Les femmes dans l’opposition démocratique bélarusse après la révolution d’août 2020 

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15/12/2023

Anna Lefèvre 

« Notre pays n’est pas prêt à voter pour une femme […] Le président sera un homme, j’en suis absolument certain[1]Luxmoore M., (21 août 2020). As Lukashenka clings to power, his trusty machismo is losing its allure, Radio Free Europe, … Continue reading » a déclaré Aleksandr Lukashenko, au pouvoir au Bélarus depuis 1994, à l’occasion d’une visite à l’usine de tracteurs de Minsk en mai 2020. Pourtant, cette année-là, ce sont bien trois femmes, qualifiées par Lukashenko de « pauvres petites filles[2]Luxmoore M., (21 août 2020). As Lukashenka clings to power, his trusty machismo is losing its allure, Radio Free Europe, … Continue reading », qui unissent leurs forces pour incarner l’opposition au régime. Il s’agit de Maria Kolesnikova, Veronika Tsepkalo et plus particulièrement Sviatlana Tsikhanouskaya, aujourd’hui en exil en Lituanie. Cette dernière aurait été la gagnante légitime de cette élection présidentielle, avec 56% des voix, selon l’organisme bélarusse de défense du droit de vote Golos (la voix)[3]« Golos platform: Tsikhanouskaya defeated Lukashenko in 1st round of presidential election«  (2020), Voice of Belarus.: https://belarus2020.org/election. Toutes trois ont été nommées pour le prix Nobel de la paix[4] Belarus Women’s Foundation. Svetlana Tsikhanouvskaya, Maria Kolesnikova and Veronika Tserpkalo are already nominated for the Nobel Peace Prize, … Continue reading. Lukashenko aurait donc sous-estimé l’importance du contre-pouvoir féminin, une erreur stratégique en partie due à ses représentations machistes du pouvoir et de la société[5]Luxmoore M., (21 août 2020). As Lukashenka clings to power, his trusty machismo is losing its allure, Radio Free Europe, … Continue reading. Le rejet des résultats officiels de cette élection du 9 août 2020, attribuant à Lukashenko un score de plus de 80,1% qui le réélit pour un sixième mandat consécutif, est à l’origine du mouvement de contestation le plus important de l’histoire du Bélarus[6]Statista. Results of the presidential election in Belarus on August 9, 2020 https://www.statista.com/statistics/1147363/belarus-presidential-election-results/. Le soutien de la Russie de Vladimir Poutine dans la répression des manifestations, qui a permis au dictateur de se maintenir au pouvoir, a engagé un an et demi plus tard Lukashenko à soutenir Poutine dans son invasion de l’Ukraine, lancée le 24 février 2022. Bien que n’étant pas « officiellement » impliqué, le pays sert de base pour l’armée russe, il est considéré comme co-belligérant par l’Ukraine[7]D’autres instances le considèrent comme tel, comme le Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik. et concerné par les sanctions occidentales. Ceci a plongé le Bélarus dans une culture politique dite « de guerre » particulièrement masculiniste[8]Borillo D. (2022). Le genre et la guerre. War in the 21st century, London, Royaume-Uni, https://hal.science/hal-03916852/ et ce bien que le pays n’intervienne pas directement par le biais d’une mobilisation sur le territoire ukrainien comparable à celle de la Russie. Les voix antimilitaristes sont cependant, comme en Russie, violemment réprimées[9]L’expression culture de guerre est cependant généralement utilisée pour parler de la Première Guerre mondiale. Rousseau  F. (dir.), (2004). Guerres, paix et sociétés, 1911-1946, Neuilly, … Continue reading,[10]Viasna Human Rights Center. (19 Octobre 2023). Shot in knees and jailed: what Belarusians risks for their anti-war stance https://spring96.org/en/news/110533. Comme en Russie et en Ukraine, les femmes bélarusses jouent un rôle important dans l’opposition à l’invasion russe. En outre, le rapprochement politique entre Lukashenko et Poutine fait face à un contre-pouvoir féminin. Une même relation entre un pouvoir viriliste et autoritaire contesté par une opposition beaucoup plus féminisée semble exister au Bélarus et en Russie, renforcée depuis le début de la guerre. En ce sens, quelles sont les conséquences de l’implication du Bélarus aux côtés de la Russie dans l’invasion de l’Ukraine sur les rôles des femmes dans l’opposition à Aleksandr Lukashenko et sur leur répression ?

La révolution d’août 2020 : un contre-pouvoir féminin sous-estimé par Lukashenko ?

