La masculinité hégémonique dans le cadre du conflit russo-ukrainien

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Mathilde Verrier

26/11/2025

La guerre entre la Russie et l’Ukraine date de plusieurs années, et s’est intensifiée en février 2022 par l’invasion terrestre de l’armée russe sur le territoire national ukrainien. Ce conflit, issu de la période de gouvernance soviétique sur une grande partie de l’Europe de l’Est, s’inscrit dans un contexte politico-social particulier. Dans le cadre de ce conflit entre deux puissances nationales, les représentations de genre et de pouvoir sont intrinsèquement liées, et participent grandement à la légitimité des conflits. La figure du président russe, Vladimir Poutine est particulièrement intéressante puisqu’elle illustre ce lien entre masculinité autoritaire affirmée et maintien du pouvoir par la virilité. À l’inverse, son homologue Volodymyr Zelensky s’inscrit plutôt dans une représentation de la résistance et du sacrifice d’un homme pour protéger sa patrie. Si ces deux figures politiques sont diamétralement opposées dans l’assise de leurs pouvoirs présidentiels, elles sont toutes les deux similaires et s’accordent sur le même registre genré : la masculinité héroïque. 

En tout temps, les guerres et conflits armés reflètent une rupture et voient les configurations sociales fortement modifiées. Ces situations de violences et d’insécurité exacerbent les normes de genre, notamment celles associées à la virilité, à la protection et à l’héroïsme. Dans leur article universitaire, « Masculinities and language[1]Baker, P., & Brookes, G. (2025), Masculinities and language. Polity Press https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/99318/9781040325636.pdf. » publié en 2025, Paul Baker, Professeur d’anglais à l’Université de Lancaster au Royaume-Uni, et rédacteur en chef de la revue Corpora, et Gavin Brookes, chercheur au département de linguistique et de langue anglaise de l’université de Lancaster au Royaume-Uni pose une définition claire de la masculinité hégémonique. Selon leurs termes, « La masculinité hégémonique fait référence à la valorisation de certaines formes de masculinité comme puissantes, à la subordination ou à la marginalisation d’autres formes, et aux moyens par lesquels cela est obtenu par la complicité, même de ceux qui n’en bénéficient pas nécessairement[2]Baker, P., & Brookes, G. (2025). Masculinities and language. Polity Press. https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/99318/9781040325636.pdf?sequence=1 ».

Ces formes de masculinité abordées dans leur raisonnement sont celles théorisée par Raewyn Connell, sociologue australienne connue pour avoir introduit le concept de masculinité dans les études de genre et la sociologie en générale. En 2014, Meoïn Hagège et Arthur Vuattoux publient une critique analytique du travail de Connell. Cette critique intitulée « Masculinités : enjeux sociaux de l’hégémonie[3]Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), pp. 170-172 https://doi.org/10.3917/pox.109.0170 », reprend nombreux concepts et théories de l’ouvrage « Masculinities » de Connell. Dans « Masculinités : enjeux sociaux de l’hégémonie[4]Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), pp. 170-172 . https://doi.org/10.3917/pox.109.0170 », la masculinité hégémonique est définie non pas comme « “un type de personnalité figé et invariant” ou un “système” dominant mais comme “la masculinité qui est en position hégémonique dans une structure donnée de rapports de genre, une position sujette à contestation”[5]Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), p.172 https://doi.org/10.3917/pox.109.0170 ». Cette clarification de la définition de masculinités amène donc à un questionnement autour de l’expression de la masculinité hégémonique en contexte de guerre. Pour illustrer ce propos, le choix de l’étude de cas s’est orienté vers l’un des conflits les plus médiatisés de ces dernières années : celui de la guerre russo-ukrainienne. Cet article tend donc à répondre à la problématique suivante : En quoi le conflit russo-ukrainien révèle-t-il les mécanismes de construction et de reconfiguration de la masculinité hégémonique en contexte de guerre ?

Si d’autres masculinités sont analysées dans les travaux de ces spécialistes de la question, notamment ceux de Raewyn Connell, comme les masculinités complices, subordonnées ou encore marginalisée, le présent article ne s’y attarde pas pour se concentrer sur la masculinité hégémonique accrue en période de conflit. C’est notamment pour cette raison que la masculinité sera analysée au singulier et non au pluriel. 

Masculinité hégémonique et renforcement de la militarisation 

Nombreux ouvrages se consacrent à l’étude de l’augmentation des inégalités de genre en période de conflits, notamment en ce qui concerne les femmes et les minorités. Néanmoins, peu de recherches explorent ce lien entre masculinité hégémonique et conflits armés. Pour Cynthia Enloe, politologue féministe américaine, le lien entre militarisme et renforcement des stéréotypes de genre est un processus genré, culturel et politique. Dans le cadre d’un tel processus, une société en vient à accorder une valeur primordiale aux comportements et idées liés à l’armée. Les institutions soutenant ces valeurs se voient alors érigées au-dessus de toutes les autres. Si cela implique une certaine conception de la masculinité, c’est bien la masculinité hégémonique qui est prônée à l’intérieur même de l’État, du pays ou du groupe.

