Droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, en première ligne lorsque la démocratie vacille

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11/04/2023

Nolwenn Bigot 

Peu de temps après la Seconde guerre mondiale, Simone de Beauvoir nous mettait déjà en garde ; « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question[1]Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Paris, Gallimard, 1949». En période de troubles, de crises ou de guerres, les droits des femmes et plus largement des minorités sexuelles et de genre, sont les premiers droits humains attaqués, comme l’illustre la quasi-interdiction de l’IVG dans la Hongrie illibérale de Viktor Orban, le sexisme institutionnalisé défendu par le populiste Jair Bolsonaro au Brésil, ou encore la mainmise de la justice chinoise sur les affaires familiales à Hong-Kong. Si malheureusement le constat n’étonne guère s’agissant des pays autocratiques, il interpelle lorsqu’il s’applique aux démocraties, même à moindre échelle : les dirigeant·es peuvent en effet remettre en cause les systèmes au profit d’un conservatisme social et politique largement défavorable aux femmes et aux minorités de genre. 

L’amplitude avec laquelle les femmes et les minorités sexuelles et de genre peuvent jouir de leurs droits dépend, en grande partie, du régime politique sous lequel elles vivent. Hier encore emblème des démocraties « bien portantes », les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre sont aujourd’hui les premiers à être ouvertement questionnés et attaqués lorsque la démocratie vacille. Pour autant, ils peuvent également être brandis comme gage de respectabilité, d’ouverture et de modernité, afin de cacher le tournant autoritaire de ces mêmes démocraties. Puisque c’est sous la démocratie que croissent les droits humains, et de facto, les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, ils en sont devenus le symbole.

Comment, pour les démocraties dont les gouvernements se tournent vers l’autoritarisme, les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre peuvent-ils être tout à la fois des cibles et des armes ?

Les féminismes et défenseur·es des droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre ciblés en de raison de leurs valeurs

S’ils n’en ont pas le monopole, le propre des courants de pensée féministes est de défendre l’égalité des droits entre les genres, et pour ce faire, de promouvoir ceux des femmes et des minorités sexuelles et de genre. Lorsqu’une démocratie s’enferme dans un exercice autocratique du pouvoir, les défenseur·es des féminismes et de l’égalité des genres deviennent ses premières cibles[2]Regina Tamés, “Les droits des femmes, boussole pour la démocratie”, Reforma, Novembre 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading. Cela s’explique par les valeurs communes que défendent la majorité de ces mouvements : au travers de leurs combats pour l’égalité des genres, c’est toute une pratique du pouvoir, des relations sociales et de l’autorité qui est remise en cause et repensée. Ces mouvements féministes se veulent être porteur d’une « révolution, [généralement] non violente, pour une société plus inclusive, plus ouverte[3]Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, “Le retrait de la Türkiye de la Convention d’Istanbul préoccupe particulièrement les membres du Comité pour l’élimination … Continue reading ». Quel que soit le régime politique en place, c’est l’idée de « révolution » qui effraie.

En première ligne des manifestations pro-démocratie, on retrouve souvent des femmes, qui appellent au respect des règles démocratiques autant qu’à la reconnaissance de leurs droits, et cela malgré les risques particuliers qui peuvent peser sur leur sécurité. À titre d’exemple, en 2021, de nombreuses Thaïlandaises qui manifestent en faveur de la restauration de la démocratie, dénoncent le harcèlement et les violences sexistes et sexuelles qu’elles subissent au cours des manifestations[4]“Thaïlande: des militantes pro-démocratie victimes de harcèlement sexuel”, RFI, février 2021, article en ligne, URL : … Continue reading destinées à faire valoir leurs droits en tant que femmes et citoyennes.

