L’industrie des produits menstruels : la réalité imposée aux personnes menstruées

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Anna Colpaert

26/01/2024

« En Éthiopie, 70% des jeunes filles n’ont […] jamais entendu parler des menstruations quand arrivent leurs premières règles »[1]France Diplomatie. (2022, janvier). Signature du premier contrat à impact de développement français destiné à soutenir la gestion de l’hygiène menstruelle en Éthiopie. … Continue reading. Une étude menée sur 616 personnes dans la région de Louga au Sénégal révèle « [qu’]aucune des personnes interrogées n’a déclaré avoir obtenu des informations sur le caractère biologique des menstruations et sur les changements hormonaux »[2]UN Women and WSSCC. (2014). Menstrual hygiene management: behaviour and practices in the Louga region, Senegal. … Continue reading. Un rapport montre qu’en Inde, 22,7% des jeunes filles interrogées en 2007 perçoivent les règles comme une réaction à une blessure ou une plaie[3]National Institute of Public Cooperation and Child Development. (2014). Improvement in Knowledge and Practices of Adolescent Girls Regarding Reproductive Health with Special Emphasis on Hygiene … Continue reading. Ces quelques chiffres montrent à quel point règne un tabou alarmant autour des règles. Il n’est pas bienvenu de parler de ses douleurs de règles, de son cycle menstruel, de laisser apparaître du sang à travers ses vêtements ou encore de discuter des produits menstruels utilisés.

Pourquoi une telle ignorance des règles ? La religion est l’une des premières causes qui alimentent ce tabou. Dans de nombreuses cultures, les personnes menstruées sont mises à l’écart des pratiques et cultes religieux pour ne pas contaminer ce qui a trait au sacré. Une pratique bouddhiste au Népal nommée « chhaupadi » va jusqu’à exiler les femmes une fois par mois, pour qu’elles n’aient pas à partager l’espace des personnes non-menstruées[4]Amnesty International (2019). Nepal: Authorities must proactively act to eradicate the harmful practice of banishing women and girls to insanitary and dangerous huts during their menstrual cycles. … Continue reading. Si cette loi a été abolie en 2005, les séquelles d’une pratique si radicale ont tout de même du mal à s’estomper : les personnes menstruées[5]L’expression personne menstruée fait référence aux personnes qui ont leurs règles, y compris les personnes cisgenres, transgenres, non binaires et fluides continuent à être mises à l’écart et considérées comme impures, voire malades.

Il est compliqué dans n’importe quelle société aujourd’hui d’avoir un choix éclairé sur la question. Les règles peuvent être un phénomène qui alourdit le quotidien : douleurs de règles (appelées dysménorrhée[6]M. Gülmezoglu, K. Khan, P. Latthe, M. Latthe & L. Say. (2006). WHO systematic review of prevalence of chronic pelvic pain: a neglected reproductive health morbidity. BMC Public Health. … Continue reading), ménorragies (durée des règles dépassant 7 jours), pathologies (endométriose, syndrome de congestion pelvienne, fibrome utérin…) ou hémorragies. Le tabou des règles explique pourquoi ce sujet qui est alarmant n’est pas pris en charge plus sérieusement. Maintenir les règles dans l’ombre, c’est maintenir les personnes menstruées dans l’ombre également.

Évidemment, les règles sont un phénomène naturel et n’ont rien de sale ou d’impur. Toutefois, il a été jugé bon de les camoufler. C’est au XIXe siècle que les premières serviettes menstruelles apparaissent, fabriquées en matières synthétiques et manufacturées industriellement pour absorber le sang. Dans les années 1920, une entreprise américaine du nom de Kotex met en vente la première serviette menstruelle jetable[7]Guien, J. (2023). Chapitre 1 – Les serviettes jetables. Une histoire de produits menstruels, Divergences, p. 26. À la fin des années 1930, les tampons sont mis en vente. Contrairement à l’usage externe des serviettes, ces protections sont en contact avec l’intérieur des parties intimes. Cependant, l’objectif reste le même : absorber davantage le sang, voire masquer une odeur. Ces deux inventions renforcent alors l’idée que les règles sont sales. Qui plus est, les serviettes jetables prendront par la suite le nom de « serviettes hygiéniques », laissant supposer un manque d’hygiène pour celles·eux qui n’en portent pas, ou bien qu’elles sont une solution immédiate à l’hygiène menstruelle.