Si Lukashenko est toujours au pouvoir, les manifestations d’août 2020 ont été les plus importantes depuis 1994[11]Народныя амбасады Беларусі (16 août 2021), One year ago the largest protests in the history of Belarus took place … Continue reading et dans l’histoire du Bélarus. Décrites comme une révolution par l’opposition[12]Sierakowski S, « Belarus Uprising: The Making of a Revolution« . Journal of Democracy, vol. 31, no. 4, Oct. 2020, pp. 5-16.  … Continue reading, ce sont des centaines de milliers de personnes qui ont manifesté, jusqu’à 200 000 personnes le 16 août à Minsk, menées par Sviatlana Tsikhanovskaya, considérée comme présidente légitime du pays. Une des erreurs politiques de Lukashenko est de sous-estimer l’importance de ses opposantes, ainsi que le rôle des minorités sexuelles et de genre dans son opposition, erreur dont l’une des causes serait sa misogynie et sa conviction que la place des femmes, vues comme faibles, est hors du pouvoir[13]Hosa J, (20 août 2020), Lukashenka’s disdain for women was his big mistake. New Eastern Europe. https://neweasterneurope.eu/2020/08/20/lukashenkas-disdain-for-women-was-his-big-mistake/. La composante masculiniste du pouvoir bélarusse avait déjà été largement étudiée avant 2020[14]Lukashenko’s Belarus is a perfect example of the machismo and misogyny at the heart of authoritarian regimes, écrivait Maryna Koktysh (08 mars 2013). Dictatorship: it’s a man’s game.  … Continue reading. L’idée d’une révolution massive dirigée par une femme, Sviatlana Tsikhanouvskaya, a donc été décrite comme un retour de flamme[15]Sukhov O. (26 août 2020). How a women’s revolution is testing Belarus’s dictator. EU Observer https://euobserver.com/world/149232 de la misogynie de Lukashenko. Cette culture politique, si elle sous-estime les femmes, est répressive envers elles depuis plus longtemps, bien avant que Tsikhanouskaya ne revendique la victoire aux élections.

En juillet 2020, soit un mois avant le début de cette révolution, un rapport d’Amnesty International décrivait déjà un ciblage spécifique des femmes activistes pendant la campagne présidentielle[16]Amnesty International, (17 juillet 2020) Belarus: Misogyny and discrimination fuels vicious campaign against activists ahead of election … Continue reading. Les opposantes étaient menacées par les autorités de représailles visant spécifiquement leur vulnérabilité en tant que femmes, impliquant des violences sexuelles et la perte de la garde de leurs enfants. Marie Struthers, directrice de la branche Europe de l’Est d’Amnesty, résume ainsi la situation : les femmes s’exposent déjà à la misogynie de Lukashenko, tout en représentant pour lui un « formidable challenge[17]Amnesty International, (17 juillet 2020) Belarus: Misogyny and discrimination fuels vicious campaign against activists ahead of election … Continue reading ». Cette culture politique viriliste et patriarcale s’étend à la société civile qui considère le féminisme comme une cause non politique. Emma Krol, autrice d’un mémoire de recherche sur cet autoritarisme, rapporte le témoignage d’une chercheuse bélarusse anonyme expliquant que « les féministes bélarusses ne pouvaient souvent pas rendre leur identité publique, et les biographes ont tout simplement caché la part féministe de leur vie[18]Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« … Continue reading,[19]Goldsmith B. (17 août 2020). Women in white from Belarus protest globally for peace and new vote. Reuters.  https://www.reuters.com/article/us-belarus-election-women-idUSKCN25D1LI » . Les termes de « patriarcat bienveillant » et « sexisme bienveillant » sont également utilisés pour décrire les stéréotypes renvoyés par Aleksandr Lukashenko lors de ses discours, notamment ceux du 8 mars[20]En Russie et au Bélarus, le 8 mars a une signification complètement différente. Si cette journée est apparue en URSS comme une célébration féministe, elle est aujourd’hui plus proche d’un … Continue reading, où les femmes restent des sœurs, des mères et des épouses.

Le rôle important des femmes dans les manifestations de 2020 a été souligné tant par les médias étrangers, y compris francophones, que par les opposantes bélarusses. La prix Nobel bélarusse Svetlana Alexievich a par exemple déclaré « Notre révolution a un visage de femme », en référence à son propre travail. Plusieurs marches menées par et pour des femmes furent organisées. Marina Mentusova a créé le mouvement des « Femmes en blanc[21]Marina Mentusova https://www.wilsoncenter.org/person/marina-mentusova У спісах я была з пазнакай аб злачынствах супраць дзяржавы». … Continue reading », le blanc étant un symbole de paix, mais aussi la couleur principale du drapeau de l’opposition bélarusse. Les femmes de la diaspora bélarusse ont également manifesté en Pologne, en Allemagne et en Ukraine. Cette révolution n’est pas uniquement caractérisée comme féminine, mais aussi comme féministe[22]Paulovich N. (2021). How Feminist is the Belarusian Revolution? Female Agency and Participation in the 2020 Post-Election Protests. Slavic Review, 80(1), 38–44 … Continue reading, bien que cet adjectif fasse débat. La chercheuse franco-russe Anna Colin Lebedev déclarait en septembre 2020 à France 24 que le pays vivait une révolution « féminine, pas féministe ». Elle ajoute que « Loin d’être en majorité féministes, les manifestantes en robes longues avec des fleurs jouent des stéréotypes genrés pour se protéger des forces de l’ordre dans les manifestations[23]Anna Colin-Lebedev (15/09/2020) La Biélorussie vit une révolution féminine, pas féministe. France 24 ». Ainsi, la vision stéréotypée que le pouvoir a des femmes est instrumentalisée contre celui-ci. 