En promouvant la modernisation des règles de gouvernance, les mouvements féministes cherchent à rendre la démocratie plus participative, plus respectueuse des droits humains et à donner du pouvoir aux femmes et aux minorités sexuelles et de genre. Ses défenseur·es s’attirent ainsi les foudres de certains régimes démocratiques qui cherchent à concentrer le pouvoir entre les mains d’une élite politique ou de quelques personnes, suivant des velléités autocratiques[5]Marie-Cécile Naves, “Le féminisme, pilier d’une démocratie durable”, IRIS, 20 Avril 2021, Article en ligne, URL : … Continue reading. On notera en ce sens la violente répression menée par les mollahs[6]Érudits musulmans exerçant en Iran une tutelle religieuse sur le pouvoir politique. qui s’abat sur les femmes iraniennes.

L’argumentaire traditionaliste mobilisé pour porter atteinte aux droit des femmes et des minorités sexuelles et de genre

Face à la fragilité des institutions démocratiques de certains États, comme Israël, l’Italie ou la Hongrie, à répondre aux crises économiques, politiques ou sociales qui les bouleversent, les dirigeant·es populistes y voient une occasion de blâmer les « démocraties et les droits de l’Homme[7]Human Right Watch, “Pologne : L’érosion de l’état de droit nuit aux femmes et aux personnes LGBT”, 15 décembre 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading ». Iels justifient ainsi les atteintes qu’iels portent – ou entendent porter – aux droits humains et aux libertés fondamentales, aux profits de valeurs alternatives à l’universalisme, et portent atteinte aux droits humains, un droit après l’autre, en commençant souvent par les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre[8]Regina Tamés, Op. Cit.

En période de trouble, la réaction instinctive est de se tourner vers les solutions qui ont fonctionné par le passé et qui ont fait leurs preuves, en pensant qu’elles produiront les mêmes effets. C’est une des particularités du populisme, qui en simplifiant à l’extrême une situation complexe, prétend y remédier en fournissant une réponse tout aussi simpliste[9]Deleersnijder Henri, “Le populisme : essai de définition”, Populaire et populisme. Paris : CNRS Éditions, 2009, Article en ligne, URL : http://books.openedition.org/editionscnrs/14323. À titre illlustratif, face à la « crise de natalité » en Europe, plutôt que de s’attaquer aux raisons pour lesquelles les femmes européennes refusent, reportent ou limitent leur maternité, telles que les inégalités salariales, les difficultés financières ou la crise climatique, la réponse populiste consiste principalement à contraindre les femmes à donner naissances à davantage d’enfants.

Dans le cadre des rapports de genre, les régimes à tendance autocratique prônent généralement le retour à la répartition traditionnelle des rôles genrés, pour répondre aux difficultés que traversent leurs États, au détriment des droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre[10]Claudia de Castro Caldeirinha, “Le populisme et les femmes : quels dangers ?”, Chronique pour Les Grenades – RTBF, Octobre 2022, Chronique en ligne, URL : … Continue reading. En ce sens, la Hongrie de Viktor Orbàn cherche à répondre au défi que représente l’immigration dans le pays et la chute de la natalité. Ces valeurs traditionnelles sont alors une boussole pour la répartition des rôles, au sein de la société : aux hommes l’exercice des activités représentant un gain financier ; aux femmes, les activités familiales et parentales : enfanter, nourrir, soigner, éduquer. Suivant cette logique, il n’a alors nul besoin de garantir droits et sécurité aux femmes, dans l’espace public ; et cyniquement il serait même plus bénéfique de réduire leurs droits reproductifs, dans une optique d’accroissement de la natalité[11]Rachel Knaebel, “Natalité, famille, patrie : comment Viktor Orban renvoie les femmes hongroises au foyer”, BastaMédia, Avril 2019, Article en ligne, URL : … Continue reading. Ainsi, selon Fabrice Cahen, chercheur à l’Institut national d’études démographiques, « le développement d’une politique anti-avortement répond, selon une logique nataliste utilitariste et « comptable », au besoin de se procurer un gain de naissances par des moyens pragmatiques[12]Cahen, Fabrice. « De l’« efficacité » des politiques publiques : la lutte contre l’avortement « criminel » en France, 1890-1950 », Revue d’histoire moderne & contemporaine, … Continue reading ». Les femmes se retrouvent enfermées, au sens propre comme figuré, dans un rôle maternel au sein de l’espace privé, sans protection de leurs droits, tandis que les minorités sexuelles et de genre sont tout simplement effacées de l’espace public[13]Rachel Knaebel, “Natalité, famille, patrie : comment Viktor Orban renvoie les femmes hongroises au foyer”, BastaMédia, Avril 2019, Article en ligne, URL : … Continue reading, une situation par ailleurs propice à l’augmentation des violences à leur encontre.