Aujourd’hui, l’industrie menstruelle est colossale. Le marché est estimé à 36,20 milliards de dollars en 2023[8]Mordor Intelligence Industry Reports. (2023). Feminine Hygiene Products Market Size & Share Analysis – Growth Trends & Forecasts (2024 – 2029). … Continue reading. L’emprise internationale de ces produits empêche d’autres d’être mis en avant. Ces protections sont marketées comme la meilleure solution, voire l’unique solution. Accessibles à tou·tes, faciles d’utilisation, conçues pour pouvoir s’en débarrasser facilement… En résumé, les plus aptes à satisfaire les besoins de toutes les personnes menstruées consommatrices. Toutefois, ce n’est pas réellement le cas. Comment l’industrie des produits menstruels tente d’imposer internationalement un modèle pour contester le phénomène naturel que sont les règles, en actualisant ce tabou ancien ?

Une solution loin d’être accessible à tou·tes : la précarité menstruelle

Les produits menstruels sont des produits de luxe. En 2019, dix pays dans l’Union européenne dépassent les 20% de taxe sur ces produits, pouvant aller jusqu’à 27% en Hongrie[9]Fundación Ciudadana Civio. (2018). Half of the European countries levy the same VAT on sanitary towels and tampons as on tobacco, beer and wine. … Continue reading. Cette taxe est généralement réservée aux produits luxueux, comme le caviar. Bien qu’elle soit de moins en moins élevée grâce à une prise de conscience, elle reste la norme à l’échelle internationale. Étant donné le prix, comment éviter que certaines personnes se voient confrontées à un choix délicat : prioriser la nourriture ou les produits menstruels[10]Save a Girl, Save a generation (2023) The Difficult Choice for Girls: Food or Menstrual Products. https://www.saveagirlsaveageneration.org/en/menstrual-hygiene-gender-equality-2/ ? Être face à ce dilemme, c’est être en situation de précarité menstruelle. Selon le Fonds des Nations unies, cette précarité « recouvre la vulnérabilité économique accrue dont souffrent les femmes et les filles à cause du poids financier des protections hygiéniques dans leur budget »[11]United Nations Population Fund. (2022). Menstruation and human rights – Frequently asked questions. https://www.unfpa.org/menstruationfaq. La réalité de la précarité menstruelle, c’est la difficulté de déployer des moyens pour acheter des produits menstruels de tous types.

Aujourd’hui, il existe différents types de mobilisation contre cette précarité. Par exemple, l’ONG Action contre la faim mène des actions pour améliorer l’accès à l’eau et aux sanitaires dans les endroits publics à l’échelle internationale. L’organisation propose également des ateliers de création de serviettes menstruelles en tissus dans de nombreux pays, ainsi que des dons de produits et kits menstruels. Cette mobilisation dépasse les associations et commence à toucher la sphère politique, bien que les actions sont loin d’être mises en place pour la plupart. En 2020, l’Écosse est le premier pays à rendre les produits menstruels en libre circulation gratuits[12]C. Diamond (2022) Period poverty: Scotland first in world to make period products free. BBC. https://www.bbc.com/news/uk-scotland-scotland-politics-51629880. À sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni supprime la TVA des produits menstruels[13]Gouvernement britannique. (2024). VAT on period pants scrapped. https://www.gov.uk/government/news/vat-on-period-pants-scrapped. Cela souligne un problème important : l’Union européenne ne permet pas à ce que les taxes sur les produits menstruels soient en dessous de 5%[14]Euronews. (2021). Period poverty: UK becomes latest country to abolish taxes on women’s sanitary products. … Continue reading. Ce seuil empêche les états membres de supprimer les taxes, bien que certains ne descendent déjà pas jusqu’à cette limite et restent drastiquement au-dessus.

