Inclusion et enjeux internationaux : les personnes trans dans le monde du sport

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06/09/2023

Clara Delhaye

En 2022, les États-Unis avaient relancé les débats autour de la question de la participation des personnes trans dans les compétitions de haut niveau [1]BREASSIL, G, LONGEMAN, J, (3 aout 2021), Who Should Compete in Women’s Sports? There Are ‘Two Almost Irreconcilable Positions’, The New-York Times, … Continue reading. Il s’agissait surtout d’interroger la place des nageuses trans. Ces débats avaient notamment ravivé le sujet des capacités physionomiques ou encore des conséquences de la prise d’hormones. À l’approche des Jeux Olympiques (JO) de 2024, l’inclusion des personnes trans est à nouveau interrogée. Les décisions nationales questionnent et la possibilité d’une meilleure inclusion des personnes trans intéresse. En ce sens, quels sont les enjeux actuels concernant les personnes trans dans le sport et comment les JO de 2024 peuvent-ils parvenir à une meilleure inclusion ? 

Les femmes trans dans le sport de haut niveau : controverse hormonale et scientifique 

Dans un premier temps, il convient de situer la problématique. Des articles francophones comme anglophones, font état de la question des femmes trans et non des hommes trans dans le sport. Cela n’est pas nouveau, historiquement les femmes ont toujours été la cible de normes s’agissant de leur taux d’hormones et plus largement de leur corps. Dès les années 1960 des tests sont instaurés durant les compétitions internationales notamment durant les JO de Tokyo en 1964 pour Eva Klobukowska (athlétisme). Mais ce n’est pas la seule, Kornelia Ender (natation), ou encore Mary Peters (pentathlon et lancer de poids) ont subi ces mêmes suspicions et examens. La chercheuse Laura A. Wackwitz s’est spécialisée sur cette question[2] WACKWITZ, L, (???),  « Sex Testing in International Women’s Athletics a History of Silence », Women in Sport and Physical Activity Journal, Vol 5, pp 51-68, https://doi.org/10.1123/wspaj.5.1.51 . Elle explique notamment les débuts des « sex testing » fondés en grande partie sur une conception extrêmement rigide de la catégorie « femme » [3]WACKWITZ, L (decembre 2003), Verifying the myth: olympic sex testing and the category “woman”, Women’s Studies International Forum, Vol 26, pp 553-560, … Continue reading. Finalement plus qu’un « sex texting » il s’agit d’un « feminity testing », dans le sens où ces tests sont demandés lorsque le physique et/ou les capacités physiques d’une personne ne correspondent pas à ce qui est considéré comme « féminin ». En ce sens, les femmes aux capacités et physiques dites « hors normes » au lieu d’être estimées comme des athlètes particulièrement douées dans leur discipline sont automatiquement questionnées et accusées d’être des hommes. 

Ce raisonnement s’est particulièrement vu avec les athlètes femmes noires. En 2018 la fédération internationale d’athlétisme a décidé d’instaurer un taux de testostérone limite, pour les femmes seulement. En athlétisme, depuis 2018 le taux de testostérone des femmes doit être inférieur à 5 nmolL par litre de sang. Dès lors, si les femmes qui souhaitent concourir ont un taux d’hormone supérieur au taux imposé, elles doivent prendre des médicaments qui réduisent leur taux de testostérone et si ces dernières refusent, l’issue est l’exclusion. Cette décision a eu énormément de répercussions sur les femmes noires africaines comme Christine Mboma (athlétisme), Francine Niyonsaba (athlétisme), Beatrice Masilingi (athlétisme) ou encore Margaret Wambui (athlétisme) qui toutes ont été exclues de la compétition [4] VILLARREAL, D ( 2 juillet 2021), Two more cis Black women banned from Olympics for their natural testosterone levels, LGBTQ Nation, … Continue reading. Plusieurs chercheuses canadiennes affirment dans un article de recherche en date du 20 mars 2019, que cette règle n’a aucun fondement scientifique [5] BEKKER, S ; TANNENBAUM, C (20 mars 2019), “Sex, gender, abs sports”, BMJ, 364, DOI : 10.1136/bmj.l1120, https://www.bmj.com/content/364/bmj.l1120  , puisque les femmes ont des taux de testostérones très différents et que les corps ne peuvent pas être uniformisés. Pour elles, ce seuil ne devrait pas exister. L’existence de ce seuil est donc vivement critiquée et a même été contestée devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