Les valeurs traditionnelles mobilisées par les autorités au pouvoir, qu’elles soient politiques et/ou religieuses sont souvent portées par la religion. Lorsque celle-ci influence les décisions politiques, c’est trop souvent le corps des femmes, leurs droits et leurs places dans l’espace public qui sont menacés, au même titre que la démocratie.

De fait, de la clause de conscience encouragée par le gouvernement d’extrême droite italien visant à interdire l’interruption volontaire de grossesse dans certaines régions du sud[14]“En Italie, le recours massif à la clause de conscience fragilise le droit à l’avortement”, Courrier international, 28 juin 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading, au bannissement des femmes sur les listes électorales des partis politiques ultra-orthodoxes présents dans la coalition de Netanyahu, les exemples ne manquent pas. En Israël, les membres les plus orthodoxes de la coalition au pouvoir s’opposent actuellement avec véhémence au droit revendiqué par les femmes, de prier conjointement avec les hommes au mur des lamentations de Jérusalem, alors que la Cour Suprême a rendu un avis favorable à cette requête[15]Frédéric Métézeau, “En Israël, des femmes chassées du Mur des Lamentations à Jérusalem, parce qu’elles veulent prier comme les hommes”, France Info, Novembre 2021, Article en ligne, … Continue reading.

L’effacement progressif des femmes et des minorités sexuelles et de genre dans les sociétés à tendance autocratique

Plus une démocratie s’engage dans la voie de l’illibéralisme[16]La « démocratie illibérale », terme employé pour la première fois en 1990 par le politologue américain Fareed Zakaria, désigne un régime qui repose sur le respect des élections mais qui se … Continue reading à la faveur d’un exercice autocratique du pouvoir, plus elle restreint la représentation des femmes et des minorités sexuelles et de genre dans l’espace civique et porte atteinte aux droits humains et aux libertés fondamentales[17]Marie-Cécile Naves, « Le féminisme, pilier d’une démocratie durable », IRIS, 20 Avril 2021, Article en ligne, URL : … Continue reading. Ces atteintes concernent généralement les droits reproductifs et les violences basées sur le genre, les textes ainsi que les institutions les protégeant.

Ainsi, en juillet 2021, la Turquie alors en pleine dérive autoritaire se retire de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique – ou Convention d’Istanbul. Tandis que le XXe siècle turque a été marqué par le progrès démocratique et l’émancipation des femmes, le retrait de la Convention d’Istanbul laisse présager des entraves à venir quant à l’accès des femmes à la justice, et l’impunité des auteurs de violences envers elles. La Turquie illustre la pertinence de l’emploi du terme « backclash » que proposait dès 1991 l’auteure féministe américaine Susan Faludi[18]Susan Faludi, “Backlash: The Undeclared War Against American Women”, New-York, Crown, 1991. Ce concept permet d’expliquer la réaction conservatrice et autoritaire des gouvernements après de grandes avancées sociales, une sorte de recul conservateur qui concerne principalement les femmes, et les minorités sexuelles et de genre. En Turquie, le statut des femmes est en train de changer avec le contexte national d’inflexion politique, marqué par le fort impact des mesures de l’état d’urgence sur les institutions démocratiques, l’état de droits et les libertés fondamentales[19]Nadine Epstain, Éric Biegala, Franck Ballanger, “ Ces pays dans le monde où les droits des femmes régressent”, France Inter, 6 mars 2020, Article en ligne, URL : … Continue reading.