La précarité menstruelle touche environ 500 millions de personnes autour du globe[15]Action contre la faim (2022) When periods accentuate inequalities. https://www.actioncontrelafaim.org/en/headline/when-periods-accentuate-inequalities/. La somme moyenne des dépenses pour les produits menstruels est difficile à déterminer, mais peut atteindre jusqu’à 120$ par an pour une personne[16] Gemano M., The Economics of Menstruation. https://www.maggiegermano.com/blog/the-economics-of-menstruation/. Pourquoi cette somme est-elle difficile à calculer ? Parce que chaque personne menstruée nécessite des besoins différents : des produits menstruels de différente absorption en fonction de leurs flux, des médicaments en fonction des douleurs, des produits liés à l’hygiène menstruelle en fonction de ce dont elle dispose déjà… Force est de constater que les personnes les plus touchées sont souvent les plus précaires ou dépendantes financièrement. Les personnes menstruées comprennent un nombre important de femmes, plus touchées par la précarité économique que les hommes à cause d’une activité ou des salaires moins importants[17]International labour organization (2018) The gender gap in employment: What’s holding women back?. https://www.ilo.org/infostories/fr-FR/Stories/Employment/barriers-women#intro. Dans les foyers où les hommes sont chargés des dépenses du ménage, certains sont réticents à l’achat de ces produits qu’ils ne considèrent pas comme de premières nécessités ou dont il est tabou de parler[18]UN Women and WSSCC. (2014). Menstrual hygiene management: behaviour and practices in the Louga region, Senegal. … Continue reading. Avoir accès à un emploi régulier, et donc à un revenu, c’est pouvoir se permettre ce « luxe ». Toutefois, des milliers de personnes menstruées manquent des jours de travail pendant leurs règles. Manque de protection, de matériel pour l’hygiène menstruelle, douleurs intenses causant des arrêts maladie… Une personne en précarité menstruelle sans revenu fixe ne peut garantir des dépenses pour des protections menstruelles. L’absentéisme au travail l’en empêche, car iel n’a pas le matériel nécessaire. Comment échapper à la précarité menstruelle, tout en utilisant des produits adaptés ?

Être informée sur le sujet reste la meilleure prévention contre la précarité menstruelle. Tous les organismes mobilisés prônent la nécessité de briser le tabou des règles, en commençant par une éducation sur le cycle menstruel. Au même titre qu’une éducation sexuelle à l’école, une éducation menstruelle permettrait de ralentir cette précarité. Pourquoi ? Expliquer scientifiquement les causes et phénomènes des règles empêche de laisser place aux dogmes. Les personnes menstruées aborderaient cette période différemment si elles en apprenaient plus dès un jeune âge. Toutefois, une personne menstruée sur deux manque des jours d’école pendant leur cycle menstruel[19]Plan international. (2022) Lutter contre la précarité menstruelle dans le monde. https://www.plan-international.fr/actualites/lutter-contre-la-precarite-menstruelle-dans-le-monde/. L’absentéisme à l’école entraîne par la même occasion une difficulté par la suite de trouver un emploi stable, et donc un revenu régulier. Un cercle difficile à briser.

Ainsi, comment les personnes en précarité menstruelle s’adaptent-elles pendant leurs règles ? Souvent, iels trouvent des solutions, en guise de protection menstruelle. Utilisation de journaux, de feuilles, de chiffons, de tissus… Selon une étude, « 6% des femmes utilisaient du papier au Niger, 12% n’utilisaient que des sous-vêtements au Burkina Faso et 11% n’utilisaient rien en Éthiopie »[20]UNICEF (2022) Fact sheet Menstrual health and hygiene management still out of reach for many. … Continue reading. Ces moyens permettent de trouver une solution immédiate pour pallier les écoulements de sang. Néanmoins, ces pratiques posent souvent des problèmes de santé et d’hygiène menstruelle.

Une industrie à la source de normes sanitaires inatteignables

Être privée d’information, de produits ou de protection menstruelles a une conséquence directe sur la santé des personnes menstruées. Évoquer la précarité menstruelle, c’est aborder l’hygiène menstruelle. L’ONG Action contre la faim la définit comme le fait d’avoir accès à : « Des protections menstruelles pour recueillir le sang menstruel, autant que nécessaire ; Un lieu sécurisé pour se changer en toute intimité, aussi souvent que nécessaire ; De l’eau et du savon pour se laver, aussi souvent que nécessaire ; Des installations fonctionnelles pour utiliser, jeter ou nettoyer les protections menstruelles ; Un accès aux services de santé et à une éducation complète à la sexualité et à l’hygiène menstruelle »[21]Action contre la faim (2022) When periods accentuate inequalities. https://www.actioncontrelafaim.org/en/headline/when-periods-accentuate-inequalities/. Cette définition permet de comprendre que les protections menstruelles sont une problématique parmi d’autres, qui renvoient aux grands enjeux publics que sont l’hygiène et la précarité menstruelle.