Le conflit russo-ukrainien peut être perçu comme un conflit conventionnel ; les soldats réquisitionnés par les deux gouvernements combattent sur plusieurs fronts, et sont grandement armés. Il est ici question de militarisation des rangs, mais aussi de l’évolution du militarisme au sein des sociétés russe et ukrainienne. Comme le souligne Cynthia Cockburn dans son ouvrage intitulé From Where We Stand : War, Women’s Activism and Feminist Analysis publié en 2007, « la masculinité façonne la guerre et la guerre façonne la masculinité[6]Cockburn, C (2007). From Where We Stand : War, Women’s Activism and Feminist Analysis. London, UK : Zed Books, p. 249 ». Les valeurs directement liées à la guerre, à la violence et à la masculinité deviennent des normes sociétales qui renforcent un modèle déjà existant, le patriarcat, et entraîne la mise en danger des minorités de genre.

La militarisation est un processus d’intégration de principes militaires dans la société, renforçant la place de l’armée et des valeurs de virilité, de force et de puissance[7]Joana, J.  (2012). Chapitre 1 / La militarisation de la guerre. Les armées contemporaines (p. 21-69). Presses de Sciences Po. … Continue reading. Soutenue par le gouvernement, elle se traduit par une augmentation du budget de la sécurité et un renforcement des forces armées, consolidant ainsi les stéréotypes de genre liés à la masculinité. Pour l’Ukraine, ce renforcement budgétaire est observable depuis le début de l’invasion russe, mais elle a débuté après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014[8]Jacqmin, D. (2018, 29 mai). L’industrie de défense ukrainienne : un pied en URSS, l’autre dans l’OTAN, GRIP, p. 8 … Continue reading.

Dans le contexte russe contemporain, la masculinité dominante est étroitement liée à la valorisation des valeurs militaires : force, discipline, loyauté nationale, rejet de la faiblesse ; cette dernière étant souvent associée au féminin ou à l’Occident libéral. Les discours officiels opposent la virilité protectrice des soldats russes à la supposée faiblesse ou « dégénérescence » morale de l’ennemi, souvent associé à l’Occident libéral, à la « propagande LGBT », ou à des figures de masculinité non conformes. En 2022, Poutine déclare dans un discours présidentiel que les États occidentaux s’adonnent à « des idées étranges et à la mode comme des dizaines de genres ou des défilés de fierté gay, qu’il en soit ainsi. Laissez-les faire ce qu’ils veulent. Mais ils n’ont certainement pas le droit de dire aux autres de suivre leurs traces[9]Putin, V. (2022, October 27). Meeting of the Valdai International Discussion Club. Kremlin.ru. http://en.kremlin.ru/events/president/news/69695. ». Toujours selon Vladimir Poutine, les mariages entre personnes du même genre entrainent la pédophilie, et s’apparente à de perversion[10]Putin, V.. (2023, February 21). Address to the Federal Assembly. ASTRID-online. https://www.astrid-online.it/static/upload/puti/putin-21-2-23.pdf. Sa misogynie[11]Libération. (2014, 5 juin). Quel est le degré de sexisme de Poutine ?  https://www.liberation.fr/france/2014/06/05/trierweiler-heureuse-de-ne-pas-avoir-a-serrer-la-main-de-poutine_1033927/ et son rapport à la virilité s’illustre également au travers des deux exemples qui suivent. À propos d’Hillary Clinton, ancienne candidate à l’élection présidentielle américaine de 2016, Vladimir Poutine avait dit ceci : « Il vaut mieux ne pas se disputer avec les femmes […] Mais peut-être que la faiblesse n’est pas la pire des caractéristiques pour une femme[12]Libération. (2014, 5 juin). Quel est le degré de sexisme de Poutine ?  https://www.liberation.fr/france/2014/06/05/trierweiler-heureuse-de-ne-pas-avoir-a-serrer-la-main-de-poutine_1033927/». 