En Israël, l’adhésion – ou non, à cette Convention d’Istanbul est un marqueur fort des tendances politiques du pays et de sa vision du rôle des femmes dans la société. En janvier 2022, le pays avait déposé une demande officielle pour rejoindre le Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, mais face aux pressions de l’extrême droite, la ratification de cette convention a été reportée et n’est à ce jour, plus d’actualité[20]“HaTzionout HaDatit exige du Likud de ne pas adhérer à la Convention d’Istanbul”, The Times of Israel, 26 décembre 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading.

L’arme du feminism washing  : les droits de femmes portés en étendard pour occulter les dérives autocratiques

À travers le monde, plusieurs démocraties en déclin, telles que l’Inde, le Brésil ou encore la Tunisie, mettent en avant la présence de femmes au sein de leurs institutions politiques, pour moderniser leur image[21]“Jusqu’où soutenir Etats autoritaires ou dictatures au nom du féminisme”, TV5Monde, Septembre 2014, Article en ligne, URL : … Continue reading et rappeler leur statut de démocratie, tandis que les politiques internes basculent en parallèle dans l’autoritarisme[22]On reconnaît ici le procédée du « feminism waching », issu du terme « pinkwashing » : il vise à mettre  en valeur des minorités sexuelles et de genre dans le but, pour un état, ou une … Continue reading. Ce procédé d’instrumentalisation de la libéralisation des droits des femmes et de la mise en avant de personnalités féminines établies à des postes d’influences est souvent utilisé par des États en quête d’une place respectable dans les institutions internationales.

Depuis le 11 octobre 2021, l’ingénieure et universitaire Najla Bouden occupe le poste de cheffe du gouvernement tunisien, il s’agit d’une première dans le pays, mais également dans le monde arabe. Militante pour l’égalité entre les hommes et les femmes et manifestante engagée en faveur de la démocratie au cours du printemps arabe tunisien, ses combats semblent s’opposer à la vision politique du président Saied, connu pour ses opinions conservatrices sur les droits des femmes – il continue de s’opposer à l’égalité des sexes en matière d’héritage, et les Tunisiens sont toujours légalement reconnus comme chef de famille. Cette dichotomie fait craindre aux militantes tunisiennes des droits des femmes que le président n’utilise simplement la façade de l’autonomisation des femmes pour atténuer le coup de ses actions autoritaires[23]“Women in Tunisia: Has a female prime minister changed Tunisia?”, BBC News, 12 Juillet 2022, URL : https://www.bbc.com/news/world-africa-62053997.

Le Brésil présidé par Jair Bolsonaro illustre lui aussi cette tendance. Tandis que son programme politique faisait craindre un retour de l’autoritarisme politique, et malgré une campagne présidentielle en 2018 marquée par une misogynie et un machisme assumés, le président brésilien avait tout de même nommé une femme, Damares Alves, Ministre des Droits de l’homme, de la Famille et des Femmes en arrivant au pouvoir[24]Da Costa, Gustavo Gomes. « Droits LGBTQI+ sous Bolsonaro : revers et résistance », La Revue Nouvelle, vol. 7, no. 7, 2022, pp. 40-46, URL : https://www.cairn.info/revue-nouvelle-2022-7-page-40.htm. Il est d’ailleurs à noter l’évolution du nom de ce ministère, qui en dit long sur ses priorités politiques, anciennement « Ministère des droits humains » sous le gouvernement précédent, et « Ministère des femmes, de l’égalité raciale et des droits humains » sous l’administration de Dilma Rousseff. Cette nomination n’a pas empêché son gouvernement de soutenir des projets de lois portant une atteinte particulière aux droits des femmes et des minorités, tels que la modification du code pénal pour la détermination « du sexe féminin » en ce qui concerne le crime de féminicide et qui peut exclure de la loi les femmes travesties et transgenres ou le recul des droits concernant les soins spécifiques aux personnes transgenres et travesties[25]Emma Rinaudo, “La politique d’extrême droite de Jair Bolsonaro au Brésil et ses impacts sur la question du genre”, Institut du genre en géopolitique, Novembre 2020, Rapport en ligne, URL : … Continue reading.