L’investissement des féministes, comme Irina Solomatina, a constitué un véritable levier pour le mouvement, sans pour autant qu’il soit qualifié de féministe. Sviatlana Tsikhanovskaya et son équipe ont accordé peu d’importance aux questions de genre, n’étant pas épargnées par cette vision du féminisme comme des sujets secondaires et non importants en politique[24]Filia. (21 septembre 2020). Women and Feminism in Belarus: the truth behind the flower power: an interview with Irina Solomatina by Luba Fein.  … Continue reading. Cependant, l’engagement des féministes est lui aussi documenté, étant un véritable levier pour le mouvement[25]Atlas Corps. (10 octobre 2020). The Rising of the Feminist Movement in Belarus. https://atlascorps.org/the-raising-of-the-feminist-movement-in-belarus/, ainsi que leur répression et leur fuite du pays[26]Amnesty International. #StandWithBelarus, Belarus: Women on the Front Line. https://www.amnesty.org/en/wp-content/uploads/2021/06/belarus_women-on-the-front-line_web-1.pdf.

D’une révolution féminine à une répression misogyne

Si ces manifestations ont été qualifiées de sans-précédentes, la répression a été sans précédent elle aussi[27]Human Rights Watch. (2021). Belarus: Unprecedented  crackdown https://www.hrw.org/news/2021/01/13/belarus-unprecedented-crackdown. Beaucoup de femmes ne se sont pas senties visées durant les premiers mois de la révolution, considérant qu’être sous-estimées par le pouvoir leur permettrait de protéger leurs camarades masculins, leurs maris, leurs proches[28]Berman R. et al. (22 février 2021) Women to the front instrumentalizing gender roles in Belarus, Praxis: The Fletcher Journal of Human Security … Continue reading. Si elles ont cru être protégées par les stéréotypes de genre les présentant comme faibles, en réalité, beaucoup furent menacées, emprisonnées, voire torturées. Les principales figures de l’opposition ont été emprisonnées, telle que Maria Kolesnikova condamnée à 11 ans de prison, ou forcées à l’exil, comme Sviatlana Tsikhanouskaya partie en Lituanie et Veronika Tsepkalo en Pologne.

Dans une interview donnée en 2021, Lukashenko a déclaré ne pas être en guerre contre les femmes[29]Я против женщин не воюю». 10 белорусок, которых репрессировали после этих слов Лукашенко, (22 Juilliet 2022). Udf.BY … Continue reading. Pourtant, la question mérite d’être posée. Plusieurs rapports soulignent que dès l’été 2020, des répressions spécifiques touchent les femmes, et cela précisément dus à la misogynie systémique. Selon le Zentrum für Osteuropa- und internationale Studien, « Pendant les manifestations de 2020, ce sont plusieurs féministes, comme FemGroup, qui ont remarqué des ressemblances frappantes entre la violence d’État lors de la répression des manifestations, et les violences vécues par les femmes à la maison[30]Femgroup signifie ici « groupe du conseil de coordination pour le transfert de pouvoir. Ce groupe a été créé pour s’assurer que les femmes soient investies dans tous les processus liés au … Continue reading ». Pourtant, d’autres témoignages rapportent qu’à cette période les femmes étaient moins touchées, notamment grâce à un certain « sexisme bienveillant ». Se croyant protégées par les stéréotypes de genre, certaines manifestantes chantaient ainsi face aux forces de police que « seul un lâche battrait une femme[31]Filia. (21 septembre 2020). Women and Feminism in Belarus: the truth behind the flower power: an interview with Irina Solomatina by Luba Fein. … Continue reading ». Cependant, plusieurs organisations de défense des droits humains montrent que les femmes ont été gravement touchées par cette répression, et donc victimes de violences physiques[32]United Nations. (26 octobre 2021). Women under fire in Belarus, activists tortured and exiled. https://news.un.org/en/story/2021/10/110409. Des milliers sont arrêtées, des centaines de témoignages de viol sont rapportés, touchant des personnes de tout genre[33]United Nations Office of the Human Rights Commissioner. (25 octobre 2021). Belarus: Women paying heavy price for human rights – UN expert … Continue reading et des femmes sont délibérément privées des produits d’hygiène intime[34]Delegation of the European Union to the United Nations in New York. (22 octobre 2021). Women and girls in Belarus. https://www.eeas.europa.eu/delegations/un-new-york/women-and-girls-belarus_en?s=63. Si Lukashenko avait sous-estimé Sviatlana Tsikhanouskaya, en 2022, celle-ci déclare « nous avons sous-estimé la cruauté du régime de Lukashenko[35]Anufriyenka A. (9 août 2022). Belarusian Opposition Leader « We underestimated the the Cruelty of the Lukashenko’s regime, Radio Svoboda. … Continue reading ». Cette déclaration fait suite à l’engagement de Lukashenko auprès de Poutine dans l’invasion de l’Ukraine, un an et demi après le début de la révolution, une guerre contre laquelle les femmes bélarusses se sont aussi engagées.

