LGBTQIA+ et entachent encore davantage leurs droits ? 

La région du Moyen-Orient, une zone hostile aux membres de la communauté LGBTQIA+ et à la reconnaissance de leurs droits

Parmi les pays du Moyen-Orient, cinq d’entre eux condamnent l’homosexualité par la peine maximale. Il s’agit de l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis[1]Observatoire des Inégalités. (2022). Dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite. https://www.inegalites.fr/Dans-69-pays-sur-193-l-homosexualite-est-interdite.. La peine de mort est considérée légale pour punir un acte sexuel entre deux personnes du même sexe. Dans d’autres pays comme au Koweït, en Égypte, à Oman, au Liban et en Syrie, l’homosexualité est considérée comme illégale et est passible d’emprisonnement. L’article 534 du code pénal libanais dispose « punit d’un mois à un an d’emprisonnement et jusqu’à 650 dollars d’amende les relations “contre-nature”[2]Houé, Mélanie. (17 Mai 2019). La difficile dépénalisation de l’homosexualité au Liban. Middle East … Continue reading. ». L’homosexualité féminine est considérée comme légale sur le territoire palestinien et au Koweït, tandis ce que toutes les orientations sexuelles sont reconnues comme légales au Bahreïn, à Chypre, en Israël, en Jordanie et en Turquie. 

En Turquie, si l’homosexualité n’est pas illégale, les citoyen·ne·s LGBTQIA+ sont tout de même exposé·e·s à de nombreux risques. Le rapport de l’IGLA paru en 2020, rappelle que sur le territoire turc, « l’article 230 du code pénal (2010) interdit la « sodomie » et prévoit une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à 3 ans[3]ILGA World. (December 2020). State-Sponsored Homophobia 2020: Global Legislation Overview … Continue reading. ». De plus, les discours islamo-conservateurs et masculinistes répriment l’émergence d’un militantisme LGBTQIA+ au sein du pays[4]Durgun, D. (2013). Homosexualité et discours islamo-conservateur en Turquie. Tumultes, 41, 141-155. https://doi.org/10.3917/tumu.041.0141.. Au Yémen, l’homosexualité est punie par la loi et est passible de la peine de mort[5]Sexual Orientation Laws in The World, (Mai 2017).The Internationale Lesbian, Gay, Bisual, Trans and Intersex … Continue reading. Le témoignage de d’Ala’a Jarband[6]Bérubé, H. (17 Août 2014). Un gai du Yémen adopte Montréal, Le Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2014/08/17/un-gai-du-yemen-adopte-montreal., jeune yéménite de 24 ans désormais réfugié à Montréal, expose cette réalité. Après avoir annoncé son coming-out sur son blog en 2013, il a été contraint de fuir le Yémen. Cette migration forcée peut être amplifiée si le pays d’origine est en proie à une crise ou un conflit, quelle que soit sa nature.

La situation de danger dans laquelle un·e membre de la communauté LGBTQIA+ se retrouve lorsqu’iel fait son coming-out, ou tout simplement qu’iel est soupçonné·e, est la même dans d’autres pays de la zone, et principalement ceux pour lesquels la Charia fait partie intégrante des instances politiques et juridiques. En 2021, Abdelaziz ben Abdallah Al ach-Cheikh, l’actuel grand mufti de l’Arabie saoudite, a déclaré que « Le crime d’homosexualité est l’un des crimes les plus ignobles et odieux aux yeux de Dieu[7]Le grand mufti d’Arabie saoudite qualifie l’homosexualité de « crime ignoble”. (22 Décembre 2021). … Continue reading. ». Reconnu comme la plus importante personnalité religieuse, le mufti peut également émettre des verdicts juridiques. Aussi, dans un pays dans lequel le pouvoir politique est étroitement lié à la religion, les citoyen·ne·s LGBTQIA+ sont fortement en danger. Ces discours maintiennent la haine de la société envers les membres de cette communauté.

