17/03/2025
Bousso Seck
Le rôle et la place des femmes dans les aspirations panafricaines font l’objet de littératures antinomiques et conflictuelles. Comment repenser le genre dans une perspective de construction d’un nouvel ordre continental, et de quelle manière cela se traduit-il ? Entre émancipation des normes occidentales et retour à une identité africaine « authentique »[1]Auque-Pallez, Y., 2022. L’anti-genre au service d’une identité africaine « authentique » : Genre, sexualité et engagement panafricaniste en France. Politique africaine., le concept de genre est aujourd’hui envisagé par certain·es comme une nouvelle tentative de l’Occident de nuire aux sociétés africaines, en diffusant une idéologie qui pourrait être l’origine de leur déclin. La femme et l’homme africain·es en tant qu’entités immuables, dont les caractéristiques propres seraient dictées par une nature divine, sont placés au cœur d’un modèle idéologique largement diffusé en Afrique. Cet article invite à repenser les normes de genre sur le continent africain, en tentant d’apporter une approche historico-culturelle sur la manière de repenser les femmes africaines et leur rôle au sein du mouvement panafricain afrocentriste.
Panafricanisme afrocentriste : l’instrumentalisation du « genre » par des discours de rupture historico-culturelle avec le système néocolonial
Le panafricanisme, en tant qu’idée et mouvement historique, œuvre à l’émancipation et la réconciliation de l’Afrique. Ce mouvement postcolonial s’organise autour de trois axes principaux de lutte : la remise en cause de marquages frontaliers européens arbitraires, la racialisation primitive des africain·es faisant l’objet d’une classification des races, et finalement la volonté d’unification des africain·es du continent et de la diaspora autour d’un projet de construction d’une communauté africaine mondiale politique, économique, sociale et culturelle[2]Boukari-Yabara, A., 2017. Africa Unite ! Une histoire du panafricanisme.. Une approche historico-culturelle est incontournable pour saisir les origines et évolutions de ce mouvement, qui s’ancre dans une histoire de résistance à la domination coloniale et dans une perspective d’autodétermination politique et culturelle. En explorant les centres névralgiques de ce projet, il est nécessaire de considérer non seulement les pays historiquement symboliques, comme le Ghana ou le Sénégal, mais également les puissances africaines émergentes, comme l’Afrique du Sud, le Niger ou le Nigeria, qui jouent un rôle majeur dans la redéfinition des jeux de pouvoir du continent et œuvrent pour une unité continentale. Ces pays, en tant que leaders économiques, culturels et géopolitiques, influencent la trajectoire du panafricanisme.
Le panafricanisme marque aussi un retour des africain·es au cœur de leur Histoire intellectuelle et politique. Cela se traduit par une volonté de reprendre et de réécrire l’Histoire du continent en s’appuyant sur une perspective historique africano-centrée, inspirée notamment des travaux de Cheikh Anta Diop, historien et anthropologue, qui remet en question la vision eurocentrée de l’Afrique “noire”[3]Diop, C. A., 1979. Nations nègres et culture.. L’afrocentricité se définit avant tout comme une perspective intellectuelle qui pose les africain·es comme sujets plutôt qu’objets de l’Histoire humaine, établie sur des fondements scientifiques, pour expliquer les expériences historiques africaines[4]Asante, M. K., 1998. The Afrocentric Idea. Temple University Press.. Ce mouvement nourrit la conception identitaire du mouvement panafricain, mais l’afrocentrisme se distingue par sa radicalité idéologique suprémaciste. Au cœur des revendications panafricaines afrocentristes, les leaders tels que Kémi Seba cherchent à préserver une identité africaine authentique. Les discours anti-genre jouent un rôle central dans ce projet politique et culturel. L’influence économique, diplomatique et culturelle des anciennes puissances coloniales, comme la France ou le Royaume-Uni, sur les dynamiques africaines, complexifie les discours panafricains. Judith Butler introduit l’idée de « la force phantasmatique[5]Phantasmatique : représentation illusoire ou un imaginaire collectif qui façonne une perception subjective du monde croissante du ‘genre’ »[6]Butler, J., 2024. Who’s Afraid of Gender? Hardcover. Comment ce phantasme qui génère peurs et angoisses est-il mobilisé par les discours panafricains afrocentristes ?