En mars 2022, il s’adresse ainsi à son homologue ukrainien : « Que ça te plaise ou non, ma jolie, il va falloir supporter[13]Télérama. (2022, 6 mars). Guerre en Ukraine : à l’origine du conflit, la masculinité … Continue reading ». Par ces discours, Vladimir Poutine associe son mépris des femmes à celui des hommes qu’il juge faibles – comme c’est le cas de Volodymyr Zelensky – en érigeant sa masculinité en norme de pouvoir. Ici, la posture de la masculinité hégémonique prônée par Poutine rabaisse les autres hommes en les comparant à des femmes, qui pour lui incarne l’ultime forme de faiblesse, d’infériorité et de soumission. Ses propos sexistes relèvent du lexique des violences sexistes.  La masculinité marginalisée complice ou encore celle stigmatisée qui sont des concepts abordés dans les théories de masculinités sont donc persécutés par le président russe[14]Demetriou, D. Z. (2015). La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell (H. Bouvard, trad.). Genre, sexualité & société, (13), 21–22. … Continue reading. Ce contraste idéologique sert à légitimer l’agression militaire tout en réaffirmant un ordre patriarcal et nationaliste, deux modèles sociétaux fortement liés[15]Naves, M.-C. (2019, 30 avril). Pour les populistes nationalistes, l’égalité entre les femmes et les hommes remet en cause un ordre établi. IRIS. … Continue reading

Entre engagement et mobilisation militaire, la masculinité en orbite 

Depuis les années 2000, le régime de Vladimir Poutine mobilise les imaginaires virils et militaires pour asseoir son autorité. Le président russe incarne lui-même une masculinité viriliste et militarisée. La représentation du corps du président russe constitue un autre élément de diffusion et d’incarnation de sa vision de la masculinité, comme le démontrent les clichés en Sibérie où il pêche et bronze torse nu en pleine montagne[16]RTL. (2017, 5 août). VIDÉO – Vladimir Poutine bronze et pêche dans les eaux du lac Baïkal en Sibérie. … Continue reading. Ces images rappellent à quel point le corps des hommes est instrumentalisé pour renforcer leur posture de pouvoir et mettre en valeur leur force et leur héroïsme au détriment de toute autre masculinité qui est méprisée. Ces mises en scène à travers des images de chasse, de sport de combat, ou de leadership militaire sont utilisées pour renforcer l’association entre pouvoir politique et virilité guerrière[17]Sperling, V. (2014, 5 décembre). « Happy Birthday, Mr. Putin! »: celebrating political masculinity in Russia. OUPblog. https://blog.oup.com/2014/12/putin-political-masculinity-russia/.

En Russie, tous les hommes russes en âge de combattre, peu importe la catégorie à laquelle ils appartiennent, sont dans le collimateur de Vladimir Poutine et de son ministère de la Défense. Dans ce contexte de guerre, l’idée selon laquelle les hommes ne peuvent incarner qu’une seule masculinité est cristallisée : ils ne peuvent exister qu’en tant que soldats défenseurs de leur nation. Historiquement, les femmes russes « n’ont jamais été particulièrement célébrées comme des héroïnes en temps de guerre[18]Trisko Darden, J. (2024, March). Russian women in the face of war with Ukraine. Foreign Policy Research Institute (FPRI). … Continue reading » tandis ce que la culture russe s’est « construite autour de l’autorité masculine[19]Trisko Darden, J. (2024, March). Russian women in the face of war with Ukraine. Foreign Policy Research Institute (FPRI). … Continue reading ». La CNBC rapporte en 2024, la parution à la télévision russe de slogans masculinistes : « Tu es un vrai homme. Sois-le » et « La vie d’un homme est un choix[20]CNBC. (2023, 24 avril). “Be a real man,” Russia looks to recruit fighters for Ukraine war. CNBC. https://www.cnbc.com/2023/04/24/be-a-real-man-russia-looks-to-recruit-fighters-for-ukraine-war.html». Ces slogans mettent en exergue tout le mécanisme de recrutement, touchant les hommes dans leur ego, et faisant appel à leur sens du devoir. Ils illustrent la manière dont la mobilisation russe s’empare de l’imaginaire de la masculinité toxique à travers des valeurs telles que  le virilisme et le patriotisme dans l’objectif de maximiser le recrutement. Du fait de la participation directe des ministères, comme celui de la Défense dans ces processus de mobilisation, la masculinité hégémonique en Russie est véhiculée à l’échelle nationale. 

Du côté ukrainien, la mobilisation est appréhendée sous une toute autre approche. La contractualisation est notamment prônée, par le biais de campagnes nationales donnant le choix aux volontaires sur leur unité et leur spécialité militaire. L’objectif est de centrer la mobilisation sur les capacités de chacun·e et d’adapter les contrats à chaque individu·e. Ici, la mobilisation des soldat·es ukrainien·nes apparaît plus « contemporaine » que celle de son voisin russe. L’application Rezerv+[21]VisitUkraine.Today. (2024, 17 mai). “Reserve+: the Ministry of Defence showed an application where military conscripts will be able to update their data”. VisitUkraine.Today. … Continue reading a été créé dans le but de faciliter la mobilisation des soldat·es, bien que sa création et son utilisation puissent être discutables. Elle illustre le souhait d’ouvrir à un maximum de personnes l’engagement militaire en Ukraine. Le choix de l’Ukraine est surtout d’orienter la campagne vers un patriotisme national et de prôner l’unité de l’armée ukrainienne sans distinction de genre. L’âge de recrutement a été modifié par un nouveau contrat, « La génération qui décide maintenant[22]Le Monde. (2025, 15 février). Ukraine offers one-year army contract for 18-24-year-olds. Le Monde. … Continue reading », mis en place pour ouvrir à un panel plus large cet accès à la mobilisation généralisée pour tous·tes[23]Le Monde. (2025, 15 février). Ukraine offers one-year army contract for 18-24-year-olds. Le Monde. … Continue reading