Par peur de rejet ou de violences à leur encontre, une grande partie de la communauté LGBTQIA+ vivant sur les territoires du Moyen-Orient se cache et ne revendique nullement son orientation sexuelle ou son identité de genre. Et si dans certains pays, la transidentité est reconnue, elle est apparenté à l’homosexualité. En Arabie saoudite, aucune loi n’interdit la transidentité, mais celle-ci est loin d’être acceptée. Wajih Layoun, membre de la communauté LGBTQIA+, actuellement réfugié aux États-Unis témoigne « la loi saoudienne ne reconnaît pas les trans. On les poursuit sur la base de leurs habits en faisant jouer l’accusation d’atteinte à la décence publique et de travestissement en homme ou en femme[8]Identité. Dans les pays arabes, être transgenre est une épreuve au quotidien. (03 Novembre 2021). Courrier … Continue reading ».  

Si la reconnaissance des citoyen·ne·s est particulièrement effacée dans de nombreux États, l’obtention de droits humains pour tou·te·s en est fortement impactée. Au regard des textes juridiques et du lien étroit qui existe entre la jurisprudence islamique et publique, les homosexuels hommes, considérés comme des sodomites sont les plus marginalisés et en danger. De plus, les discours politiques, basés sur des valeurs traditionnelles, patriarcales et religieuses, entachent fortement la visibilité des minorités sexuelles et de genre. Aussi, la représentation des LGBTQIA+ sur l’échiquier politique et au sein de la société civile est entravée, ce qui entretient fortement une haine et un rejet de ces personnes. 

Aggravation des violences contre les citoyen·ne·s LGBTQIA+ en période de conflit…

Si le Moyen-Orient est souvent décrit comme une zone globalement instable, seuls certains pays mettent en exergue l’accentuation des violences faites aux LGBTQIA+ en période de crises ou de conflits. Ces pays sont principalement le Liban et la Syrie. Toutefois, il existe un manque de données concernant les LGBTQIA+ qui souhaitent cacher leur orientation sexuelle et identité de genre. L’invisibilisation totale de cette partie de la population par les gouvernements, la société civile et les membres eux-mêmes de cette communauté constitue donc un frein à l’analyse même des conséquences dramatiques de toutes formes de crises sur la vie et les droits des LGBTQIA+. Comme évoqué dans le rapport de Victor Madrigal-Borloz, expert indépendant des Nations unies sur la protection contre la violence et la discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, « il existe très peu de données factuelles sur les besoins des communautés, populations, personnes LGBT et de genre variant dans les conflits, ce qui a une conséquence évidente sur la planification[9]Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. ». Le rapport d’Amnesty International, paru en 2022, au sujet des conséquences multipliées sur les communautés LGBTQIA+ dans le monde en période de conflits[10]Amnesty International. (20 Juin 2022). Pourquoi la guerre impacte-t’elle particulièrement les personnes … Continue reading, précise que les citoyen·ne·s de la communauté LGBTQIA+ sont les premières victimes des conflits.  

L’instabilité sécuritaire des pays en proie à une crise politique ou à un conflit armé, comme la Syrie ou l’Irak, touche en premier lieu les membres les moins protégé·e·s de la société civile, dont font partie les membres de la communauté LGBTQIA+. Ces discriminations en période de conflit ont pour origine différents facteurs et acteurs. Tout d’abord, la responsabilité gouvernementale est effective. L’absence de protection des droits des minorités est un premier point, notamment dans les zones de non-droit. Le rapport d’Amnesty international fait notamment un focus sur la Syrie, en proie à une guerre civile depuis plus de dix ans. Sur le territoire syrien, « des violences physiques, sexuelles et des humiliations publiques ont été pratiquées contre des homosexuels présumés par les forces progouvernementales depuis 2011[11]Amnesty International. (20 Juin 2022). Pourquoi la guerre impacte-t’elle particulièrement les personnes … Continue reading ». 

Cette construction de la violence par l’État et les groupes armés en Syrie est comparable à la situation en Irak, où gouverne l’État islamique depuis plus de dix ans. Pour Victor Madrigal-Borloz, « La violence liée à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre en situation de conflit peut être de nature structurelle et certains actes relèvent de schémas sociaux discriminatoires plus larges résultant de l’incrimination ou de normes sociales d’exclusion, tous étant exploités de manière stratégique et tactique par les acteurs des conflits[12]Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. ». Cela a notamment été le cas sur les territoires contrôlés par Daech. L’organisation terroriste a été l’autrice « [d’]exécutions ciblées dans le milieu des minorités sexuelles[13]Conseil de Sécurité des Nations Unies. (29 septembre 2016). Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la … Continue reading » pour sodomie. 