Les femmes dans l’opposition bélarusse après le 24 février 2022

Le soutien politique et militaire du Bélarus à l’invasion de l’Ukraine a intensifié la répression de l’opposition. Si l’expression « culture de guerre » existe surtout pour parler de la Première Guerre mondiale, elle peut s’appliquer à la culture politique bélarusse. Dans un pays déjà parmi les plus militarisés de l’ex-URSS[36]Anastasiya Astapova, Vasil Navumau, Ryhor Nizhnikau & Leonid Polishchuk (2022) Authoritarian Cooptation of Civil Society: The Case of Belarus, Europe-Asia Studies, 74:1, 1-30, DOI: … Continue reading, où Lukashenko pose régulièrement en compagnie de ses proches en tenue militaire[37]Eichler, M. (2014). Militarized masculinities in international relations. Brown J. World Aff., 21, 81 https://www.jstor.org/stable/24591032, le virilisme de la culture politique s’en est vu amplifié. Pourtant, selon l’organisme Chatham House, la grande majorité des Bélarusses ne veulent pas de ce conflit[38]Belarus Polls, (07 juillet 2022). Tenth survey wave https://en.belaruspolls.org/wave-10.

Cette culture de guerre résultant de l’implication au côté de la Russie dans l’invasion de l’Ukraine, qui a notamment aidé Lukashenko à réprimer l’opposition, implique une répression plus importante des éléments « dissidents », ce que semblent confirmer des rapports sur la situation politique du pays en 2022[39]Human Rights Watch (12 janvier 2023), Belarus: Zone of Repressionhttps://www.hrw.org/news/2023/01/12/belarus-zone-repression. Si en s’opposant à la guerre, les femmes s’exposent aux mêmes violences que les hommes, rapportées par l’organisme Viasna[40]Viasna Human Rights Center (19/10/2023). Shot in knees and jailed: what Belarusians risks for their anti-war stance https://spring96.org/en/news/110533, la propagande de guerre semble viser les hommes et les femmes différemment. Au Bélarus, les femmes ne sont pas concernées par le service militaire obligatoire, mais peuvent entrer dans l’armée. La guerre est donc encore une affaire d’homme, mais la survie de la nation concerne aussi les femmes, comme le suggère la proposition d’un bannissement de l’« idéologie childfree[41]Human Constanta. (21 août 2023). Overview of the fight against « extremism«  in Belarus for April-June 2023 … Continue reading » et d’encourager les femmes à avoir des enfants plus tôt[42]Shraibman A.(14 novembre 2023). Belarus Gears Up for Election and New People’s Assembly.  Carnegie Politika.  https://carnegieendowment.org/politika/91004.

L’antimilitarisme, et donc l’opposition à Lukashenko, est majoritairement porté par les femmes au Bélarus[43]Russian and Belarusian women are leading the anti-war movement. (1er juin 2022). Inkstick.  https://inkstickmedia.com/russian-and-belarusian-women-are-leading-the-anti-war-movement/. Ce sont souvent les mêmes activistes et groupes, tels que les Femmes en blanc, qui sont impliqués dans les marches des femmes qui s’investissent dans l’opposition à la guerre. Beaucoup de ces femmes, comme Marina Mentusova ou Veronika Tsepkalo, sont désormais en exil, une différence notable avec 2020, et elles ont la possibilité d’aider les réfugié·es ukrainien·nes. Les opposantes soulignent les conséquences catastrophiques du conflit pour les femmes et les filles[44]Wilson Center. (23/03/2022). Ukrainian, Belarusian and Russian Women in the anti-war movement https://gbv.wilsoncenter.org/event/ukrainian-belarusian-and-russian-women-anti-war-movement et sympathisent avec les femmes ukrainiennes victimes de la guerre. Les femmes bélarusses exilées apportent parfois une aide directe aux femmes ukrainiennes, particulièrement vulnérables aux violences sexuelles de guerre[45]C’est jusqu’à un tiers des femmes ukrainiennes qui ont témoigné avoir été victimes ou témoins de violence. Pardini V., (17 mai 2022) Ukrainian, Belarusian and Russian women. The Gender … Continue reading. La diaspora joue un rôle important dans cette aide et cette mobilisation, car des marches de femmes sont organisées à Bialystok, en Pologne, près de la frontière bélarusse.

Si l’antimilitariste au Bélarus peut apparaître comme une stratégie féminisme, le féminisme n’est toutefois pas un objectif premier pour beaucoup de femmes activistes[46]Sharova V. (2022). Feminism as an anti war strategy and practice: the case of Belarus, Russia, and Ukraine« , Studies in East European thought, 74 (4):521-534 … Continue reading. Lors d’un entretien réalisé par Emma Krol en ligne le 24 mars 2022, un mois exactement après le début de la guerre, une militante anonyme explique ceci : « On ne réfléchit pas à la masculinité de Lukashenko. On s’en fiche. Notre plus grand problème maintenant, c’est la guerre[47]Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus , … Continue reading». Cette citation est intéressante, car elle sous-entend que la masculinité de Lukashenko n’est pas une des causes de cette guerre, même si elle a été analysée comme telle par l’autrice de l’entretien, elle ne représente pas une cible pour le combat antimilitariste. Si cette guerre exacerbe les oppositions politiques et sociales dans la société, ainsi que le rôle des rapports de genre, pour certaines militantes, la guerre relègue justement ces questions au second plan. Celles-ci ont souligné que la chute de Lukashenko, puis la fin de la guerre sont une priorité et qu’elles n’ont donc pas « d’énergie pour se concentrer sur les violences sexistes[48]Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« … Continue reading ». Un objectif largement partagé par les féministes russes, qui subissent elles aussi une répression violente et une misogynie d’État comparable. Il y a donc une hiérarchisation des combats, et toutes ne les voient pas comme intrinsèquement liés[49]Krol E. (2022). How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus, … Continue reading.