L’industrie menstruelle prétend diminuer les problèmes d’hygiène menstruelle. Dans les années 1920, quand les premières serviettes et tampons industriels entrent sur le marché, la grande révolution est de pouvoir les jeter directement après utilisation, sans accumuler trop de sang, en plus d’êtres faciles à transporter. Si cette « technologie » est pratique de prime abord, il est important de souligner qu’elle exige du matériel supplémentaire. Pour pouvoir jeter le produit, il est nécessaire d’avoir une poubelle. Ces poubelles doivent être entretenues, le contenu doit être vidé fréquemment, pour ensuite être remis à disposition. Sans cela, les produits utilisés se retrouvent dans les toilettes, risquant de boucher les canalisations. Ils peuvent aussi être jetés dans la nature, voire cachés et enterrés pour éviter le regard des autres. Si les personnes ne peuvent pas se débarrasser de leur protection, il n’est pas bon de la garder trop longtemps pour des raisons de santé, un sujet abordé plus bas dans cet article. Cet enjeu semble avoir été omis par les marques lors du marketing de leur marchandise.

De fait, le matériel de première nécessité est loin d’être accessible à tous·tes, à commencer par des sanitaires. Selon le Groupe des Nations unies pour le développement durable, « 3,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des systèmes d’assainissement gérés de manière sûre »[22]A. Guterres. (2021). Toilets save lives. United Nations Sustainable Development Group. https://unsdg.un.org/fr/latest/blog/toilets-save-lives. Pour rappel, ce sont dans des installations sanitaires que les personnes menstruées changent leur protection dans des lieux publics. Des toilettes salubres, équipées de matériels adéquats, comme un verrou par exemple, incitent donc les personnes menstruées à se déplacer sans embarras. Dans une étude sur la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM) menée en 2017 au Togo, une des filles interrogées se prononce sur les sanitaires mis à disposition dans son école : « On peut se changer à l’école, mais les toilettes ne sont pas propres et ne peuvent pas être fermées de l’intérieur, on s’expose au risque d’être surprise par un garçon, alors que c’est un secret »[23]Bureau d’Ingénierie et de Services Afrique. (2017). Étude sur la Gestion de l’Hygiène Menstruelle (GHM) au Togo. … Continue reading. Il est aussi préférable d’avoir accès à des sanitaires propres pour ne pas être exposé aux bactéries ou à une infection. Les mesures d’hygiène requièrent un endroit où se laver les mains, avec de l’eau et du savon. Autant de matériel nécessaire pour assurer une hygiène menstruelle adaptée, matériel absent dans beaucoup de lieux publics.

Il existe une alternative aux produits menstruels jetables : le linge menstruel. Qu’il prenne l’apparence d’un sous-vêtement, comme la culotte menstruelle, ou d’une protection menstruelle à usage externe, comme une serviette réutilisable, c’est une solution à laquelle ont recours beaucoup de personnes. Cette alternative soulève néanmoins le problème du lavage. L’eau à bouillir et dans laquelle le tissu est lavé est une ressource difficile à obtenir. D’autant plus que ces tissus doivent être lavés correctement pour empêcher les risques de bactéries. Le séchage aussi pose problème : où sécher à l’abri des regards ? Le rapport d’ONU Femmes portant sur le Sénégal précise que « le matériel une fois lavé est séché principalement dans des endroits humides tels que les toilettes, les chambres, sous les tuiles, sous les oreillers (52,1% des réponses). Or, le séchage au soleil est capital afin d’éviter tout risque d’infection »[24]UN Women and WSSCC. (2014). Menstrual hygiene management: behaviour and practices in the Louga region, Senegal. … Continue reading. Un séchage au soleil, c’est le risque d’exposer l’utilisation de protections. De nombreuses personnes menstruées décident donc d’en faire autrement, mais risquent des problèmes de santé. Ne pas vouloir attirer l’attention sur soi pour éviter le tabou des règles, quitte à nuire à sa santé : cette pratique existe malheureusement trop souvent.

Il serait cohérent de penser que la mission de l’industrie menstruelle serait de réduire ces problèmes alarmants. Toutefois, elles en provoquent encore plus ! Les tampons et les coupes menstruelles sont la première cause des cas de Syndrome du Choc Toxique (SCT). Ce syndrome est recensé pour la première fois dans les années 1970 dû à un tampon de la marque Procter & Gamble (P&G). Ce choc est le résultat de la libération de « Staphylococcus aureus et la toxine pyrogène superantigène TSS toxin 1 (TSST-1) »[25]P. Schlievertcorresponding et C. Davisb. (2020). Device-Associated Menstrual Toxic Shock Syndrome, National institutes of health. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7254860/ (National Institutes of Health, 2020). Ce syndrome est principalement causé par une utilisation trop longue des produits en contact avec les parties internes[26]Better health Chanel. Toxic shock syndrome (TSS). https://www.betterhealth.vic.gov.au/health/conditionsandtreatments/toxic-shock-syndrome-tss et est mortel dans certains cas. Aujourd’hui, aucun pays au monde n’oblige les marques de tampon à préciser les produits utilisés sur leurs boîtes. Les causes du SCT ne sont pas entièrement établies à ce jour par les études médicales[27]Berger, S., Kunerl, A., Wasmuth, S., Tierno, P., Wagner, K., & Brügger, J. (2019). Menstrual toxic shock syndrome: case report and systematic review of the literature. The Lancet Infectious … Continue reading.