En Ukraine, le militarisme est soutenu par le gouvernement qui, se voyant attaqué sur son territoire en février 2022, a dû renforcer sa défense et ses stratégies militaires. Zelensky acclame son peuple et le remercie pour ses efforts de guerre à différentes reprises, comme en février 2023, à l’occasion de l’anniversaire de l’invasion russe. De son discours prononcé sur sa chaîne Télégram, il faut retenir ces mots « Et aujourd’hui, nous sommes debout depuis exactement un an. Et nous le savons toujours : nous devons nous battre pour chaque lendemain ![24]“Full speech on anniversary of full-scale Russian invasion by Ukraine president Zelenskyy” (2023, 24 février). … Continue reading » ; « En même temps, le monde a vu de quoi l’Ukraine est capable. Ce sont de nouveaux héros. Défenseurs de Kiev, défenseurs d’Azovstal[25]Al Jazeera. (2023, 20 septembre). “Full text : Zelenskyy’s speech to the UN General Assembly” Al Jazeera. … Continue reading ».

En septembre 2023, Zelensky se prononce devant les membres des Nations Unies « Que l’unité décide de tout ouvertement. Alors que la Russie pousse le monde vers une guerre finale, l’Ukraine fait tout pour garantir qu’après l’agression russe, personne dans le monde n’osera attaquer une autre nation[26]Al Jazeera. (2023, 20 septembre). “Full text : Zelenskyy’s speech to the UN General Assembly” Al Jazeera. … Continue reading ». En décrivant son pays comme résilient et courageux, il met également en avant une donnée importante : l’Ukraine est le rempart entre l’Europe et la politique de Poutine. Ces discours mettent en avant la réelle ambition de Zelensky de faire face à cet ennemi, qui attaque son peuple, ses frontières et le fonctionnement de la société dont il est président.

Enfin, un dernier exemple met en lumière cette modernité dont use le gouvernement ukriainine pour mobiliser ses troupes : le lancement d’une campagne « Nation Branding » avec pour slogan officiel « Bravery To be Ukraine[27]L’agence publicitaire Banda, basée à Kyiv et Los Angeles, a mis en œuvre cette initiative via affichages, vidéos, autocollants, et même produits de consommation, à la fois en Ukraine et à … Continue reading »[28]Kaneva, N. (2022, 21 août). With bravery as new brand, advertising is ‘weapon of war’ for Ukraine. Business Standard. … Continue reading. L’Ukraine veut l’unité de son pays, et fait appel au courage de tous·tes les citoyen·nes de son pays. En Russie, la mobilisation s’adresse aux hommes en priorité. Selon le Foreign Policy Research Institute « En mars 2023, le ministère russe de la Défense a noté que 1 100 femmes participaient aux opérations de combat en Ukraine (moins de la moitié des forces russes estimées à 360 000 à 410 000 hommes en Ukraine en 2023).[29]Trisko Darden, J. (2024, March). Russian women in the face of war with Ukraine. Foreign Policy Research Institute (FPRI). … Continue reading». Bien que les femmes soient également appelées à se mobiliser, Poutine et son gouvernement prônent davantage la force masculine et virile que les aptitudes de leurs compatriotes, elles-mêmes souvent victimes directes des soldats[30]Trisko Darden, J. (2024, March). Russian women in the face of war with Ukraine. Foreign Policy Research Institute (FPRI). … Continue reading. Cette différence notable entre la mobilisation de la société pour l’effort de guerre expose la différence de regard posé sur les questions de genre par les deux pays. 

L’incarnation de la masculinité hégémonique dans les figures de pouvoir

À l’origine de nombreux conflits se trouve une dynamique de construction patriarcale, profondément ancrée dans les sphères politique et militaire. La prédominance des hommes dans les cercles décisionnels permet l’instauration d’un véritable patriarcat du pouvoir[31]Demetriou, D. Z. (2015). La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell (H. Bouvard, trad.). Genre, sexualité & société, (13), pp. 337-361 … Continue reading, qui façonne peu à peu l’ensemble de la société.

