Au Cachemire, la mobilisation des femmes face aux conséquences du conflit 1/2

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12/03/2024

Mathilde Pichot

Territoire disputé entre l’Inde et le Pakistan depuis la partition de l’Empire britannique des Indes en 1947, le Cachemire a été le théâtre de trois guerres ouvertes entre les deux États (1947-48, 1965 et 1971). Plus de 45 000 personnes auraient perdu la vie dans ce conflit depuis l’insurrection de 1989, lorsque les mouvements séparatistes soutenus par le Pakistan se sont rebellés contre la présence indienne[1]Da Lage, O. (2022) L’Inde, ce géant fragile, Eyrolles.. Aujourd’hui, de fortes tensions subsistent et près de 700 000 militaires stationnent toujours dans la zone. Cela impacte la situation des droits humains et notamment la vie des femmes, qui sont parmi les premières victimes du conflit. Dès la partition de 1947, 75 000 d’entre elles auraient été violées ou enlevées[2]Dutoya, V. (2013) La bru du Pakistan, Raisons Politiques, n° 49(1), 2541. https://doi.org/10.3917/rai.049.0025. Encore maintenant, les violences faites aux femmes sont exacerbées par le contexte nationaliste et le poids des traditions et de la religion.

De fait, au-delà de la dispute territoriale, se joue également au Cachemire une bataille identitaire et culturelle. Au Pakistan, la question cachemirie est à cet égard un symbole depuis la création de l’État. L’objectif d’Islamabad est de regrouper les musulman·es de ce territoire sous le drapeau pakistanais afin de les libérer du « joug indien »[3]Naudet, J. (2 septembre 2022) Le nationalisme sans nation du Pakistan. Entretien avec Julien Levesque, La vie des idées. https://booksandideas.net/Le-nationalisme-sans-nation-du-Pakistan.html. De son côté, le Bharatiya Janata Party (BJP), parti nationaliste au pouvoir en Inde, vise l’intégration totale du Cachemire au pays. S’appuyant sur le principe d’hindutva (« hindouité »), les nationalistes indiens défendent une conception ethnique de la citoyenneté, selon laquelle seuls les personnes hindoues sont reconnues comme des citoyennes légitimes[4]Thomas, C. (7 août 2019). L’intégration pleine du Cachemire est au cœur de l’ADN indien depuis 1947, France Inter.. Le Jammu-et-Cachemire étant l’unique territoire indien à majorité musulmane, il est donc un enjeu central dans la politique du BJP, qui souhaite y asseoir son contrôle politique.

C’est dans ce contexte qu’en août 2019, le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi a voté l’abrogation des articles 370 et 35A de la Constitution indienne, qui accordaient au Jammu-et-Cachemire un statut spécial d’autonomie. Cette décision s’est accompagnée d’une intensification de la répression et de la suppression de plusieurs commissions locales, dont celle concernant la protection des droits des femmes et des enfants.

Dans cette société profondément patriarcale, les femmes cachemiries sont généralement réduites à leur statut d’épouse et de mère. Le conflit les a placées dans une situation de vulnérabilité et de forte précarité économique. Toutefois, leur implication dans les mouvements de résistance est ancienne, et leur rôle au sein de la société civile largement sous-estimé. Avant d’analyser les différentes formes que prennent l’engagement des femmes dans la région, ce premier article aborde les enjeux liés à la reconnaissance des atteintes à leurs droits, ainsi que les problématiques socio-économiques qui les touchent. En quoi l’implication des femmes au Cachemire est-elle représentative de la diversité des enjeux auxquels elles sont confrontées ?