À l’instar des tampons, les serviettes jetables sont dangereuses pour la santé des consommateur·rices. Les serviettes hygiéniques comportent des matières cancérigènes : « La rayonne, la dioxine, les colorants métalliques et la pâte de bois hautement transformée qui provoquent souvent une irritation et une allergie dans les organes génitaux des femmes »[28]Mordor Intelligence Industry Reports. (2023). Feminine Hygiene Products Market Size & Share Analysis – Growth Trends & Forecasts (2024 – 2029). … Continue reading. Ces éléments peuvent paraître inédit, voire choquant, pour certain·es. Pourtant, des produits ayant causé des cas les plus graves sont toujours sur le marché. Une gamme de serviettes Always[29]Always, marque vendant des produits menstruels industriels. https://www.always.com/en-us qui irritent dangereusement la vulve de certain·es patient·es à la fin des années 1990[30]E. L Eason. (1996). Contact dermatitis associated with the use of always sanitary napkins, Canadian Medical Association. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1487684/pdf/cmaj00092-0043.pdf a été retrouvée en libre circulation au Kenya en 2019[31]J. Guien (2023). Chapitre 2 – Les tampons jetables. Une histoire de produits menstruels, Divergences. Ces produits nécessitent des soins médicaux pour pallier les problèmes de santé qu’ils engendrent. Malgré la connaissance du danger de ce produit par les spécialistes à l’origine de ces enquêtes, l’industrie menstruelle continue à prendre de l’ampleur.

La production locale contre le géant de l’industrie menstruelle

L’histoire de l’industrie menstruelle est celle d’une industrie qui a réussi à s’imposer grâce à un tabou qui concerne la moitié de la population mondiale. « La taille du marché de l’hygiène féminine est estimée à 36,20 milliards USD en 2023 et devrait atteindre 45,78 milliards USD d’ici 2028 »[32]Mordor Intelligence Industry Reports. (2023). Feminine Hygiene Products Market Size & Share Analysis – Growth Trends & Forecasts (2024 – 2029). … Continue reading. Ce marché n’est pas négligeable aujourd’hui. Il est principalement dominé par les marques Procter and Gamble, Unicharm Corporation, Kimberly-Clark Corporation, Johnson Johnson et The Edgewell Personal Care Company[33]Mordor Intelligence Industry Reports. (2023). Feminine Hygiene Products Market Size & Share Analysis – Growth Trends & Forecasts (2024 – 2029). … Continue reading. Sur ces cinq marques, quatre sont états-uniennes. Ces marques américaines vont naturellement proposer des produits adaptés aux besoins des normes sanitaires de pays occidentaux.

Si l’industrie menstruelle propose des solutions, elle soulève aussi des problèmes. Comment arrive-t-elle à séduire pour autant ? Grâce aux « technologies » qu’elle met en avant. Dans Une histoire des produits menstruels, Jeanne Guien (docteure en philosophie) indique comment les marques de protections menstruelles utilisent le tabou des règles pour amplifier leur influence. Les innovations concernent la même problématique : mieux cacher l’existence des règles. La première innovation dans les années 1920 concernait les produits « jetables ». Viennent s’ajouter par la suite des attributs esthétiques et olfactifs. Dans les serviettes, du chlore et du parfum sont ajoutés pour qu’elles soient de couleur blanche et aient une odeur agréable. Pour les tampons, des « technologies » comme les applicateurs, empêchent la personne menstruée d’entrer directement en contact avec la vulve « salie » par les règles. Les serviettes deviennent de plus en plus invisibles pour en dissimuler le port, tout en restant épaisses pour absorber le plus de sang possible. Toutes ces innovations ont pour objectif d’absorber davantage de sang, mais de rester invisibles. Récemment, la « technologie » la plus marquante est le linge menstruel comme les culottes menstruelles ou les serviettes réutilisables. Il n’y a pourtant rien de nouveau dans cette solution qui existait bien avant les produits menstruels vendus en masse. Kotex vendait même des kits pour fabriquer ses propres serviettes à ses débuts[34]J. Guien (2023). Chapitre 2 – Les tampons jetables. Une histoire de produits menstruels, Divergences. Ces coups de marketing restent des stratégies de vente plus que des moyens de faciliter la vie des consommateurs·trices.