Cette influence s’étend bien au-delà des institutions car tout le système sociétal se construit sur cette valorisation d’un idéal masculin autoritaire et viriliste, incarné par la figure de « l’homme fort ». Celui-ci ne détient pas nécessairement un pouvoir institutionnel ou militaire officiel, mais exerce une autorité symbolique, politique ou sociale marquée. L’« homme fort » représente un archétype aux caractéristiques hétéronormées, telles que la force physique, l’assurance, la virilité exacerbée, ou encore le contrôle, souvent perçues comme naturelles et légitimes dans de nombreuses cultures[32]Le 1 Hebdo. (2025, 16 avril). Qu’est-ce qu’être un homme ? Le 1 Hebdo, (541)..

La figure de l’homme fort est donc à la fois produit et moteur de la masculinité hégémonique. Elle s’appuie sur une définition étroite de la force physique et de la virilité, associée à l’héroïsme, à la détermination, à la pilosité ou encore à une posture de chef, pour imposer un modèle autoritaire d’exercice du pouvoir. Le lien entre cette construction viriliste et les régimes autoritaires est direct : c’est par cette incarnation d’un pouvoir masculin fort, souvent brutal, que se consolide une forme de légitimité politique, parfois au détriment des droits et libertés des populations. Les figures de Vladimir Poutine et de Volodymyr Zelensky peuvent, à plusieurs égards, être comparées. Tous deux sont devenus des symboles forts de leurs nations respectives, occupant une place centrale sur la scène internationale depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Toutefois, leurs postures politiques, leurs constructions médiatiques et leurs représentations genrées s’inscrivent dans des logiques radicalement différentes.

D’un côté, Vladimir Poutine, l’incarnation par excellence de cette notion d’homme fort. Il a construit et alimenté pendant ses longues années d’exercice présidentiel son image autoritaire, dominante et virile par le biais d’activités ou de propos sexistes et homophobes, comme vu précédemment[33]Le Monde. (2024, 22 mars). La Russie ajoute le mouvement international LGBT à sa liste des « terroristes et extrémistes ». … Continue reading. Son rapport à la masculinité se traduit également dans sa politique étrangère : agressive, expansionniste, nostalgique de la grandeur soviétique, elle incarne la démonstration d’une puissance impériale au service d’un ordre conservateur et patriarcal.

À l’opposé, Volodymyr Zelensky, ancien acteur devenu chef d’État, se présente comme un défenseur de la démocratie et de son peuple face à l’agression russe[34]Courrier International. (s.d.). Verbatim. Prédateur, crétins… échange d’amabilités entre Zelensky et Poutine. … Continue reading,[35]Le Grand Continent. (s.d.). Violences impériales. L’actualité russe du passé soviétique.https://legrandcontinent.eu/fr/themes/histoire/violences-imperiales-lactualite-russe-du-passe-sovietique/. Depuis février 2022, il s’impose comme un chef de guerre reconnu et déterminé, mais il n’est pas pour autant assimilé à la figure de l’homme fort telle qu’on la définit dans les recherches sur la masculinité hégémonique. Ni les médias, ni les milieux académiques européens et internationaux ne lui attribuent cette étiquette. Sa légitimité repose davantage sur son courage, sa proximité avec les citoyen·nes et sa capacité à incarner des valeurs démocratiques, plutôt que sur une démonstration viriliste du pouvoir[36]Télérama. (2022, 6 mars). Guerre en Ukraine : à l’origine du conflit, la masculinité … Continue reading.

En somme, si les deux hommes exercent les mêmes fonctions, leur masculinité diffère radicalement, et leur politique se calque sur cette dernière. V. Poutine personnifie la masculinité hégémonique autoritaire, tandis que V. Zelensky s’en éloigne en incarnant un leadership plus horizontal et démocratique. Cette opposition souligne deux visions antagonistes du pouvoir : l’une fondée sur la force et la domination des minorités ; l’autre sur la résistance et la défense de la souveraineté populaire.

Patriotisme, nationalisme ou idéal du citoyen engagé ?

Dans le contexte du conflit russo-ukrainien, le président Volodymyr Zelensky s’impose comme une incarnation emblématique du citoyen-soldat. La figure du citoyen-soldat mérite d’être prise en compte dans le cadre d’une étude des masculinités en contexte de conflit. Elle renvoie à l’idéal d’un individu pleinement intégré à la société, participant activement à la vie politique et prêt à prendre les armes si nécessaire pour défendre sa communauté[37]Paché, S., & Crémieux-Labail, R. (éds.). (2022). Défendre la France : le temps des soldats-citoyens et la défaite du citoyen-soldat (Presses universitaires de Rennes). … Continue reading. Cet attendu social, valorisé historiquement depuis l’Antiquité, repose sur un équilibre entre engagement civique et responsabilité militaire. Le citoyen-soldat ne domine pas mais agit au nom d’un collectif, dans un cadre institutionnel légitime. Ce rôle de soldat attribué au citoyen lui confère le rôle de défenseur de sa nation contre un ennemi, incarnant le lien entre masculinité hégémonique et engagement pour son peuple. L’Ukraine comme la Russie soutiennent cette masculinité hégémonique car elle sert la nation entière en cette période de conflit.  