En ce sens, au début du mois de juillet 2023, la Cour [6]CEDH, (11 juillet 2023), Press release : Discrimination against international-level athlete who was not afforded sufficient procedural safeguards when challenging World Athletics regulations, … Continue reading, en se fondant sur l’article 14 et l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme, a estimé qu’imposer un taux hormonal et obliger la prise de médicament aux athlètes le dépassant constitue un traitement discriminatoire et une atteinte à la vie privée de ces femmes. Cette décision est historique et pourra avoir un réel enjeu sur les comités internationaux pour les prochaines grandes compétitions. 

Ainsi certaines femmes cisgenres sont remises en question, violentées et doivent se justfier sur leur existence afin de pouvoir être intégrée à la catégorie « femme » de leur discipline. La place des femmes trans est d’autant plus questionnée [7] Le temps du débat, (30 mai 2023), « JO : L’inclsions des trans et des intersexes est elle la nouvelle question sportive », France Culture, … Continue reading. Les athlètes femmes trans sont souvent des sportives ayant concouru dans la catégorie « homme » avant de faire leur coming out et de commencer leur transition. Leur transition débute souvent par la prise d’oestrogène ainsi que des antiandrogènes qui bloquent naturellement les récepteurs androgéniques ou suppriment la production de testostérone directement à sa source [8] Wikitrans,Les anti-androgènes, wikitrans.co, https://wikitrans.co/ths/fem/anti-androgenes/ . Cependant malgré cela, les athlètes transféminines sont accusées d’avoir des capacités sportives plus élevées et donc supérieures à celles des femmes cisgenres. Pourtant, il est complexe d’arriver scientifiquement à cette conclusion. Tout d’abord, parce qu’il a peu de sportives de haut niveau et d’un niveau olympique qui sont trans. Ainsi comment calculer les différences corporelles, performatives sur la durée d’une sportive de haut niveau trans avant et après sa prise d’hormone ? D’autant plus que ce type d’études nécessite un échantillon important ce qui n’est pas envisageable actuellement. Certaines études ont été réalisées sur les sportives trans comme celle menée par la chercheuse Alison K Heather [9] Participation à de nombreux articles concernant les questions des femmes transgenres, la plupart sont disponibles sur le Site “Pub Med” spécialisés dans les essais médicaux ; … Continue reading et concluent que les femmes trans sont avantagées en raison de leur taux de testostérone et que l’œstrogène ne permet pas de réguler cela car elles garderaient la même structure de corps. 

En 2023, l’ONG E-Alliance a publié un rapport qui analyse les données et les conclusions de ces études [10] E-Alliance, (2022), Transgender Women Athletes and Elite Sport : a scientific review, Canadian centre for ethics in sport, … Continue reading. Le rapport soulève plusieurs problèmes. Dans un premier temps, iels énoncent que les données biologiques sont souvent limitées et peu probantes scientifiquement. Puis avance que la suppression de testostérone et ses conséquences sur les femmes trans sont souvent mal étudiées, notamment parce que seules certaines données sont retenues et analysées. Enfin, le rapport démontre que les études refusent de concéder que les femmes trans ne disposent pas d’avantages biologiques sur les femmes cis dans le sport de haut niveau alors même que les données aboutissent à cette conclusion. Si bien que certains chercheurs comme Jon Pike,  parlent de malhonnêteté intellectuelle [11] PIKE J, (8 décembre 2022), « Transgender Women Athletes and Elite Sport: Misleading at best, intellectually dishonest at worst », Macdonald Laurier Institute Publication,, … Continue reading