La vulnérabilité des femmes dans le contexte d’occupation militaire

L’Inde, « plus grande démocratie au monde », est régulièrement pointée du doigt comme étant l’un des pays les plus dangereux pour les femmes[5]L’Inde, pays le plus dangereux du monde pour les femmes. (6 août 2018). Courrier international. https://www.courrierinternational.com. Dans la région du Cachemire, le contexte d’occupation militaire impacte directement leur quotidien. Dès les années 1990, des cas de viols commis par des soldats de l’armée indienne dans l’État du Jammu-et-Cachemire sont documentés par plusieurs ONG, notamment Human Rights Watch et Physicians for Human Rights. Le viol est utilisé par les forces de sécurité indiennes dans le but d’humilier les femmes civiles, accusées d’être sympathisantes des mouvements séparatistes, et de leur avoir fourni un soutien logistique[6]Rape in Kashmir, a crime of war. (1993) Asia Watch & Physicians for Human Rights. Dans leur rapport, les ONG répertorient également plusieurs cas de viols commis par les groupes militants séparatistes visant des femmes hindoues, ou des musulmanes soupçonnées de ne pas soutenir la cause sécessionniste. Plus de 40 000 femmes auraient ainsi été violées entre 1990 et 1994[7]Lavoie, D. (2012) Défis et opportunités pour l’Empowerment et la mobilisation des femmes : le cas du conflit armé au Cachemire, Ecole Nationale d’Administration publique, Québec. … Continue reading. Cette utilisation du viol est fréquente dans l’Histoire du sous-continent indien, notamment depuis la partition de 1947. Les forces militaires et les mouvements séparatistes se sont régulièrement servis du corps des femmes pour porter atteinte et déshonorer l’ensemble de la communauté rivale. Le terme de « nationalisme sexuel » est d’ailleurs évoqué pour qualifier la compétition que se livrent l’Inde et le Pakistan pour la « conquête » des femmes du camp opposé[8]Dutoya, V. (2013) La bru du Pakistan, Raisons Politiques, n° 49(1), 2541. https://doi.org/10.3917/rai.049.0025.

Selon le dernier rapport du Bureau national indien d’archives criminelles (National Crime Records Bureau), l’année 2022 a été marquée par une augmentation de 15% des crimes contre les femmes au Jammu-et-Cachemire. Entre 2020 et 2022, 11 000 cas de violences ont été répertoriés[9]Bashir, R. (4 décembre 2023). J&K witnesses rise in crimes against women, Greater Kashmir. https://www.greaterkashmir.com. Toutefois, il est important de souligner qu’une grande majorité de ces cas ne sont pas documentés. En 2013, l’ONG Amnesty International Inde demandait aux autorités du Jammu-et-Cachemire d’enquêter sur des viols commis par des soldats indiens en 1991[10]Inde, la police doit enquêter sur les allégations de viol par des militaires dans l’État de Jammu-et-Cachemire. (23 juillet 2013) Amnesty International. https://www.amensty.org/fr, affirmant par la même occasion que peu d’affaires liées aux droits humains avaient fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites contre les agresseurs présumés. Par ailleurs, la documentation de ces cas de violences est complexe du fait de l’appréhension des femmes à témoigner auprès des autorités locales. Une grande partie d’entre elles gardent généralement le silence par peur des représailles, mais aussi car la culture du viol est encore très ancrée dans la société[11]La résistance des femmes au cachemire. (22 février 2017). AWID. https://www.awid.org/fr/nouvelles-et-analyse/la-resistance-des-femmes-au-cachemire. Dans la sphère privée, les femmes victimes de viols subissent une double peine. Elles sont fréquemment stigmatisées par leurs familles et leurs maris, et deviennent le symbole d’une « humiliation collective ». Cela expliquerait en partie la recrudescence des violences domestiques[12]Lavoie, D. (2012) Défis et opportunités pour l’Empowerment et la mobilisation des femmes : le cas du conflit armé au Cachemire, Ecole Nationale d’Administration publique, Québec. … Continue reading.

Ces dernières années, de nombreuses femmes se tournaient vers la Commission relative à la protection des droits des femmes et des enfants afin de solliciter une aide financière, ou demander réparation après des cas de violences[13]Bashir, R. (4 décembre 2023). J&K witnesses rise in crimes against women, Greater Kashmir. https://www.greaterkashmir.com. Depuis 2019, sa dissolution laisse donc les femmes cachemiries sans institution représentative de leurs droits, fragilisant d’autant plus leur capacité à témoigner.