En Inde, la politique du Premier ministre Narendra Modi se fait de plus en plus autocratique, et le parti nationaliste au pouvoir multiplie les politiques répressives, notamment à l’encontre des minorités religieuses[26]Meyer-Hilfiger Manon, “La difficile situation des musulmans et des chrétiens en Inde”, National Geographic, Avril 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading. C’est dans ce contexte que Droupadi Murmu a été nommée présidente en juillet 2022. Alors que le pouvoir indien est davantage autoritaire, les femmes y sont mises en avant : à la présidence ou dans l’adoption de loi visant à garantir leurs libertés, comme fin septembre 2022, lorsque la Cour suprême a étendu le droit à l’avortement aux femmes célibataires. Et pourtant, dans les faits, les Indiennes sont encore particulièrement victimes de violences et de discriminations[27]Oxfam, India Discrimination Report 2022, 15 Septembre 2022. Rapport en ligne, URL : https://www.oxfamindia.org/knowledgehub/workingpaper/india-discrimination-report-2022. Près d’un tiers des femmes entre 18 et 49 ans a subi des violences physiques ou sexuelles, selon le ministère de la Santé indien[28]“L’horrible meurtre de Shraddha Walker met en lumière les violences conjugales dans le pays”, Courrier international, 23 novembre 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading.  Le viol conjugal n’est quant à lui pas reconnu juridiquement et les avortements des fœtus féminins subsistent malgré l’interdiction de dévoiler le sexe de l’enfant à naître imposée aux praticien·nes.

En Inde, la « caution féminine » que représentent les femmes au sein des institutions politiques ne garantit ni la promotion ni l’effectivité de leurs droits.  Leur présence sert souvent à faire oublier les dérives autoritaires qu’engagent les pays dont elles sont issues. Les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre ne s’épanouissant qu’en démocratie, les autocraties font alors le pari de la réciproque : si un régime politique valorise les femmes, à défaut de garantir leurs droits, alors c’est une démocratie[29]Regina Tamés, “Les droits des femmes, boussole pour la démocratie”, Reforma, Novembre 2022, Article en ligne, URL : … Continue reading.

Quelle réaction de la communauté internationale ? 

Les instances internationales ne manquent pas de normes contribuant à la protection des droits des femmes, comme la  Convention de l’ONU sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, les Conventions du Conseil de l’Europe sur la violence à l’égard des femmes et la lutte contre la traite des êtres humains, ou encore la Convention de l’Organisation Internationale du Travail concernant le travail décent pour les travailleuses et travailleurs domestiques ; mais leur application est bien souvent conditionnée au respect préalable des garanties démocratiques par les pays signataires et se fait sur la base de volontariat.

À chaque nouvelle atteinte aux droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, la communauté internationale réagit avec émotions, elle multiplie les déclarations et les recommandations en faveur de leur protection. Néanmoins, lorsque ces attaques interviennent dans le cadre de démocraties en pleine dérives autocratiques, des sanctions peinent à être prises : les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre sont encore souvent considérés comme relevant des politiques sociales et nationales d’un pays, plutôt que comme des droits humains à part entière[30]“Les droits des femmes sont des droits de l’Homme”, Haut commissariat des droits de l’Homme, Publication des Nations Unies, 2014, Publication en ligne, URL : … Continue reading.

Pour citer cette production: BIGOT, Nolwenn, “Droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, en première ligne lorsque la démocratie vacille », (11/04/2023), Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=12219

Les propos contenus dans cet écrit n’engagent que l’autrice.