Les acteurs à l’origine de ces violences envers les citoyen·ne·s LGBTQIA+ dans les pays du Moyen-Orient sont les acteurs même du conflit, ils peuvent aussi être les membres des familles ou de la société civile. Graeme Reid, directeur au programme des droits des lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres de Human Rights Watch rapporte que les homosexuel·se·s sont persécuté·e·s par l’armée syrienne et par des groupes militants alors que leur famille les rejettent souvent, ou leur font subir humiliation et violence[14]Graeme, R. (25 Avril 2014).The Double Threat for Gay Men in Syria. The Washington … Continue reading. depuis le début de la guerre civile. Il précise que le conflit a intensifié la surveillance, le piégeage et l’exposition publique des personnes homosexuelles. Ces discriminations sont motivées par la haine systémique préexistante envers cette communauté, mais banalisées et justifiées par l’instabilité des pays en situation d’insécurité nationale.

…ainsi qu’en période de crises diverses

Les crises sont des facteurs qui impactent également les conditions de vie des citoyen·ne·s LGBTQIA+. La pandémie du Covid-19 a notamment provoqué un accès réduit au services essentiels de santé mentale et sexuelle aux personnes LGBTQIA+[15]Amnesty International. (2021). Rapport 2020/21. La situation des droits humains dans le monde. https://www.amnesty.org/fr/documents/pol10/3202/2021/fr/. , forcées de plus à vivre avec leurs agresseurs en période de confinement[16]Amnesty International. (2021). Rapport 2020/21. La situation des droits humains dans le monde. https://www.amnesty.org/fr/documents/pol10/3202/2021/fr/.. Cet isolement est propice à la violence, notamment intra-familiale, mais aussi au renforcement des discours de haine relayés pendant la période de pandémie du Covid-19 contre les citoyen·ne·s LGBTQIA+. En Irak, Muqtada al-Sadr, un homme politique chiite irakien instrumentalise la pandémie pour alimenter l’ostracisme et la stigmatisation qui touchent la communauté LGBTQIA+. En mars 2020, il a tenu ces propos sur son Twitter : « L’une des choses les plus épouvantables qui ont causé cette épidémie est la légalisation du mariage homosexuel[17]Yaghoub Fazeli. (28 March 2020). Iraqi Shia cleric Muqtada al-Sadr says gay marriage caused coronavirus. [Le religieux chiite irakien Muqtada al-Sadr affirme que le mariage gay a causé le … Continue reading ». 

Un autre facteur d’aggravation de ces violences et d’exposition aux discriminations contre les LGBTQIA+ est la migration, phénomène particulièrement répandu dans les pays du Moyen-Orient depuis le début des hostilités dans plusieurs pays. Le Liban est particulièrement exposé à l’arrivée de migrant·e·s. L’ONU estime que 1,2 million de réfugié·e·s syrien·ne·s et 208 000 de réfugié·e·s palestinien·ne·s sont présents sur le sol libanais en 2020. Toutefois, « de nombreux hommes gays ne révèlent pas leur identité sexuelle lorsqu’ils s’enregistrent auprès du HCR en tant que réfugiés, par peur d’être rejetés[18]Amnesty International. (7 Février 2014). Les réfugiés syriens homosexuels luttent pour survivre au … Continue reading » et « ceux qui sont enregistrés affirment que les agents du HCR émettent fréquemment des doutes concernant le fait qu’ils sont homosexuels avant de leur fournir une assistance, et ne se montrent pas sensibles à leurs besoins[19]Amnesty International. (7 Février 2014). Les réfugiés syriens homosexuels luttent pour survivre au … Continue reading ». En outre, l’augmentation sans précédent du nombre de réfugié·e·s sur le territoire a contraint l’État à prendre des mesures drastiques de contrôle, comme des couvre-feux discriminatoires, des expulsions, des arrestations et autres restrictions[20]Human Rights Watch. (20 Octobre 2021). Our lives are like death. Syrian Refugee Returns from Lebanon and Jordan. [Nos vies sont comme la mort. Retours de réfugiés syriens depuis le Liban et la … Continue reading.