En Russie et au Bélarus, un rapport similaire entre genre, pouvoir et contre-pouvoir ?

Vladimir Poutine et Aleksandr Lukashenko incarnent tous deux des représentations de l’autoritarisme masculiniste. Bon nombre d’analyses et de travaux de recherches portant sur cette composante de l’autoritarisme à la bélarusse la comparent avec la Russie de Vladimir Poutine et son système de valeur[50]ar exemple Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko … Continue reading. Emma Krol, qui qualifie Lukashenko d’« abuseur domestique de la nation », souligne que peu de recherches ont été effectuées sur Lukashenko, comparé à Vladimir Poutine, probablement parce que le Bélarus a une influence moindre sur la scène internationale.

Cet autoritarisme et les « purges » commises sur la société civile avant la guerre impliquent dans ces deux pays la répression des « idéologies féministes, LGBT et child-free ». L’homophobie et la répression des minorités LGBTI+ dans leurs discours publics comme dans leurs politiques sociales ont aussi participé à la création de cette image. Une des citations les plus célèbres de Lukashenko en 2012 le démontre : « Il vaut mieux être dictateur que gay[51]Frear M. (2021). Better to be a Dictator than Gay: Homophobic Discourses in Belarusian Politics. Europe-Asia Studies. Vol. 73. pp. 1467-1486 ». L’homophobie de son discours politique se traduit par une discrimination dans la société parmi les plus fortes en Europe. Par exemple, les personnes LGBTI+ « out » ne peuvent factuellement pas servir dans l’armée, où les homosexuels sont souvent renvoyés pour réévaluation psychiatrique, même si l’homosexualité n’est pas considérée comme une maladie au Bélarus[52]Si la loi ne les empêche pas d’entrer dans l’armée, l’homosexualité y est vue comme un trouble mental. https://www.equaldex.com/region/belarus Disease of being gay:  how military office … Continue reading. L’homophobie est directement liée à l’image et à la performance masculiniste du pouvoir de Vladimir Poutine, notamment depuis la loi de 2013 contre la « propagande LGBT », et de Lukashenko. Cela est utilisé par leurs opposant·es pour les représenter comme gays, une méthode accusée de reprendre paradoxalement les mêmes codes de pensée homophobe que le pouvoir[53]En effet, si cela peut être considéré comme retournant la rhétorique de Poutine ou de Lukashenko contre eux, représenter Poutine comme gay est aussi dénoncé comme homophobe. Voir Brammer John … Continue reading.

Pour beaucoup de Bélarusses, la comparaison systématique entre Lukashenko et Poutine est problématique, car iels considèrent que cela efface les spécificités des rapports de genre au Bélarus et contribue à le présenter comme non indépendant de la Russie. Il serait erroné de présenter Lukashenko comme une exacte copie de Poutine, et leur relation ne se limite pas à une « amitié virile[54].(16 juin 2021), Is there actually a bromance between Vladimir Putin and Alexander Lukashenko?, … Continue reading». En calquant sa performance viriliste du pouvoir sur celle de son allié, Lukashenko gagne d’être parfois considéré comme l’ombre de Poutine[55]Krol Emma. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in … Continue reading. Si la comparaison trouve vite ses limites, cette comparaison Russie/Bélarus ne concerne pas seulement l’aspect masculin du pouvoir, mais aussi l’aspect féminin du contre-pouvoir. Les oppositions des femmes russes, bélarusses et ukrainiennes à la guerre sont souvent présentées conjointement, rarement comme des phénomènes indépendants[56]Par exemple, Pardini V. (17 mai 2022) Ukrainian, Belarusian and Russian women. The Gender Security Project … Continue reading.

La comparaison entre les deux États souligne l’importance de l’héritage soviétique dans les stéréotypes de genre et les relations entre genre et pouvoir, un héritage commun aux Russes et Bélarusses. Anna Colin Lebedev a ainsi écrit que les femmes bélarusses et russes sont métaphoriquement « les protectrices de la société[57]Anna Colin-Lebedev. (15 septembre 2020). La Biélorussie vit une révolution féminine, pas féministe. France 24 … Continue reading », un rôle assigné par l’Union soviétique qu’elles utilisent donc contre les héritiers de son autoritarisme. Les femmes russes et bélarusses ont même été qualifiées de leaders de cette opposition à la guerre. Il est vrai que l’invasion de l’Ukraine en 2022 implique les femmes russes et bélarusses dans un conflit commun, dont elles ne veulent pas. Marina Mentusova, créatrice des Femmes en blanc, déclare ainsi « je suis sûre qu’il est entre les mains des femmes russes et bélarusses, d’empêcher nos hommes de tuer[58]Wilson Center (23/03/2022). Ukrainian, Belarusian and Russian Women in the anti-war movement https://www.wilsoncenter.org/event/ukrainian-belarusian-and-russian-women-anti-war-movement ».

