Le corps des Soudanaises, une arme silencieuse de la guerre des généraux

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Étude sur le viol de guerre au Soudan

 

Pauline Parmentier

06/08/2025

Pour l’historienne et spécialiste des violences en temps de guerre Raphaëlle Branche, « la guerre est une expérience corporelle[1] Branche, R. (2018). « Le viol, une arme de guerre ? », in Bruno Cabanes (dir.), Une histoire de la guerre du XIXe siècle à nos jours, Paris, Le Seuil, p.591-604.. ». Le corps est un objet propre du champ de bataille et tous·tes les individu·es sont de potentielles victimes : femmes, enfants, hommes, civil·es comme soldat·es. Dans la guerre civile qui déchire le Soudan depuis 2023, les femmes et les filles soudanaises sont les premières victimes de violences sexistes et sexuelles. Depuis bientôt deux ans, leurs corps abusés, mutilés, sont devenus le lieu d’expression d’une domination politique et militaire. 

Le concept de « viol de guerre » s’est construit au fil du temps. Abordée dans la Convention de Genève[2]Convention de Genève, Articles 3, 27 et 147 et article 4 du Protocole II. et ses protocoles additionnels à partir de 1977, la notion a progressivement été encadrée juridiquement et conceptuellement. C’est lors des tribunaux pénaux internationaux pour le Rwanda (TPIR) et pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) que la définition du « viol de guerre » s’est précisée[3]CICR. (Avril 2015). La prévention et la répression pénale du viol et des autres formes de violence sexuelle dans les conflits armés. … Continue reading. Le concept a dès lors été identifié comme une violence systématique dans les contextes de conflits plus qu’une pratique aléatoire, utilisée pour intimider et terroriser l’ennemi. Le droit international humanitaire prohibe cette pratique et la qualifie d’ « arme de guerre[4]Conseil de sécurité de l’ONU (juin 2008), Résolution 1820. », ainsi que de « crime de guerre et contre l’humanité[5]Nations Unies. (n.d) . Le viol, un crime de guerre. La Chronique des Nations Unies https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-viol-un-crime-de-guerre ». Chacun·e est une cible potentielle, mais les femmes et les filles y sont particulièrement vulnérables, d’où la concentration de cette analyse sur le cas des Soudanaises – bien que d’autres identités de genre subissent ce type d’exaction. 

Le 15 avril 2023, les Forces de soutien rapide (FSR) – un groupe paramilitaire – lancent une tentative de coup d’État contre le gouvernement soudanais. Cette tentative amorce l’affrontement des FSR contre les Forces armées soudanaises (FAS) – l’armée régulière. Initialement créés par le gouvernement en 2014, les FSR, en réclamant le pouvoir, ont déclenché la guerre des généraux[6]La 4ème guerre civile soudanaise, opposant Abdel Fattah al-Burhan (FAS) contre son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti » (RSF).. Depuis, le pays est ravagé par un conflit aux dimensions multiples : politique, économique et ethnique. Déjà marqué par de précédentes guerres civiles, le Soudan connaît une fragmentation sociale exacerbée, attisée par la compétition pour les ressources naturelles stratégiques comme l’or et le pétrole[7]Dans le cadre de cet article, ces sujets ne seront pas abordés en profondeur. Pour aller plus loin : Nations Unies. (s.d.). Le viol, un crime de guerre. La Chronique des Nations Unies. … Continue reading.

La crise humanitaire est sans précédent, la plus dévastatrice à ce jour. Selon les chiffres récemment rapportés par les Nations unies, le nombre de victimes civiles s’élevait en février 2025 à plus de 18 800[8]Nation Unies. (17 février 2025). Soudan : que faut-il savoir sur la crise actuelle ? https://www.ungeneva.org/fr/news-media/news/2025/02/103406/soudan-que-faut-il-savoir-sur-la-crise-actuelle, et un quart de la population a dû fuir les combats[9]Nations Unies. (15 avril 2025). Soudan : deux ans de guerre, une crise humanitaire hors normes. https://news.un.org/fr/story/2025/04/1154756. Les Soudanais·es subissent l’insécurité alimentaire et les famines aiguës, le manque d’eau potable, les déplacements forcés et la paralysie des services de première nécessité. En septembre 2024, le nombre de cas de violences liées au genre a doublé à cause du conflit[10]Nations Unies. (Septembre 2024). Soudan : L’ONU alerte sur l’ampleur des violences sexuelles en temps de guerre. ONU Info. https://news.un.org/fr/story/2024/09/1149246. Les Soudanaises de tous âges subissent des violences sexuelles commises par les belligérants. Les auteurs de ces crimes sont principalement membres des FSR, bien que les FAS comptent aussi de nombreux auteurs reconnus de ces crimes[11]Les hommes et garçons sont également victimes de ces violences sexuelles : plus globalement les individus vulnérables sont systématiquement victimes du viol comme arme de guerre. Pour aller plus … Continue reading. L’idée n’est pas là d’établir une comparaison entre les deux groupes, mais bien d’illustrer que l’ensemble des acteurs du conflit est soupçonnable d’avoir commis ces crimes contre l’humanité. 216  incidents[12]ONU Femmes. (13 novembre 2024). Guerre, naissances et espoir au Soudan. https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/reportage/2024/11/guerre-naissance-et-espoir-au-soudan de violences sexuelles ont été rapportés au cours des 18 premiers mois du conflit, représentant à peine 2 %[13]ONU Femmes. (13 novembre 2024). Guerre, naissances et espoir au Soudan. https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/reportage/2024/11/guerre-naissance-et-espoir-au-soudan des cas de violences sexuelles présumés. Les exactions se concentrent à Khartoum, au Darfour et dans l’État du Kordofan et prennent des formes variées : viols, mutilations, esclavage sexuel, ou encore exploitation sexuelle[14]Amnesty International. (Avril 2025). Soudan. Le recours atroce et généralisé aux violences sexuelles par les Forces d’appui rapide détruit de vies. … Continue reading

Le viol de guerre au Soudan apparaît moins comme un phénomène inédit que comme l’expression d’une logique systémique ancrée dans les guerres civiles soudanaises. La qualification et l’identification de cette pratique interrogent les causes de ces exactions, l’effectivité des lois les prohibant, ainsi que leur traitement politique et médiatique. Dès lors, il convient de se demander de quelle manière l’instrumentalisation du corps de la femme par le viol de guerre, pourtant prohibé par le droit international humanitaire, sert, en toute impunité, un but politique dans le conflit soudanais. 