Les conflits nationaux et les crises diverses créent des divisions au sein même de la société ; cette division est propice à l’aggravation des violences envers les minorités. 

Des solutions possibles à plusieurs échelles pour garantir la paix et la protection des droits des LGBTQIA+ en période de crises et de conflits

De multiples mesures peuvent être prises pour accompagner et protéger les minorités de genre et sexuelles dans les pays du Moyen-Orient en période de crises et de conflits. L’inégalité préexistante entre tout·te·s les citoyen·ne·s de la région est un facteur de frein au développement de la reconnaissance et l’acquisition des droits aux LGBTQIA+. Construire une société équitable pour tous·tes signifie agir en faveur de l’inclusion de chacun·e dans tous les domaines qui régissent une société. Ces mesures de protection et d’inclusion doivent être prises à différentes échelles et prendre différentes formes.

Au sein de la société civile, la représentativité des personnes LGBTQIA+ joue un rôle crucial. L’organisation d’évènements par des associations en faveur de cette reconnaissance, comme la marche des fiertés ou autres manifestations pourraient permettre d’une part, l’appartenance à un groupe pour les personnes concernées et l’implication protégée au sein de ces événements, d’autre part la reconnaissance puis l’acceptation par les membres de la société civile de l’existence de cette communauté. La reconnaissance et la visibilisation des citoyen·ne·s LGBTQIA+ s’inscrit dans une évolution de pensée. Le secteur associatif peut apporter une réelle aide aux LGBTQIA+. Hind Al-Eryani, une femme trans yéménite a lancé plusieurs campagnes de sensibilisation pour la reconnaissance des droits des LGBTQIA+ au Liban. Elle a par ailleurs tenu ces propos au journal Le Monde, « demander le changement des lois ne sert à rien. Tout ce que nous pouvons faire c’est aider les gens à l’intérieur à survivre et à quitter le pays à terme[21]Golshiri, G. (14 juin 2021). Hind Al-Eryani, porte-voix de la communauté LGBTQ+ au Yémen. Le … Continue reading ». Son témoignage rend compte de l’urgence d’une aide humanitaire civile pour les LGBTQIA+ par les membres de la société civile tant que les instances politiques et gouvernementales ne protègent pas leurs droits. 

Cette représentativité de la communauté LGBTQIA+ peut aussi se construire au sein de deux institutions. La première, très présente dans les sociétés du Moyen-Orient, est l’institution religieuse. L’explication rationnelle des textes saints contribuerait à une cessation de la diabolisation des citoyen·ne·s LGBTQIA+. Le Coran et les textes complémentaires de l’Islam ne condamnent pas l’appartenance à une orientation sexuelle autre qu’hétérosexuelle. En évitant les interprétations erronées de ces textes, les citoyen·ne·s LGBTQIA+ ne seraient plus stigmatisé·e·s. La seconde institution est celle de l’école. L’étude de ces thématiques par les professeur·e·s, ou par le biais d’interventions associatives dans les établissements scolaires participeraient à l’acceptation plus large de toutes les orientations sexuelles et de genre. Les personnes chargé·e·s de l’éducation des plus jeunes pourraient être acteur·rice·s de l’essor de cette sensibilisation. L’objectif serait l’établissement d’un changement de mentalité plus durable, basé sur les connaissances et l’acceptation de chacun·e pour mettre fin à la haine et au rejet de l’autre. 

La résolution des conflits est une condition nécessaire pour l’assurance de la reconnaissance et de l’acquisition des droits des citoyen·ne·s LGBTQIA+ dans la région. D’après Victor Madrigal-Borloz,  « la violence sexuelle et fondée sur le genre est l’un des principaux obstacles à une paix et une stabilité durable[22]Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. ». L’inclusion des personnes LGBTQIA+ dans les programmes de résolution de paix serait contributive à la prise en compte plus précise des besoins nécessaires. Cela donnerait lieu à une gestion plus efficace et durable du combat pour leur reconnaissance et de l’acquisition de leurs droits. Cela peut être assuré à l’échelle internationale. Les grandes instances politiques et juridiques comme l’Organisation des Nations unies ou la Cour pénale internationale ont déjà permis la résolution de plusieurs conflits dans le monde. Mais pour garantir une protection pérenne des droits aux LGTQIA+ lors des crises et conflits, il faut qu’iels soient des acteurs de ces programmes de résolution. 