Au-delà d’une malhonnêteté intellectuelle, les études existantes, peu nombreuses, sont souvent motivées par des considérations politiques transphobes et binaires au détriment d’un travail scientifique réel. L’objectif étant de confirmer leur thèse, ainsi le travail de recherche ne peut pas être correctement réalisé et analysé. Ainsi les femmes qu’elles soient racisées et/ou trans subissent un contrôle sur leur corps et de la transmisogynie de la part des institutions sportives. Il convient donc de s’intéresser aux réglementations en vigueur aussi bien à l’échelle nationale et internationale, qu’olympique.  

Des législations de plus en plus transphobes face à une législation unique impossible

Les comités internationaux comme ceux des JO ou les comités sportifs spécifiques influencent les législations nationales. Actuellement les institutions sportives états-uniennes témoignent d’une transphobie importante. L’exemple le plus parlant récemment concerne le milieu de la natation. La victoire de la nageuse Lia Thomas au championnat universitaire américain avait été contestée par ses concurrentes mais aussi d’anciennes championnes universitaires. Si la National Collegiate Athletic Association, (NCAA) accepte la participation de Lia Thomas et des femmes trans en général, et qu’elle rappelle dans son communiqué qu’elle soutient les femmes trans, elle demande à ces dernières des preuves en matière de testostérone [12]NCAA, (19 jan 2022), Board of Governors updates transgender participation policy, NCAA.org, … Continue reading. Il s’agit d’un justificatif à fournir de manière régulière afin de prouver leur taux hormonal (cette exigence n’est pas imposée aux nageuses cisgenres). Certains États comme l’Ohio ont déposé un projet de lois [13] Anonymous ( December 2022), Press Release: Advocates and Athletes Celebrate Defeat of HB 151, Proposed Ban on Transgender Athletes in Sports, After Legislature Fails to Pass the Bill Last Night, … Continue reading afin que des « examens internes » soient réalisés sur toutes sportives étant « suspectes ». Cela inclut les sportives mineures.

Cependant, les athlètes états-uniennes de haut niveau, au sein des universités et en club, s’opposent à la présence des femmes trans dans les compétitions. Elles s’appuient notamment sur l’amendement du Titre IX du « Education Amendments of 1972 » qui permet à toute personne de participer au programme éducatif (dont le sport) sans discrimination fondée sur le sexe. Ce titre a notamment permis aux femmes de participer aux compétitions sportives au même titre que les hommes. Aujourd’hui il est interprété plus largement, logiquement l’article évoque l’égalité des genres au sens biologique alors qu’actuellement l’administration Biden demande de le lire dans le sens de l’identité de genre [14] CARRILLO, S, ( 6 avril 2023), The Biden administration moves to make broad, transgender sports bans illegal, NPR.org, … Continue reading et permet ainsi aux personnes trans de conquérir dans la catégorie à laquelle iels s’identifient. Ces sportives [15] Le compte Twitter « boysvswomen.com » y est consacré : https://twitter.com/boysvswomen/status/1352087093955194882?s=61&t=n5oGV5WmrNxwqoSOswYwtA militent pour une interprétation stricte des textes et font pression au sein des fédérations pour lutter contre l’inclusion. Elles disent militer pour les droits des femmes et estiment que les fédérations en laissant concourir des femmes trans qui n’ont, selon elles, pas « complètement » réalisé leur transition contre des femmes cisgenre, est irresponsable et joue en défaveur des sportives cisgenres. 