Assiste-t-on donc à un engagement antimilitariste transnational ? C’est en tout cas bel et bien une union de ces femmes qui est souhaitée par des activistes comme Marina Pisklakova-Parker, qui déclare par exemple : « Je crois au pouvoir de la sororité[59]Wilson Center (23/03/2022). Ukrainian, Belarusian and Russian Women in the anti-war movement  https://www.wilsoncenter.org/event/ukrainian-belarusian-and-russian-women-anti-war-movement ». Des exemples existent comme les Ukrainiennes suppliant les Russes et Bélarusses de ne pas envoyer leurs fils en Ukraine, ou la création de la chaîne télégram Soyouz Materei (union des mères),[60]Lien vers la chaîne télégram: https://t.me/s/souzmaterey. Cependant, au Bélarus, toutes ne croient pas inconditionnellement à cette sororité transnationale. L’opposition bélarusse souligne plusieurs différences, premièrement la popularité de Poutine par rapport à celle de Lukashenko, l’appétit impérialiste de la Russie et enfin la lutte démocratique au Bélarus bien plus présente qu’en Russie[61]Belarus Polls. (7 juillet /2022). Результаты десятой волны исследования  https://belaruspolls.org/wave-10. Pour ces raisons, la lutte démocratique et antimilitariste bélarusse devrait être analysée séparément de celle des Russes. Si la comparaison implique notamment que ces oppositions ont le même ennemi et pourraient travailler ensemble, certaines figures, comme Sviatlana Tsikhanouvskaya, déclarent « ne pas vouloir être mises dans le même panier que les Russes[62]Novaya Gazeta Evropa (17 octobre 2023). Мы добиваемся того, чтобы Беларусь и Россию не клали в одну корзину … Continue reading ». L’approche décoloniale des relations russo-bélarusses intéresse les leaders de l’opposition[63]Sviatlana Tsikhanouskaya a par exemple initié ou sponsorisé au moins deux conférences sur cette perspective. … Continue reading, de même qu’une approche décoloniale du féminisme, mais elle n’empêche pas nécessairement une coopération avec des féministes russes, qui soulignent le caractère multiethnique de leur pays[64]Lashden T. (2023). Feminists Strike Back: Decolonial Anti-War Resistance in Belarus and Russia. Heinrich-Böll-Stiftung | Global Unit for Feminism and Gender … Continue reading.

Analyser conjointement l’activisme antimilitariste des femmes russes et bélarusses implique une cause commune et la possibilité d’un front commun contre deux dirigeants alliés. L’entrée en guerre du Bélarus, certes non officielle, aux côtés de la Russie et contre l’Ukraine a des implications intéressantes, puisqu’elle nourrit l’idée selon laquelle ces femmes et minorités de genre de l’opposition bélarusse pourraient lutter aux côtés de leurs adelphes russes. Cependant, la comparaison entre opposition bélarusse et russe met aussi en garde contre une vision schématique d’un contre-pouvoir féministe opposé à un pouvoir masculiniste, et ce même après le déclenchement de la guerre qui exacerbe les valeurs virilistes dans la société. En Russie comme au Bélarus, le virilisme et les lgbtiphobies existent aussi dans l’opposition, et s’impliquent dans une « guerre culturelle » similaire. Si l’opposition bélarusse a été décrite comme progressiste par les médias étrangers[65]Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« … Continue reading, ce n’est pas nécessairement le cas. Des activistes ont dénoncé l’homophobie et la misogynie dans certains groupes telegram anti-Lukashenko[66]Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« … Continue reading.

Un antimilitarisme à visage féminin, mais pas encore féministe

Beaucoup de femmes bélarusses furent touchées par les conséquences de la guerre que leurs camarades masculins de l’opposition : la répression est devenue encore plus violente, beaucoup d’entre elles sont en exil ou emprisonnées, et la guerre est devenue une priorité qui invisibilise les sujets de l’égalité de genre. Pourtant, ces questions sont intrinsèquement liées. Une opposante bélarusse explique en 2022 : « Je pense que le genre est le meilleur angle d’analyse par lequel analyser le régime de Lukashenko[67]Krol ,E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in … Continue reading ». Si l’égalité entre les genres n’était pas au cœur de leurs revendications, le rôle des femmes dans ces manifestations fut notable aussi par l’organisation de marches de femmes et la création de mouvements féminins, mais pas féministes. La distinction entre féminin et féministe est assez notable ici : ne pas se revendiquer féministe, mais cultiver sa féminité a été un moyen d’utiliser les stéréotypes du régime contre lui lors de manifestations. Ce qui n’a pas empêché beaucoup de femmes d’être arrêtées.