Les États du Moyen-Orient peuvent également agir dans la régulation de l’instabilité régionale. Limiter la participation d’acteurs extérieurs qui permettent la pérennité des conflits peut être un premier moyen d’action. Certains États membres de la coalition menée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis participent à la vente d’armes à destination des différentes parties du conflit yéménite[23]Amnesty Internationale. (2020). Guerre au Yémen, pas d’issue en vue. https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/yemen-the-forgotten-war/.. Dans le contexte de la guerre civile, l’industrie de l’armement est un facteur de persistance des combats. Aussi, une concertation commune d’arrêt de livraison aux groupes armés doit être menée pour éviter la prolifération d’armes dans la zone. Une telle concertation pourrait jouer un rôle dans le processus de paix en Israël. La réconciliation entre l’État d’Israël et la Palestine s’inscrirait en faveur d’une avancée pour les LGBTQIA+ dans la région, notamment dans le secteur de l’immigration. Cela amoindrirait probablement les discriminations orchestrées contre les LGBTQIA+ dans les camps de réfugié·e·s ou sur les routes migratoires.

Mais la participation des États concernés est elle aussi indispensable. Ils doivent inclure au sein de leur gouvernement et aux hauts postes de fonctionnaires des membres de chaque minorité, notamment les LGBTQIA+ pour permettre un réel dénouement de ces situations d’insécurité permanente. Conférer des droits aux LGBTQIA+ constitue une première protection, puisqu’elle rétablit l’égalité entre tou·te·s les membres de la société. Cela doit donc être inscrit dans les textes de loi. Le soutien étatique aux écoles et aux instances religieuses pour des campagnes de sensibilisation peut aussi être mis en place. Enfin, le financement et l’aide à des centres d’accueil pour les citoyen·ne·s LGBTQIA+ peuvent également être insérés dans les textes juridiques. 

Vers une ouverture aux droits des LGBTQIA+ dans le monde ? 

L’exemple des récents accords de paix colombiens[24]L’accord de paix historique entre la Colombie et les FARC a été signé. (27 Septembre 2016). Le … Continue reading, au sein desquels la prise en compte du genre et des droits des personnes LGBTQIA+[25]Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre., a illustré la nécessité d’une inclusion globale des acteur·rice·s de la société. Cette avancée historique en matière de droits des LGBTQIA+ pourrait s’expatrier à d’autres pays. Et si les crises sécuritaires, économiques, politiques, sociales et les conflits armés ne font qu’exacerber les violences déjà systémiques envers les citoyen·ne·s LGBTQIA+ dans ces pays du Moyen-Orient, la représentation et la prise en compte de leurs besoins dans les processus de paix pourraient s’avérer particulièrement efficace pour un rétablissement globale de la situation. 

Pour citer cet article : Mathilde VERRIER, « Crises et conflits au Moyen-Orient : synonymes de discriminations accrues envers les citoyen·ne·s LGBTQIA+ », 22/03/2023, Institut du Genre en Géopolitique. igg-geo.org/?p=11967

Les propos contenus dans cet écrit n’engagent que l’autrice.

