Le prisme du genre dans la sécurité internationale

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20/03/2023

Zineb Khelif

La dernière conférence de Munich sur la sécurité du 17 février dernier est l’un des forums les plus importants pour discuter des politiques de sécurité internationale et est encadrée comme un espace de discussion pour penser au mieux la résolution pacifique des conflits et des problématiques sécuritaires. Elle se veut être au cœur de la définition et des débats autour des enjeux sécuritaires contemporains, tout en prenant en considération les enjeux environnementaux et humains de la sécurité. 

Pourtant, la conférence a seulement abordé à deux reprises des sujets relatifs au genre et à l’articulation de sa réalité en géopolitique, sur un total de 54 sujets. Cette absence frappante est caractéristique du domaine sécuritaire et des dynamiques de pouvoirs relatives à celui-ci. Or, tel que l’explique Foucault « pouvoir et savoir s’impliquent directement l’un l’autre ; qu’il n’y a pas de relation de pouvoir sans constitution corrélative d’un champ de savoir, ni de savoir qui ne suppose et ne constitue en même temps des relations de pouvoir[1]Foucault, M. (1993). Surveiller et punir. Gallimard. ». Dès lors, qu’implique et comment se traduit l’absence du prisme du genre dans les enjeux sécuritaires internationaux ?

Les racines de cette omission    

La structure des enjeux sécuritaires contemporains découle de la naissance même de nos modèles  politiques occidentaux. La notion d’État se réalise par la réflexion classique du soi, l’intérieur en opposition à l’autre, l’extérieur. D’un point de vue historique, cette notion trouve son origine au temps de l’antiquité grecque, l’oikos symbolisant l’intérieur face au polis, l’extérieur dont la défense est assurée par les hommes à travers leur fonction guerrière. L’historien George Mosse explique qu’une analogie s’est réalisée à travers le temps entre l’image de la mère patrie, l’intèrieur et la femme, idealisés tout en étant restreints à une entité qu’il faut protéger de « l’autre »[2]Mosse, George L (1997) Nationalism and Sexuality: Respectability and Abnormal Sexuality in Modern Europe, (New York: Howard Fertig).

La vision des relations internationales des théoriciens réalistes découle de cette histoire, mettant en exergue le référentiel de l’homme et menant ainsi à une sorte d’anthropomorphisme de l’État représenté par l’homme protégeant la nation. Tel que le dépeint l’ouvrage de Kenneth Waltz, Man, The State and War, pour les réalistes le système international est caractérisé par une anarchie qui serait à l’image du comportement masculin, dans sa dimension genrée : « entre les hommes comme entre les Etats, il n’y a pas d’ajustement automatique des intérêts. En l’absence d’une autorité suprême, il y’a donc cette possibilité constante que le conflit soit résolu par la force[3]Kenneth N. Waltz. (1959). Man, the State and War : A Theoretical Analysis, New York (N. Y.), Columbia University Press, p. 188.  ». Les relations internationales sont donc pensées comme un rapport entre hommes dont la défense de ces intérêts créerait des conflits perpétuels. Le Léviathan de Thomas Hobbes[4]Hobbes, T. (2008). Leviathan (J. C. A. Gaskin, Ed.). Oxford University Press., référence inaliénable de nos systèmes politiques occidentaux, illustre parfaitement cette vision masculiniste des rapports entre différentes entités politiques, cette théorie étant représentée par l’auteur comme un guerrier couronné et armé, le peuple se remettant à lui pour se protéger des velléités des autres Etats.

Le concept de souveraineté, fondation de l’État westphalien, pérennise cette vision de contrat de protection avec ses populations comme structure même de sa légitimité. Or, il est paradoxal par nature puisque l’État s’engage à protéger sa population des dynamiques de violence que lui même nourrit par sa vision intéressée et agressive des relations internationales[5]Peterson, V. (1992). 1 Security and Sovereign States: What Is at Stake in Taking Feminism Seriously?. In V. Peterson (Ed.), Gendered States: Feminist (Re)Visions of International Relations Theory. … Continue reading.  