Ces technologies peuvent avoir des effets néfastes sur la santé physique. Les perturbateurs endocriniens sont « des substances chimiques susceptibles d’interférer avec le système hormonal et, par conséquent, de produire des effets nocifs chez l’homme »[35]European Commission. Endocrine disruptors. https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/article/perturbateurs-endocrinien (European Commission). Un article de United States National Library of Medicine publié en 2020 indique ces effets toxiques : « Les produits d’hygiène féminine […] peuvent être une source d’exposition aux plastifiants et aux agents antimicrobiens »[36]C.-J. Gao 1, K. Kannan. (2020). Phthalates, bisphenols, parabens, and triclocarban in feminine hygiene products from the United States and their implications for human exposure. United States … Continue reading. Ces perturbateurs peuvent être à l’origine de dérèglements hormonaux, et contiennent des substances cancérigènes. Pourquoi rajouter de telles substances ? Elles se retrouvent par exemple dans la chlorine, qui permet de garder les serviettes et tampons de couleurs blanches, ou encore dans les substances retrouvées dans l’encre ou le parfum, pour que ces produits sentent bon. Certaines marques tentent de se différencier en soutenant que leurs produits sont plus sains, mais les produits utilisés ne sont pas pour autant moins toxiques : « même si elles se disent “bio”, [elles] utilisent des colles et autres additifs dans leur procédé de fabrication »[37]Perturbateurs Endocriniens.com. Des substances toxiques cachées dans les tampons et serviettes hygiéniques. … Continue reading. Ces « technologies » mises au point par l’industrie sont en fait un enchaînement d’utilisation de matières toxiques qui permet de vendre plus de protections menstruelles, mais dangereuses pour toutes personnes les utilisant.

Les consommateur·rices, ont essayé de s’exprimer de différentes manières sur les risques qu’ils encourent. En Europe par exemple, des pétitions ont été signées pour attirer l’attention de l’Union européenne. En 2000, l’Union européenne répond : « La question des tampons contenant du coton génétiquement modifié n’est pas liée au syndrome de choc toxique et n’a donc pas été incluse dans les discussions entre la Commission et l’EDANA sur le code de pratique »[38]Législation de l’Union européenne. (2000). Written Question E-3483/00 by Heidi Hautala (Verts/ALE) to the Commission. Code of conduct on the use of menstrual tampons. … Continue reading (Législation européenne, 2000). Elle décide donc de ne pas prendre de mesures plus poussées, et donne l’impression de mettre cette problématique de côté. Seize années plus tard, la question prend des proportions plus grandes, mais l’Union publie : « Il n’existe actuellement aucune norme européenne sur les tampons »[39]Parlement européen. (2016). Answer given by Ms Jourová on behalf of the Commission. https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-8-2015-013116-ASW_EN.html (Parlement européen, 2016). Ce sont aux états membres de calculer les risques de ces produits. L’Union souligne également que les marques des produits menstruels doivent être tenues responsables de la mise en vente de ces produits, mais rappelle tout de même que « la directive n’oblige pas les producteurs à divulguer la liste des composants ou des ingrédients du produit » (Parlement européen, 2016). Sans réglementation plus poussée, il est difficile d’imaginer que les marques se priveront d’utiliser ces composants pour vendre leurs produits. Visiblement, les européen·es ne sont pas satisfait·es de cette réponse. En 2021, le manifeste européen « Bloody Manifesto »[40]The Bloody Manifesto. https://zerowasteeurope.eu/library/the-bloody-manifesto/ exige des protections plus saines pour la santé et l’environnement. À la suite de cela, l’Union européenne demande aux pays membres de considérablement baisser les taxes des produits menstruels, et de mieux contrôler les produits nocifs les composants[41]L. Copello. (2021). The European Parliament calls on health, social and environmental justice for menstruators by supporting safe, fair, and sustainable menstrual products for all, Zero Waste Europe. … Continue reading. Une nette amélioration est détectée. Toutefois, si l’Union européenne encourage les états membres à faire attention, aucune mesure n’est prise pour imposer ces décisions.