References

References
1 Observatoire des Inégalités. (2022). Dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite. https://www.inegalites.fr/Dans-69-pays-sur-193-l-homosexualite-est-interdite.
2 Houé, Mélanie. (17 Mai 2019). La difficile dépénalisation de l’homosexualité au Liban. Middle East Eye. https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/la-difficile-depenalisation-de-lhomosexualite-au-liban.
3 ILGA World. (December 2020). State-Sponsored Homophobia 2020: Global Legislation Overview Update.  https://ilga.org/downloads/ILGA_World_State_Sponsored_Homophobia_report_global_legislation_overview_update_December_2020.pdf.
4 Durgun, D. (2013). Homosexualité et discours islamo-conservateur en Turquie. Tumultes, 41, 141-155. https://doi.org/10.3917/tumu.041.0141.
5 Sexual Orientation Laws in The World, (Mai 2017).The Internationale Lesbian, Gay, Bisual, Trans and Intersex association. https://www.refworld.org/cgi-bin/texis/vtx/rwmain/opendocpdf.pdf?reldoc=y&docid=59e616184.
6 Bérubé, H. (17 Août 2014). Un gai du Yémen adopte Montréal, Le Journal de Montréal. https://www.journaldemontreal.com/2014/08/17/un-gai-du-yemen-adopte-montreal.
7 Le grand mufti d’Arabie saoudite qualifie l’homosexualité de « crime ignoble”. (22 Décembre 2021). RTBF. https://www.rtbf.be/article/le-grand-mufti-darabie-saoudite-qualifie-lhomosexualite-de-crime-ignoble-10903119.
8 Identité. Dans les pays arabes, être transgenre est une épreuve au quotidien. (03 Novembre 2021). Courrier International  https://www.courrierinternational.com/article/identite-dans-les-pays-arabes-etre-transgenre-est-une-epreuve-au-quotidien.
9 Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.
10 Amnesty International. (20 Juin 2022). Pourquoi la guerre impacte-t’elle particulièrement les personnes LGBTI+. https://www.amnesty.fr/actualites/pourquoi-la-guerre-impacte-t-elle-particulierement-les-personnes-lgbti.
11 Amnesty International. (20 Juin 2022). Pourquoi la guerre impacte-t’elle particulièrement les personnes LGBTI+.  https://www.amnesty.fr/actualites/pourquoi-la-guerre-impacte-t-elle-particulierement-les-personnes-lgbti.
12, 25 Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.
13 Conseil de Sécurité des Nations Unies. (29 septembre 2016). Rapport du Secrétaire général sur les femmes et la paix et la sécurité.  https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/N16/302/44/PDF/N1630244.pdf?OpenElement.
14 Graeme, R. (25 Avril 2014).The Double Threat for Gay Men in Syria. The Washington Post. https://www.washingtonpost.com/opinions/the-double-threat-for-gay-men-in-syria/2014/04/25/30117ee2-ca3a-11e3-a75e-463587891b57_story.html.
15, 16 Amnesty International. (2021). Rapport 2020/21. La situation des droits humains dans le monde. https://www.amnesty.org/fr/documents/pol10/3202/2021/fr/.
17 Yaghoub Fazeli. (28 March 2020). Iraqi Shia cleric Muqtada al-Sadr says gay marriage caused coronavirus. [Le religieux chiite irakien Muqtada al-Sadr affirme que le mariage gay a causé le coronavirus]. Al Arabiya. https://english.alarabiya.net/News/middle-east/2020/03/28/Coronavirus-Iraqi-Shia-cleric-blames-gay-marriage-for-coronavirus.
18, 19 Amnesty International. (7 Février 2014). Les réfugiés syriens homosexuels luttent pour survivre au Liban. https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2014/02/gay-syrian-refugees-struggle-to-survive-in-lebanon/.
20 Human Rights Watch. (20 Octobre 2021). Our lives are like death. Syrian Refugee Returns from Lebanon and Jordan[Nos vies sont comme la mort. Retours de réfugiés syriens depuis le Liban et la Jordanie]. https://www.hrw.org/report/2021/10/20/our-lives-are-death/syrian-refugee-returns-lebanon-and-jordan.
21 Golshiri, G. (14 juin 2021). Hind Al-Eryani, porte-voix de la communauté LGBTQ+ au Yémen. Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2021/06/14/hind-al-eryani-porte-voix-de-la-communaute-lgbtq-au-yemen_6084116_3210.html.
22 Madrigal-Borloz, V. (27 Juillet 2022). Protection contre la violence et la discrimination liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre.
23 Amnesty Internationale. (2020). Guerre au Yémen, pas d’issue en vue. https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/yemen-the-forgotten-war/.
24 L’accord de paix historique entre la Colombie et les FARC a été signé. (27 Septembre 2016). Le Monde. https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2016/09/27/l-accord-de-pays-historique-entre-la-colombie-et-les-farc-a-ete-signe_5003788_3222.html.