Les discours différentialistes et essentialistes, quasi prophétiques, dénoncent le concept de genre comme étant artificiel, « émasculinisant » et incompatible avec un objectif afro-identitaire. Léonora Miano met en évidence comment la perception du genre est instrumentalisée dans ces discours[7]Léonora Miano, notamment dans L’Autre Langue des femmes. Elle démontre que ces visions excluent toute remise en question des structures patriarcales traditionnelles et assignent les femmes à un rôle prédéfini. On peut notamment citer la résurgence des théories du « maternisme »,[8]Sakombi, N. P., 2024. La nécessité materniste défendues par des autrices comme Natou Pedro Sakombi, qui conçoit la féminité comme un pilier fondamental et inaliénable de l’identité africaine. Le genre est perçu comme un outil d’ingérence culturelle, bien qu’il puisse aussi être mobilisé pour renforcer les luttes locales défendant les droits des femmes et des minorités sexuelles contre les oppressions systémiques et patriarcales présentes sur le continent. Ces oppressions se manifestent par des violences basées sur le genre, le maintien de normes sexistes strictes et la criminalisation des identités queer. Ces idées résonnent fortement en Afrique et dans la diaspora, où elles sont mobilisées dans l’objectif d’une valorisation des rôles de genre traditionnels, en renforçant une division sexuée du travail et une hiérarchie stricte des responsabilités domestiques et sociales.
Ce combat culturel passe aussi par une remise en cause des religions du Livre, le christianisme et l’islam, importées et imposées par les colons et les esclavagistes. Il semble important ici d’inclure la revalorisation des religions qualifiées d’ « africaines », qui s’inscrit dans cette logique identitaire et contribue à la création et la diffusion de discours anti-genre. La religion khémite, particulièrement influente et nourrie à partir des travaux de Cheikh Anta Diop, remet au goût du jour le polythéisme de l’Égypte antique. Le khémitisme, de la racine « kemet » qui peut se traduire par « terre noire » ou « pays des Noirs », est central dans l’approche de certains groupes afrocentristes et suprémacistes noirs. La Tribu Ka, mouvement créé par Kémi Seba et dissout en 2004, s’en revendique. Kémi Seba, leader très controversé, aujourd’hui président de l’Organisation Non Gouvernementale Urgences Panafricanistes, demeure influent au sein du mouvement panafricain en Afrique francophone. Conseiller spécial d’Abdourahamane Tiani, chef d’État du Niger, il est suivi et écouté par de nombreuses personnes afrodescendantes en France et en Belgique. Malgré ses condamnations pour appel à la haine raciale et négationnisme sur le sujet de la Shoah, ce militant politique influenceur compte plus de 300 000 followers sur Instagram et est soutenu par de nombreuses personnalités francophones. Défenseur de l’identité noire il promeut une approche essentialiste de genre[9]Interview youtube Thinkerview, Francophobie en Afrique et dans les DOM-TOM ? Kemi Seba, 24 novembre 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=Hjgm_mJ5nrs&t=1129s.
Approche hiérarchique et différentialiste des sexes : mise en avant des rôles « naturels » des sexes
L’identité afrocentriste se caractérise par une approche différentialiste et essentialiste des sexes. Fondée sur des principes transcendants, souvent liés aux traditions et aux valeurs culturelles africaines, elle est difficile à remettre en question. Le genre, en tant que construction sociale de l’identité sexuelle, n’est ici pas pris en compte. Seule la volonté naturelle qui ferait correspondre le sexe à des attributions genrées définies par une entité immuable explique la différence des sexes. Cette conception du genre ne s’inscrit pas dans un mouvement critique des rôles genrés, mais au contraire dans la promesse d’un équilibre social à défendre.