Ce n’est pas les seules pressions que reçoivent les nageuses trans de haut niveau, la Féderartion internationale de Natation (FINA) a estimé que « toute femme transgenre qui ne peut fournir la preuve qu’elle a : “maintenu en permanence leur taux de testostérone dans le sérum (ou le plasma) en dessous de 2,5 nmol/L à partir du stade 2 de Tanner ou avant l’âge de 12 ans” se verrait interdire de participer aux épreuves de la FINA en tant que femme [16] PARRY, D, ( 5 juillet 2022), FINA’s Transgender Policy and the battle of ‘fairness’ vs ‘inclusion’ in elite sport, Inclusive sport design, … Continue reading » Le comité international a donc écouté les revendications de ces groupes conservateurs et transphobes. La NCAA va devoir s’y conformer et durcir son règlement national. 

En matière d’athlétisme, la question est souvent débattue à l’échelle nationale. L’Australian Institute of Sport guidelines a publié un guide sur la question des personnes trans de haut niveau en 2023 [17] Australian sports comission, (may 2023), Transgender & Gender-Diverse Inclusion Guidelines for HP Sport, ais.gouv.au, … Continue reading. Les positions sont plutôt inclusives en ce qu’elles préconisent une meilleure prise en charge, une meilleure formation et connaissance des athlètes trans et mentionnent explicitement vouloir les inclure dans les différents sports présents en Australie. Mais en matière d’athlétisme, la question est sans appel : les femmes trans ne peuvent pas concourir. L’Australie, tout comme le Royaume uni qui a annoncé suspendre les athlètes trans à la rentrée 2023, affirment suivre les directives du Fédération d’athlétisme [18] ORR, A, (19 juin 2023), What do the AIS guidelines on gender mean for athletes and our elite sports ?, SBSNews,  https://www.sbs.com.au/news/article/ais-guidelines-on-gender-explained/mhpc8n68s  dont le conseil a décidé d’exclure des compétitions féminines internationales les athlètes trans qui ont connu une puberté masculine. Cette condition s’explique par l’idée selon laquelle les athlètes trans femme n’ayant pas connu de puberté masculine n’auraient donc pas eu le corps changé par la puberté et ne seraient donc pas avantagées. Il s’agit à nouveau de l’argument de l’avantage du corps masculin sur le corps féminin. 

Ainsi peu importe la position progressiste des universités ou des États, les fédérations internationales comme celles d’athlétisme ou de natation, se fondent sur l’idée que les femmes trans sont des hommes vu qu’elles sont nées assignées hommes. Ils semblent frileux quant à l’inclusion des femmes trans et préfèrent leur interdiction pure. Cela démontre les limites de la place des femmes dans le sport, les limites du féminisme et des droits des femme trans. Dans un premier temps, parce que la question des hommes trans n’est pas ou très peu abordée, seules les sportives trans questionnent. Les personnes trans ayant eu une puberté féminine étant apparemment moins dangereuses que celles ayant eu une puberté masculine. Il s’agit de clichés stéréotypés qui influent sur les violences que subissent les femmes sportives. Deuxièmement, il y a une instrumentalisation du féminisme dans le sport : les catégories femme est à préserver à tout prix étant donné la difficulté pour les femmes d’être intégrées dans le sport. Une position qui concourre à la transphobie dans ce domaine, puisque les conditions pour être une femme et donc se distinguer des catégories hommes deviennent rigides, en complète opposition avec les théories actuelles en sciences sociales et scientifiques qui exposent la mutiplicité du féminin et masculin.

Le comité international des Jeux Olympiques se trouve dans une position délicate. Si les compétitions internationales interdisent ou limitent fortement la participation des femmes trans athlètes, il semble complexe d’imaginer le comité international des JO les accepter. C’est néanmoins le cas depuis 2004 à condition qu’iels aient réalisé une réassignation, que leur genre apparaît juridiquement sur leur papiers et qu’une prise d’hormone et une thérapie sont réalisées [19] Comité Adhoc de Stockholm, (28 octobre 2003),Statement of the Stockholm consensus on sex reassignment in sports, https://www.pdga.com/files/StockholmConsensus_0.pdf . Cependant, il convient de rajouter que le taux maximum de testostérone pour les femmes pour les JO est de 10 nmol/L de testosterone : au-delà la personne est considérée comme étant un homme, en deçà une femme. Ce critère hormonal pose à nouveau question. En ce sens, les femmes trans doivent fournir des preuves régulières de leur taux hormonal. 