Le président Zelensky, en tant que premier citoyen de son État[38]Saint Maurice, T. de (2023). Serviteur du Peuple. Un président peut en cacher un autre. Dans S. Laugier (Dir.), Les séries, laboratoire d’éveil politique. CNRS Éditions. … Continue reading, assume une double responsabilité : celle de gouverner et celle de protéger. Depuis le déclenchement de l’invasion russe en février 2022, il n’a cessé d’incarner cet idéal démocratique et martial, à la fois chef de guerre et représentant du peuple. D’ailleurs, V. Zelensky apparaît presque toujours en tenue de combat, contrairement à Poutine qui revêt des costumes de luxe[39]Le Monde. (2022, 12 juillet). Le tee-shirt kaki de Volodymyr Zelensky, reflet d’une com’ très maîtrisée. … Continue reading

Depuis 2022, Zelensky s’est rendu à de nombreuses reprises sur le front[40]France 24. (2024, 29 juillet). En Ukraine, Zelensky visite ses troupes sur le front et Moscou dit avancer à l’Est. … Continue reading,[41]L’Orient-Le Jour. (2024, 12 décembre). Zelensky dit visiter ses troupes près de la ligne du front dans le sud de l’Ukraine. … Continue readingauprès des troupes armées ukrainiennes, partageant les risques et la fatigue des soldat·es. Par cet engagement, il renforce son autorité par la proximité, le sacrifice et la solidarité. Il ne construit pas son image sur la virilité conquérante ou l’autorité verticale, mais sur la légitimité morale et l’exemplarité du devoir accompli.

En Ukraine, le modèle du citoyen-soldat est activement promu par les autorités politiques comme un idéal collectif de résistance, et fortement engagé pour une solution diplomatique au conflit qui ravage son pays. À ce propos, le travail du photographe Adrien Vautier et du journaliste Emmanuel Grynszpana est une source majeure d’analyse. Tous deux ont documenté la vie des soldats ukrainiens à Kourakhove, l’une des zones les plus dangereuses du conflit[42]d’Istria, T. (2024, 11 décembre). Sur le front ukrainien, les soldats épuisés se battent sans répit. Le Monde. … Continue reading. Ils y observent une extrême fatigue, une intensité de combats dévastatrice. Mais ce qu’ils rapportent également s’articule autour d’un puissant « sentiment de devoir[43]d’Istria, T. (2024, 11 décembre). Sur le front ukrainien, les soldats épuisés se battent sans répit. Le Monde. … Continue reading » partagé par les combattants. Cette idée du devoir renvoie directement à l’ethos du citoyen-soldat, dont V. Zelensky est aujourd’hui l’un des symboles les plus puissants sur la scène internationale[44]d’Istria, T. (2024, 11 décembre). Sur le front ukrainien, les soldats épuisés se battent sans répit. Le Monde. … Continue reading.

Cette série photos d’Adrien Vautier[45]Vautier, A. (2022-2024). Si tu traverses l’hiver. Deux années de guerre en Ukraine. 2022-2024. https://www.adrienvautier.com/guerre-en-ukraine-2022#1 et les témoignages recueillis par Emmanuel Grynszpan révèle une double analyse : la guerre nécessite des combattants, parfois non formés mais mobilisés par « obligation » pour leur patrie. Les chefs d’État ont besoin de combattants au front, et pour ce faire, ils se doivent de les mobiliser. Pour le gouvernement ukrainien et pour le gouvernement russe, cet idéal du citoyen-soldat engagé dans la protection du territoire et des populations civiles est instrumentalisé. Cette figure du citoyen-soldat est donc alimentée, instrumentalisée et mise au profit d’un projet plus global : faire du secteur militaire un secteur fort, viril et puissant. En somme, toutes les caractéristiques propices à la montée d’une masculinité hégémonique dans les rangs de chacune des armées. 

Rendre compte des masculinités hégémoniques et de l’accroissement de cette expressivité dans le cadre d’une guerre, d’une crise ou d’un conflit armé est subtile et ne peut s’appliquer de la même manière à chaque situation. Alain Greig, spécialiste des questions de genre et consultant indépendant auprès d’organisations et de mouvements militants du Nord et du Sud global sur les questions de justice de genre, d’oppression sociale et de violences personnelles et politiques, a récemment conduit une étude approfondie sur ce thème. Il explique que « Le “système de guerre” n’est pas simplement genré ; il structure le genre lui-même[46]Greig, A. (2023). Hommes, masculinities et conflits armés : résultats d’une étude menée dans quatre pays (Women’s International League for Peace & Freedom [WILPF]). p.12 … Continue reading ». La guerre doit être comprise comme un amplificateur des normes sociales. Le genre est donc largement impacté dans le contexte d’un pays victime de telles violences qui devient le théâtre de cette masculinité exacerbée. La violence masculine et la violence des combats s’articulent l’une autour de l’autre, résultante de la masculinité hégémonique. Celle-ci ne cesse alors de s’immiscer au sein de la société concernée.