Une précarité économique et sociale renforcée par le conflit

Dans la société traditionnelle cachemirie, les hommes représentent la principale source de revenus au sein du foyer. Les femmes sont le plus souvent assignées à un rôle domestique et dépendent économiquement de leur mari. Le conflit ayant entraîné la disparition ou la mort de milliers d’hommes, leurs épouses se sont retrouvées dans une situation de grande précarité économique. Afin d’assurer la survie de leur foyer, elles ont dû s’insérer sur le marché de l’emploi. Toutefois, principalement dans les zones rurales, elles sont pénalisées par un faible taux d’alphabétisation, et occupent principalement des métiers manuels non qualifiés et peu rémunérateurs. Ces femmes travaillent principalement dans les métiers traditionnels liés à l’artisanat (tissage, broderie), ainsi que dans le secteur agricole[14]Lavoie, D. (2012) Défis et opportunités pour l’Empowerment et la mobilisation des femmes : le cas du conflit armé au Cachemire, Ecole Nationale d’Administration publique, Québec. … Continue reading. Un programme d’aides financières a été instauré par le gouvernement du Jammu-et-Cachemire pour venir en aide aux veuves et favoriser l’accès à l’emploi des femmes. Cependant, très peu d’entre elles accèderaient en réalité à cet argent (seulement 2 000 à 3 000 femmes), par manque d’informations sur leurs droits. Certain·es militant·es questionnent également la volonté politique du gouvernement indien, pour qui attribuer des aides aux veuves et femmes de disparus reviendrait à reconnaître les assassinats ou les disparitions perpétrées par son armée[15]Lavoie, D. (2012) Défis et opportunités pour l’Empowerment et la mobilisation des femmes : le cas du conflit armé au Cachemire, Ecole Nationale d’Administration publique, Québec. … Continue reading.

Le conflit au Cachemire a également une incidence sur l’éducation des filles. Bien qu’ayant augmenté dans les années 2000 à la suite des investissements menés par le gouvernement local, le taux d’alphabétisation des femmes reste encore très bas. Selon les derniers chiffres officiels, il serait de 58,01%, contre 78,26% pour les hommes[16]Rashid, A. (Avril-Juin 2020). Gender and livelihoods in rural kashmir : a study in Baramulla and Bandipora districts in north Kashmir, Journal of Indian Research, 8(2).. Par ailleurs, une chute de la fréquentation des écoles est notable à chaque regain de tensions. Entre 2016 et 2017, 11,3% des filles auraient par exemple quitté l’école après de nouveaux affrontements entre militants séparatistes et soldats indiens, les familles craignant pour leur sécurité[17]Jourdan, C. (27 mai 2018) De plus en plus de jeunes filles abandonnent l’école au Cachemire, Slate.fr. https://www.slate.fr/story/162285/jeunes-filles-abandonnent-ecole-cachemire.

En ce qui concerne l’accès à la santé, la situation depuis les années 1990 est particulièrement critique. De nombreux médecins ont émigré vers des zones plus sûres, causant ainsi une pénurie de personnel médical dans le milieu rural cachemiri. Comme dans le reste du pays, le système de santé privé s’est fortement développé, fragilisant l’accès aux soins pour les personnes disposant de peu de moyens, principalement les femmes[18]Parvaiz, S. (20 août 2023). Healthcare disparities in Jammu and Kashmir: Challenges and systemic inefficiencies. JK Policy Institute. … Continue reading. Des services de soins prénatals privés ont été mis en place pour faire face au nombre important de décès de femmes enceintes sur leur trajet vers les maternités des villes[19]Impact of armed conflict on reproductive health of women in Kashmir-India. (2009). UIESP. https://ipc2009.popconf.org/papers/91185. Les femmes les plus précaires ont pour leur part été contraintes de se tourner vers des praticien·nes « traditionnel·le·s », subissant par la suite de nombreuses complications. La pression de groupes fondamentalistes de la région pour empêcher l’accès des femmes à la contraception a par ailleurs eu pour conséquence une forte augmentation des centres d’avortements illégaux dans la région[20]Impact of armed conflict on reproductive health of women in Kashmir-India. (2009). UIESP. https://ipc2009.popconf.org/papers/91185. Malgré les plans lancés par le gouvernement central indien, parmi lesquels le National Rural Health Mission (NRHM), lancé en 2005 pour lutter contre le fort taux de mortalité infantile dans le pays, les femmes cachemiries restent encore particulièrement vulnérables dans leur accès aux soins.