Comment se fournir autrement en produit menstruel ? Autrement que par ces marques industrielles qui ne satisfassent pas les besoins des consommateur·rices ? Rendre la production locale est un premier pas pour que les personnes menstruées puissent se réapproprier les enjeux des produits menstruels. La nationalisation permettrait par exemple de baisser les prix. Les protections menstruelles sont un produit de luxe pour deux raisons principales : elles sont importées de l’étranger et les taxes permettent aux entreprises d’en tirer profit. Produire localement contribuerait à rendre le prix plus abordable, en réduisant les taxes de transport et en encourageant des aides étatiques. Par exemple, le « Pad project » lancé en 2013 a fabriqué et distribué des « Pad machines », c’est-à-dire des machines qui manufacturent jusqu’à 43 000 serviettes en une année. Ce projet a distribué 12 machines dans cinq pays (Afghanistan, Inde, Kenya, Népal, Sri Lanka) et a permis l’emploi de 87 femmes localement dans le processus[42]The Pad project. https://thepadproject.org/. Ces machines permettent aux personnes qui les fabriquent de vendre directement aux personnes locales, avec des prix nettement plus bas que les produits vendus en grande surface.

Pourquoi aujourd’hui les consommateur·rices s’adaptent aux protections menstruelles et non le contraire ? Car le ciblage des entreprises de ces marques, principalement des marques états-uniennes, n’est pas approprié. Produire localement des protections menstruelles permettrait d’avoir la main sur la qualité. C’est un moyen d’éviter les « technologies » et d’ajuster le produit aux besoins des personnes menstruées. De plus, c’est en contrôlant les produits chimiques des protections que les problèmes de santé sont évités. En produisant ses protections localement, les entreprises peuvent tenter d’adapter les normes sanitaires, notamment en proposant des solutions adéquates au matériel commun. C’est en s’adaptant au consommateur·ice que les problèmes de santé et d’hygiène menstruelle se réduiront drastiquement.

Enfin, produire localement des protections menstruelles, c’est intégrer des personnes menstruées dans le processus de production. Les personnes menstruées sont en mesure d’obtenir des produits adaptés à leurs besoins et de refuser des produits non désirables. Dans le court-métrage « Les règles de notre liberté » qui se déroule en Inde, des femmes ont lancé l’initiative du « Pad Project »[43]R. Zehtabchi (2018). Period, end of sentence [court-métrage] en 2013. Cette opération cherche à engager les personnes menstruées directement dans le processus de commerce, leur permettant de toucher un salaire lors des ventes. Iels produisent localement les serviettes et les distribuent aux commerces locaux ou à domicile[44]M. Vo (2020). Journée mondiale de l’hygiène menstruelle : en Inde, le tabou des règles renforce les inégalités femmes-hommes. Institut du genre en géopolitique. https://igg-geo.org/?p=1092. Au Bangladesh, le projet « Eau, assainissement et hygiène en milieu rural pour le développement du capital humain »[45]The World Bank. (2022). Policy Reforms For Dignity, Equality, and Menstrual Health. https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2022/05/25/policy-reforms-for-dignity-equality-and-menstrual-health lancé en 2021 porte également une mission similaire. L’objectif est d’aider financièrement les entreprises locales de production et vente de protection menstruelle à domicile. Cette opération cherche à autonomiser les personnes menstruées et « d’éliminer la stigmatisation sociale qui entoure les règles et empêche certaines femmes d’acheter des produits d’hygiène menstruelle en public »[46]The World Bank. (2022). Policy Reforms For Dignity, Equality, and Menstrual Health. https://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2022/05/25/policy-reforms-for-dignity-equality-and-menstrual-health. Lorsque les produits sont importés d’une grande entreprise américaine, il est difficile de se renseigner. Alors que localement, les personnes menstruées achètent directement auprès des fabricants et peuvent s’informer. C’est un moyen d’obtenir des informations sur l’hygiène menstruelle sans passer par l’école.

Briser le tabou des règles pour avoir le choix de ses produits menstruels

Comment une industrie à l’origine de tant de problématiques peut-elle prendre une telle place aujourd’hui ? Aucune réelle innovation n’a été proposée sur le marché des protections menstruelles depuis l’époque de Kotex (années 1920). En n’y prêtant plus attention, une facette importante de la santé publique, sur la précarité et d’hygiène menstruelle, est négligée.