En 2020, à Tokyo seules trois athlètes sur l’ensemble des personnes concourant étaient des femmes trans, et elles ont fait l’objet de nombreux articles créant ainsi des risques de violences. En outre, cette surexposition de certaines athlètes peut avoir de réelles conséquences durant leur compétition. La presse a été la principale à aborder ce sujet, le comité est resté quant à lui plutôt silencieux, s’alignant sur les positions et critères déjà énoncés. Cependant les JO de 2024 arrivant, il est nécessaire de se positionner plus fortement. Si les JO s’inspirent des législations internationales d’athlétisme par exemple et des législations nationales qui se plient à ces directives, la politique des JO pourraient tomber dans des versants transphobes avec une réglementation qui peu à peu s’appuierait sur une « réalité biologique », qui est incertaine et non vérifiée actuellement. Face à un backlash mondial et à des revendications de plus en plus importantes pour les droits des personnes LGBTI+, les jeux olympiques, représentation du sport mondial, devraient-ils incarner des sociétés qui évoluent vers plus d’inclusion ou s’enferment dans l’injonction grandissante à la binarité de genre et au conservatisme ? 

Un manque d’homogénéisation créateur d’exclusion : repenser les catégories sportives pour les JO 2024 ?

Face à cette question, la sportive de haut niveau et trans Halba Diouf a été bannie en mars 2023 des compétitions de haut niveau, par exemple du championnat du monde et celui d’Europe, suite à la décision du Comité international d’athlétisme qui interdit aux femmes transgenres de concourir. Pourtant elle répond aux critères olympiques : taux de testostérone en dessous du maximum imposé et juridiquement à jour dans ses papiers. Son endoctrinologue explique qu’elle est physiologiquement et hormonalement une femme avec un taux de testostérone plus bas que beaucoup de femmes cisgenres. La décision de la Fédération internationale d’athlétisme l’empêche d’être reconnue comme une sportive de haut niveau et la contraint à abandonner son rêve : participer aux JO. Le manque d’harmonisation entre les comités conduit à de réelles injustices. 

Plusieurs possibilités s’offrent alors au comité des JO en termes d’intégration des personnes trans pour les prochaines années : rester sur une division binaire hommes-femmes, les femmes trans continueraient d’être exclues ou devraient répondre à des critères similaires à ceux d’aujourd’hui voire plus strictes, ou alors maintenir les deux catégories hommes et femmes mais élargir les critères. Il semblerait que le réel critère de différenciation est celui du taux d’hormone, or il n’est pas le plus efficace. Les récents travaux en sciences sociales démontrent qu’être homme ou femme ne repose pas sur cet élément. Les comités internationaux pourraient être plus flexibles et s’intéresser davantage au parcours de vie de la personne et de son rapport à son identité de genre tout en prenant en compte la position de l’endocrinologue et du psychologue suivant l’athlète trans de haut niveau. Cela favoriserait une meilleure prise en compte des personnes trans dans le sport.

Il pourrait également être imaginé, une catégorie pour les personnes transgenres comme non binaires. Le marathon de Boston a ouvert une catégorie « non binaires » pour la course en plus des catégories « femme » et« homme »pour sa course annuelle en octobre 2023. Mais la course de Boston rassemble beaucoup plus de monde que les autres compétitions sportives. Cela pose notamment question pour les sports d’équipe, pourrait-il y avoir une catégorie « non binaires » au handball ? Y aurait-il assez de personnes pour former des équipes ? Ainsi au vu du faible nombre d’athlètes transgenre et non binaires de haut niveau cette proposition semble pour l’instant peu réaliste. Cette troisième catégorie sportive n’a donc que peu d’intérêt et participe à l’ostracisation de ces athlètes. D’autant qu’il semble complexe d’imaginer des sportives de haut niveau, ayant tout fait jusqu’à présent pour intégrer la catégorie « femme » accepter de concourir dans une catégorie autre. 