Ainsi, les relations internationales sont marquées par un phallocentrisme, du fait que l’Etat est le point de référence central au système international et que son rapport à l’autre serait calqué sur le comportement de l’homme. Ceci induit de fait une homogénéisation de la pensée des relations internationales autour du point de vue et de l’expérience masculine.

La discipline des relations internationales est critiquée dès 1960 pour son modèle prônant une certaine neutralité, alors même qu’elle pousse à une homogénéisation de la population mondiale autour de la notion de « l’homme rationnel » à la recherche de l’intérêt de l’État. Cette discipline serait selon Jan Jindy Pettman, chercheuse à l’Université nationale australienne, « l’une des disciplines les plus masculinistes, dans la composition de ses membres autant que dans sa compréhension des États, des guerres et des marchés[6]J. Pettman,(1996).  Worlding Women : A Feminist International Politics, Londres, Routledge.». 

Ainsi, la lutte pour que soit inscrite dans le préambule de la charte de San Francisco de 1945 la notion « d’égalité des droits des hommes et des femmes » par des groupes féministes cristallise la nécessité de mettre fin à la prétendue neutralité de cette discipline. Cette dernière entretient de fait une vision biaisée d’un monde pourtant marqué par une hégémonie masculiniste et occidentale[7]Tickner, J. A., & Sjoberg, L. (2007). Feminism. In T. Dunne, M. Kurki, & S. Smith (Eds.), International Relations Theories: Discipline and Diversity. Oxford University Press. qui invisibilise les intérêts et besoins de tout le reste de la population.

Une lecture genrée minoritaire et restreinte du prisme du genre

À l’image de la dernière Conférence de Munich sur la sécurité (MSC), la majorité des instances supranationales ou des entités de réflexions relatives à la sécurité affichent un cadre de pensée et de fonctionnement emprunt d’une logique particulièrement patriarcale. Le cadre institutionnel de la MSC, à savoir l’organisation autour de son conseil consultatif, en est un témoignage singulier. Il est constitué de 24 membres, dont 5 femmes et sa charte n’exprime aucune précision sur une parité qu’il faudrait viser au sein de ses membres, mis à part l’article 4 décrétant la nécessité d’une certaine « diversité » parmi ses membres, accompagnée d’un équilibre des différents points de vue[8]Charter of the MSC Advisory Council.Ce manque de représentation des femmes à des postes stratégiques, tel qu’on peut le voir au sein de l’OTAN en 2018, où les femmes représentaient 25% des postes à haute responsabilité, perpétue un manque de considération du point de vue féminin.  Pourtant même si certaines organisations considèrent cette parité comme nécessaire, telle que l’ONU qui affiche respectivement des taux à 43% et 35% pour des postes de milieux de carrières et de grades supérieurs[9]Billaud-Durand, P. (07 mars 2019). La diversité de l’OTAN, fruit d’un effort constant. Revue de l’OTAN. … Continue reading, cela n’est pas encore suffisant.

En outre, les chercheuses Sarah Childs et Mona Lena Krook mettent en lumière la différence entre la représentation descriptive, c’est-à-dire le nombre de femmes actrices dans le domaine de la sécurité et la représentation substantive, qui relève plutôt de la défense des intérêts des femmes dans l’agenda international[10]Childs, S., & Krook, M. L. (2009). Analysing Women’s Substantive Representation: From Critical Mass to Critical Actors. Government and opposition (London), 44(2), 125‑145..  Ainsi, il n’existe pas de corrélation directe entre les deux variables, une augmentation de la représentation des femmes à des rôles importants dans le domaine de la sécurité ne sera pas forcément liée à une hausse des politiques prenant en considération la réalité des dynamiques de genre. 