Les militant·es du panafricanisme afrocentriste s’opposent fermement aux théories féministes post-constructivistes qui viennent déconstruire la binarité des sexes et l’hétéronormativité[10]Auque-Pallez, Y., 2022. L’anti-genre au service d’une identité africaine « authentique » : Genre, sexualité et engagement panafricaniste en France. Politique africaine.. En réaction à un féminisme blanc, critiqué pour sa non-prise en considération des spécificités de la race sociale, se construisent des mouvements portés par des femmes se réclamant de l’afrocentrisme. Ces mouvements et concepts permettent à ces femmes afro-descendantes d’affirmer leur rôle au sein des groupes afrocentristes, une idéologie en grande partie dominée par des perspectives masculines, où elles restent souvent en position minoritaire. C’est le cas entre autres de Clenora Hudson-Weems, universitaire et théoricienne du féminisme noir, à l’origine de l’Africana womanism[11]Hudson-Weems, C., 2010 . Africana Womanism: An authentic agenda for women of Africana descent. Tri-state Defender.. Cette idéologie spécifique aux afro-descendantes se concentre sur les luttes, les besoins et désirs des femmes en intégrant une attention particulière aux injustices raciales. L’Africana womanism s’inscrit dans une logique différentialiste et essentialiste, avec des rôles sexués strictement délimités et valorisés. Cette idée fait écho au concept de « maternisme »[12]Acholonu, C., 1995. Motherism: The Afrocentric Alternative to Feminism. Owerri, Afa Publications. développé par Catherine Acholonu, qui a influencé et été repris dans le combat des femmes afrocentristes. Le maternisme s’oppose au concept d’égalité « naturelle » des sexes défendu par le féminisme et insiste sur l’importance des rôles « naturels » de l’homme et de la femme. L’inégalité des sexes ne se traduit pas ici comme une minimisation du rôle de la femme dans la structure sociale africaine, mais au contraire par une valorisation de son rôle de mère et de gardienne des traditions. La femme africaine est représentée comme la figure maternelle de l’Afrique et de l’humanité dans son ensemble, et par sa force et son caractère « sacré », elle serait la plus à même d’abolir la suprématie occidentale.
À partir de ces concepts, il est essentiel de questionner les dynamiques de circulation et de récupération de ces discours. Que change-t-il lorsque ce sont les femmes qui défendent ces idéologies en se plaçant comme actrices principales, par opposition aux hommes qui les intègrent dans une stratégie globale du projet panafricain afrocentriste ? En réalité, bien que ces autrices contribuent à légitimer ces idées, leur rôle reste souvent circonscrit à la sphère domestique et culturelle, tandis que les hommes demeurent en première ligne du combat politique. Ainsi, même si les discours féminins viennent parfois nuancer l’idéologie masculine dominante, les rôles sexués restent fortement hiérarchisés et déterminés par une vision essentialiste commune aux deux groupes. Le mouvement panafricain afrocentriste, dans la défense d’un ordre « naturel », met en avant la place de la femme comme pilier de la société et de la structure familiale africaine. Cette valorisation du rôle de la « mère déesse » se construit en parallèle d’une revirilisation des hommes. Dans le cadre de ce combat, les militant·es afrocentristes choisissent parfois de ne pas tenir compte des oppressions de genre et des minorités sexuelles, au nom d’une unité de la « race » face à l’ennemi que représente l’impérialisme occidental. Toutefois, cette dimension anti-genre de la mouvance afrocentriste n’est pas directement rattachée au panafricanisme, mais constitue une réinterprétation du panafricanisme culturel, dans un objectif de revalorisation de l’homme noir, et plus largement de l’homme racisé, « émasculé » par un « regard blanc » qui dénie leur virilité[13]Amaouche, M., Kateb, Y., & Nicolas-Teboul, L., 2015. Pour une approche matérialiste de la question raciale : Une réponse aux Indigènes de la République.. S’oppose alors le caractère viril des colonisateurs, incarné par des figures dominatrices d’hommes blancs, et une dévirilisation des peuples colonisés et esclavagisés, réduits à une condition subalterne[14]Sinha, M., 1995. Colonial Masculinity. The “Manly Englishman” and the “Effeminate Bengali” in the late Nineteenth Century. Manchester University Press.. L’homme noir possède à la fois une identité extérieure prédéfinie, façonnée par le regard des autres qui le perçoivent à travers des stéréotypes raciaux, et un « être intérieur » qui prend conscience qu’il est perçu comme dépourvu de point de vue et déshumanisé[15]Viveros Vigoya, M., 2018. Les couleurs de la masculinité : Expériences intersectionnelles et pratiques de pouvoir en Amérique latine. Ce ressenti est fortement mobilisé par les militant·es afrocentristes, et il est difficile pour les femmes noires de dénoncer frontalement le sexisme et le patriarcat sans avoir le sentiment de trahir les hommes de leur communauté[16]Amaouche, M., Kateb, Y., & Nicolas-Teboul, L., 2015. Pour une approche matérialiste de la question raciale : Une réponse aux Indigènes de la République..