Ainsi, il convient en premier lieu d’analyser le viol comme arme de guerre visant à asseoir la domination d’une identité sur une autre, en explorant ses racines ethniques et structurelles. Ensuite, il s’agit de montrer comment cet acte devient un outil politique d’altérisation de l’ennemi, jusqu’à constituer une véritable arme de destruction massive : il sème la terreur, désagrège les structures sociales et engendre un traumatisme collectif, provoquant l’exode des communautés locales. Enfin, est analysée la double invisibilisation politique et médiatique dont sont victimes les femmes soudanaises, entravant à la fois la reconnaissance de la situation dans le dialogue international, une sortie de crise et la construction d’une justice effective.

Le viol comme arme de guerre au Soudan : affirmer un nationalisme soudanais homogène par l’annihilation et l’altérisation des autres ethnies

Selon Raphaëlle Branche, il est nécessaire de raccrocher le viol en temps de guerre à son contexte[15]Branche, R. (2014). Des viols pendant la guerre d’Algérie. Gallimard.. Les dynamiques sociales et le développement historique du Soudan révèlent les origines de l’utilisation structurelle du viol comme arme de guerre lors de ses précédentes guerres civiles, et en particulier depuis la guerre du Darfour débutée en 2003. Plus précisément, la composition plurielle du pays en fait un territoire complexe et fragile, caractérisé par son multiculturalisme, son multiethnisme et son multilinguisme, et interroge sur la possibilité d’une intégration nationale[16]L’intégration des différents groupes et territoires au sein du cadre national vise à constituer un ensemble cohérent qui dépasse la simple addition de ses composantes.. De fait, 570 tribus peuplent le Soudan, réparties en 56 groupes ethniques[17]Nicoloso, O., & Cabon, O. (2017). La population. In O. Cabon (éd.), Histoire et civilisation du Soudan (1-). Africae. https://doi.org/10.4000/books.africae.2962, et malgré l’imposition de l’arabe comme langue officielle et majoritaire, plus de 100 langues et dialectes sont pratiqué·es[18]France Diplomatie : fiche pays du Soudan. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/soudan/presentation-du-soudan/.

L’usage du viol comme arme de guerre s’est systématisé depuis la guerre du Darfour en 2003 par la milice arabe Janjawid[19]Lacroix Leclair, J., & Pahlavi, P. (2012). Darfour : qui sont les Janjaouid ? Politique étrangère. employée par le gouvernement soudanais de l’époque[20]Pour aller plus loin : communiqué de presse de la CPI sur la situation au Darfour, 27 février 2007. https://www.icc-cpi.int/fr/news/icc-remarques-introductives-du-procureur. L’objectif de ces milices telles que les Janjawid était de punir et d’expulser les communautés Masalit, Fur et Zaghawa, alors accusées de soutenir les rebelles s’insurgeant contre le gouvernement de Khartoum[21]Les forces rebelles armées comprennent des groupes situés à l’ouest du Darfour, notamment l’Armée/Mouvement de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité. Ces communautés dites « noires-africaines », de tradition non-arabe, non-arabophones et pour certaines animistes[22]Croyance selon laquelle la nature est habitée par des forces spirituelles, gouvernant les éléments naturels, les êtres vivants et les objets. Au Soudan, il s’agit de la deuxième pratique … Continue reading, sont perçues comme tribales et semblent entraver l’émergence d’un nationalisme soudanais. Aux origines de cette tactique de guerre se trouvent des clivages sociaux, ethniques et religieux, marqués par la volonté de domination menée par les populations arabisées, en quête d’une victoire identitaire face à la défiance de ces populations envers le modèle de l’État-nation[23]Lavergne, M. (Janvier 2024). « Vingt ans après : Soudan, le choc en retour de la crise du Darfour ? ». L’Ouest Saharien, À paraître. Ces crimes servent au développement d’un nationalisme soudanais homogène, structuré autour de critères « d’arabité », « d’islamité » et de « soudanité »[24]Casciarri, B., Franck, A., Manfredi, S., & Assal, M. (2020). « Ethnicité, religion, nationalisme. Intersections et ambiguïtés dans un Soudan en mouvement », Cahiers d’études africaines, … Continue reading, issus de la guerre du Darfour et de la partition entre le Soudan du Sud et le Soudan en 2011.

L’opposition est profonde, guidée par ces différences éthiques, religieuses et culturelles. Un rapport d’Amnesty International intitulé « Soudan. Viols collectifs, enlèvements et meurtres » (2004) relate les propos d’un Janjawid : « Vous, les femmes noires, on va vous exterminer, vous n’avez pas de Dieu[25]Amnesty International. (2004). Soudan. Viols collectifs, enlèvements et meurtres. https://www.amnesty.org/fr/wp-content/uploads/sites/8/2021/09/afr541252004fr.pdf ». Ce rapport mentionne également de nombreux viols de masse, ainsi que des mariages et des grossesses forcées. Les FSR, créées en 2013 et étroitement liées aux Janjawid, réutilisent cette tactique de guerre dans le conflit actuel. Cela souligne la permanence des oppositions structurelles au Soudan et de l’usage du viol ainsi que des violences sexuelles comme arme de domination dans les guerres civiles du pays. 

Il réside donc au cœur de ce conflit un mépris ethnique et religieux, où le viol de guerre est employé afin de réaffirmer une identité soudanaise homogène et de compenser un « complexe identitaire soudanais[26]Casciarri, B., Franck, A., Manfredi, S., & Assal, M. (2020). « Ethnicité, religion, nationalisme. Intersections et ambiguïtés dans un Soudan en mouvement », Cahiers d’études africaines, … Continue reading ». Le viol de guerre n’est pas une simple pulsion masculine déconnectée d’une stratégie militaire : il constitue une véritable arme identitaire, utilisée pour annihiler l’ennemi. Parmi les différents modes opératoires, le viol collectif est particulièrement répandu. Il s’observe notamment parmi les troupes des FSR qui cherchent à détruire l’identité des communautés ciblées, en attaquant le corps des femmes. Cette méthode déshumanisante participe à créer un « ennemi » considéré comme sous-humain, en dégradant et humiliant les femmes appartenant à cette ethnie. Autrement dit, les femmes sont attaquées pour atteindre les hommes[27]Masson, S. (1999). Le viol en temps de guerre : crime ou bavure ? Avancées et résistances de la condamnation du viol contre les femmes. Nouvelles Questions Féministes. … Continue reading. Cet « ennemi » est alors déshumanisé, considéré par les bourreaux comme un « sous-homme » ; et altérisé, soit rendu « autre », étranger, nié dans son identité. Le viol est un moyen d’action déshumanisant de l’idéologie d’un groupe dominant, qui catalyse le mépris d’une ethnie ou d’une religion. De fait, l’ONU et d’importantes ONG dénoncent depuis 2004 et jusqu’à présent[28]HRW. (9 mai 2024). Soudan : Nettoyage ethnique au Darfour occidental. https://www.hrw.org/fr/news/2024/05/09/soudan-nettoyage-ethnique-au-darfour-occidental un « nettoyage ethnique[29]Selon Andrew Bell-Fialkoff dans A Brief History of Ethnic Cleansing (1993), notion définie comme « l’expulsion d’une population « indésirable » d’un territoire donné en raison … Continue reading. » au Darfour, dont le viol de guerre constitue un élément clef.