Enfin, une nouvelle catégorisation est de plus en plus avancée aussi bien dans le rapport précédemment évoqué du Centre d’éthique Canadien que dans le podcast de France Inter sur la question des personnes transgenre dans le sport [20] Le temps du débat, (30 mai 2023), « JO : L’inclsions des trans et des intersexes est elle la nouvelle question sportive », France Culture, … Continue reading. Celle-ci ne repose pas sur la binarité hommes-femmes mais tend vers une catégorisation par poids et taille soient des catégories non genrées. Cela est similaire à ce qui existe déjà dans les catégories de sport de combat mais l’approche ici serait mixte.

La nécessité d’une catégorisation inclusive et respectueuse à l’échelle internationale pour les sportives trans de haut niveau  

Les sportives trans de haut niveau sont au cœur des débats et seront très observées lors des JO de 2024 de Paris. Elles seront alors exposées à des violences multiples. Les instances sportives internationales doivent progresser, afin que leur prise en compte réponde à une exigence d’inclusivité. Pour cela, les JO se doivent d’écouter et de comprendre le vécu des athlètes trans de haut niveau et d’apporter une réponse adaptée. Les positionnement de la fédération internationale d’athlétisme a été d’une violence inouïe pour les sportives trans et a eu des répercussions à l’échelle individuelle comme pour Halba Diouf et d’autres. Ainsi, si les JO ne peuvent pas imposer aux fédérations internationales une ligne de conduite, ils peuvent réaliser un travail d’influence sur les fédérations afin qu’elles s’alignent sur les décisions prises par le comité des JO avec pour objectif : l’intérêt des sportives. Ce principe devrait guider les fédérations. Le comité des JO pourrait ainsi se porter leader sur les questions d’inclusivité et d’ouverture. Les Jeux Olympiques de 2024 seront d’une importance capitale pour le droit des personnes trans dans le sport. 

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.

Pour citer cette production: Clara Delhaye, « Inclusion et enjeux internationaux : les personnes trans dans le monde sport », 06/09/2023, Institut du Genre en Géopolitique, https://igg-geo.org/?p=14787