Par ailleurs, si le prisme du genre est considéré dans certains textes internationaux, tel que dans la charte de l’ONU, il relève encore d’un cadre d’analyse restreint. La résolution 1325 de l’ONU, centrée autour de la protection des femmes dans les conflits armés ainsi que leur participation aux résolutions de conflits , a été une révolution par sa défense d’une démarche égalitaire dans tous les processus de paix et a engendré l’adoption de nombreuses autres résolutions (1820, 1888, 1889, 1325, 1960, 2106, 2242, 2493 et 2467). Elles constituent l’agenda nommé « Femmes, Paix et Sécurité » qui a permis une augmentation de la participation des femmes dans les processus de paix, une réalité permettant des résultats plus durables et plus inclusifs selon l’ONU[11]Mission permanente de la France auprès des Nations Unies (n.d). Les femmes dans le maintien de la paix. https://onu.delegfrance.org/les-femmes-dans-le-maintien-de-la-paix. Les inégalités de genre étant exacerbées en temps de conflit, les chiffres de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) illustrent que dans le cas de l’Afghanistan, depuis septembre 2020 87% des femmes avaient subi des formes de violences relatives au genre[12]Refugees International. (2021). Afghan Women and Girls Under Immediate Threat: The Responsibility to Protect and Assist Is Just Beginning., cette nouvelle prise en considération des conséquences sexo-spécifiques des conflits est donc majeure pour travailler à leur réduction. 

Toutefois, il peut être reproché à ces résolutions d’essentialiser les femmes à une position de victime en les mettant au même niveau que les enfants, comme des êtres à la vulnérabilité similaire, qu’il faudrait protéger[13]Enloe C. (2014), Bananas, Beaches and Bases Making Feminist Sense of International Politics, Berkeley, University of California Press.. De même, le cadre de ces résolutions soutient de fait la théorie désuète du pacifisme biologique, une réflexion typiquement patriarcale par son attribution de caractéristiques de « douceurs » à la femme, dont la participation permettrait une pacification des rapports internationaux relativement à des « facilités naturelles » pour la paix[14]Shepherd L. J. (2010), « Women, Armed Conflict and Language – Gender, Violence and Discourse », International Review of the Red Cross, 92 (877), 143-159..

La perpétuation d’une analyse et d’une pratique patriarcale de la sécurité internationale 

La pensée de Foucault illustre que la définition de notre réalité, c’est-à-dire le discours construit relativement à celle-ci, est structurante[15]Foucault, Michel. (1980). Power/Knowledge: Selected Interviews and Other Writings,1972 -1977.. Appliquée au domaine des relations internationales, cette réflexion se réalise par le reflet et la répétition d’un cycle de violence endogène au système patriarcal. Tout d’abord par la séparation des affaires privées, nationales et des affaires publiques, internationales, qui restreint l’échelle d’analyse des violences faites aux femmes, comme une composante relative aux affaires nationales ou internationales et non pas comme un phénomène global qui s’entretient. Or, les particularismes locaux, c’est-à-dire les réalités culturelles relatives à la politique, la religion et la situation économique, s’emmêlent aux réalités internationales néolibérales, impérialistes et patriarcales, ce qui construit un continuum de violence. Ce dernier ne peut être traité par le cadre de réflexion de notre système sécuritaire puisqu’il étiquette et sépare ces deux réalités. Cette réalité est notamment illustrée par le conflit irakien, où les violences pendant le conflit se sont nourries des dynamiques de violences sexistes pré-conflits. La chercheuse Nadje Al-Ali met en exergue le danger d’une analyse séparant ces deux phénomènes simplement par des critères d’historicité et de temporalité entre paix et conflit[16]Al-Ali, N. (2018). Sexual violence in Iraq: Challenges for transnational feminist politics. European Journal of Women’s Studies, 25(1), 10–27.. Le danger résidant dans une lecture nationale relative aux particularités ethno-culturelles séparant ainsi les phénomènes de violences des influences globales qui nourrissent de fait les violences au niveau local. Nadje Al-Ali démontre que les violences genrées inscrites dans la société irakienne au sein des familles et des gangs criminels se sont ensuite entremêlées aux violences de la guerre à travers les milices et les forces d’occupation. Ainsi, alors que les conflits sont aujourd’hui à 95% intra-étatiques[17]David, C. (2013). La guerre pourrait-elle devenir chose du passé ?. Revue internationale et stratégique, 90, 40-56., 40-56.David, C. (2013). La guerre pourrait-elle devenir chose du passé ?. Revue … Continue reading à une époque particulièrement globalisée, les dynamiques d’oppression s’entretiennent à tous les niveaux, une lecture holistique de ce phénomène de violence doit être privilégiée à celle de la séparation d’une lecture nationale ou internationale de la sécurité relative aux droits des femmes.