La dignité des femmes de ces communautés est mise à mal par des mutilations génitales, des humiliations et des viols collectifs et publics, ainsi que par la réduction à l’esclavage sexuel[30]Human Rights Watch. (16 décembre 2024). Viol et esclavage sexuel dans le conflit au Soudan. https://www.hrw.org/fr/news/2024/12/16/viol-et-esclavage-sexuel-dans-le-conflit-au-soudan. Par cette atteinte à l’honneur et au corps de la femme, les soldats s’attaquent à la « pureté d’une race[31]Roptin, J. (2019). Des viols de guerre à la violence sexuelle comme terreur. Mémoires, 75(2), 5-7. https://doi.org/10.3917/mem.075.0005» ou d’une ethnie. En bafouant leur dignité, ils portent également atteinte aux rôles que les femmes jouent dans leur communauté[32]Roptin, J. (2019). Des viols de guerre à la violence sexuelle comme terreur. Mémoires, 75(2), 5-7. https://doi.org/10.3917/mem.075.0005, celui de mère et d’épouse. L’objectif est de « salir ou rendre impure [leur] communauté », par exemple en augmentant le risque d’infections sexuellement transmissibles, ou en provoquant des grossesses pour mélanger les ethnies. Les enfants nés du viol sont les fruits de cette domination, et représentent la « souillure[33]Nahoum-Grappe, V. (2003).  « Crimes de souillure et crimes de guerre (ex-Yougoslavie, 1991-1995) », Ateliers A & Ateliers LESC, 26, 143-169. http://journals.openedition.org/atelierslesc/8597» de l’ethnie victime des violences. 

Pour aller plus loin, en profanant l’intimité des femmes, les soldats s’attaquent à l’honneur et à la pudeur des hommes. Cela participe au processus de dévirilisation de l’adversaire dans un contexte de conflit armé : à travers l’agression du corps des femmes, les soldats s’attaquent à l’honneur et à la masculinité des hommes. Ainsi, le tissu social est détruit, les communautés sont altérisées et déshumanisées, des grossesses non désirées sont provoquées.

Une arme de destruction massive pour semer la terreur : éclatement des structures sociales et exode massif 

L’article du Monde « Au Soudan, le corps des femmes est devenu un champ de bataille, le viol une « tactique de guerre » »[34]Brachet, E. (14 novembre 2024). Au Soudan, le corps des femmes est devenu un champ de bataille, le viol une « tactique de guerre ». Le Monde. … Continue reading rapporte en novembre 2024 les propos d’une étudiante : « Nous avons tout vu. Nos sœurs ont été battues. Des femmes de tous âges ont été violées, enlevées. D’autres se sont suicidées[35]Brachet, E. (14 novembre 2024). Au Soudan, le corps des femmes est devenu un champ de bataille, le viol une « tactique de guerre ». Le Monde. … Continue reading ». Selon le média AJ+ français, plus de 134 femmes se sont données collectivement la mort dans l’État de Jazirah, au sud-est du pays, le 31 octobre 2024[36]AJ+. (Novembre 2024). Au Soudan, le suicide collectif est « préférable au viol ». Instagram. https://www.instagram.com/ajplusfrancais/reel/DCrp8o9sBqC/?hl=en.. Pour les Soudanaises, un suicide collectif serait « préférable au viol[37]((AJ+. (Novembre 2024). Au Soudan, le suicide collectif est « préférable au viol ». Instagram. https://www.instagram.com/ajplusfrancais/reel/DCrp8o9sBqC/?hl=en. ». Elles se seraient suicidées par peur de représailles sexuelles de la part des soldats, ou à cause du traumatisme des viols précédemment subis. En réalité, les populations vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, subissent collectivement les conséquences psychologiques du conflit et des violences sexuelles, notamment en présentant des signes de dépression, des troubles physiques et psychologiques, et des idées suicidaires[38]Awad, M.H., Mohamed, R.S., Abbas, M.M. et al. (2024). Major depressive disorder: point prevalence, suicidal ideation, and risk factors among Sudanese children and adolescents during Sudan army … Continue reading.

Les drames tels que le suicide collectif d’octobre 2024 sont très peu abordés dans les médias et les organisations peinent à en estimer les conséquences. Néanmoins, cet épisode met en exergue la fréquence des suicides de femmes soudanaises soumises à la terreur, et illustre le caractère massif des violences sexuelles. Certaines, craignant pour leur intégrité, préfèrent tenter de se suicider préventivement afin de conserver leur honneur et celui de leur famille, dans une société où la pureté d’une femme prime[39]Roucayrol, A. (2020). Du viol comme arme de guerre. La Pensée, N° 404(4), 80-92. Page 86. https://doi.org/10.3917/lp.404.0080.Pour aller plus loin sur la condition des femmes au Soudan, la gestion … Continue reading. Dans la tradition soudanaise, encore conservatrice, une femme violée porte le fardeau du viol et fait l’objet reçoit de discours stigmatisants de la part des autres membres de la communauté. Selon une femme soudanaise ayant donné naissance à un enfant conçu à la suite d’un viol perpétré par des soldats : « La société est impitoyable. Souvent, on entend des propos haineux et des surnoms employés pour désigner les enfants qui ne connaissent pas leur père ou leur mère[40]ONU Femmes. (13 novembre 2024). Guerre, naissance et espoir au Soudan. Nations Unies. https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/reportage/2024/11/guerre-naissance-et-espoir-au-soudan ».  