Approche essentialiste des rôles genrés : retour identitaire ou legs colonial ?
L’affirmation des masculinités noires est un enjeu culturel majeur, particulièrement mis en avant par les militants.es panafricanistes afrocentristes. Ce discours revendique la défense de l’authenticité africaine contre ce qui est perçu comme une « idéologie du genre occidentale ». Aujourd’hui, l’homme noir est souvent représenté comme « castré », ayant perdu son rôle central dans la structure familiale[17]White, D. G., 1985. Ar’n’t I a Woman: Female Slaves in the Plantation South. W. W. Norton.. L’afrocentrisme, imprégné d’une forte tradition masculiniste, soutient que les femmes dominent désormais la société et qu’il existerait une féminisation des hommes, un discours qui s’inscrit dans la lignée des théories essentialistes développées par Cheikh Anta Diop. Si ce dernier reconnaît l’existence de figures féminines influentes dans l’Afrique précoloniale[18]UNESCO Femmes africaines, Panafricanisme et Renaissance africain, Portail : la science et la culture, 2015., il considère néanmoins que le régime politique idéal est dirigé par les hommes, s’inscrivant ainsi dans une longue tradition occidentale remontant jusqu’à Aristote[19]Awondo, P., Bouilly, E., & N’Diaye, M., 2022. L’anti-genre en Afrique. Une catégorie globale en pratiques. Revue Politique africaine. Cette vision appelle à un « retour à l’ordre naturel » dans lequel les hommes retrouveraient leur rôle au sein du foyer, réaffirmant le modèle du pater familias. Selon cette perspective, cet ordre serait menacé par les luttes féministes et les débats sur le genre, perçus comme des importations étrangères.
Les tensions autour du genre et de la sexualité en Afrique se cristallisent dans un affrontement entre des mouvements sociaux occidentaux et une tradition africaine présentée comme immuable. L’universalisme occidental peine à être perçu comme légitime par de nombreux·ses africain·es, notamment sur la question de l’homosexualité, qui est envisagée comme une importation étrangère menaçant l’identité culturelle et la structure sociale. Elle est souvent assimilée à une pathologie ou une déviance, et certain·es n’hésitent pas à la rapprocher de la pédophilie ou de la zoophilie. L’afrocentriste Frances Cress Welsing qualifie même les personnes homosexuelles noires de « traîtres »[20]Welsing, F. C., 1991. The Isis Papers : The Keys to the Colors. Chicago, Third World Press., les accusant de participer à la destruction de l’identité africaine authentique et d’être complices d’un projet occidental visant à dissoudre les familles noires. En janvier 2024, Amnesty International alertait sur la multiplication des lois discriminatoires visant la communauté LGBTQIA+ sur le continent africain[21]Amnesty International, Afrique, Un barrage de lois discriminatoires attise la haine à l’égard des personnes LGBTI, du 9 janvier 2024 : … Continue reading. Cette remise en cause croissante de leur identité entraîne des restrictions légales et sociales renforçant leur marginalisation.
