Espagne, France et Italie, quels engagements pour promouvoir le féminisme dans leur politique étrangère ?

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Les crises mondiales ont mis en lumière l’importance des politiques étrangères féministes permettant l’émergence d’une égalité des genres et la réduction des inégalités sociales et économiques. Le concept de « politique étrangère féministe » cherche, en outre, à instaurer une nouvelle forme de leadership, axée sur la responsabilité collective et la coopération.

Plusieurs pays ont officiellement adopté une politique étrangère féministe, c’est notamment le cas de la France et de l’Espagne. Toutefois, d’autres chefs d’Etats ont décidé de promouvoir des valeurs traditionalistes et conservatrices, à l’instar de l’Italie.

Le rapport « Espagne, France et Italie, quels engagements pour promouvoir le féminisme dans leur politique étrangère ? » examine sous la forme de fiche par pays le contexte d’adoption, les axes spécifiques, les financements liés au genre, les forces et limites, et formule des recommandations pour encourager les gouvernements à améliorer leur politique étrangère féministe. L’objectif de l’Institut du Genre en Géopolitique est de sensibiliser les expert·es et la société civile à l’importance de l’égalité des genres dans l’élaboration de politiques étrangères.

Depuis 2018, la France a mis en place une stratégie liée à la diplomatie féministe, à l’image des mesures prises en matière des droits sexuels et reproductifs. De plus, la diplomatie féministe de la France se caractérise par l’augmentation croissante de l’aide publique au développement renvoyant à l’égalité des genres qui a augmenté de 7% entre 2020 et 2021 et de 11% entre 2021 et 2022. La même tendance peut être identifiée vis-à-vis des contributions de la France aux organisations internationales, par exemple le gouvernement a versé 1,8 millions de dollars à ONU Femmes en 2020, près de 8 millions de dollars en 2021 et 10 millions de dollars en 2022. Néanmoins, la France doit fournir des efforts supplémentaires à l’égard de l’approche interministérielle de sa diplomatie féministe afin de s’inscrire dans une démarche transversale.

L’Espagne a établi un plan d’action (2023-2024) visant à traduire, au travers d’actions concrètes, son engagement pris en 2020 vis-à-vis de la mise en place d’une politique étrangère féministe. La politique étrangère féministe espagnole se veut être transversale touchant, par exemple des secteurs tels que la sécurité, la santé et le climat. Toutefois, un écart entre les mesures domestiques et les mesures internationales doit être relevé. Si l’Espagne a adopté plusieurs lois ayant pour objectif d’assurer une meilleure représentation des femmes au sein de la sphère économique nationale, l’aide publique au développement pour le genre liée à l’économie et au commerce versée par Espagne est passée de 22 millions de dollars à 12 millions entre 2020 et 2021. Cependant, durant cette même période l’aide publique au développement pour le genre liée à la gouvernance et la société civile a augmenté de 25 millions de dollars.

En Italie, depuis l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite en 2022 qui est guidée par des valeurs conservatrices, un recul relatif aux droits des femmes et des minorités a été constaté. L’aide publique au développement pour le genre liée à l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité a été divisée par deux entre 2020 et 2021 passant de 5,8 millions de dollars à 2,9 millions de dollars. De même, la contribution de l’Italie au PNUD est passée de 75  millions de dollars en 2020 à 21 millions de dollars en 2021. Toutefois le pays a mis en œuvre, au niveau national, une stratégie visant à promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes pour la période 2021-2025.

Le développement d’une politique étrangère féministe est crucial pour la paix mondiale et le soutien au développement. Il implique la prise d’engagements concrets de la part des gouvernements nationaux. L’évolution des mesures adoptées par la France et l’Espagne en matière d’égalité des genres montre des avancées, bien que des lacunes persistent notamment au regard de la cohérence des politiques intérieures et extérieures. Le cas de l’Italie expose les dangers de la montée du nationalisme et du conservatisme en Europe. L’Union européenne doit en ce sens participer à l’harmonisation et la promotion de politiques étrangères féministes engagées. 

Ce rapport a été rédigé sous la direction de Déborah Rouach, codirectrice de l’Institut du Genre en Géopolitique, par Lucie Coquisart et Nina Nerva, chargées de rédaction à l’Institut du Genre en Géopolitique. Il a fait l’objet du soutien de Focus 2030.

Pour lire le rapport : Espagne, France et Italie, quels engagements pour promouvoir le féminisme dans leur politique étrangère ?

Pour citer le rapport : Lucie Coquisart, Nina Nerva, Déborah Rouach dir., (01.03.2024), « Espagne, France et Italie, quels engagements pour promouvoir le féminisme dans leur politique étrangère ? », Institut du Genre en Géopolitique, https://igg-geo.org/?p=18395