Le même phénomène avait été observé par Amnesty International en Irak dans un rapport publié en 2014 intitulé « Irak. Des femmes et des jeunes filles yézidies soumises à des violences sexuelles insupportables[41]Amnesty International. (2014). Irak. Des femmes et des jeunes filles Yézidies soumises à des violences sexuelles insupportables. … Continue reading » . De nombreuses Yézidies, traumatisées, et craignant pour leur honneur, s’étaient donné la mort comme ultime échappatoire. Le phénomène est donc transversal, commun aux cas de viols en temps de guerre. Il imprègne les consciences et produit un traumatisme collectif et générationnel au sein d’une partie de la population victime du conflit.

Le rôle social et le corps de la femme sont conquis, et une domination internalisée se transmet aux autres victimes, communautés et familles. Il apparaît par conséquent que ces viols massifs ont un but dépassant l’atteinte à l’individu. Ils visent à établir un climat de terreur permanent. Cette systématisation maintient alors les femmes et les filles en position de vulnérabilité. Comme le présente François Bafoil, le viol « renvoie à la domination entendue comme maîtrise du corps et sa destruction[42]Bafoil, F. (5 juillet 2024). Le viol de guerre, « une culture du viol » ? Histoire, sociologie et psychanalyse. Bafoil, F., & Zawadzki, P. (2024). Politiques de la destructivité. Sciences … Continue reading », mettant alors à mal la place des femmes dans la société, leur intégrité et l’articulation de la cellule familiale.

Le viol de guerre produit donc un effet traumatique sur les communautés, et bouscule les structures sociales. Pour l’anthropologue Véronique Nahoum-Grappe, « les viols sont utilisés comme des tactiques de contrôle des populations[43]Nahoum-Grappe, V. (2011). Violences sexuelles en temps de guerre. Inflexions, 17(2), 123-138. https://doi.org/10.3917/infle.017.0123 ». Autrement dit, en dominant le corps et en instaurant la terreur, on domine les territoires. Elle argumente ensuite que, par l’envahissement du territoire convoité, le viol constitue une arme de « destruction de l’ennemi collectif ». C’est une arme massive qui aspire à conquérir, les corps comme les terres, validant l’argumentaire de Raphaëlle Branche, selon lequel le viol poursuit une triple logique : « conquérir », « occuper », « vaincre[44]Branche, R. (2014). Des viols pendant la guerre d’Algérie. Gallimard. ». Le viol de guerre possède une dimension territoriale. Elle pousse à s’interroger sur les liens étroits qu’entretiennent corps et territoire. Comment, en conquérant le corps, est-il possible d’acquérir des victoires militaires, idéologiques et matérielles ? Le viol a, de manière récurrente, comme objectif de provoquer l’exode d’une population. Les perpétrateurs, par volonté de dominer territorialement et de conquérir des terres, font usage de la terreur pour engendrer le départ forcé de familles des communautés vulnérables[45]Roucayrol, A. (2020). Du viol comme arme de guerre. La Pensée, N° 404(4), 80-92. https://doi.org/10.3917/lp.404.0080. Les violences sexuelles forcent l’exil des Soudanais·es, majoritairement vers d’autres régions du pays et vers l’Égypte et le Tchad. 

Ce conflit a créé une crise migratoire interne et externe considérable. Pour l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), l’escalade de l’insécurité est un facteur majeur du déplacement des familles vers d’autres villages, régions ou pays. Et selon les Nations unies, « près de 605 000 personnes ont fui El Fasher et d’autres zones du Darfour du Nord entre avril 2024 et le 31 janvier 2025, en raison des attaques des forces de sécurité et des abus généralisés qui les accompagnent, notamment les meurtres, les viols, les pillages et les humiliations[46]ONU Info. (4 mars 2025). Guerre au Soudan : « Des enfants d’à peine un an sont violés par des hommes armés ». Nations Unies. https://news.un.org/fr/story/2025/03/1153616. ». Le viol représente l’une des causes principales du départ de familles et d’individus soudanais·es. La domination et la terreur établies permettent aux corps armés de récupérer les terres délaissées, souvent agricoles. C’est en général le moyen de s’emparer de terres aux sous-sols riches et attractifs économiquement, comme cela a été le cas lors de la saisie des terres possédant des métaux rares au Congo[47]Pourtier, R. (2009). Le Kivu dans la guerre : acteurs et enjeux ». Sur le Vif. https://journals.openedition.org/echogeo/10793. Ainsi, la problématique n’est pas propre au Soudan. Anne Castagnos-Sen, responsable des relations extérieures d’Amnesty International France a annoncé qu’il y avait « 44 millions de femmes et de filles [dans le monde] déplacées de force en 2021 à l’intérieur de leur propre pays[48]Public Sénat. (2022). Le viol comme arme de guerre : « Ces violences n’ont pas de frontières ». … Continue reading » – des déplacements dont l’accroissement est fortement causé par les périodes de conflits et les violences sexuelles perpétrées sur les femmes et les filles. Le corps prend une dimension spatiale, il devient un espace à part entière du champ de bataille et se lie intimement aux territoires.

Dès lors, l’éclatement des communautés est social, par le déshonneur et le traumatisme collectif, mais aussi géographique par l’expulsion des populations. Les victimes de ces exactions fuient dans la terreur ces tactiques destructrices, tout en voyant le corps social de leur communauté démantelé.      

Indifférence politique et invisibilisation médiatique au cœur de l’oppression structurelle des Soudanaises 

Bien qu’ils constituent un crime contre l’humanité[49]Nations Unies. (2008). Le viol, un crime de guerre. https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-viol-un-crime-de-guerre, les viols de guerre au Soudan sont commis en toute impunité. Une problématique structurelle persiste, liée à l’identification et à la quantification des victimes et des coupables. Les victimes peinent à témoigner en raison de la pression sociale et politique. Par exemple, Omar el-Béchir, président de la République du Soudan jusqu’en 2019, condamnait pour adultère les femmes victimes de viols[50]Amnesty International (28 mai 2008). Amnesty International Rapport 2008 – Soudan. https://www.refworld.org/reference/annualreport/amnesty/2008/fr/58781Plus généralement, sur les femmes … Continue reading. La difficulté à évaluer numériquement et humanitairement la situation dans un contexte de conflits et de déplacements de populations implique un manque de sanctions adéquates et un décalage entre le système juridique mis en place et les faits se déroulant sur le terrain. Peu d’outils effectifs – nationaux comme internationaux – sont mis à disposition des victimes. Aussi, les fonds manquent pour mener les études de terrain réclamées par les grandes ONG, telles qu’Amnesty International, et pour soutenir les organisations locales et spécialisées. Céline Bardet, juriste internationale et fondatrice de l’ONG We Are not Weapons of War (WWoW), luttant contre les violences sexuelles liées aux conflits, témoignait : « Ça fait des années qu’on demande à être financé pour une enquête mondiale qui n’existe pas pour avoir des chiffres[51]⁄Gadler, L. (25 novembre 2022). Le viol comme arme de guerre : « Ces violences n’ont pas de frontières ». Public Sénat. … Continue reading ». Ainsi, ces freins financiers, politiques et techniques entravent le processus d’accusation et de dépôt de plainte.