Au-delà de cette ignorance, le schéma de pensée sécuritaire patriarcal s’entretient par son application, notamment par le paradigme de la violence étatique qui tente de réduire et résoudre la majorité des conflits armés par l’utilisation de la violence. Un cercle vicieux que l’ONU, pourtant l’acteur principal du maintien de la paix, entretient par la naturalisation de ce paradigme comme étant le seul légitime et auquel il doit donc apporter une régulation[18]Reardon, Betta A.( 1995). Sexism and the War System. New York: Teachers College Press.Reardon, Betta A.( 1995). Sexism and the War System. New York: Teachers College Press.

Ceci est notamment dépeint à travers les campagnes de l’Union africaine et l’Union européenne pour le maintien de la sécurité en Afrique, telle que la campagne « Silencing the Guns » lancée dans les années 2000. Soutenue par plusieurs féministes et ONU femmes, ce programme se voulant agir pour la prévention des conflits et les violences relatives au genre a pourtant construit sa pratique autour d’une militarisation, une réalité démontrée par son budget[19]Achilleos-Sarll, C., Thomson, J., Haastrup, T., Färber, K., Cohn, C., & Kirby, P. (2022). The Past, Present, and Future(s) of Feminist Foreign Policy. International Studies Review, … Continue reading. De même, la récente politique de l’Union européenne visant à s’imposer comme un acteur majeur de la scène géopolitique a mené à une organisation plus axée sur le militaire et à l’augmentation du budget des armées respectives de plusieurs de ses membres, tels que la France et l’Allemagne. Cette sur-représentation de la réponse militaire à la sécurité entretient ainsi la réalité des violences du système patriarcal au niveau national et international, en produisant de nouvelles formes d’insécurité et une baisse des budgets précédemment alloués à d’autres secteurs travaillant pour la réduction de l’insécurité prenant en considération le prisme du genre[20]Hoijtink, Marijn, and Hanna L. Muehlenhoff. (2020). “The European Union’s New Muscular Militarism in a ‘Dangerous World’.”Hoijtink, Marijn, and Hanna L. Muehlenhoff. (2020). “The European … Continue reading.

Une prise en considération genrée nécessaire à l’évolution de l’analyse de la sécurité internationale 

Marquée par des siècles de tradition militariste et patriarcale, les problématiques sécuritaires sont encadrées par ce prisme dans leur réflexion et leurs pratiques. Or, comment peut-on continuer à analyser les relations internationales à travers une pensée se revendiquant d’un héritage remontant à Thucydide ? L’évolution de la nature même des conflits armés est un exemple frappant de la nécessité de nouvelles clés de lecture géopolitiques. 

Ainsi, la considération du prisme du genre dans les enjeux sécuritaires internationaux permet de remettre en cause la vision militariste des relations internationales. Les opinions diffèrent quant à la meilleure manière de considérer le prisme du genre, des oppositions notamment marquées par une dichotomie présumée entre le réalisme, courant encore majoritaire aujourd’hui, et le féminisme en géopolitique. Toutefois, des rapprochements entre ces deux visions sont possibles et souhaitables, notamment par la restriction de l’utilisation de la forme armée aux seuls cas nécessaires, réduisant alors naturellement le budget militaire tout en allouant un budget supérieur à la recherche et aux politiques prenant réellement en considération le prisme du genre dans la réalité des dynamiques de pouvoir et leurs incidences sur la sécurité internationale.