Le cas des « demi-veuves » : un statut non-officiel qui fragilise les femmes de disparus

Le cas des « demi-veuves » est un phénomène particulier à la région du Cachemire, conséquence indirecte du conflit. Leurs maris étant portés disparus, parfois depuis plusieurs années, ces femmes sont dans l’incapacité d’obtenir le statut légal de veuves car elles ne disposent pas des preuves de leur décès. Selon une estimation, 20 000 femmes seraient concernées par ce statut[21]Qaroom, F. (20 janvier 2014). Women and Armed Conflit: Widows in Kashmir, International Journal of Sociology and Anthropology, 6(5), p.161-168. … Continue reading. Dans un schéma traditionnel où la famille est centrale, et le rôle de chef du foyer attribué à l’époux, elles sont très souvent stigmatisées et se retrouvent exclues de la société. Elles portent seules le poids de l’éducation des enfants, et sont dans l’obligation de subvenir aux besoins de leurs proches dans un contexte économique qui leur est défavorable[22]Mir, R. (20 février 2020). Women and Violence: A Comprehensive Study on the Socio-economic and Political Status of Half-widows in Kashmir, South Asia Journal, Issue 17. Selon la tradition islamique, les demi-veuves se voient généralement contraintes à retourner vivre chez leurs parents. Dans certains cas, elles sont forcées à vivre auprès de leur belle-famille, qui tente de leur retirer les droits de propriété de leur foyer. À cause des difficultés légales de leur statut, elles ne peuvent généralement faire face à leurs difficultés juridiques que si un avocat accepte de les représenter gratuitement[23]Mir, R. (20 février 2020). Women and Violence: A Comprehensive Study on the Socio-economic and Political Status of Half-widows in Kashmir, South Asia Journal, Issue 17. Une proposition de compensation financière a été mise en place pour ces femmes par le gouvernement indien, mais elle est difficile à obtenir et crée généralement des tensions avec la belle-famille, qui réclame le droit à disposer de cet argent.

Face à cette situation, de nombreux cas de dépression et de stress post-traumatique ont été documentés parmi les demi-veuves du Cachemire[24]Qaroom, F. (20 janvier 2014). Women and Armed Conflit: Widows in Kashmir, International Journal of Sociology and Anthropology, 6(5), p.161-168. … Continue reading. Ces problèmes de santé mentale sont par ailleurs particulièrement notables chez l’ensemble des femmes de la région. En 2022, l’Institut de la santé mentale et des neurosciences de la ville de Srinagar a lancé le centre d’appel Tele Mental Health Assistance and Networking across states (tele-MANAS). Selon les données de la plateforme, 70% des appels provenaient de femmes en situation de détresse[25]Bashir, R. (4 décembre 2023). J&K witnesses rise in crimes against women, Greater Kashmir. https://www.greaterkashmir.com. Ce conflit qui dure depuis plus de 70 ans a donc de fortes répercussions sur la santé mentale des femmes.

Quels leviers d’action face aux difficultés des femmes cachemiries ?

La reconnaissance des violences faites aux femmes ainsi que les problématiques socio-économiques qu’elles rencontrent sont des enjeux majeurs du conflit au Cachemire. Afin d’encourager les femmes à témoigner des violences dont elles sont victimes, il est primordial que la Commission relative à la protection des droits des femmes et des enfants soit remise en activité. L’accès à l’information sur les aides économiques prévues pour les veuves et les femmes de disparus devrait également leur être facilité. Par ailleurs, favoriser l’éducation des filles permettra leur émancipation et leur insertion sur le marché de l’emploi. Il est nécessaire de sécuriser l’accès aux écoles et d’encourager les familles à les scolariser, notamment dans les zones rurales.