References

References
1 Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, Paris, Gallimard, 1949
2 Regina Tamés, “Les droits des femmes, boussole pour la démocratie”, Reforma, Novembre 2022, Article en ligne, URL : https://www.hrw.org/fr/news/2022/11/25/les-droits-des-femmes-boussole-pour-la-democratie
3 Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme, “Le retrait de la Türkiye de la Convention d’Istanbul préoccupe particulièrement les membres du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes”, 15 juin 2022, Article en ligne, URL : https://www.ohchr.org/fr/press-releases/2022/06/experts-committee-elimination-discrimination-against-women-commend-turkiye
4 “Thaïlande: des militantes pro-démocratie victimes de harcèlement sexuel”, RFI, février 2021, article en ligne, URL : https://www.rfi.fr/fr/podcasts/fr%C3%A9quence-asie/20210213-tha%C3%AFlande-des-militantes-pro-d%C3%A9mocratie-victimes-de-harc%C3%A8lement-sexuel
5 Marie-Cécile Naves, “Le féminisme, pilier d’une démocratie durable”, IRIS, 20 Avril 2021, Article en ligne, URL : https://www.iris-france.org/156563-le-feminisme-pilier-dune-democratie-durable/
6 Érudits musulmans exerçant en Iran une tutelle religieuse sur le pouvoir politique.
7 Human Right Watch, “Pologne : L’érosion de l’état de droit nuit aux femmes et aux personnes LGBT”, 15 décembre 2022, Article en ligne, URL : https://www.hrw.org/fr/news/2022/12/15/pologne-lerosion-de-letat-de-droit-nuit-aux-femmes-et-aux-personnes-lgbt
8 Regina Tamés, Op. Cit
9 Deleersnijder Henri, “Le populisme : essai de définition”, Populaire et populisme. Paris : CNRS Éditions, 2009, Article en ligne, URL : http://books.openedition.org/editionscnrs/14323
10 Claudia de Castro Caldeirinha, “Le populisme et les femmes : quels dangers ?”, Chronique pour Les Grenades – RTBF, Octobre 2022, Chronique en ligne, URL : https://www.rtbf.be/article/le-populisme-et-les-femmes-quels-dangers-11079838
11, 13 Rachel Knaebel, “Natalité, famille, patrie : comment Viktor Orban renvoie les femmes hongroises au foyer”, BastaMédia, Avril 2019, Article en ligne, URL : https://basta.media/Natalite-famille-patrie-comment-Viktor-Orban-renvoie-les-femmes-hongroises-au
12 Cahen, Fabrice. « De l’« efficacité » des politiques publiques : la lutte contre l’avortement « criminel » en France, 1890-1950 », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 58-3, no. 3, 2011, pp. 90-117.
14 “En Italie, le recours massif à la clause de conscience fragilise le droit à l’avortement”, Courrier international, 28 juin 2022, Article en ligne, URL : https://www.courrierinternational.com/article/opinion-en-italie-le-recours-massif-a-la-clause-de-conscience-fragilise-le-droit-a-l-avortement
15 Frédéric Métézeau, “En Israël, des femmes chassées du Mur des Lamentations à Jérusalem, parce qu’elles veulent prier comme les hommes”, France Info, Novembre 2021, Article en ligne, URL : https://www.francetvinfo.fr/monde/israel/en-israel-des-femmes-chassees-du-mur-des-lamentations-a-jerusalem-parce-qu-elles-veulent-prier-comme-les-hommes_4834009.html
16 La « démocratie illibérale », terme employé pour la première fois en 1990 par le politologue américain Fareed Zakaria, désigne un régime qui repose sur le respect des élections mais qui se défie des autres aspects de la démocratie. C’est le détournement des outils démocratiques (comme les révisions de la Constitution ou le contrôle des nominations) qui caractérise la démocratie illibérale.