Pourtant, la Cour pénale internationale (CPI) demeure active dans la condamnation des exactions sexuelles, notamment pour le procès d’Ali Muhammad Ali Abd-Al-Rahman[52] Ancien chef Janjawid dont le procès a débuté en 2022 pour des crimes contre l’humanité ayant été commis entre 2003 et 2004. Fiche de la Cour Pénale Internationale : … Continue reading dont le jugement doit être rendu en 2025 pour 31 chefs d’accusation de crimes de guerre commis lors de la guerre du Darfour. Mais le droit international, non coercitif, reste souvent impuissant et restreint face à la gravité de la situation. Son application dépend de la volonté propre des États et de leur adhésion au Statut de Rome, que le Soudan a signé en 2000 sans le ratifier. Les instruments juridiques[53]Conventions de Genève (1949) et ses protocoles additionnels I et II (1977), résolutions n°1325 (2000), n°1820 (2008) et n°1889 (2009) du Conseil de sécurité de l’ONU.. existent et sont établis pour faire face opérationnellement à ces crimes et développer des projets de gouvernance. Cependant, les sociétés et leurs droits coutumiers y résistent, ainsi que le gouvernement soudanais et les États impliqués dans le dialogue international.

Les poursuites judiciaires sont difficiles à mener : le gouvernement ne coopère pas avec les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, et la justice transitionnelle latente au Soudan ne répond pas aux besoins de protection des Soudanaises. La communauté internationale, et notamment les États membres du Conseil de sécurité de l’ONU, fait subir le poids de ses alliances et de ses priorités sur la situation au Soudan. Entre le conflit russo-ukrainien, la crise au Sahel et la guerre Israël-Gaza, les États les plus influents et les instances de dialogue international se désintéressent du conflit au Soudan. Par ailleurs, les FSR bénéficient du soutien tacite d’acteurs internationaux, à l’instar de certains États du Golfe[54] Pour aller plus loin : accusation par le gouvernement soudanais de participation à des actes de « génocide » par les Émirats, qui profiteraient de la contrebande sur le marché de l’or. … Continue reading. L’enquête menée par France 24 « Armes européennes au Soudan » a récemment retracé le parcours de l’armement utilisé par les FSR, révélant des origines bulgares[55]Reportage, France 24. Episodes 1 à 5, (Avril 2025). Des armes européennes au Soudan Enquête sur la présence illégale de munitions au cœur de la guerre civile. … Continue reading et franco-émiraties[56]Le Monde Afrique. (14 novembre 2024). Au Soudan, des équipements militaires français « en violation de l’embargo », selon Amnesty International. … Continue reading – soit une exportation normalement prohibée par l’embargo imposé par l’Union européenne.

En revanche, la Conférence de Londres sur le Soudan à l’occasion des deux ans du conflit s’est tenue le 15 avril 2025, coorganisée par l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni, l’Union africaine et l’Union européenne. Ce regroupement d’une ampleur significative a réuni les représentants de 22 États et organisations internationales dans le but de mobiliser la communauté internationale sur la catastrophe humanitaire. Le ministre des Affaires étrangères britannique, David Lammy, a alarmé : « Deux ans, c’est beaucoup trop long […] et pourtant, une grande partie du monde continue de détourner le regard[57]Le Monde Afrique. (15 avril 2025). Conférence à Londres sur le Soudan, où a lieu une « catastrophe humanitaire » majeure après deux ans de guerre. Le Monde. … Continue reading ». Des initiatives sont donc prises pour coordonner les efforts internationaux, mais sont-elles à la hauteur de la crise subie par les Soudanais·es ? Environ deux tiers de la population a besoin d’une aide d’urgence, soit 6 milliards de fonds selon une estimation de l’ONU[58]Nation Unies. (17 février 2025). Soudan : que faut-il savoir sur la crise actuelle ? https://www.ungeneva.org/fr/news-media/news/2025/02/103406/soudan-que-faut-il-savoir-sur-la-crise-actuelle. À la suite de cette conférence, 950 millions d’euros ont été débloqués[59]⁄France Diplomatie. (16 avril 2025). Soudan – Conférence de Londres sur le Soudan. … Continue reading, promettant quelques avancées tout en ne suffisant pas à endiguer la crise de manière concrète. Les ONG telles que Human Rights Watch ou le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) tentent quant à elles de compenser la défaillance des instances internationales en s’associant à des acteurs locaux et en interpellant la communauté internationale sur la permanence des exactions menées sur le terrain.

Le conflit au Soudan fait partie des « guerres oubliées[60]Hawkins, V. (2008). Stealth Conflicts: How the World’s Worst Violence is Ignored ». Les médias occidentaux couvrent peu la guerre civile, et les femmes soudanaises subissent une double invisibilisation : celle de la guerre civile soudanaise, souvent écartée des médias, et l’invisibilisation des viols de guerre en tant que pratique. La faible couverture médiatique dépend d’abord de paramètres structurels. Le terrain est difficilement accessible, et les victimes rencontrent des difficultés à témoigner, et les journalistes soudanais·es en exil subissent parfois des pressions de leur pays d’accueil ainsi qu’une grande précarité, limitant leur pratique[61]Reporters Sans Frontières. (14 avril 2025). Soudan : les médias en exil, fragiles canaux d’information sur une guerre oubliée. … Continue reading. De plus, les médias occidentaux s’intéressent peu au continent africain, et délaissent en particulier l’Afrique subsaharienne. Selon Jean-François Dupaquier, journaliste spécialiste de l’Afrique, les médias « grand public » français n’y trouvent pas de sujets répondant aux exigences des consommateur·ices. Certaines régions du continent africain sont considérées comme un sujet « non-vendeur[62]Dupaquier, J. (2002). Informer sur l’Afrique : « Silence, les consommateurs d’informations ne sont pas intéressés, ou ne sont pas solvables » Mouvements, no21-22(3), … Continue reading», et leur traitement médiatique est généralement réduit aux thématiques des épidémies, des crises politiques et des interventions humanitaires dont les racines et les réalités sont rarement approfondies. Ici, les voix des Soudanaises sont par conséquent presque automatiquement réduites au silence.