Pour citer cette production : Mathilde VERRIER, « La masculinité hégémonique en période de conflit armé. Le cas du conflit russo-ukrainien étudié sous le prisme de la masculinité hégémonique », 26/11/2025, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/2025/11/26/la-masculinite-hegemonique-dans-le-cadre-du-conflit-russo-ukrainien/

 

References

References
1 Baker, P., & Brookes, G. (2025), Masculinities and language. Polity Press https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/99318/9781040325636.pdf
2 Baker, P., & Brookes, G. (2025). Masculinities and language. Polity Press. https://library.oapen.org/bitstream/handle/20.500.12657/99318/9781040325636.pdf?sequence=1
3 Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), pp. 170-172 https://doi.org/10.3917/pox.109.0170
4 Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), pp. 170-172 . https://doi.org/10.3917/pox.109.0170
5 Hagège, M., & Vuattoux, A. (2015), Compte rendu du livre Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie, par R. Connell,. Politix, 109(1), p.172 https://doi.org/10.3917/pox.109.0170
6 Cockburn, C (2007). From Where We Stand : War, Women’s Activism and Feminist Analysis. London, UK : Zed Books, p. 249
7 Joana, J.  (2012). Chapitre 1 / La militarisation de la guerre. Les armées contemporaines (p. 21-69). Presses de Sciences Po. https://shs.cairn.info/les-armees-contemporaines–9782724612752-page-21?lang=fr
8 Jacqmin, D. (2018, 29 mai). L’industrie de défense ukrainienne : un pied en URSS, l’autre dans l’OTAN, GRIP, p. 8 https://www.grip.org/lindustrie-de-defense-ukrainienne-un-pied-en-urss-lautre-dans-lotan/
9 Putin, V. (2022, October 27). Meeting of the Valdai International Discussion Club. Kremlin.ru. http://en.kremlin.ru/events/president/news/69695
10 Putin, V.. (2023, February 21). Address to the Federal Assembly. ASTRID-online. https://www.astrid-online.it/static/upload/puti/putin-21-2-23.pdf
11, 12 Libération. (2014, 5 juin). Quel est le degré de sexisme de Poutine ?  https://www.liberation.fr/france/2014/06/05/trierweiler-heureuse-de-ne-pas-avoir-a-serrer-la-main-de-poutine_1033927/
13 Télérama. (2022, 6 mars). Guerre en Ukraine : à l’origine du conflit, la masculinité triomphante.https://www.telerama.fr/debats-reportages/guerre-en-ukraine-a-l-origine-du-conflit-la-masculinite-triomphante-7009494.php
14 Demetriou, D. Z. (2015). La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell (H. Bouvard, trad.). Genre, sexualité & société, (13), 21–22. https://journals.openedition.org/gss/3546
15 Naves, M.-C. (2019, 30 avril). Pour les populistes nationalistes, l’égalité entre les femmes et les hommes remet en cause un ordre établi. IRIS. https://www.iris-france.org/136293-pour-les-populistes-nationalistes-legalite-entre-les-femmes-et-les-hommes-remet-en-cause-un-ordre-etabli/
16 RTL. (2017, 5 août). VIDÉO – Vladimir Poutine bronze et pêche dans les eaux du lac Baïkal en Sibérie. https://www.rtl.fr/actu/international/video-vladimir-poutine-bronze-et-peche-un-enorme-brochet-en-siberie-7789624372
17 Sperling, V. (2014, 5 décembre). « Happy Birthday, Mr. Putin! »: celebrating political masculinity in Russia. OUPblog. https://blog.oup.com/2014/12/putin-political-masculinity-russia/
18, 19, 29, 30 Trisko Darden, J. (2024, March). Russian women in the face of war with Ukraine. Foreign Policy Research Institute (FPRI). https://www.fpri.org/article/2024/03/russian-women-in-the-face-of-war-against-ukraine/
20 CNBC. (2023, 24 avril). “Be a real man,” Russia looks to recruit fighters for Ukraine war. CNBC. https://www.cnbc.com/2023/04/24/be-a-real-man-russia-looks-to-recruit-fighters-for-ukraine-war.html
21 VisitUkraine.Today. (2024, 17 mai). “Reserve+: the Ministry of Defence showed an application where military conscripts will be able to update their data”. VisitUkraine.Today. https://visitukraine.today/blog/3961/reserve-the-ministry-of-defence-showed-an-application-where-military-conscripts-will-be-able-to-update-their-data
22, 23 Le Monde. (2025, 15 février). Ukraine offers one-year army contract for 18-24-year-olds. Le Monde. https://www.lemonde.fr/en/international/article/2025/02/15/ukraine-offers-one-year-army-contract-for-18-24-year-olds_6738179_4.html