Mais cette vision d’une Afrique profondément conservatrice mérite d’être questionnée. Le modèle hétéropatriarcal et cisnormatif défendu par les militant·es afrocentristes anti-genre repose en réalité sur une idéologie coloniale, fondée sur des conceptions eurocentriques et des valeurs chrétiennes. Ce paradoxe est frappant : alors que ces discours revendiquent une opposition à la recolonisation du continent par l’Occident, ils perpétuent en réalité une structure sociale façonnée par la domination coloniale. Le discours panafricaniste afrocentriste instrumentalise et réinterprète le panafricanisme culturel afin de rallier les africain·es à une rhétorique anti-genre. Pourtant, loin de favoriser une véritable autonomisation identitaire et culturelle, cette approche sacralise une conception coloniale du genre et de la sexualité, tout en renforçant les rapports de pouvoir entre l’Afrique et l’Occident. La politologue Haley McEwen souligne ainsi que cette rhétorique ne fait que reconduire des schémas hérités de la domination occidentale[22]McEwen, H, 2021. Inventing Family : Colonial Knowledge Politics of “Family” and the Coloniality of “Pro-Family” Activism in Africa. Africa Today. Pourtant, d’autres approches panafricaines ont proposé des alternatives aux visions colonialistes et eurocentristes. Thomas Sankara, ancien président du Burkina Faso (1983-1987), a porté un discours novateur sur la place des femmes dans la société africaine. Il prônait une vision radicalement progressiste de l’égalité des genres, insistant sur la nécessité de l’émancipation des femmes et de leur participation à tous les niveaux de la société, y compris en politique. À rebours des discours masculinistes afrocentristes qui invoquent un retour aux traditions, Sankara encourageait une redéfinition des rôles sociaux fondée sur l’émancipation et l’égalité. Il affirmait que la lutte pour l’égalité des genres était indissociable de la lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme, intégrant ainsi la question féministe dans un projet panafricaniste plus large. Il proclamait ainsi que « la révolution est aussi une affaire de femmes »[23]Sankara, T.,1987. Discours à la nation lors de la Journée internationale de la femme. Cette approche reste aujourd’hui une référence essentielle pour les mouvements féministes africains cherchant à décoloniser les mentalités[24]Savané, M.-A.,2018. Gender and Politics in Africa: The Legacy of Thomas Sankara. African Studies Review et à proposer un modèle d’émancipation en adéquation avec les réalités socioculturelles africaines.
Enjeux du genre : manipulation historique et réinterpertations culturelles
L’anti-genre dans le mouvement panafricain afrocentriste est un enjeu majeur. Par l’intermédiaire de manipulations historiques et de réinterprétations culturelles, cette mouvance a su créer et rallier de nombreux·ses africains.es à son approche déterministe et différentialiste des sexes. Cette approche est pourtant le résultat de legs coloniaux imposant une approche eurocentrée de la famille, du genre et de la sexualité. Les discours masculinistes et anti-genre s’inscrivant d’un afrocentrisme idéologique et politique sont à surveiller de près, d’autant plus en raison de leur large diffusion via les réseaux sociaux. Ces discours ne sont pas sans conséquence sur les réalités des minorités de genres. Il y a une recrudescence des discriminations et des oppressions envers les minorités de genres qui, sous couvert de retour à une identité africaine « authentique », menacent aujourd’hui toute personne ne se reconnaissant pas dans ce modèle sociétal. Toutefois, certaines autrices, telle que Jo Güstin[25]Güstin, J., 2019 . Ah Si si, il faut souffrir pour être française proposent de repenser le panafricanisme par le prisme de l’intersectionnalité, s’émancipant d’une approche patriarcale hétéronormée empruntée à la culture coloniale. D’autres autrices africaines engagées, à l’image d’Ama Ata aidoo, Flora Nwapa ou Mariama Ba, s’inscrivent dans cette approche intersectionnelle. À travers le prisme d’une remise en question du modèle patriarcal, elles repensent l’identité noire[26]The conversation : Ata Aidoo: the pioneering writer from Ghana left behind a string of feminist classics, the conversation, 7 juin 2023 : … Continue reading en proposant une lecture plus inclusive et égalitaire des futures sociétés africaines.
Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.