Pour citer cette production: KHELIF Zineb, « Le prisme du genre dans la sécurité internationale », (20/03/2023),Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=11854(ouvre un nouvel onglet)

Les propos contenus dans cet écrit n’engagent que l’autrice.

References

References
1 Foucault, M. (1993). Surveiller et punir. Gallimard.
2 Mosse, George L (1997) Nationalism and Sexuality: Respectability and Abnormal Sexuality in Modern Europe, (New York: Howard Fertig
3 Kenneth N. Waltz. (1959). Man, the State and War : A Theoretical Analysis, New York (N. Y.), Columbia University Press, p. 188.
4 Hobbes, T. (2008). Leviathan (J. C. A. Gaskin, Ed.). Oxford University Press.
5 Peterson, V. (1992). 1 Security and Sovereign States: What Is at Stake in Taking Feminism Seriously?. In V. Peterson (Ed.), Gendered States: Feminist (Re)Visions of International Relations Theory. Boulder, USA: Lynne Rienner Publishers.
6 J. Pettman,(1996).  Worlding Women : A Feminist International Politics, Londres, Routledge.
7 Tickner, J. A., & Sjoberg, L. (2007). Feminism. In T. Dunne, M. Kurki, & S. Smith (Eds.), International Relations Theories: Discipline and Diversity. Oxford University Press.
8 Charter of the MSC Advisory Council
9 Billaud-Durand, P. (07 mars 2019). La diversité de l’OTAN, fruit d’un effort constant. Revue de l’OTAN. https://www.nato.int/docu/review/fr/articles/2019/03/07/la-diversite-a-l-otan-fruit-dun-effort-constant/index.html
10 Childs, S., & Krook, M. L. (2009). Analysing Women’s Substantive Representation: From Critical Mass to Critical Actors. Government and opposition (London), 44(2), 125‑145.
11 Mission permanente de la France auprès des Nations Unies (n.d). Les femmes dans le maintien de la paix. https://onu.delegfrance.org/les-femmes-dans-le-maintien-de-la-paix
12 Refugees International. (2021). Afghan Women and Girls Under Immediate Threat: The Responsibility to Protect and Assist Is Just Beginning.
13 Enloe C. (2014), Bananas, Beaches and Bases Making Feminist Sense of International Politics, Berkeley, University of California Press.
14 Shepherd L. J. (2010), « Women, Armed Conflict and Language – Gender, Violence and Discourse », International Review of the Red Cross, 92 (877), 143-159.
15 Foucault, Michel. (1980). Power/Knowledge: Selected Interviews and Other Writings,1972 -1977.
16 Al-Ali, N. (2018). Sexual violence in Iraq: Challenges for transnational feminist politics. European Journal of Women’s Studies, 25(1), 10–27.
17 David, C. (2013). La guerre pourrait-elle devenir chose du passé ?. Revue internationale et stratégique, 90, 40-56., 40-56.David, C. (2013). La guerre pourrait-elle devenir chose du passé ?. Revue internationale et stratégique, 90, 40-56., 40-56.
18 Reardon, Betta A.( 1995). Sexism and the War System. New York: Teachers College Press.Reardon, Betta A.( 1995). Sexism and the War System. New York: Teachers College Press.
19 Achilleos-Sarll, C., Thomson, J., Haastrup, T., Färber, K., Cohn, C., & Kirby, P. (2022). The Past, Present, and Future(s) of Feminist Foreign Policy. International Studies Review, 25(1).Achilleos-Sarll, C., Thomson, J., Haastrup, T., Färber, K., Cohn, C., & Kirby, P. (2022). The Past, Present, and Future(s) of Feminist Foreign Policy. International Studies Review, 25(1).
20 Hoijtink, Marijn, and Hanna L. Muehlenhoff. (2020). “The European Union’s New Muscular Militarism in a ‘Dangerous World’.”Hoijtink, Marijn, and Hanna L. Muehlenhoff. (2020). “The European Union’s New Muscular Militarism in a ‘Dangerous World’.”