24 “Full speech on anniversary of full-scale Russian invasion by Ukraine president Zelenskyy” (2023, 24 février). https://english.nv.ua/nation/full-speech-on-anniversary-of-full-scale-russian-invasion-by-ukraine-president-zelenskyy-50306539.html
25, 26 Al Jazeera. (2023, 20 septembre). “Full text : Zelenskyy’s speech to the UN General Assembly” Al Jazeera. https://www.aljazeera.com/news/2023/9/20/full-text-zelenskyys-speech-to-the-un-general-assembly
27 L’agence publicitaire Banda, basée à Kyiv et Los Angeles, a mis en œuvre cette initiative via affichages, vidéos, autocollants, et même produits de consommation, à la fois en Ukraine et à l’étranger.
28 Kaneva, N. (2022, 21 août). With bravery as new brand, advertising is ‘weapon of war’ for Ukraine. Business Standard. https://www.business-standard.com/article/international/with-bravery-as-new-brand-advertising-is-weapon-of-war-for-ukraine-122082100111_1.htm
31 Demetriou, D. Z. (2015). La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell (H. Bouvard, trad.). Genre, sexualité & société, (13), pp. 337-361 https://journals.openedition.org/gss/3546
32 Le 1 Hebdo. (2025, 16 avril). Qu’est-ce qu’être un homme ? Le 1 Hebdo, (541).
33 Le Monde. (2024, 22 mars). La Russie ajoute le mouvement international LGBT à sa liste des « terroristes et extrémistes ». https://www.lemonde.fr/international/article/2024/03/22/la-russie-ajoute-le-mouvement-international-lgbt-a-sa-liste-des-terroristes-et-extremistes_6223550_3210.html
34 Courrier International. (s.d.). Verbatim. Prédateur, crétins… échange d’amabilités entre Zelensky et Poutine. https://www.courrierinternational.com/article/verbatim-predateur-cretins-echange-d-amabilites-entre-zelensky-et-poutine
35 Le Grand Continent. (s.d.). Violences impériales. L’actualité russe du passé soviétique.https://legrandcontinent.eu/fr/themes/histoire/violences-imperiales-lactualite-russe-du-passe-sovietique/
36 Télérama. (2022, 6 mars). Guerre en Ukraine : à l’origine du conflit, la masculinité triomphante.https://www.telerama.fr/debats-reportages/guerre-en-ukraine-a-l-origine-du-conflit-la-masculinite-triomphante-7009494.php
37 Paché, S., & Crémieux-Labail, R. (éds.). (2022). Défendre la France : le temps des soldats-citoyens et la défaite du citoyen-soldat (Presses universitaires de Rennes). https://books.openedition.org/pur/17211?lang=fr
38 Saint Maurice, T. de (2023). Serviteur du Peuple. Un président peut en cacher un autre. Dans S. Laugier (Dir.), Les séries, laboratoire d’éveil politique. CNRS Éditions. https://hal.science/hal-04626435
39 Le Monde. (2022, 12 juillet). Le tee-shirt kaki de Volodymyr Zelensky, reflet d’une com’ très maîtrisée. https://www.lemonde.fr/series-d-ete/article/2022/07/12/le-tee-shirt-kaki-de-volodymyr-zelensky-reflet-d-une-com-tres-maitrisee_6134401_3451060.html
40 France 24. (2024, 29 juillet). En Ukraine, Zelensky visite ses troupes sur le front et Moscou dit avancer à l’Est. https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20240729-ukraine-zelensky-sur-le-front-moscou-dit-progresser-à-l-est
41 L’Orient-Le Jour. (2024, 12 décembre). Zelensky dit visiter ses troupes près de la ligne du front dans le sud de l’Ukraine. https://www.lorientlejour.com/article/1439503/zelensky-dit-visiter-ses-troupes-pres-de-la-ligne-du-front-dans-le-sud-de-lukraine.html
42, 43, 44 d’Istria, T. (2024, 11 décembre). Sur le front ukrainien, les soldats épuisés se battent sans répit. Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2024/12/11/sur-le-front-ukrainien-les-soldats-epuises-se-battent-sans-repit_6442668_3210.html
45 Vautier, A. (2022-2024). Si tu traverses l’hiver. Deux années de guerre en Ukraine. 2022-2024. https://www.adrienvautier.com/guerre-en-ukraine-2022#1
46 Greig, A. (2023). Hommes, masculinities et conflits armés : résultats d’une étude menée dans quatre pays (Women’s International League for Peace & Freedom [WILPF]). p.12 https://www.wilpf.org/wp-content/uploads/2023/03/21_WILPF-Men-Masculinities-Armed-Conflict-French_vis3.pdf