17 Marie-Cécile Naves, « Le féminisme, pilier d’une démocratie durable », IRIS, 20 Avril 2021, Article en ligne, URL : https://www.iris-france.org/156563-le-feminisme-pilier-dune-democratie-durable/
18 Susan Faludi, “Backlash: The Undeclared War Against American Women”, New-York, Crown, 1991
19 Nadine Epstain, Éric Biegala, Franck Ballanger, “ Ces pays dans le monde où les droits des femmes régressent”, France Inter, 6 mars 2020, Article en ligne, URL : https://www.radiofrance.fr/franceinter/ces-pays-dans-le-monde-ou-les-droits-des-femmes-regressent-2349493
20 “HaTzionout HaDatit exige du Likud de ne pas adhérer à la Convention d’Istanbul”, The Times of Israel, 26 décembre 2022, Article en ligne, URL : https://fr.timesofisrael.com/hatzionout-hadatit-exige-du-likud-de-ne-pas-adherer-a-la-convention-distanbul/
21 “Jusqu’où soutenir Etats autoritaires ou dictatures au nom du féminisme”, TV5Monde, Septembre 2014, Article en ligne, URL : https://information.tv5monde.com/terriennes/jusqu-ou-soutenir-etats-autoritaires-ou-dictatures-au-nom-du-feminisme-l-exemple-de-l
22 On reconnaît ici le procédée du « feminism waching », issu du terme « pinkwashing » : il vise à mettre  en valeur des minorités sexuelles et de genre dans le but, pour un état, ou une entreprise,  de se forger une image progressiste, mettant en avant des progrès sociaux réalisés par une entité, dans un intérêt qui n’est pas celui des bénéficiaires des mesures prises.
23 “Women in Tunisia: Has a female prime minister changed Tunisia?”, BBC News, 12 Juillet 2022, URL : https://www.bbc.com/news/world-africa-62053997
24 Da Costa, Gustavo Gomes. « Droits LGBTQI+ sous Bolsonaro : revers et résistance », La Revue Nouvelle, vol. 7, no. 7, 2022, pp. 40-46, URL : https://www.cairn.info/revue-nouvelle-2022-7-page-40.htm
25 Emma Rinaudo, “La politique d’extrême droite de Jair Bolsonaro au Brésil et ses impacts sur la question du genre”, Institut du genre en géopolitique, Novembre 2020, Rapport en ligne, URL : https://igg-geo.org/wp-content/uploads/2021/03/La-politique-dextre%CC%82me-droite-de-Jair-Bolsonaro-au-Bre%CC%81sil-et-ses-impacts-sur-la-question-du-genre-Emma-Rinaudo-IGG.pdf
26 Meyer-Hilfiger Manon, “La difficile situation des musulmans et des chrétiens en Inde”, National Geographic, Avril 2022, Article en ligne, URL : https://www.nationalgeographic.fr/histoire/la-difficile-situation-des-musulmans-et-des-chretiens-en-inde
27 Oxfam, India Discrimination Report 2022, 15 Septembre 2022. Rapport en ligne, URL : https://www.oxfamindia.org/knowledgehub/workingpaper/india-discrimination-report-2022
28 “L’horrible meurtre de Shraddha Walker met en lumière les violences conjugales dans le pays”, Courrier international, 23 novembre 2022, Article en ligne, URL : https://www.courrierinternational.com/article/inde-l-horrible-meurtre-de-shraddha-walker-met-en-lumiere-les-violences-conjugales-dans-le-pays
29 Regina Tamés, “Les droits des femmes, boussole pour la démocratie”, Reforma, Novembre 2022, Article en ligne, URL : https://www.hrw.org/fr/news/2022/11/25/les-droits-des-femmes-boussole-pour-la-democratie
30 “Les droits des femmes sont des droits de l’Homme”, Haut commissariat des droits de l’Homme, Publication des Nations Unies, 2014, Publication en ligne, URL : https://www.ohchr.org/sites/default/files/Documents/Publications/HR-PUB-14-2_FR.pdf