L’hygiène et la précarité menstruelles sont des problématiques de santé publique. Les états ont une responsabilité face aux personnes concernées pour satisfaire leurs besoins. Baisse, voire suppression des taxes sur les produits menstruels, distribution gratuite de ces produits dans des espaces publics, formations sur les périodes de menstruation, mais également sur tout ce qui l’entoure : les bonnes habitudes à prendre pendant ses règles, les effets et causes des cycles menstruels sur la santé physique et psychique, ou encore l’évolution des règles jusqu’à la ménopause… Que font les gouvernements pour mettre au courant et répondre aux besoins des personnes menstruées si l’industrie des produits menstruels ne le fait pas ? L’Union européenne impose aux états membres d’enseigner tout ce qui à trait aux cycles menstruels le plus tôt possible et « appelle les pays à assurer des services d’eau et d’assainissement adéquats dans les écoles »[47]World Health Organization (2023) Schools ensuring education on menstrual health along with adequate hygiene facilities is key for health and equal learning opportunities. … Continue reading (World Health Organization, 2023). Un plan similaire a déjà été mis en place en Asie du Sud, et on remarque des progrès depuis 2018 « dans la mise en œuvre de programmes efficaces en matière d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) dans les écoles »[48]WaterAid. (2021). La gestion de l’hygiène menstruelle dans les écoles en Asie du Sud – 2021. … Continue reading (WaterAid, 2021). Dans la région africaine, des projets comme « Initiative pour la santé et la reproduction »[49]Féministes en action. (2016). Initiative pour la santé et la reproduction. https://feminaction.fr/en/csos/isr/ cherchent à donner des formations précises à une dizaine de femmes, pour qu’elles soient considérées comme « référentes » et pour qu’elles confectionnent des produits menstruels et les distribuent localement. Des actions ont commencé à être mises en place. Les états doivent continuer à traiter ce sujet comme étant une problématique de santé publique majeure pour accompagner les personnes menstruées.

Quelle solution pour les personnes menstruées ? La meilleure solution reste encore à inventer. Quoi qu’il en soit, le plus important est d’apporter un éclaircissement sur le sujet en l’enseignant en dehors du cursus scolaire, en l’intégrant dans les discussions sociétales. Tant que le sujet ne sera pas démystifié, il ne sera pas possible de mettre en lumière toutes les questions qu’il implique : en finir avec l’idée que les règles sont sales. Il est important que ce sujet soit éclairé, non seulement pour les personnes menstruées, mais également pour celles qui ne le sont pas. Aujourd’hui, les personnes concernées sont trop peu impliquées dans le processus de fabrication ou de développement de ces produits. Il leur faudrait évidemment un accès complet et sans difficulté, mais tant que cela n’est pas garanti, il faut assurer que les personnes à la tête de cette industrie se rendent compte des enjeux. Les cinq marques détentrices du marché, à savoir Procter and Gamble, Unicharm Corporation, Kimberly-Clark Corporation, Johnson Johnson et The Edgewell Personal Care Company, ont toutes pour directeur général un homme. Si cela ne signifie pas que ces entreprises excluent l’avis de personnes menstruées dans leurs productions, il serait rassurant d’avoir à la tête des géants des produits dits « féminins » au moins une femme. Pour rendre les enjeux des besoins des personnes menstruées accessibles, il faut s’assurer que ces entreprises s’appliquent à s’informer sur tous les aspects des problématiques dont souffrent les personnes concernées, pour pouvoir adapter leurs produits en conséquence.

En plus de demander aux personnes menstruées de ne pas parler de leur cycle, il leur est demandé de taire leurs douleurs menstruelles. La douleur est une partie intégrante des règles pour de nombreuses personnes. Jeanne Guien souligne dans son livre Une histoire des produits menstruels que cette minimisation de la douleur est exploitée par les marques[50]J. Guien (2023) Une histoire de produits menstruels, Divergences. L’autrice souligne à quel point les pubs des marques de protection ont influencé le rapport que les gens ont avec les règles. En 1981, Tampax mène une étude, et « 22% pensaient que les douleurs menstruelles avaient des causes psychologiques plutôt que physiologiques »[51]J. Guien (2023) Une histoire de produits menstruels, Divergences. Les douleurs de règles ne dépendent pas de l’humeur de la personne menstruée. Ce type de discours remet la faute sur les personnes concernées et écarte des problématiques plus importantes : trouver des solutions médicales ou un accompagnement approfondi pour les douleurs ou pathologies causées par les menstruations. Libérer la parole autour des règles, c’est rétablir la parole sur les corps et permettre aux personnes menstruées d’en disposer librement.

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.

Pour citer cet article : A. Colpaert (26/01/2024), L’industrie des produits menstruels : la réalité imposée aux personnes menstruées, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=18019

References

References
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5 L’expression personne menstruée fait référence aux personnes qui ont leurs règles, y compris les personnes cisgenres, transgenres, non binaires et fluides
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