Il convient également de s’interroger sur l’invisibilisation médiatique du viol de guerre en tant que pratique, malgré la hausse des rapports officiels et témoignages concernant le sujet. Entrerait-il dans un « champ de l’intolérable[63] Fraise, T. (2021). XI. Les temps de l’intolérable : la construction des normes internationales contre les violences sexuelles en temps de guerre au XXe siècle » (1946-2001) Dans B. … Continue reading» que l’on se refuse à affronter ? La couverture médiatique des viols de guerre est en général pauvre et peu documentée, comme au Congo où se déroule l’un des conflits les plus meurtriers. La population civile y subit un mutisme puissant dont les filles et les femmes sont les principales victimes[64]RTBF. (22 mars 2024). Guerre du Kivu : des femmes debout face au silence et à la double peine des viols commis en RDC. … Continue reading. En définitive, le sort des Soudanais·es est grandement invisibilisé par les médias occidentaux, malgré la fréquence des rapports alarmants des Nations unies et des grandes ONG internationales. Plus largement, les voix des filles et des femmes victimes de violences sexuelles et de viol sont d’autant plus rapidement réduites au silence. 

Conclusion : Le viol en temps de guerre au Soudan ou la permanence d’une pratique systémique

En somme, l’étude des viols de guerre commis au Soudan présente les caractéristiques identifiées par Anne-Marie Roucayrol : « massivité », « répétitivité », « collectivité » et « mépris et vengeance à l’encontre d’une communauté[65]Roucayrol, A. (2020). Du viol comme arme de guerre. La Pensée, N° 404(4), 80-92. https://doi.org/10.3917/lp.404.0080 ». Ces exactions révèlent les structures sociales fragmentées du pays et témoignent d’une volonté d’affirmation nationaliste du Soudan aux dépens des ethnies minoritaires. Au Soudan, les violences sexuelles sont systématiques et ne se résument pas à une pulsion masculine aléatoire. Elles démantèlent le tissu social des communautés par l’instauration d’une terreur permanente, servant une stratégie politique et militaire. Bien que certaines exactions aient été dénoncées et condamnées par le droit international par le passé, les instances de paix faillissent à les faire cesser. 

En 2018, Denis Mukwege et Nadia Murad reçoivent le prix Nobel de la paix pour leur lutte contre les violences sexuelles en temps de guerre[66]BBC Afrique. (5 octobre 2018). Denis Mukwege et Nadia Murad Prix Nobel de la Paix. https://www.bbc.com/afrique/region-45760676. Le médecin gynécologue congolais Denis Mukwege est impliqué depuis plus de vingt ans dans la guérison et la réparation des survivantes de violences sexistes et sexuelles en République démocratique du Congo. Il s’est vu décerner le prix Nobel pour la mobilisation de ses efforts afin de mettre fin à ces violences comme arme de guerre. Avec l’aide de son équipe, il a aidé à soigner plus de 83000 victimes depuis 1999[67]Fondation Panzi créée par le Dr. Mukwege : https://panzifoundation.org/fr/dr-denis-mukwege/#. L’ex-esclave sexuelle Yézidie Nadia Murad, capturée par l’État Islamique à 21 ans, a quant à elle reçu le prix Nobel de la paix pour récompenser son militantisme pour la libération des Yézidies encore portées disparues[68]Kaval, A. (5 octobre 2018). Nadia Murad, des chaînes de l’État Islamique au prix Nobel de la paix. Le Monde. … Continue reading.

La mise en lumière de figures engagées dans la lutte en faveur de la représentation de ces crimes systémiques pourrait devenir un moyen alternatif de susciter un intérêt croissant pour cette arme de guerre silencieuse. Mais malgré les appels lancés pour l’arrêt de la guerre civile et des violences sexuelles qui meurtrissent les Soudanaises, le corps féminin est encore en première ligne du conflit. Dans son ouvrage « Our Bodies, Their Battlefield: War Through the Lives of Women[69]Lamb, C. (2020). Our Bodies, Their Battlefield: War Through the Lives of Women » paru en 2020, Christina Lamb alarme : « Dans le monde, le corps d’une femme est encore un champ de bataille et des centaines de milliers de femmes portent les blessures invisibles de la guerre[70]Lamb, C. (2020). Our Bodies, Their Battlefield: War Through the Lives of Women ».

Pour citer cette production : Pauline Parmentier, « Le corps des Soudanaises, une arme silencieuse de la guerre des généraux : Étude sur le viol de guerre au Soudan », 06/08/2025, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/2025/08/06/le-corps-des-soudanaises-une-arme-silencieuse-de-la-guerre-des-generaux/