Face à l’impasse du processus de paix entre l’Inde et le Pakistan et la répression menée par le gouvernement central indien, de nombreux mouvements de femmes ont émergé au Cachemire. Ils portent une diversité de revendications, et utilisent des moyens parfois radicalement opposés. Ces organisations sont analysées dans la seconde partie de cet article.

 

Les propos contenus dans cet article n’engagent que l’autrice.

Pour citer cet article : Mathilde Pichot (12/03/2024), Au Cachemire, la mobilisation des femmes face aux conséquences du conflit 1/2, Institut du Genre en Géopolitique. https://igg-geo.org/?p=18558

References

References
1 Da Lage, O. (2022) L’Inde, ce géant fragile, Eyrolles.
2, 8 Dutoya, V. (2013) La bru du Pakistan, Raisons Politiques, n° 49(1), 2541. https://doi.org/10.3917/rai.049.0025
3 Naudet, J. (2 septembre 2022) Le nationalisme sans nation du Pakistan. Entretien avec Julien Levesque, La vie des idées. https://booksandideas.net/Le-nationalisme-sans-nation-du-Pakistan.html
4 Thomas, C. (7 août 2019). L’intégration pleine du Cachemire est au cœur de l’ADN indien depuis 1947, France Inter.
5 L’Inde, pays le plus dangereux du monde pour les femmes. (6 août 2018). Courrier international. https://www.courrierinternational.com
6 Rape in Kashmir, a crime of war. (1993) Asia Watch & Physicians for Human Rights
7, 12, 14, 15 Lavoie, D. (2012) Défis et opportunités pour l’Empowerment et la mobilisation des femmes : le cas du conflit armé au Cachemire, Ecole Nationale d’Administration publique, Québec. https://espace.enap.ca/id/eprint/125/1/MEMMAT2012.pdf
9, 13, 25 Bashir, R. (4 décembre 2023). J&K witnesses rise in crimes against women, Greater Kashmir. https://www.greaterkashmir.com
10 Inde, la police doit enquêter sur les allégations de viol par des militaires dans l’État de Jammu-et-Cachemire. (23 juillet 2013) Amnesty International. https://www.amensty.org/fr
11 La résistance des femmes au cachemire. (22 février 2017). AWID. https://www.awid.org/fr/nouvelles-et-analyse/la-resistance-des-femmes-au-cachemire
16 Rashid, A. (Avril-Juin 2020). Gender and livelihoods in rural kashmir : a study in Baramulla and Bandipora districts in north Kashmir, Journal of Indian Research, 8(2).
17 Jourdan, C. (27 mai 2018) De plus en plus de jeunes filles abandonnent l’école au Cachemire, Slate.fr. https://www.slate.fr/story/162285/jeunes-filles-abandonnent-ecole-cachemire
18 Parvaiz, S. (20 août 2023). Healthcare disparities in Jammu and Kashmir: Challenges and systemic inefficiencies. JK Policy Institute. https://www.jkpi.org/healthcare-disparities-in-jammu-and-kashmir-challenges-and-systemic-inefficiencies/
19, 20 Impact of armed conflict on reproductive health of women in Kashmir-India. (2009). UIESP. https://ipc2009.popconf.org/papers/91185
21, 24 Qaroom, F. (20 janvier 2014). Women and Armed Conflit: Widows in Kashmir, International Journal of Sociology and Anthropology, 6(5), p.161-168. https://academicjournals.org/article/article1397811777_Qayoom.pdf
22, 23 Mir, R. (20 février 2020). Women and Violence: A Comprehensive Study on the Socio-economic and Political Status of Half-widows in Kashmir, South Asia Journal, Issue 17