Cependant, depuis le déclenchement de la guerre, le féminisme semble être une stratégie antimilitariste, les féministes se revendiquent plus ouvertement qu’en 2020. Beaucoup de Bélarusses vivent en Ukraine et adoptent une perspective féministe décoloniale face à la guerre, et le mouvement russe Feminist Anti-War Resistance a une branche bélarusse qui les soutient dans cette vision. Bien que certaines militantes déclarent que la guerre est une lutte prioritaire par rapport à la lutte féministe, quand d’autres mettent en avant la nécessité d’une solidarité entre femmes, soulignant la force de la sororité.

Dans les médias, si l’engagement des femmes bélarusses dans l’opposition et les manifestations de 2020 a été beaucoup évoqué, leur engagement antimilitariste a presque toujours été analysé conjointement à celui des femmes russes et ukrainiennes. Les femmes russes et bélarusses jouent un rôle de premier plan dans l’opposition contre la guerre et leur dirigeant autoritaire masculiniste. Certaines figures de l’opposition, comme la présidente légitime en exil, estiment cependant que les particularités de la lutte des femmes bélarusses devraient être mises en avant, car la Russie est en position de domination sur le Bélarus. La guerre cristallise donc une tension entre la possibilité de faire cause commune avec les femmes russes et le besoin d’être politiquement indépendant de la Russie, et de montrer la distinction Bélarus/Russie aux yeux du monde.

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.

Pour citer cet article : Anna Lefèvre, (2023), Les femmes dans l’opposition démocratique bélarusse après la révolution d’août 2020, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=17238