References

References
1  Branche, R. (2018). « Le viol, une arme de guerre ? », in Bruno Cabanes (dir.), Une histoire de la guerre du XIXe siècle à nos jours, Paris, Le Seuil, p.591-604.
2 Convention de Genève, Articles 3, 27 et 147 et article 4 du Protocole II.
3 CICR. (Avril 2015). La prévention et la répression pénale du viol et des autres formes de violence sexuelle dans les conflits armés. https://www.icrc.org/fr/download/file/6360/prevention-criminal-repression-rape-sexual-violence-armed-conflicts-icrc-fre.pdf
4 Conseil de sécurité de l’ONU (juin 2008), Résolution 1820.
5 Nations Unies. (n.d) . Le viol, un crime de guerre. La Chronique des Nations Unies https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-viol-un-crime-de-guerre
6 La 4ème guerre civile soudanaise, opposant Abdel Fattah al-Burhan (FAS) contre son ancien adjoint Mohamed Hamdan Daglo dit « Hemetti » (RSF).
7 Dans le cadre de cet article, ces sujets ne seront pas abordés en profondeur. Pour aller plus loin : Nations Unies. (s.d.). Le viol, un crime de guerre. La Chronique des Nations Unies. https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-viol-un-crime-de-guerre
8, 58 Nation Unies. (17 février 2025). Soudan : que faut-il savoir sur la crise actuelle ? https://www.ungeneva.org/fr/news-media/news/2025/02/103406/soudan-que-faut-il-savoir-sur-la-crise-actuelle
9 Nations Unies. (15 avril 2025). Soudan : deux ans de guerre, une crise humanitaire hors normes. https://news.un.org/fr/story/2025/04/1154756
10 Nations Unies. (Septembre 2024). Soudan : L’ONU alerte sur l’ampleur des violences sexuelles en temps de guerre. ONU Info. https://news.un.org/fr/story/2024/09/1149246
11 Les hommes et garçons sont également victimes de ces violences sexuelles : plus globalement les individus vulnérables sont systématiquement victimes du viol comme arme de guerre. Pour aller plus loin sur les sujets de viols masculins et de hiérarchie du viol : ISS Africa. (Septembre 2024). « Les violences sexuelles contre les hommes au Soudan nécessite plus d’attention ». https://issafrica.org/fr/iss-today/la-violence-sexuelle-contre-les-hommes-au-soudan-necessite-plus-d-attention
12, 13 ONU Femmes. (13 novembre 2024). Guerre, naissances et espoir au Soudan. https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/reportage/2024/11/guerre-naissance-et-espoir-au-soudan
14 Amnesty International. (Avril 2025). Soudan. Le recours atroce et généralisé aux violences sexuelles par les Forces d’appui rapide détruit de vies. https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2025/04/sudan-rapid-support-forces-horrific-and-widespread-use-of-sexual-violence-leaves-lives-in-tatters/
15, 44 Branche, R. (2014). Des viols pendant la guerre d’Algérie. Gallimard.
16 L’intégration des différents groupes et territoires au sein du cadre national vise à constituer un ensemble cohérent qui dépasse la simple addition de ses composantes.
17 Nicoloso, O., & Cabon, O. (2017). La population. In O. Cabon (éd.), Histoire et civilisation du Soudan (1-). Africae. https://doi.org/10.4000/books.africae.2962
18 France Diplomatie : fiche pays du Soudan. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/soudan/presentation-du-soudan/
19 Lacroix Leclair, J., & Pahlavi, P. (2012). Darfour : qui sont les Janjaouid ? Politique étrangère.
20 Pour aller plus loin : communiqué de presse de la CPI sur la situation au Darfour, 27 février 2007. https://www.icc-cpi.int/fr/news/icc-remarques-introductives-du-procureur
21 Les forces rebelles armées comprennent des groupes situés à l’ouest du Darfour, notamment l’Armée/Mouvement de libération du Soudan et le Mouvement pour la justice et l’égalité
22 Croyance selon laquelle la nature est habitée par des forces spirituelles, gouvernant les éléments naturels, les êtres vivants et les objets. Au Soudan, il s’agit de la deuxième pratique religieuse après l’islam sunnite
23 Lavergne, M. (Janvier 2024). « Vingt ans après : Soudan, le choc en retour de la crise du Darfour ? ». L’Ouest Saharien, À paraître
24 Casciarri, B., Franck, A., Manfredi, S., & Assal, M. (2020). « Ethnicité, religion, nationalisme. Intersections et ambiguïtés dans un Soudan en mouvement », Cahiers d’études africaines, 240, 761-778.
25 Amnesty International. (2004). Soudan. Viols collectifs, enlèvements et meurtres. https://www.amnesty.org/fr/wp-content/uploads/sites/8/2021/09/afr541252004fr.pdf
26 Casciarri, B., Franck, A., Manfredi, S., & Assal, M. (2020). « Ethnicité, religion, nationalisme. Intersections et ambiguïtés dans un Soudan en mouvement », Cahiers d’études africaines, 240, 761-778
27 Masson, S. (1999). Le viol en temps de guerre : crime ou bavure ? Avancées et résistances de la condamnation du viol contre les femmes. Nouvelles Questions Féministes. https://www.jstor.org/stable/40619713
28 HRW. (9 mai 2024). Soudan : Nettoyage ethnique au Darfour occidental. https://www.hrw.org/fr/news/2024/05/09/soudan-nettoyage-ethnique-au-darfour-occidental
29 Selon Andrew Bell-Fialkoff dans A Brief History of Ethnic Cleansing (1993), notion définie comme « l’expulsion d’une population « indésirable » d’un territoire donné en raison d’une discrimination religieuse ou ethnique, de considérations politiques, stratégiques ou idéologiques, ou d’une combinaison de ces éléments. »
30 Human Rights Watch. (16 décembre 2024). Viol et esclavage sexuel dans le conflit au Soudan. https://www.hrw.org/fr/news/2024/12/16/viol-et-esclavage-sexuel-dans-le-conflit-au-soudan
31, 32 Roptin, J. (2019). Des viols de guerre à la violence sexuelle comme terreur. Mémoires, 75(2), 5-7. https://doi.org/10.3917/mem.075.0005
33 Nahoum-Grappe, V. (2003).  « Crimes de souillure et crimes de guerre (ex-Yougoslavie, 1991-1995) », Ateliers A & Ateliers LESC, 26, 143-169. http://journals.openedition.org/atelierslesc/8597
34, 35 Brachet, E. (14 novembre 2024). Au Soudan, le corps des femmes est devenu un champ de bataille, le viol une « tactique de guerre ». Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/11/14/au-soudan-le-corps-des-femmes-est-devenu-un-champ-de-bataille-le-viol-une-tactique-de-guerre_6393742_3212.html
36 AJ+. (Novembre 2024). Au Soudan, le suicide collectif est « préférable au viol ». Instagram. https://www.instagram.com/ajplusfrancais/reel/DCrp8o9sBqC/?hl=en.
37 ((AJ+. (Novembre 2024). Au Soudan, le suicide collectif est « préférable au viol ». Instagram. https://www.instagram.com/ajplusfrancais/reel/DCrp8o9sBqC/?hl=en.
38 Awad, M.H., Mohamed, R.S., Abbas, M.M. et al. (2024). Major depressive disorder: point prevalence, suicidal ideation, and risk factors among Sudanese children and adolescents during Sudan army conflict: a cross-sectional study. Discover Mental Health 4, 28. https://doi.org/10.1007/s44192-024-00084-3
39 Roucayrol, A. (2020). Du viol comme arme de guerre. La Pensée, N° 404(4), 80-92. Page 86. https://doi.org/10.3917/lp.404.0080.
Pour aller plus loin sur la condition des femmes au Soudan, la gestion des violences sexuelles et la virginité comme symbole d’honneur : Orient XXI. (2021). Soudan. Ces femmes qui ont fait la révolution s’obstinent à réclamer leurs droits. https://orientxxi.info/magazine/soudan-ces-femmes-qui-ont-fait-la-revolution-s-obstinent-a-reclamer-leurs,4761
40 ONU Femmes. (13 novembre 2024). Guerre, naissance et espoir au Soudan. Nations Unies. https://www.unwomen.org/fr/nouvelles/reportage/2024/11/guerre-naissance-et-espoir-au-soudan
41 Amnesty International. (2014). Irak. Des femmes et des jeunes filles Yézidies soumises à des violences sexuelles insupportables. https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2014/12/iraq-yezidi-women-and-girls-face-harrowing-sexual-violence/
42 Bafoil, F. (5 juillet 2024). Le viol de guerre, « une culture du viol » ? Histoire, sociologie et psychanalyse. Bafoil, F., & Zawadzki, P. (2024). Politiques de la destructivité. Sciences sociales et psychanalyse. Édition Hermann, P. 173-199.
43 Nahoum-Grappe, V. (2011). Violences sexuelles en temps de guerre. Inflexions, 17(2), 123-138. https://doi.org/10.3917/infle.017.0123
45, 65 Roucayrol, A. (2020). Du viol comme arme de guerre. La Pensée, N° 404(4), 80-92. https://doi.org/10.3917/lp.404.0080
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47 Pourtier, R. (2009). Le Kivu dans la guerre : acteurs et enjeux ». Sur le Vif. https://journals.openedition.org/echogeo/10793
48 Public Sénat. (2022). Le viol comme arme de guerre : « Ces violences n’ont pas de frontières ». https://www.publicsenat.fr/actualites/non-classe/le-viol-comme-armes-de-guerre-ces-violences-n-ont-pas-de-frontieres-pas-de-culture
49 Nations Unies. (2008). Le viol, un crime de guerre. https://www.un.org/fr/chronicle/article/le-viol-un-crime-de-guerre
50 Amnesty International (28 mai 2008). Amnesty International Rapport 2008 – Soudan. https://www.refworld.org/reference/annualreport/amnesty/2008/fr/58781
Plus généralement, sur les femmes condamnées pour actes indécents : France Info. (29 novembre 2019). Soudan : le gouvernement abolit la loi autorisant le châtiment des femmes pour « actes indécents ». https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/societe-africaine/soudan-le-gouvernement-abolit-la-loi-autorisant-le-chatiment-des-femmes-pour-actes-indecents_3723757.html
51 Gadler, L. (25 novembre 2022). Le viol comme arme de guerre : « Ces violences n’ont pas de frontières ». Public Sénat. https://www.publicsenat.fr/actualites/non-classe/le-viol-comme-armes-de-guerre-ces-violences-n-ont-pas-de-frontieres-pas-de-culture
52