References

References
1 BREASSIL, G, LONGEMAN, J, (3 aout 2021), Who Should Compete in Women’s Sports? There Are ‘Two Almost Irreconcilable Positions’, The New-York Times, https://www.nytimes.com/2020/08/18/sports/transgender-athletes-womens-sports-idaho.html
2 WACKWITZ, L, (???),  « Sex Testing in International Women’s Athletics a History of Silence », Women in Sport and Physical Activity Journal, Vol 5, pp 51-68, https://doi.org/10.1123/wspaj.5.1.51
3 WACKWITZ, L (decembre 2003), Verifying the myth: olympic sex testing and the category “woman”, Women’s Studies International Forum, Vol 26, pp 553-560, https://doi.org/10.1016/j.wsif.2003.09.009
4  VILLARREAL, D ( 2 juillet 2021), Two more cis Black women banned from Olympics for their natural testosterone levels, LGBTQ Nation, https://www.lgbtqnation.com/2021/07/two-cis-black-women-banned-olympics-natural-testosterone-levels/
5  BEKKER, S ; TANNENBAUM, C (20 mars 2019), “Sex, gender, abs sports”, BMJ, 364, DOI : 10.1136/bmj.l1120, https://www.bmj.com/content/364/bmj.l1120  
6 CEDH, (11 juillet 2023), Press release : Discrimination against international-level athlete who was not afforded sufficient procedural safeguards when challenging World Athletics regulations, https://hudoc.echr.coe.int/app/conversion/pdf/?library=%20-%20Discrimination%20against%20international-level%20athlete%20who%20was%20not%20afforded%20sufficient%20procedural%20safeguards%20when%20challenging%20World%20Athletics%20regulations.pdf 
7, 20  Le temps du débat, (30 mai 2023), « JO : L’inclsions des trans et des intersexes est elle la nouvelle question sportive », France Culture, https://open.spotify.com/episode/0ZFRSyPdEh8lnuOqhewOrV?si=WmJVmldbST64utTCMlkD1w 
8  Wikitrans,Les anti-androgènes, wikitrans.co, https://wikitrans.co/ths/fem/anti-androgenes/ 
9  Participation à de nombreux articles concernant les questions des femmes transgenres, la plupart sont disponibles sur le Site “Pub Med” spécialisés dans les essais médicaux ; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=Heather%20AK%5BAuthor%5D et particulier cet article : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9331831/ 
10  E-Alliance, (2022), Transgender Women Athletes and Elite Sport : a scientific review, Canadian centre for ethics in sport, https://www.cces.ca/sites/default/files/content/docs/pdf/transgenderwomenathletesandelitesport-ascientificreview-e-final.pdf 
11  PIKE J, (8 décembre 2022), « Transgender Women Athletes and Elite Sport: Misleading at best, intellectually dishonest at worst », Macdonald Laurier Institute Publication,, https://macdonaldlaurier.ca/transgender-women-athletes-and-elite-sport-misleading-at-best-intellectually-dishonest-at-worst/ 
12 NCAA, (19 jan 2022), Board of Governors updates transgender participation policy, NCAA.org, https://www.ncaa.org/news/2022/1/19/media-center-board-of-governors-updates-transgender-participation-policy.aspx 
13  Anonymous ( December 2022), Press Release: Advocates and Athletes Celebrate Defeat of HB 151, Proposed Ban on Transgender Athletes in Sports, After Legislature Fails to Pass the Bill Last Night, Equality Ohio,  https://equalityohio.org/press-release-advocates-and-athletes-celebrate-defeat-of-hb-151-proposed-ban-on-transgender-athletes-in-sports-after-legislature-fails-to-pass-the-bill-last-night/ 
14  CARRILLO, S, ( 6 avril 2023), The Biden administration moves to make broad, transgender sports bans illegal, NPR.org, https://www.npr.org/2023/04/06/1168460726/biden-title-ix-transgender-sports-ban 
15  Le compte Twitter « boysvswomen.com » y est consacré : https://twitter.com/boysvswomen/status/1352087093955194882?s=61&t=n5oGV5WmrNxwqoSOswYwtA
16  PARRY, D, ( 5 juillet 2022), FINA’s Transgender Policy and the battle of ‘fairness’ vs ‘inclusion’ in elite sport, Inclusive sport design, https://www.inclusivesportdesign.com/blog-posts/finas-transgender-policy-and-the-battle-of-fairness-vs-inclusion-in-elite-sport#:~:text=When%20are%20Trans%20Women%20“Women,FINA%20events%20as%20a%20woman /  INGLE, S ( 19 juin 2022), Transgender women swimmers barred from female competitions by Fina, The guardian, https://www.theguardian.com/sport/2022/jun/19/transgender-swimmers-barred-from-female-competitions-after-fina-vote 
17  Australian sports comission, (may 2023), Transgender & Gender-Diverse Inclusion Guidelines for HP Sport, ais.gouv.au, https://www.ais.gov.au/__data/assets/pdf_file/0017/1106522/Transgender-and-Gender-Diverse-Inclusion-Guidelines-for-HP-Sport.pdf 
18  ORR, A, (19 juin 2023), What do the AIS guidelines on gender mean for athletes and our elite sports ?, SBSNews,  https://www.sbs.com.au/news/article/ais-guidelines-on-gender-explained/mhpc8n68s 
19 Comité Adhoc de Stockholm, (28 octobre 2003),Statement of the Stockholm consensus on sex reassignment in sports, https://www.pdga.com/files/StockholmConsensus_0.pdf