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4  Belarus Women’s Foundation. Svetlana Tsikhanouvskaya, Maria Kolesnikova and Veronika Tserpkalo are already nominated for the Nobel Peace Prize, https://belaruswomen.org/ru/news/svetlana-tikhanovskaya-maria-kolesnikova-and-veronika-tsepkalo-are-already-nominated-for-the-nobel-peace-prize
6 Statista. Results of the presidential election in Belarus on August 9, 2020 https://www.statista.com/statistics/1147363/belarus-presidential-election-results/
7 D’autres instances le considèrent comme tel, comme le Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik.
8 Borillo D. (2022). Le genre et la guerre. War in the 21st century, London, Royaume-Uni, https://hal.science/hal-03916852/
9 L’expression culture de guerre est cependant généralement utilisée pour parler de la Première Guerre mondiale. Rousseau  F. (dir.), (2004). Guerres, paix et sociétés, 1911-1946, Neuilly, Atlande,, p. 667-67
10 Viasna Human Rights Center. (19 Octobre 2023). Shot in knees and jailed: what Belarusians risks for their anti-war stance https://spring96.org/en/news/110533
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19 Goldsmith B. (17 août 2020). Women in white from Belarus protest globally for peace and new vote. Reuters.  https://www.reuters.com/article/us-belarus-election-women-idUSKCN25D1LI
20 En Russie et au Bélarus, le 8 mars a une signification complètement différente. Si cette journée est apparue en URSS comme une célébration féministe, elle est aujourd’hui plus proche d’un mélange entre la fête des mères et la St Valentin. Au niveau officiel, rien n’en subsiste comme une journée des droits des femmes. Voir les voeux de Lukashenko le 8 mars 2013, https://president.gov.by/en/events/alexander-lukashenko-sends-womens-day-greetings-5756 Verita Sriratana, (2023) « The Straight and Strong man’s burden« : an Analysis of Benevolent Sexism as Strong man’s Misogyny in International Women’s Day Speeches from Leaders of Belarus, Russia and Thailand« ,  Department of English, Faculty of Arts, Chulalongkorn University https://wsc.soc.cmu.ac.th/journal/readissue.php?id=340
21 Marina Mentusova https://www.wilsoncenter.org/person/marina-mentusova У спісах я была з пазнакай аб злачынствах супраць дзяржавы». Арганізатарка жаночых акцый, якая жыла ў Маскве, тэрмінова з’ехала адтуль (16 septembre 2021). Nasha Niva https://nashaniva.com/?c=ar&i=277955
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23 Anna Colin-Lebedev (15/09/2020) La Biélorussie vit une révolution féminine, pas féministe. France 24
24 Filia. (21 septembre 2020). Women and Feminism in Belarus: the truth behind the flower power: an interview with Irina Solomatina by Luba Feinhttps://www.filia.org.uk/latest-news/2020/9/21/women-and-feminism-in-belarus-the-truth-behind-the-flower-power
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28 Berman R. et al. (22 février 2021) Women to the front instrumentalizing gender roles in Belarus, Praxis: The Fletcher Journal of Human Security  https://sites.tufts.edu/praxis/2021/02/22/women-to-the-front-instrumentalizing-gender-roles-in-belarus/
29 Я против женщин не воюю». 10 белорусок, которых репрессировали после этих слов Лукашенко, (22 Juilliet 2022). Udf.BY https://udf.name/news/sobytie/245853-ja-protiv-zhenschin-ne-vojuju-10-belorusok-kotoryh-repressirovali-posle-jetih-slov-lukashenko.html
30 Femgroup signifie ici « groupe du conseil de coordination pour le transfert de pouvoir. Ce groupe a été créé pour s’assurer que les femmes soient investies dans tous les processus liés au changement de pouvoir. Source : St John Murphy A. (6 novembre 2020). Belarusian protests: feminized, but feminists?, The Conversationalist. https://conversationalist.org/2020/11/06/the-belarusian-protests-feminized-but-feminist/
31 Filia. (21 septembre 2020). Women and Feminism in Belarus: the truth behind the flower power: an interview with Irina Solomatina by Luba Fein. https://www.filia.org.uk/latest-news/2020/9/21/women-and-feminism-in-belarus-the-truth-behind-the-flower-power
32 United Nations. (26 octobre 2021). Women under fire in Belarus, activists tortured and exiled. https://news.un.org/en/story/2021/10/110409
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49 Krol E. (2022). How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus, Faculty of Political and Social Sciences, https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf
50 ar exemple Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« , Faculty of Political and Social Sciences, https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf Sriratana V. (2023) « The Straight and Strong man’s burden« : an Analysis of Benevolent Sexism as Strong man’s Misogyny in International Women’s Day Speeches from Leaders of Belarus, Russia and Thailand« ,  Department of English, Faculty of Arts, Chulalongkorn University https://wsc.soc.cmu.ac.th/journal/readissue.php?id=340
51 Frear M. (2021). Better to be a Dictator than Gay: Homophobic Discourses in Belarusian Politics. Europe-Asia Studies. Vol. 73. pp. 1467-1486
52 Si la loi ne les empêche pas d’entrer dans l’armée, l’homosexualité y est vue comme un trouble mental. https://www.equaldex.com/region/belarus Disease of being gay:  how military office send gays to psychiatric (06/07/2023). Euradio. https://euroradio.fm/en/queer-army-belarus
53 En effet, si cela peut être considéré comme retournant la rhétorique de Poutine ou de Lukashenko contre eux, représenter Poutine comme gay est aussi dénoncé comme homophobe. Voir Brammer John Paul. (16 juillet 2018). Your homophobic « Trump and Putin Gay Lovers«  aren’t funny. Them.  https://www.them.us/story/your-homophobic-trump-and-putin-are-gay-lovers-jokes-arent-funny
54 .(16 juin 2021), Is there actually a bromance between Vladimir Putin and Alexander Lukashenko?, Gzero https://www.gzeromedia.com/gzero-world-clips/is-there-actually-a-bromance-between-vladimir-putin-and-alexander-lukashenko
55 Krol Emma. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« , Faculty of Political and Social Studies, Ghent University  https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf Sciences, https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf
56 Par exemple, Pardini V. (17 mai 2022) Ukrainian, Belarusian and Russian women. The Gender Security Project https://www.gendersecurityproject.com/post/ukrainian-belarusian-and-russian-women-and-the-anti-war-movement
57 Anna Colin-Lebedev. (15 septembre 2020). La Biélorussie vit une révolution féminine, pas féministe. France 24 https://www.france24.com/fr/europe/20200915-anne-colin-lebedev-la-bi%C3%A9lorussie-vit-une-r%C3%A9volution-f%C3%A9minine-pas-f%C3%A9ministe
58 Wilson Center (23/03/2022). Ukrainian, Belarusian and Russian Women in the anti-war movement https://www.wilsoncenter.org/event/ukrainian-belarusian-and-russian-women-anti-war-movement
59 Wilson Center (23/03/2022). Ukrainian, Belarusian and Russian Women in the anti-war movement  https://www.wilsoncenter.org/event/ukrainian-belarusian-and-russian-women-anti-war-movement
60 Lien vers la chaîne télégram: https://t.me/s/souzmaterey
61 Belarus Polls. (7 juillet /2022). Результаты десятой волны исследования  https://belaruspolls.org/wave-10
62 Novaya Gazeta Evropa (17 octobre 2023). Мы добиваемся того, чтобы Беларусь и Россию не клали в одну корзину https://novayagazeta.eu/articles/2023/10/17/my-dobivaemsia-togo-chtoby-belarus-i-rossiiu-ne-klali-v-odnu-korzinu
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Sviatlana Tsikhanouskaya a par exemple initié ou sponsorisé au moins deux conférences sur cette perspective. https://tsikhanouskaya.org/en/event/the-decolonization-of-education-and-research-in-belarus-and-ukraine-theoretical-challenges-and-practical-taskshttps://tsikhanouskaya.org/en/events/news/edb5f1f2d459d38.html

64 Lashden T. (2023). Feminists Strike Back: Decolonial Anti-War Resistance in Belarus and Russia. Heinrich-Böll-Stiftung | Global Unit for Feminism and Gender Democracy https://www.linkedin.com/showcase/boell-feminism-and-gender-democracy/
65 Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« , Faculty of Political and Social Sciences, Ghent University  https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf
66 Krol E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« , Faculty of Political and Social Sciences, Ghent University https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf
67 Krol ,E. (2022). « How the fathers of the nation became its domestic abusers: The relationship between hegemonic masculinity and authoritarianism, using the case of Aleksander Lukashenko in Belarus« , Faculty of Political and Social Sciences, Ghent University https://libstore.ugent.be/fulltxt/RUG01/003/119/086/RUG01-003119086_2023_0001_AC.pdf