 Ancien chef Janjawid dont le procès a débuté en 2022 pour des crimes contre l’humanité ayant été commis entre 2003 et 2004. Fiche de la Cour Pénale Internationale : https://www.icc-cpi.int/fr/darfur/abd-al-rahman

53 Conventions de Genève (1949) et ses protocoles additionnels I et II (1977), résolutions n°1325 (2000), n°1820 (2008) et n°1889 (2009) du Conseil de sécurité de l’ONU.
54  Pour aller plus loin : accusation par le gouvernement soudanais de participation à des actes de « génocide » par les Émirats, qui profiteraient de la contrebande sur le marché de l’or. Le Monde. (10 avril 2025). Le Soudan et les Émirats arabes unis s’affrontent devant la Cour internationale de justice. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/10/le-soudan-et-les-emirats-arabes-unis-s-affrontent-devant-la-cour-internationale-de-justice_6593736_3212.html
55 Reportage, France 24. Episodes 1 à 5, (Avril 2025). Des armes européennes au Soudan Enquête sur la présence illégale de munitions au cœur de la guerre civile. https://www.france24.com/fr/armes-europ%C3%A9ennes-au-soudan/
56 Le Monde Afrique. (14 novembre 2024). Au Soudan, des équipements militaires français « en violation de l’embargo », selon Amnesty International. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2024/11/14/des-equipements-militaires-francais-au-soudan-en-violation-de-l-embargo-selon-amnesty-international_6392720_3212.html
57 Le Monde Afrique. (15 avril 2025). Conférence à Londres sur le Soudan, où a lieu une « catastrophe humanitaire » majeure après deux ans de guerre. Le Monde. https://www.lemonde.fr/afrique/article/2025/04/15/conference-a-londres-sur-le-soudan-catastrophe-humanitaire-majeure-apres-deux-ans-de-guerre_6596286_3212.html
59 France Diplomatie. (16 avril 2025). Soudan – Conférence de Londres sur le Soudan. https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/soudan/evenements/article/soudan-conference-de-londres-sur-le-soudan-16-04-25
60 Hawkins, V. (2008). Stealth Conflicts: How the World’s Worst Violence is Ignored
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63  Fraise, T. (2021). XI. Les temps de l’intolérable : la construction des normes internationales contre les violences sexuelles en temps de guerre au XXe siècle » (1946-2001) Dans B. Deruelle, N. Handfield et P. Portelance De la violence à l’extrême Discours, représentations et pratiques de la violence chez les combattants (XVe-XXIe siècle).
64 RTBF. (22 mars 2024). Guerre du Kivu : des femmes debout face au silence et à la double peine des viols commis en RDC. https://www.rtbf.be/article/guerre-du-kivu-des-femmes-debout-face-au-silence-et-a-la-double-peine-des-viols-commis-en-rdc-11348169
66 BBC Afrique. (5 octobre 2018). Denis Mukwege et Nadia Murad Prix Nobel de la Paix. https://www.bbc.com/afrique/region-45760676
67 Fondation Panzi créée par le Dr. Mukwege : https://panzifoundation.org/fr/dr-denis-mukwege/#
68 Kaval, A. (5 octobre 2018). Nadia Murad, des chaînes de l’État Islamique au prix Nobel de la paix. Le Monde. https://www.lemonde.fr/prix-nobel/article/2018/10/05/nadia-murad-des-chaines-de-l-etat-islamique-au-prix-nobel-de-la-paix_5365315_1772031.html
69, 70 Lamb, C. (2020). Our Bodies, Their Battlefield: War Through the Lives of Women