Pour citer cette production: Bousso Seck, “Déesse-Mère[27]Sakombi, N. P., 2014. Le maternisme. Tome 1. Le retour du féminin sacré primordial. et re-masculinisation de l’homme noir : Quand le discours panafricain afrocentriste se met au service de l’anti-genre”, 17.03.2025, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/2025/03/17/deesse-mere-et-re-masculinisation-de-lhomme-noir-quand-le-discours-panafricain-afrocentriste-se-met-au-service-de-lanti-genre/
References
↑1, ↑10 | Auque-Pallez, Y., 2022. L’anti-genre au service d’une identité africaine « authentique » : Genre, sexualité et engagement panafricaniste en France. Politique africaine. |
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↑2 | Boukari-Yabara, A., 2017. Africa Unite ! Une histoire du panafricanisme. |
↑3 | Diop, C. A., 1979. Nations nègres et culture. |
↑4 | Asante, M. K., 1998. The Afrocentric Idea. Temple University Press. |
↑5 | Phantasmatique : représentation illusoire ou un imaginaire collectif qui façonne une perception subjective du monde |
↑6 | Butler, J., 2024. Who’s Afraid of Gender? Hardcover |
↑7 | Léonora Miano, notamment dans L’Autre Langue des femmes |
↑8 | Sakombi, N. P., 2024. La nécessité materniste |
↑9 | Interview youtube Thinkerview, Francophobie en Afrique et dans les DOM-TOM ? Kemi Seba, 24 novembre 2024 : https://www.youtube.com/watch?v=Hjgm_mJ5nrs&t=1129s |
↑11 | Hudson-Weems, C., 2010 . Africana Womanism: An authentic agenda for women of Africana descent. Tri-state Defender. |
↑12 | Acholonu, C., 1995. Motherism: The Afrocentric Alternative to Feminism. Owerri, Afa Publications. |
↑13, ↑16 | Amaouche, M., Kateb, Y., & Nicolas-Teboul, L., 2015. Pour une approche matérialiste de la question raciale : Une réponse aux Indigènes de la République. |
↑14 | Sinha, M., 1995. Colonial Masculinity. The “Manly Englishman” and the “Effeminate Bengali” in the late Nineteenth Century. Manchester University Press. |
↑15 | Viveros Vigoya, M., 2018. Les couleurs de la masculinité : Expériences intersectionnelles et pratiques de pouvoir en Amérique latine |
↑17 | White, D. G., 1985. Ar’n’t I a Woman: Female Slaves in the Plantation South. W. W. Norton. |
↑18 | UNESCO Femmes africaines, Panafricanisme et Renaissance africain, Portail : la science et la culture, 2015. |
↑19 | Awondo, P., Bouilly, E., & N’Diaye, M., 2022. L’anti-genre en Afrique. Une catégorie globale en pratiques. Revue Politique africaine. |
↑20 | Welsing, F. C., 1991. The Isis Papers : The Keys to the Colors. Chicago, Third World Press. |
↑21 | Amnesty International, Afrique, Un barrage de lois discriminatoires attise la haine à l’égard des personnes LGBTI, du 9 janvier 2024 : https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2024/01/africa-barrage-of-discriminatory-laws-stoking-hate-against-lgbti-persons/ |
↑22 | McEwen, H, 2021. Inventing Family : Colonial Knowledge Politics of “Family” and the Coloniality of “Pro-Family” Activism in Africa. Africa Today |
↑23 | Sankara, T.,1987. Discours à la nation lors de la Journée internationale de la femme |
↑24 | Savané, M.-A.,2018. Gender and Politics in Africa: The Legacy of Thomas Sankara. African Studies Review |
↑25 | Güstin, J., 2019 . Ah Si si, il faut souffrir pour être française |
↑26 | The conversation : Ata Aidoo: the pioneering writer from Ghana left behind a string of feminist classics, the conversation, 7 juin 2023 : https://theconversation.com/ama-ata-aidoo-the-pioneering-writer-from-ghana-left-behind-a-string-of-feminist-classics-207123Ama |
↑27 | Sakombi, N. P., 2014. Le maternisme. Tome 1. Le retour du féminin sacré primordial. |